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Flou politique en Afrique du Sud après le retrait de Mbeki
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21 septembre 2008 18:35
JOHANNESBURG (Reuters) - Après avoir cédé la veille à l'injonction de démissionner émanant de la direction de l'ANC, aux mains de son rival Jacob Zuma, le président Thabo Mbeki a présidé ce dimanche un conseil des ministres extraordinaire avant de s'adresser dans la soirée à la nation sud-africaine à la télévision.

On s'attend à ce qu'un certain nombre de ministres de Mbeki démissionnent par solidarité avec celui qui a succédé à Nelson Mandela à la tête du pays, il y a près de dix ans, et la presse sud-africaine n'exclut pas qu'ils fassent scission du Congrès national africain.

Parmi les démissionnaires vraisemblables figure Phumzile Mlambo-Ngcukala, la vice-présidente, qui est censée assurer l'intérim de la présidence durant une période transitoire qui pourrait durer six mois mais qui ne cache pas son hostilité au camp Zuma.

Celui-ci, qui brigue la présidence, l'an prochain, n'occupe aucune fonction officielle et n'est donc pas habilité à occuper le poste durant la transition. Ses partisans songent à faire désigner le président du parlement, Baleka Mbete.

Un exode politique massif de ministres pourrait paralyser le gouvernement transitoire et contraindre le parlement du Cap, dominé par l'ANC, à s'autodissoudre et provoquer des élections législatives anticipées.

OTAGE DES SYNDICATS ET DU PC?

Zuma et d'autres dirigeants de l'ANC oeuvrent en coulisses à maintenir le gouvernement actuel, où le ministre des Finances Trevor Manuel - très respecté des marchés - a déclaré qu'il resterait, le temps de la transition.

Quoi qu'il en soit, la période politique qui s'ouvre en Afrique du Sud est lourde d'incertitudes.

Bien qu'on lui ait reproché d'avoir trop ignoré certaines réalités comme la pauvreté, la criminalité et le sida, Mbeki a présidé à une décennie de croissance soutenue sans précédent dans l'histoire du pays.

Zuma est perçu par les investisseurs, inquiets, comme un dirigeant n'ayant pas fait ses preuves, à un moment où la plus grave crise politique jamais connue par l'ANC depuis la fin de l'apartheid, en 1994, vient se greffer sur un ralentissement notable de l'économie.

Chef de l'ANC depuis fin 2007, disculpé la semaine dernière par la justice d'accusations de corruption qu'il reproche à Mbeki d'avoir favorisées, Zuma a beau assurer que les grandes lignes de la politique du gouvernement resteront inchangées, son positionnement à gauche donne des sueurs froides aux marchés.

En coupant l'ANC de son aile conservatrice et économiquement libérale et en la rendant otage des syndicats et du petit, mais influent, Parti communiste, la scission de l'ANC évoquée par la presse risque d'accentuer la prévention des mêmes marchés.

'FONDAMENTAUX MARXISTES'

Selon le Sunday Times, le ministre de la Défense Mosiuoa Lekota, son adjoint Mluleki George et d'autres dirigeants fidèles à Mbeki se réuniront sous peu pour jeter les bases d'un nouveau parti. "Je ne suis pas en mesure d'en parler à ce stade, mais vous en saurez plus dans quelques jours", a déclaré George au quotidien dominical sud-africain.

Une scission porterait un rude coup à la toute puissance politique de l'ANC, déjà ébranlée par les rivalités incessantes des dernières années entre partisans de Mbeki et de Zuma, et risquerait d'amener l'ex-mouvement de libération à en revenir à ses 'fondamentaux' marxistes des années 1960-70, estiment les analystes.

Alors que Mbeki était accusé de délaisser les problèmes intérieurs pour les feux de la diplomatie internationale, l'ANC de Zuma donnera probablement la priorité à la lutte contre la pauvreté et le chômage, à la redistribution des richesses et à la nationalisation des grandes industries.

L'influence internationale de l'Afrique du Sud risque de s'en ressentir. Sous Mbeki, Pretoria jouait avec un certain succès les médiateurs entre le Nord et le Sud ainsi qu'en Afrique même.

Arraché grâce à la patience de Mbeki, l'accord de partage du pouvoir entre le président zimbabwéen Robert Mugabe et son principal opposant Morgan Tsvangirai risque d'être la première victime du changement politique en Afrique du Sud.
REUTERS
Version française Marc Delteil
 
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