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RSF, Giuliana Sgrena et l'US Army
M
10 mars 2005 16:05
RSF, Giuliana Sgrena et l'US Army


L’otage italienne Giuliana Sgrena a été libérée dans des circonstances tragiques.

Comment savoir s’il s’agit d’une bavure, d’un accident, d’une erreur, d’un dérapage (pour reprendre les mots qu’on a pu lire dans la presse) ou d’une agression délibérée, d’une tentative d’assassinat (mots qui ont aussi été imprimés) ?

Le mieux, pour approcher une vérité que nous ne connaissons pas, est peut-être d’appliquer les méthodes éprouvées en regardant : A qui profite le crime ? et ce que disent les témoins directs oculaires

1- A qui profite le crime ? Une dépêche de l’AFP nous apprend que Giuliana Sgrena est la fille d’un ancien résistant italien, une ex-militante d’extrême gauche, engagée contre la guerre, journaliste à Il Manifesto (journal de gauche), qu’elle est une spécialiste de l’Irak et du monde arabe, qu’elle est l’auteur d’un livre sur (contre) la guerre en Irak, qu’elle a écrit un reportage sur le calvaire d’une Irakienne détenue à Abou Grhaib, qu’elle préparait un reportage sur la prise de Falluja et qu’elle aurait recueilli des informations sur l’expérimentation d’armes interdites pendant le siège de la ville.

2- Que disent les témoins oculaires ? Le premier témoin, le principal témoin est Giuliana Sgrena. Ecoutons-là : « les ravisseurs m’ont dit : « les Américains ne veulent pas que vous rentriez vivante en Italie ». « Notre voiture roulait à 40 Km/h, un véhicule blindé nous a aveuglé avec un projecteur et a ouvert le feu sans sommation. 300 à 400 projectiles ont été tirés. »

Du côté des tireurs, c’est : « Nous ne savions pas, la voiture roulait à vive allure et n’a pas répondu aux sommations.»

Alors, bavure, tentative d’assassinat ?

En Italie, Giuliana Sgrena penche pour un guet-apens. Son compagnon parle d’«attaque délibérée. » Le Garde des Sceaux italien a adressé une commission rogatoire à Washington pour « homicide et tentative d’homicide ».

Aux USA, le Pentagone affirme qu’une enquête sera ouverte sur cet « incident » et la Maison Blanche parle d’un « accident horrible. »

En France l’organisation Reporters Sans Frontières déplore cette « intervention », cette « bavure » aux « conséquences tragiques ». Son communiqué se conclut par un paragraphe où la parole est offerte sans la moindre réserve à l’Etat-major US qui nous apprend que « la procédure a été respectée » et qu’il y a eu « une mise en garde du convoi. » Cette thèse est contredite par deux « experts » (pourtant complaisants) invités au journal télévisé de 13 heures aujourd’hui lundi sur France 2. Les deux parlent de tirs intempestifs par de jeunes soldats inexpérimentés.

RSF exige (sans grande chance de l’obtenir, nous dit Libération) une enquête de l’ONU sur la « bavure ». L’affaire est donc entendue : une fois de plus, ils ne l’ont pas fait exprès. C’est la faute de « Pas de chance ». Dès lors, on se demande presque si le fait de réclamer une enquête n’est pas la manifestation d’un esprit anti-américaniste primaire.

Par ailleurs, il faut bien s’étonner ici de la mise en doute, par RSF, organisation chargée de défendre les journalistes (et non les militaires), du témoignage du principal témoin, une journaliste professionnelle.

Si RSF est une ONG (une Organisation Non Gouvernementale) et non une officine crypto américaine, un des bras médiatiques de l’US Army, est-ce qu’elle n’aurait pas repris dans son communiqué (au moins pour les citer) les propos de Giuliana Sgrena ?

