Cette année, la traditionnelle journée internationale du 8 mars coïncide avec le lancement de la marche mondiale des femmes contre la pauvreté, les violences et le néolibéralisme. À cette occasion, nous avons voulu donner la parole à des femmes engagées dans l’action, pour l ?égalité entre les sexes, contre la précarité, contre les discriminations. Leurs armes ? La culture, l’économie solidaire, le militantisme. Rencontres.
Heureuse rencontre des dates : ce 8 mars, la traditionnelle journée internationale des femmes marque également le lancement de la seconde marche mondiale des femmes « contre la pauvreté, les violences et le néolibéralisme ». L’affichage de cette manifestation, qui partira du Brésil pour rejoindre fin 2005 l’Afrique, remet en évidence ce que l’on nomme la double exploitation de la femme. Tout au long de ce voyage, une « charte mondiale des femmes pour l’humanité » sèmera ses idées et ses principes comme le Petit Poucet ses cailloux. Comme autant de repères pour les pays traversés. C’est du moins ce qu’il faut espérer puisque ce document contient 31 « affirmations » visant à faire cesser « l’oppression patriarcale, religieuse ou économique subie par les femmes de tous horizons ». Cela, à des échelles bien sûr très différentes selon que l’oppression est anglaise, afghane ou indienne. Car aux inégalités hommes-femmes s’ajoutent les inégalités femmes-femmes, qui sont le lot de sociétés de toute façon inégalitaires.
En France, le combat féministe a porté de beaux fruits. Ainsi, comme le rappelle la chercheuse Margaret Maruani dans un ouvrage collectif, Femmes, genre et sociétés, l’état des savoirs (1), « la seconde moitié du XXe siècle fut, dans l’ensemble des pays développés et tout particulièrement en France, porteuse de transformations sociales majeures pour les femmes : la liberté de l’avortement et de la contraception, le droit de vote et la parité, la croissance spectaculaire de l’activité professionnelle et la percée des scolarités féminines sont de vraies conquêtes ».
Primordiales, ces conquêtes sont aussi faites de paradoxes et de contradictions dans une société libérale où l’insécurité sociale explose. Ainsi, si les femmes ont investi le champ du travail rémunéré, elles sont aussi plus nombreuses à rejoindre les rangs du chômage et de la précarité. Si les lois sur l’égalité professionnelle se multiplient, les écarts de salaires restent légion. Si la parité en politique a été théoriquement instaurée, elle n’est, dans la réalité, que bien peu respectée comme en témoigne le paysage politique actuel. Si les droits à la contraception et à l’avortement constituent d’indéniables avancées, trop de femmes subissent encore la violence morale ou sexuelle des hommes. Bref, le combat pour l’égalité des sexes n’est pas gagné. Et les inégalités hommes-femmes restent toujours aussi saisissantes. Confinées dans des emplois à temps partiel, très peu nombreuses à accéder à des fonctions à responsabilité, surreprésentées dans le tertiaire et le commerce (métiers dits féminins), les femmes continuent de subir les règles de la « domination masculine » que dénonçait Pierre Bourdieu.
Au quotidien, de nombreuses femmes s’engagent pour casser l’image de « sexe faible » et modifier les rapports de force, ou tout simplement imposer le droit là où règne la force. Vaste programme. Militantes, elles ont investi le champ associatif pour y défendre leurs droits, faire taire sexisme et machisme. Elles n’ont pas choisi des organisations purement féministes, mais des espaces de luttes où elles peuvent arracher encore et toujours des avancées. Homosexuelle, paysanne, immigrée, précaire, elles ont accepté de parler de leur combats. Histoire de rappeler que le monde actuel doit compter avec elles.
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