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France 5
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15 décembre 2005 09:07
L'emission de ce matin de 9 à 10h30

Familles qui vivent à l'étranger : Accoucher en Palestine


Les célébrations de Noël nous donnent l'occasion d'aller voir comment les femmes accouchent aujourd'hui dans les territoires palestiniens.


En effet, depuis la deuxième Intifada, les territoires palestiniens de Cisjordanie sont bouclés. L'Etat israélien construit un mur pour le séparer de ces territoires occupés, qui est censé empêché les attaques terroristes.

Le tracé a été fixé unilatéralement par Israël. C'est là où ça se complique. Car on ne trouve pas seulement les Palestiniens d'un côté, les Israéliens de l'autre. Le mur coupe parfois des territoires palestiniens en deux.

Vous avez peut-être vu au JT des écoles carrément traversée par cette séparation. Des villes sont aussi complètement encerclées, car elles sont entourées de colonies israéliennes. Résultat : les territoires palestiniens sont encore plus morcelés qu'avant.

Certains villages palestiniens se retrouvent emmurés dans une zone tampon les séparant d'Israël. Avec des situations ubuesques : des champs d'oliviers et des puits palestiniens se retrouvent côté israélien, séparés du village auxquels ils étaient rattachés.

Théoriquement, des points de passages sont prévus dans ce mur pour les Palestiniens. Mais les heures d'ouverture et les autorisations varient au gré des décisions israéliennes. Il faut ajouter les barrages israéliens au sein même de territoires occupés (environ 700) et un système de laissez-passer compliqué pour les personnes et les véhicules, selon les zones et les décisions quotidiennes.

4 000 maisons palestiniennes ont été détruites pour les besoins de cette construction ou en représailles à des opérations terroristes. Pour la population, et les femmes enceintes en particulier, on imagine le stress !

De plus, le chômage a explosé, parce que les hommes ont rarement le droit de travailler en Israël. L'ONU estime que près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Le système de santé palestinien est aussi complètement déstructuré. Le nombre d'accouchements sans soins a été multiplié par six en quinze ans (30 % en 2005). Par exemple, les femmes des villages proches de Jérusalem avaient l'habitude d'aller accoucher à l'hôpital de la partie arabe de la ville éternelle.

Maintenant, un trajet qui prenait 5 minutes peut mettre une heure et demie, quand tout va bien. Il faut s'arrêter à un barrage israélien, abandonner son véhicule s'il n'a pas d'autorisation, passer le barrage à pied, parfois se faire fouiller, et prendre une ambulance israélienne de l'autre côté du check point. Or ça coûte cher : entre 80 et 150 dollars.

Parfois, c'est encore plus dur : l'ONU rapporte que depuis l'an 2000, soixante-sept femmes ont été retenues aux barrages israéliens et ont du accoucher sur place. Au final, trente-six bébés n'ont pas pu y survivre.

Je vous cite simplement le témoignage d'une femme qui se rendait à l'hôpital de Naplouse et qui a du accoucher sur un chemin de terre, près d'un poste de contrôle. Rula raconte : "Il y avait plusieurs soldats au poste de contrôle ; ils nous ont ignorés. Je me suis traînée derrière un bloc de béton à côté du poste, pour avoir un peu d'intimité et j'ai accouché dans la poussière, comme un animal. J'ai pris ma fille dans mes bras, elle a bougé un peu, mais elle est morte au bout de quelques minutes".

Les femmes se tournent alors vers d'autres solutions. De plus en plus, elles accouchent à domicile, assistées d'une sage-femme. Mais ça n'a rien à voir avec le luxe que j'ai pu m'offrir en accouchant chez moi, en France, avec un hôpital proche accessible en peu de temps.

D'abord, les sages-femmes traditionnelles ne sont pas assez formées, d'après les autorités palestiniennes. Et elles ne sont pas assez nombreuses. On en compte 13 pour 100 000 habitants, ce qui est un chiffre plutôt bas.

Autre problème, plusieurs ONG soulignent un nombre grandissant de femmes anémiées pendant leur grossesse : près de 70 % des femmes enceintes.

Plusieurs experts estiment aussi que les mariages entre cousins vont augmenter en raison de l'isolement de certains villages. Avec un risque de maladies congénitales énorme et déjà attesté à certains endroits.

Les femmes sont parfois coupées de leur famille par ce système de mur et de barrages. Or, la société palestinienne survivait grâce aux puissants liens familiaux.

La situation est dramatique. Plusieurs ONG sont sur place pour essayer de pallier aux manques mais elles ne pourront pas tout résoudre. Toutes espèrent que l'avis de la Cour internationale de justice, qui a jugé le mur illégal, et sa condamnation par l'assemblée générale des Nations unies seront entendus.

Elles demandent aussi que l'Etat d'Israël respecte la quatrième convention de Genève, qui stipule, entre autres, que les soins de la population occupée doivent être garantis par l'occupant.
siryne
 
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