Le constat est aveuglant : dès lors que des journalistes apportent à Reporters sans Frontières des informations hostiles à des gouvernements visés par les USA, RSF les répercute sans trop de scrupules. Mais si ces informations peuvent nuire aux intérêts des USA, à ses actions guerrières, RSF les rétrécit illico en « bavures » et demande l’ouverture d’une hypothétique enquête pour s’assurer que la journaliste (c’est-à-dire le grand reporter, le témoin, la victime) ne ment pas.

Mais pourquoi l’ONU ? Il nous avait semblé que l’établissement et la médiatisation de la vérité sur la guerre étaient aussi du ressort des grands reporters. Pourquoi ne pas demander d’enquêter à un groupe de journalistes (ce qui réduirait les délais) ? Pourquoi l’organisation RSF, qui dispose d’un budget considérable pour défendre les journalistes, ne finance-t-elle pas cette enquête comme elle rétribue des journalistes dans des pays pauvres pour qu’ils enquêtent contre leur gouvernement ?

Demander à l’ONU d’enquêter apparaît comme une manière de botter en touche (« le problème nous embarrasse, créons une commission ».) Lui demander d’enquêter sur une « bavure » revient à lui suggérer le rapport final.

* * * *

RSF s’est spécialisée dans la critique de la presse pauvre des pays pauvres. La vassalisation de la presse par les puissances d’argent ne lui a jamais arraché le plus petit soupir. Par suite logique, pas question de critiquer le chef de file mondial du néo-libéralisme.

Ce positionnement, venant d’une organisation largement subventionnée par l’UE, conduit à des aberrations politiques qui ont des conséquences néfastes pour notre pays.

Par exemple RSF a été la seule ONG qui s’est félicitée du coup d’Etat organisé en avril 2002 par le patronat vénézuélien (avec l’appui des USA) contre Hugo Chavez (président démocratiquement élu). A Paris, RSF annonçait mensongèrement la « démission » de Chavez, tandis que ses correspondants à Caracas s’extasiaient au spectacle des défilés de l’armée et « savouraient la démocratie retrouvée ». Chavez sera en France dans deux jours, il va falloir gérer ça.

Quant à l’acharnement hystérique de RSF envers Cuba, il a eu aussi des conséquences négatives. RSF a poussé l’Europe a prendre des sanctions contre Cuba en 2003 (contre Cuba, mais pas contre quelque autre pays que ce soit). Résultat, la France qui était le premier exportateur de denrées alimentaires vers Cuba se retrouve troisième, derrière la Chine et (tiens tiens !) les USA.

* * * *

C’est dans ce contexte que j’ai déposé, le 8 février 2005, une plainte devant l’Union européenne en ma qualité de citoyen européen et de contribuable.

J’ai fait valoir que l'argent versé par l'Europe à Reporters Sans Frontières est en principe destiné à défendre les journalistes dans le monde.

« Il s'avère (ai-je écrit) qu'il sert en partie à promouvoir les intérêts d'une grande puissance (non européenne et concurrente) et à l'aider à atteindre ses objectifs de déstabilisation de gouvernements qui résistent à son expansionnisme et avec lesquels l'Europe entend normaliser ses relations. […]

N'est-il pas permis de parler alors, si la chose perdure, de "mauvaise administration de la part des institutions ou organes de la Communauté européenne". Peut-il y avoir une "bonne administration " si des fonds issus des impôts versés par les citoyens européens sont détournés de leur affectation affichée en l'absence de vérification attentive de l'usage qui en est fait ?

Dans sa réponse, le Bureau du Médiateur européen m’informe entre autres que ma plainte a été enregistrée sous la référence 04 89/2005/DK.

Elle sera traitée par Monsieur Daniel KOBLENCZ […]

A suivre, et vivent les journalistes qui cherchent la vérité et qui la disent!

Maxime Vivas
mars 2005


[vdedaj.club.fr]
a
10 mars 2005 20:54
Quel malheur!!!!!!!!!!!

Bienvenue au monde de la décadence!!!!!!!!
Quand on change meme la terminologie, par exemple d'un crime de masse pour l'appeler "domages collatéraux", il n'y a plus rien a espérer d'une dite justice.
 
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