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La femme musulmane entre usurpation des droits et stéréotypes...
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14 janvier 2005 00:03
Ce titre résume bien la problématique de la femme musulmane telle qu’elle est vécue aujourd’hui... Une femme musulmane, prise en otage entre deux mondes...Un monde intérieur, musulman, dans lequel on lui a usurpé beaucoup de ses droits- parfois même tous ses droits- et un monde extérieur, non musulman où elle est représentée comme étant l’archétype par excellence de la femme opprimée et où on l’a condamne sans merci à une représentation stéréotypée implacable...

Tandis qu’à l’intérieur des sociétés musulmanes on lui a confisqué ses droits au nom de l’islam durant des siècles d’histoire, à l’extérieur on continue à instrumentaliser à outrance cette image de « femme victime » pour justifier les théories les plus dramatiques, comme celles du choc des civilisations, de l’incompatibilité de l’islam avec la modernité, du monde civilisé et barbare, du bien et du mal...Bref, selon cette vision manichéenne très à la mode qui poussera la rhétorique jusqu’à faire de la salvation de ces pauvres femmes une affaire d’Etat comme cela a été l’exemple avec les femmes afghanes ou comme c’est aujourd’hui le cas avec le projet- très américain- du Grand Moyen-Orient qui « proposerait » avec les réformes politiques radicales, une révision sérieuse du statut de la femme musulmane !!

Le tapage médiatique autour donc de ce thème de la femme musulmane victime de tous les maux est intarissable et il devient à la longue extrêmement difficile de faire la part des choses entre le vrai et le faux, entre la réalité et l’imaginaire...

Il est intéressant de voir comment dans le monde musulman on répond à ces accusations par des allégations catégoriques réfutant cet état de fait et argumentant, toujours selon un mode de réaction passionnel, que les femmes musulmanes ont tous les droits en islam et que toutes ces « tentatives de libération » de la femme, promulguées par certains courants, sont en fait des tentatives de déstabilisation et d’acculturation qui n’ont pour but que de rendre les sociétés musulmanes permissives et amorales, à l’image de ce qu’est aujourd’hui l’Occident aux yeux de nombreux musulmans...Toujours cette manie de réagir selon le mode de la réactivité identitaire qui fausse tous les débats et qui empêche toute tentative réelle de dialogue - et de réformes surtout- et qui cela dit en passant, nous permet de fermer les yeux sur beaucoup de transgressions au nom de la « préservation de l’identité musulmane ».

A ce niveau là, il faudrait se mettre d’accord sur un point très important : parmi toutes les critiques faites inlassablement à l’islam et aux musulmans, celle concernant le statut de la femme, malgré sa médiatisation exagérée et parfois son instrumentalisation malhonnête, se trouve être la plus avérée, la plus juste et la plus sensée... Il est indiscutable que le constat d’une profonde et réelle discrimination à l’encontre des femmes musulmanes est réel, il est même parfois accablant...Cependant, il est aussi tout important de différencier entre le fait culturel et l’essence d’une religion, entre un message spirituel et ses diverses interprétations : on accuse trop vite le Coran et l’islam en tant que religion de porter en eux les prémices de la discrimination des femmes, de l’incitation à la violence ou de l’application des châtiments corporels les plus barbares...

Or une lecture intelligente du message coranique ne révèle nulle part des manœuvres discriminatoires diaboliques... ou une supériorité despotique de l’homme au détriment de la femme telles qu’elles sont propagées de manière profuse. Bien au contraire, le texte nous dévoile d’une manière très subtile l’égalité entre les hommes et femmes dans leur humanité...Une égalité spirituelle qui émane le long des versets comme un rappel sans cesse reformulé et que malheureusement la réalité des sociétés islamiques trahit tous les jours que Dieu fait...


Le vrai problème qui se pose en fait ce n’est pas tant le Coran mais ce que l’on a fait de ce Coran à travers des siècles et des siècles de lecture et d’interprétations sexistes envers la femme. Des interprétations rigoristes et complètement fermées du religieux qui ont légitimé durant toute l’histoire musulmane, volontairement ou non, une véritable discrimination à l’encontre des femmes...Car on doit se mettre aussi d’accord sur une chose : il est très facile de retrouver des arguments coraniques qui infériorisent la femme -comme dans tout texte religieux que ce soit la Bible ou la Torah- quand on pratique une lecture littérale, statique et qui ne prend pas en compte la dynamique historique des époques de la révélation...

