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Ghaza, ou l'echec Arabe
3 août 2014 19:08
Palestine : à propos de «dénoncer»

par Kamel Daoud
A Gaza, le massacre continue. Que faire? Un midi, un ami téléphona au chroniqueur. On était aux trois premiers jours de l'attaque meurtrière contre les Palestiniens. «Ecris une chronique pour dénoncer Israël». Moments de colère contre la colère : on en est encore à dénoncer ? Croit-on encore que c'est cela le devoir de chacun ? Ne voit-on pas que le crime est évident, le mort est mort et à chaque fois tué, qu'il ne s'agit plus de dénoncer mais de comprendre, au cœur même de l'émotion, pourquoi on en est arrivé là ? On dénonce un crime au début, en 48, peut-être encore une ou deux fois, on s'indigne, mais après, il faut conclure : il faut penser au moyen de l'arrêter. Dénoncer est désormais un geste dépassé.

A la limite de l'effet de mode et de la quête de la bonne conscience. Même si l'émotion est compréhensible, elle ne doit plus servir à s'aveugler. Ce midi, le chroniqueur a choisi de dénoncer : non pas le crime car il est commis sur les toits du monde, sous l'œil de tous, mais de dénoncer nos impuissances parfaites. Dénoncer ce qui a mené l'opprimé à être si seul. Dénoncer donc nos aveuglements, nos solidarités mal pensées et nos faiblesses et nos colères aveuglantes. Le choix a été fait de dénoncer non pas le crime, mais ce qui a mené le tueur à pouvoir l'accomplir en plein jour, sous le nez cassé du monde, sans reculer.

Le chroniqueur a essayé de proposer un au-delà de l'émotion et des émotions ô combien commodes, déjà : en Palestine, comme ailleurs dans ce monde « arabe » qui n'en finit par de mourir depuis quatre siècles, il s'agit d'échecs qui ne sont même pas assumés. On préfère en inculper le « régime », le lobby, le complot ou l'autre, l'Occident, ses médias ou sa puissance, la Ligue « arabe » ou la femme sans voile. On ne veut pas voir dans l'impuissance un acte de chacun. Dénoncer, oui : mais la faiblesse, l'échec et la cécité.

Pour la Palestine, il faut une quête de paix mais aussi les moyens de puissance pour la négocier. Et cette puissance se construit par chacun, sur des générations. Que peut ce monde « arabe », lui qui ne propose rien au monde, qui n'a pas des économies performantes capables de peser, peu d'armées et si peu de moyens ? Ne voit-on pas que si le tueur tue en Palestine, c'est aussi parce qu'il évalue à sa juste mesure le rapport de force ? Ne voit-on pas le lien immédiat entre dictatures «arabes» et sous-développement des peuples et cécité des peuples? Pourquoi refuse-t-on de voir le lien entre les compromissions de chacun, au quotidien, les lâchetés, les vols et les incivismes et le manque d'engagement, avec la faiblesse des pays et donc l'isolement du Palestinien ? Pourquoi refuse-t-on de lier le sens de ses actes à celui de ses impuissances ? Pourquoi refuse-t-on de comprendre que la puissance vient de la créativité et que la créativité vient de la liberté comme culte et valeur ? Comment veut-on obtenir la liberté de la Palestine alors que l'on refuse de concevoir la liberté chez soi?

Et donc, au troisième jour du massacre, le chroniqueur a refusé de dénoncer l'évidence pour écrire sur ce qu'on se cache : les effets de mode, le manque de conscience, les appels à la guerre mais en mode assis, les émotions faciles qui s'éteindront quand la guerre sera mise en sursis, les solidarités sélectives, les appels de haine qui dégradent. Les images du crime à Gaza sont horribles et le crime continue et il ne sera stoppé que le jour où les puissances le décideront. C'est la voie : devenir une puissance. A long terme. Et dans l'immédiat face à la douleur ? S'indigner oui, mais sans se disculper. Etre en colère, mais aussi contre soi-même. Dénoncer, mais ne pas s'innocenter.

Ce n'est pas le moment ? Justement oui : on a cette habitude criminelle d'oublier, après. De ne pas y penser et de s'enfoncer dans les routines des peuples. C'est justement à l'heure du crime qu'il faut lever le voile sur les raisons du crime. C'est maintenant qu'il faut commencer à comprendre. S'indigner est légitime et aidera à rendre « humaine » la cause et inhumaine la guerre. Mais pas seulement. Le meurtre de l'opprimé est aussi notre acte. Discret.

Le chroniqueur a choisi de ne pas dénoncer un crime commis en plein jour. Cela tombe sous le sens. Tout le monde voit qui tue qui. Il rêve de lucidité, de prise de conscience et de responsabilité. La paix comme la puissance se construisent. Avec le savoir, quand nous pousserons nos enfants à aller plus loin que nous dans la maîtrise du monde, quand nous investirons le monde au lieu de lui tourner le dos, quand nous construirons des pays, pas des exils. En attendant, le crime est là et continuera.

Le Quotidien dOran
3 août 2014 21:02
Je crois que l'une cause de la stagnation du monde arabo-islamique en générale c'est que beaucoup, voire la majorité, est persuadé que nous détenons la religion et par conséquent la civilisation parfaite. Nous n'avons pas besoin d'aller chercher plus loin, pas d'autres efforts à faire. Le reste du monde est dans l'erreur.

Le résultat est là : une civilisation incapable de faire face politiquement ; scientifiquement ; militairement à une poignée de "mécréants".

Le monde arabe est malade, et la première condition à la guérison c'est de se savoir malade ; diagnostiquer le mal qui nous ronge, nous affaibli, nous avachi, nous abrutit.
Oui, il y a quelque chose qui nous abruti.
Sinon comment expliquer la facilité déconcertante avec laquelle on se fou.t de nous.

Les plus entêtés soutiendrons mordicus que c'est justement parce que nous n’appliquons pas à 100% les préceptes de l'islam que nous en somme là...Le reste du monde l’applique encore moins ! Et pourtant ils nous dépassent dans tous les domaines !

Quatorze siècle que nous somme dans l'utopie et ça risque de durer aussi longtemps qu'il le faudra à la loi implacable de la sélection naturelle : le plus fort mange le plus faible.
C'est vrai pour le règne animale comme pour les civilisations.
 
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