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Gaza : impressions après-guerre
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20 janvier 2009 19:56
"Ce n'est pas Obama qui va ramener mon mari à la vie". Comme de nombreux Palestiniens, Leila Khalil, qui a perdu son époux lors de l'offensive israélienne, entretient peu d'illusion de voir le nouveau président américain apporter une amélioration des conditions de vie à Gaza.

Veuve à 42 ans, Leila Khalil doit désormais subvenir seule aux besoins de ses six enfants après la mort de son mari le 6 janvier dans le bombardement israélien d'une école gérée par l'ONU dans le nord de la bande de Gaza.

Selon elle, Barack Obama, qui sera investi mardi 44e président des Etats-Unis, n'opérera aucun changement dans la politique américaine au Proche-Orient, traditionnellement pro-israélienne.

"Ce n'est pas Obama qui va ramener à la vie mon mari qui est tombé en martyr et m'a laissé six enfants que je dois nourrir seule. Ce n'est pas lui non plus qui va réparer notre maison endommagée dans les raids", dit-elle.

"Personne ne se soucie de nous. Si nous ne pouvons même pas compter sur les présidents arabes, qu'espérer d'un président américain alors qu'ils ont toujours soutenu Israël", s'interroge cette femme au foyer.

Samih Zouhdi, employé de banque de 53 ans, en convient. "Aucun président américain ne va compenser les pertes que nous avons subies lors de la guerre, ni ressusciter les martyrs, ni guérir les amputés ni reconstruire les maisons détruites", estime-t-il.

"La politique ne comprend que le langage des intérêts et nous ne présentons aucun intérêt pour les Etats-Unis, surtout lorsque nous sommes divisés", ajoute-il en faisant allusion aux querelles entre le mouvement islamiste Hamas qui contrôle Gaza et le président Mahmoud Abbas en Cisjordanie.

L'offensive israélienne de trois semaines a fait plus de 1.300 morts et plus de 5.000 blessés. Des milliers de bâtiments ont été détruits ou endommagés dans des frappes israéliennes qui ont provoqué des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars.

Même les origines "musulmanes" ou encore "proche-orientales" que les rumeurs ont prêtées à Barack Obama lors de la campagne électorale suscitent peu d'espoir de le voir sympathiser avec les Palestiniens dans leur lutte contre Israël.

"En dépit de tout ce qui se dit sur ses origines arabes, ce que je ne crois pas personnellement, il agira en fonction des intérêts du peuple qui l'a élu et ces intérêts se retrouvent avec ceux d'Israël puisque c'est un Etat fort. Quant aux Palestiniens, ils ont toujours été un bouc émissaire", confie Khalil Al-Attar, un fonctionnaire de 30 ans.

Dans la rue Omar Al-Moukhtar, principale artère de Gaza, Ibrahim Al-Soussi ouvre son magasin de prêt-à-porter après 25 jours de fermeture en raison de l'offensive israélienne. Il se veut plus optimiste que la plupart des ses compatriotes.

"J'espère qu'il sera meilleur que (le président George W.) Bush qui nous a détruits et qui a envahi l'Irak. Nous ne lui demandons pas grand chose, juste l'ouverture des points de passage de Gaza pour qu'on puisse voyager et vivre sans blocus et sans humiliation", confie-t-il.

Non loin de sa boutique, Oum Mohammad, 55 ans, charge des valises et des matelas à bord d'une camionnette. Après s'être réfugiée chez des parents à Gaza-ville avec ses deux enfants pour fuir les combats qui faisaient rage dans le nord, elle s'apprête à retourner chez elle.

"Ni Bush ni Obama ne nous feront oublier la peur et l'errance dans lesquelles nous avons vécues". "L'Amérique se tient aux côté d'Israël. Nous, nous avons Dieu à nos côtés et Il est plus puissant que quiconque", dit-elle.

M. Obama avait affirmé le 7 janvier qu'il s'engagerait sur la situation à Gaza "immédiatement" après son investiture. Dimanche, il avait émis l'espoir que le cessez-le-feu proclamé par Israël et le Hamas chacun de son côté serait durable, selon son principal conseiller, David Axelrod.

Source : AFP
 
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