Je voudrais pour étayer un peu mon propos vous citer quelques exemples de droits acquis en islam en faveur de la femme -depuis 14 siècles- et qui lui ont été usurpés du fait de la logique de l’interprétation machiste des textes :

Droits humains où l’égalité spirituelle en islam : Le Coran est formel quant à l’égalité de la femme avec l’homme concernant leur humanité. On retrouve à cet égard deux notions qui confirment cette égalité spirituelle :

Le concept de la création de l’être humain : selon la vision coranique il n’y a pas de point de vue humain profond de concept « Homme » ou « femme », les deux selon le Coran représente une seule vérité celle de « l’âme humaine ». La création originelle est celle d’une humanité indifférenciée qui transcende le genre. Le Coran évoque le terme d’Adam qui en hébreu veut dire « l’espèce humaine » et n’évoque à aucun moment celui d’Eve. Ce qui traduit une volonté de description de la création humaine à partir d’une origine unique. Cependant, il est étonnant de voir comment des textes religieux d’exégèse sensés expliciter la création font mention d’Eve et sa fameuse création à partir d’une côte d’Adam alors que nulle part dans le Coran il n’est question de cette notion...Or ce genre de textes, à l’encontre de l’égalité humaine de la création comme voulue par le Coran, vont servir d’ argumentaire quant à une supposée infériorité structurelle de la femme et vont ainsi proliférer à travers l’histoire islamique sous l’influence de la tradition religieuse judéo-chrétienne d’une part et de la lecture misogyne arabo-bédouine d’autre part...

L’absence de toute notion de péché originel : il n’existe dans le Coran aucune notion de péché originel et encore moins d’une quelconque responsabilité de la femme liée à ce péché contrairement aux traditions ultérieures. On sait combien ce concept a été instrumentalisé en défaveur de la femme et comment pendant longtemps il a été à l’origine de toute une culture de répression envers la femme à travers l’histoire de l’humanité. Le coran parle plutôt d’une responsabilité commune ou partagée des deux sexes, responsabilité pardonnée et absoute par Dieu. Il est cependant aberrant de voir comment les musulmans ont une conception erronée à ce sujet là puisqu’ils continuent de valoriser la présupposée responsabilité de la femme dans cet acte originel.

Droit au savoir et à la connaissance :

La tradition sacrée islamique est explicite quant à l’obligation du musulman et musulmane au savoir et à l’éducation. Le texte coranique est très clair et l’énonce à plusieurs reprises à travers divers versets qui incitent à la recherche de la science et à l’instruction...En effet, la quête du savoir et formulée en islam comme une quête de Dieu et de Ses signes à travers la création...La tradition prophétique confirme cette volonté par le célèbre hadith : la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman et musulmane...L’éducation est fondatrice de l’identité musulmane et le meilleur exemple reste sans aucun doute celui de l’épouse du prophète, Aicha, qui sera l’une des plus grandes savantes que l’islam ait connu et dont le savoir est transmis de générations en générations jusqu’à de nos jours dans les plus grandes universités islamiques du monde...Or l’histoire musulmane confirme là aussi « l’usurpation de ce droit » puisque l’on va au nom du religieux refuser aux femmes musulmanes ce droit pendant des siècles d’histoire...La réalité aujourd’hui des sociétés musulmanes est là pour le confirmer : le taux d’analphabétisme des femmes dans les pays musulmans reste parmi les plus élevés au monde ... L’ignorance entretenue des femmes, volontairement maintenue dans les sociétés islamiques, reflète l’une des plus grandes trahisons du message de l’islam...

Droits politiques :

Il est étonnant pour celui qui lit l’histoire islamique des premiers temps de la révélation de voir à quel point la participation des femmes était évidente dans le champ sociopolitique...Le droit à l’élection d’un représentant politique a été un acte voulu et défendu par le prophète et la participation des femmes a été un tournant important dans la gestion de la première cité islamique...L’histoire révèle comment elles ont été très nombreuses à participer activement aux différents actes politiques de l’époque ce qui a été déterminant pour la naissance de la première communauté de l’islam...Elles seront nombreuses à se sacrifier par amour à la cause de l’islam et à son exigence de justice et leurs participation sera totale : elles vont subir des tortures du fait de leurs choix religieux, elles vont s’exiler politiquement, elles vont financer par leurs propres moyens les différents projets politiques de l’islam...Le Coran cite entre autres et à plusieurs reprises l’exemple de la reine de Saba comme chef d’état politique douée de sagesse et d’intelligence...Cependant, l’exégèse masculine va « survoler » le rôle précurseur de cette femme en le réfutant le plus souvent ou en le considérant comme un simple « incident de parcours » et ce dans le meilleur des cas !! On refusera aux femmes le droit au pouvoir politique en faisant fi de toutes les données coraniques et en se basant sur un seul Hadith formulé dans un contexte très particulier...Encore une fois, la lecture machiste va essayer d’évincer toute présence féminine de l’histoire de l’islam et l’on va assister en terre d’islam - bien évidemment toujours au nom du religieux- à une exclusion institutionnalisée de la femme de tout champ politique...La preuve de cette régression en est qu’aujourd’hui dans de nombreux pays du golfe par exemple même le droit de vote est interdit aux femmes ....


Asma Lamrabet
La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
N
14 janvier 2005 09:00
Je me suis toujours posseé une question: pourquoi il n'y a (eu) pas des reines dans les pays musulmans?
s
14 janvier 2005 09:28


Des femmes érudites en sciences du hadith - Dr. Muhammad Zubayr Siddiqi




L'Histoire mentionne peu d'initiatives savantes, ne serait-ce avant les temps modernes, de la part de femmes qui auraient joué un rôle actif et important en coopération avec des hommes. Les sciences du hadith constituent cependant à cet égard une excellente exception. L'islam, religion qui, à la différence du christianisme, refuse d'attribuer un genre à Dieu1, et n'a jamais nommé une élite mâle sacerdotale comme intermédiaire entre la créature et le Créateur, démarre la vie avec l'assurance que, malgré le fait que la femme et l'homme soient dotés par la nature de rôles complémentaires plutôt qu'identiques, aucune spiritualité supérieure n'est inhérente à la masculinité2. Ainsi, la communauté musulmane confiait volontiers des affaires de même valeur selon la perspective divine (aux hommes comme aux femmes). C'est uniquement cette considération qui explique pourquoi, l'islam produisit un grand nombre d'éminentes femmes savantes, sur le témoignage et le jugement éclairé desquelles une bonne partie de son édifice repose, ce qui la particularise des religions courantes en occident.



Depuis les premiers temps de l'islam, les femmes ont pris une part importante, dans la préservation et la culture du hadith, et cette charge perdura à travers les siècles. A chaque période de l'histoire islamique, vécurent nombre d'honorables femmes expertes en tradition prophétique (hadith), considérées avec révérence et respect par leurs frères. De nombreuses notices leur sont consacrées dans les dictionnaires biographiques.


Durant la vie du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), beaucoup de femmes ont été non seulement l'exemple de l'évolution de nombreuses traditions (ancestrales), mais ont également été très actives dans la transmission (de l'enseignement prophétique) pour leurs sœurs et leurs frères de religion3. Après la mort du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam), beaucoup de femmes musulmanes l'ayant côtoyé (Sahâbiyât), en particulier ses épouses, furent considérées comme des gardiens vitales de la connaissance, et furent sollicitées pour l'enseignement par les autres compagnons, avec qui elles partageaient volontiers le riche bagage qu'elles avaient amassé aux côtés du Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam).


Les noms de Hafsa, Umm Habiba, Maymuna, Umm Salama, et A'isha (radhia Allâhou anhounna) sont familiers à tout étudiant des sciences du hadith comme étant parmi les premiers et les plus distingués des transmetteurs4. A'isha (radhia Allâhou anhâ), en particulier, est l'une des figures les plus importantes de toute l'histoire de la littérature des ahâdîth -non seulement en tant que l'une des premières à rapporter le plus grand nombre de ahâdîth, mais également comme l'une des interprètes les plus attentives.


A la période des Successeurs (tâbéïnes), les femmes occupèrent d'importants postes comme traditionalistes. Hafsa r.a., la fille d'Ibn Sirin5, Umm al-Darda r.a. (décédée en 81 H/700) et 'Amra bint 'Abd al-Rahman furent quelques unes des femmes clés traditionalistes de cette période. Iyas ibn Mu'awiya r.a., un important traditionaliste de son temps et un juge aux compétences et au mérite incontestés, estimait Umm al-Darda r.a. supérieure à tous les autres traditionalistes de cette période, y compris les célèbres maîtres des ahâdîth tels al-Hasan al-Basri r.a. et Ibn Sirin r.a.6. 'Amra r.a. était considérée comme étant une grande autorité en matière de traditions rapportées par A'isha (radhia Allâhou anhâ). D'ailleurs, le calife Umar ibn Abd al-Aziz r.a. donna l'ordre à l'un de ses étudiants, Abu Bakr ibn Hazm r.a., le célèbre juge de Médine, de mettre par écrit toutes les traditions connues sous son autorité7.


Après elles, 'Abida al-Madaniyya r.a., 'Abda bint Bishr r.a., Umm Umar al-Thaqafiyya r.a., Zaynab r.a. (la petite fille de Ali ibn Abd Allah ibn Abbas), Nafisa bint al-Hasan ibn Ziyad r.a., Khadija Umm Muhammad r.a., 'Abda bint Abd al-Rahman r.a., ainsi que de nombreuses autres excellèrent dans des cours publics sur les ahâdîth. Ces pieuses femmes venaient de différents horizons, montrant par là que ni le rang social, ni le sexe n'étaient des obstacles à l'acquisition de la science islamique. Par exemple, Abida r.a. était une esclave de Muhammad ibn Yazid r.a.. Elle apprit un grand nombre de ahâdîth auprès de professeurs à Médine, puis fut donnée par son maître à Habib Dahhun r.a., le fameux traditionaliste d'Espagne, quand il visita la cité sainte lors de son pèlerinage. Il fut si impressionné par son apprentissage qu'il l'affranchit, l'épousa et l'emmena en Andalousie. Il est dit qu'elle rapportait dix mille ahâdîth sous l'autorité de ses professeurs médinois8.


Zaynab bint Sulayman r.a. (décédée en 142 H/759), au contraire, était née princesse. Son père était le cousin de al-Saffah, le fondateur de la dynastie des Abbassides et a été le gouverneur de Basra, de Oman et du Bahreïn sous le califat d'al-Mansur9. Zaynab r.a., qui reçut une éducation raffinée, acquit une maîtrise du hadith, se distinguant ainsi comme l'une des femmes traditionalistes les plus réputées de son temps, et compta nombre d'hommes d'importance parmi ses élèves10.


Cette association de femmes et d'hommes dans la culture de la tradition prophétique continua quand les fameuses anthologies de hadith furent compilées. Un examen de ces textes révèle que tous les premiers compilateurs importants des traditions reçurent nombre de ces textes de femmes shuyukh (enseignantes expertes) : chaque collection majeure donne les noms de femmes comme autorités immédiates de l'auteur. Quand ces travaux avaient été compilés, les femmes traditionalistes elles-mêmes en avaient une parfaite connaissance et elles donnaient des cours à de grandes classes d'élèves, à qui elles présentaient leurs propres ijazas (autorité de transmission).


Au quatrième siècle, les cours de Fatima bint Abd al-Rahman r.a. (décédé en 312/924) -connue comme al-Sufiyya pour sa formidable piété- , de Fatima r.a. (petite-fille de Abou Dâoûd, auteur des Sounan bien connus), de Amat al-Wahid r.a. (décédée en 377/987) -la fille du juriste distingué al-Muhamili r.a.-, de Umm al-Fath Amat as-Salam r.a. (décédée en 390/999) -la fille du juge Abu Bakr Ahmad (décédé en 350/961)- et Jumua bint Ahmad r.a. attiraient une assistance révérencieuse11.


Des femmes continuèrent à se démarquer en tant que savantes du hadith au cinquième et sixième siècle de l'Hégire. Fatima bint al-Hasan ibn Ali ibn al-Daqqaq al-Qushayri r.a. était louée non seulement pour sa piété et sa maîtrise de la calligraphie, mais encore pour sa connaissance des ahâdîth et la qualité des isnads (chaîne de transmission des ahâdîth) qu'elle connaissait12. Encore plus distinguée fut Karima al-Marwaziyya r.a. (décédée en 463/1070), qui était considérée comme l'autorité de référence du Sahih de al-Boukhâri en son temps. Abu Dharr r.a. de Herat, l'un des chefs de file des érudits de cette époque, estimait tellement son érudition qu'il recommanda à ses étudiants d'étudier le Sahih auprès d'elle seule. Elle figure ainsi au centre de la transmission de cet ouvrage essentiel de l'islam (le Sahih)13. En réalité, écrit Goldziher, "son nom apparaît avec une extraordinaire fréquence dans les ijazas pour la narration de ce livre."14 Al-Khatib al-Baghdadi r.a.15 et al-Humaydi r.a. (428/1036-488/1095) comptaient parmi ses élèves16.


Mis à part Karima r.a., quelqes autres femmes traditionalistes "occupent une place éminente dans l'histoire de la transmission du texte du Sahih"17. Parmi elles, on doit mentionner en particulier Fatima bint Muhammad r.a. (décédée en 539/1144), Shuhda "l'Ecrivain" r.a. (décédée en 574/1178), et Sitt al-Wuzara bint Umar r.a. (décédée en 716/1316)18. Fatima relatait le livre sous l'autorité du grand traditionaliste Said al-Ayyar r.a. ; elle reçut de la part de spécialistes du hadith le prestigieux titre de Musnida Isfahan (l'éminente autorité de hadith d'Ispahan). Shuhda était une fameuse calligraphe et une traditionaliste de grande réputation ; les biographes la décrivent comme "la calligraphe, la grande autorité en hadith, et la fierté des femmes". Son arrière-grand-père avait été marchand d'aiguilles, et cela lui valut le sobriquet d' "al-Ibri ". Mais son père, Abu Nasr r.a. (décédé en 506/1112) fut pris de passion pour le hadith, et s'arrangea pour l'étudier avec plusieurs maîtres en la matière19. Se soumettant à la sunna, il donna à sa fille une solide éducation, s'assurant qu'elle étudiait sous de nombreux traditionalistes reconnus.


Elle épousa Ali ibn Muhammad r.a., une figure importante ayant des intérêt littéraires, qui plus tard devint un bon compagnon du calife al-Muqtadi et fonda une école et une maison soufies, auxquelles il contribuait généreusement. Sa femme fut pourtant plus connue, de par ses connaissances des ahâdîth et la qualité de ses isnads20. Ses cours sur Sahih al-Boukhâri et d'autres collections de ahâdîth attiraient de larges foules d'étudiants ; certains se sont même faussement affirmés comme étant de ses élèves21.


Sitt al-Wuzara r.a. était également reconnue comme une autorité sur Boukhâri. En plus de sa maîtrise acclamée du droit islamique, elle était considérée comme la "musnida de son époque", donnait des cours sur le Sahih et d'autres travaux à Damas et en Égypte22. Umm al-Khayr Amat al-Khaliq r.a. (811/1408-911/1505), considérée comme le dernier grand savant en matière de hadith du Hijaz23, assurait également des cours sur le Sahih. A'isha bint Abd al-Hadi r.a. était une autre spécialiste de Boukhâri24.


Outre ces femmes qui semblaient s'être spécialisées dans le grand Sahih de l'Imam al-Boukhâri, d'autres axèrent leur expertise sur d'autres textes.


Umm al-Khayr bint Ali r.a. (décédée en 532/1137) et Fatima al-Shahrazuriyya r.a. donnaient des cours sur le Sahih de Muslim25. Fatima al-Jawzdaniyya r.a. (d. 524/1129) transmettait à ses étudiants les trois Mu'jams de al-Tabarani26. Zaynab de Harran r.a. (décédée en 68/1289) enseignait aux étudiants, que ses cours attiraient en foule, le Musnad d'Ahmad ibn Hanbal r.a., la plus grande compilation de ahâdîth27. Juwayriya bint Umar r.a. (décédée en 783/1381) et Zaynab bint Ahmad ibn Umar r.a. (décédée en 722/1322), qui avaient beaucoup voyagé pour développer leur science des ahâdîth, donnèrent des conférences en Egypte ainsi qu'à Médine, et narrèrent à leurs étudiants les recueil de al-Darimi r.a. et de Abd ibn Humayd r.a.. On dit même que les étudiants venaient de très loin pour assister à leurs débats28. Zaynab bint Ahmad r.a. (décédée en 740/1339), habituellement connue sous le nom de Bint al-Kamal, acquit quantité de diplômes. Elle enseignait le Musnad de Abu Hanifa r.a., le Shamail de al-Tirmidhi r.a., et le Sharh Ma'ani al-Athar de al-Tahawi r.a., qu'elle lut avec une autre traditionaliste, Ajiba bin Abu Bakr r.a. (décédée en 740/1339)29. "Sur son autorité est basé, dit Goldziher, l'authenticité du manuscrit GOTHA … dans le même isnad, nombre de femmes érudites s'étant intéressées à ce sujet sont citées."30 En sa compagnie notamment, le grand voyageur Ibn Battuta r.a. étudia les traditions durant son séjour à Damas31. Ibn Asakir r.a., le célèbre historien de Damas, qui dit avoir étudié auprès de 1200 hommes et 80 femmes, obtint l'ijaza de Zaynab bint Abd al-Rahman r.a. pour le Muwatta de l'Imam Malik32. Jalal al-Din al-Suyuti r.a. étudia la Risala de l'Imam Shafii r.a. auprès de Hajar bint Muhammad r.a.33. Afif al-Din Junayd r.a., traditionaliste du neuvième siècle après l'hégire, lut le Sunan de al-Darimi r.a. avec Fatima bin Ahmad ibn Qasim r.a. 34.


Zaynab bint al-Sha'ri r.a. (524/615-1129/1218) faisait également partie des traditionalistes de renommée. Elle étudia le hadith auprès d'autres illutres traditionalistes avant d'enseigner à nombre d'étudiants -dont certains furent réputés comme Ibn Khallikan r.a., l'auteur du célèbre dictionnaire biographique Wafayat al-Ayan35. Karima la Syrienne r.a. (décédée en 641/1218) était décrite comme la plus grande autorité en matière de hadith en Syrie de son temps. Elle exposa de nombreux travaux sur les ahâdîth sous l'autorité de nombreux professeurs36.


Dans son étude al-Durar al-Karima37, Ibn Hajar r.a. donne de courtes indications bibliographiques au sujet d'environ 170 femmes de renom du huitième siècle, dont la plupart sont traditionalistes, et sous la direction desquelles l'auteur lui-même étudia38. Certaines de ces femmes étaient reconnues comme étant les meilleures traditionalistes de leur époque. Juwayriya bint Ahmad r.a., par exemple, à laquelle nous nous sommes déjà référé, étudia une série de travaux sur la tradition auprès de savants hommes et femmes enseignant dans les grandes écoles de l'époque. Ensuite, elle continua à donner des cours célèbres sur les disciplines islamiques. "Certains de mes propres professeurs ainsi que nombre de mes contemporains assistaient à ses cours, raconte Ibn Hajar."39 A'isha bin Abd al-Hadi r.a. (723-816), également mentionnée plus haut, qui fut longtemps le professeur de Ibn Hajar r.a., était considérée comme la plus raffinée traditionaliste de son temps. Des étudiants venaient parfois de très loin afin de s'asseoir à ses pieds et étudier les vérités de la religion40. Sitt al-Arab r.a. (décédée en 760/1358) avait enseigné au traditionaliste bien connu al-Iraqi (décédé en 742/1341) et de nombreux autres qui avaient complété une large part de leurs connaissances auprès d'elle41. Daqiqa bint Murshid r.a. (décédée en 746/1345), une autre traditionaliste louée, reçut son instruction de plusieurs autres femmes.


L'information se rapportant aux femmes traditionalistes du neuvième siècle est compilée dans un texte de Muhammad ibn Abd al-Rahman al-Sakhawi (830-897/1427-1489), al-Daw al-Lami', qui est un dictionnaire biographique des éminentes personnalités du neuvième siècle42. Le Mu'jam al-Shuyukh de Abd Al-Aziz ibn Umar ibn Fahd (812-871/1409-1466), compilé en 861 après l'Hégire était consacré aux notices biographiques de plus de 1100 des enseignants de l'auteur, y compris 130 femmes savantes auprès desquelles il avait étudié43. Certaines d'entre elles furent reconnues pour la précision et l'érudition de leurs travaux et formèrent les grands savants des générations suivantes. Umm Hani Maryam r.a. (778-871/1376-1466) par exemple apprit le Coran par cœur dès son plus jeune âge, puis toutes les sciences islamiques alors enseignées, à savoir la théologie, le droit, l'histoire et la grammaire ; ensuite, elle voyagea afin de compléter ses connaissances en matière de ahâdîth auprès des meilleurs traditionalistes de son époque au Caire et à La Mecque. Elle était également louée pour son don de calligraphe, sa maîtrise de la langue arabe et son sens naturel de la poésie ainsi que pour son strict respect des devoirs religieux (elle accomplit le hajj pas moins de treize fois). Son fils, qui devint un savant notoire du dixième siècle, lui vouait une grande vénération et l'accompagnait constamment dans les derniers jours de sa vie. Elle poursuivit un programme intensif à la grande école du Caire, donnant des ijazas à de nombreux savants. Ibn Fahd lui-même étudia plusieurs travaux techniques sur les ahâdîth auprès d'elle44.


Bai Khatun r.a., sa contemporaine syrienne (décédée en 864/1459), ayant étudié les traditions avec Abu Bakr al-Mizzi r.a. ainsi que d'autres traditionalistes, et ayant obtenu les ijazas d'un grand nombre de maîtres de ahâdîth, hommes et femmes, donnait des cours sur le sujet en Syrie et au Caire. On raconte qu'elle trouvait un grand plaisir dans l'enseignement45. A'isha bint Ibrahim r.a. (760/1358-842/1438), connue dans les cercles académiques comme Ibnat al-Sharaihi, étudia également les traditions, entre autres, à Damas et au Caire, et donnait des cours auxquels d'éminents savants assistaient volontiers46. Umm al-Khayr Saida r.a. de la Mecque (décédée en 850/1446) bénéficia de l'enseignement des ahâdîth de nombreux traditionalistes dans différentes villes, gagnant une réputation toute aussi enviable de savante47.


D'après ce qui peut être relevé après maints recherches dans les références, il ressort que l'implication des femmes dans l'étude des ahâdîth et des disciplines islamiques en général semble avoir décliné considérablement à partir du dixième siècle de l'Hégire. Des livres tels que al-Nur al-Safir de al-Aydarus r.a., le Khulasat al-Akhbar de al-Muhibbi r.A. et le al-Suluh al-Wabila de Muhammad ibn Abd Allah r.a. (qui sont les dictionnaires biographiques des éminentes personnalités respectivement des dixième, onzième et douzième siècles) ne font mention que d'une petite dizaine de traditionalistes femmes. Il serait pourtant faux de déduire de là que l'intérêt des femmes pour le hadith s'amenuisa à partir du dixième siècle. Quelques traditionalistes qui s'étaient faits un nom pendant le neuvième siècle continuèrent pendant le dixième siècle à servir la sunna. Asma bint Kamal al-Din r.a. (décédée en 904/1498) jouissait d'une grande influence auprès des sultans et de leurs représentants, à qui elle faisait souvent des recommandations... qui étaient toujours appliquées, dit-on. Elle donna des cours sur les ahâdîth et forma des femmes aux diverses sciences islamiques48. A'isha bint Muhammad r.a. (décédée en 906/1500), épouse du célèbre juge Muslih al-Din, enseigna les traditions à nombre d'étudiants et fut nommée professeur à l'école Salihiyya de Damas49. Fatima bint Yusuf d'Alep r.a. (870/1465-925/1519) était considérée comme l'un des excellents savants de son temps50. Umm al-Khayr r.a. donna une ijaza à un pèlerin de la Mecque en l'an 938/153151.


La dernière femme traditionaliste de premier rang qui nous est connue fut Fatima al-Fudayliya r.a., aussi connue que al-Shaykha al-Fudayliya. Elle est née avant la fin du douzième siècle musulman ; très tôt, elle excella dans l'art de la calligraphie et les diverses sciences islamiques. Elle eut un intérêt spécial pour le hadith, lut beaucoup sur le sujet, reçut les diplômes de bon nombre de savants, et acquit la juste et méritée réputation d'être une importante traditionaliste. Vers la fin de sa vie, elle s'installa à la Mecque, où elle fonda une riche libraire publique. Dans la ville sainte, d'éminents traditionalistes assistèrent à ses cours et reçurent leurs certificats par elle-même. Il peut être mentionné, parmi eux, en particulier Shaykh Umar al-Hanafi r.a. et Shaykh Muhammad Sali r.a.. Elle mourut en 1247/183152.


A travers l'histoire, l'érudition des femmes savantes en islam ne se limitait pas à un simple intérêt pour les traditions ou à des cours particuliers dispensés à quelques individus. Elles passèrent en effet sur les bancs des étudiants avant de devenir enseignantes dans les institutions d'éducation publique, aux côtés de leurs frères en foi. Les colophons de nombreux manuscrits les représentent à la fois en tant qu'étudiantes assistant à des cours magistraux qu'en tant que professeurs titulaires. Par exemple, l'acte des volumes 238-40 de al-Mashikhat ma al-Tarikh de Ibn al-Boukhâri r.a. montre plusieurs femmes suivant un cours de onze volets auquel assistait plus de cinq cent étudiants à la mosquée de Umar à Damas en l'an 687/1288. Un autre acte du volume 40 du même manuscrit montre des étudiantes, dont les noms sont spécifiés, à un cours de six séances sur le livre, dispensé par Ibn Al-Sayrafi r.a. à une classe de plus de deux cents étudiants à Alep en l'an 736/1336. Dans le volume 250, nous découvrons qu'une célèbre traditionaliste, Umm Abd Allah, donnait un cours de cinq séances sur le livre à une classe mixte de plus de cinquante étudiants, à Damas en l'an 837/143353 .


Plusieurs notes sur le manuscrit du Kitab al-Kifaya de al-Khatib al-Baghdadi ainsi qu'une série de traités sur les ahâdîth montrent Ni'ma bin Ali, Umma Ahmad Zaynab bint al-Makki et d'autres traditionalistes femmes dispensant des cours sur ces deux livres, soit seules, soit conjointement avec des traditionalistes hommes dans les principales écoles telles que Aziziyya Madrasa et la Diyaiyya Madrasa. Ahmad, le fils du célèbre général Salah al-Din suivit quelques uns de ces cours54.


Dr. Muhammad Zubayr Siddiqi


Adaptation française : Oumayma



siryne
P
14 janvier 2005 09:36
Merci de e poste meme, s'il est un peu long a lire, on comprend bien la derive actuel. Le Coran a ete mis au service d'idees sexistes, et c'est bien dommage.

Je me pose cependant plusieurs questions:

1/ Pourquoi certaine femmes acceptent-elles ou veulent absolument porter un voile? Ce signe est evidemment un siggne disctintif, voire discriminatoire. Alors quel est le mecanise psychologique qui les poussent a vouloir porter le voile, alors que dans le coran rien n'est precis la dessu?

2/ Comment les pays musulmans pourront donner plus de place aux femmes?

J'ai des reponses a ces questions. Pour la premiere question, je crois que le voile peut etre plus qu'un geste religieux, un geste d'amour envers leur homme. Elle s'auto-efface pour mieux se decouvrir dans l'intimite. cependant, je ne pense pas qu'il est saint d'eduquer ces enfants dans cette perspective d'alienation de soi. L'amour, comme nous le dit le Coran, n'est pas un amour ou l'autre s'efface ou se font dans l'autre. L'amour est une subjugation de deux etres qui ont chacun leur particularite et un respet commun.

Pour la deuxieme question, je dirai que les droits de l'homme, qui sont universels, la democratie et les societes d'economies liberales permettront un re-equilibrage plus rapide entre les hommes et les femmes. Je vois avec grand plaisir les femmes qui ont vote massivement en Afghanistan et en Palestine.
s
14 janvier 2005 09:49


Le statut de la femme en Islam : mythe et réalité...



Un des sujets les plus en vogue chez les détracteurs de l'Islam depuis pas mal de temps est celui de la position de cette religion par rapport à la femme. Combien de fois entendons-nous ou lisons-nous que l'Islam est d'une grande intolérance (plus particulièrement en ce qui concerne les femmes), ou encore que l'Islam ne reconnaît à la femme aucun droit ?… Dans les lignes qui vont suivre, nous allons essayer d'étudier brièvement le bien fondé de ces différentes assertions.

Pour cela, nous commencerons par une analyse comparative (très sommaire…1) de la situation qui était celle de la femme dans le monde avant l'Islam. A partir de là, il nous sera plus aisé de mesurer les améliorations et les changements positifs apportés par le Message révélé à Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)...

Les historiens affirment de façon unanime qu'au 6ème siècle après J.C. (avant le début de la mission de Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)), la femme, dans le monde en général et dans la plupart des sociétés, avait perdu toute sa dignité, son honneur:

Pour certains, elle n'avait pas plus de valeur qu'une vulgaire marchandise, qui pouvait être vendue ou achetée selon le bon vouloir des hommes. 2 Pour d'autres, la femme était responsable du premier péché. 3 D'autres encore avaient la conviction qu'elle n'était rien de plus qu'une souillure… 4 Certains en étaient même arrivés à se demander si la femme pouvait être considérée comme un être humain ou non…! 5

Dans la société arabe anté-islamique, la situation de la femme n'était guère meilleure. Allah lui même nous rappelle le comportement des arabes dans le Qour'aane lorsqu'un enfant de sexe féminin voyait le jour dans leur foyer. Il dit:

"Lorsqu'on annonce à l'un d'entre eux la bonne nouvelle (de la naissance) d'une fille, son visage noircit et il suffoque (de colère)."

(Sourate 16 / Verset 58)

Ils ne pouvaient ainsi voir naître chez eux une fille; et si cela arrivait, ils s'empressaient de l'enterrer vivante, comme cela est confirmé par d'autres versets du Saint Qour'aane. (Voir notamment la Sourate 81, l'obscucissement)

Telle était la situation de la femme sur le plan moral. Au niveau juridique, les choses n'étaient point différentes: Les lois en vigueur dans de nombreuses sociétés présentaient des discriminations incompréhensibles entre le traitement réservé aux hommes et aux femmes. Dans certaines communautés religieuses, les fautes étaient punies beaucoup plus sévèrement si elles étaient commises par des femmes… 6 Chez les arabes, la loi du talion était appliquée en cas de meurtre. Mais cela uniquement si la victime était un homme. S'il s'agissait d'une femme, cette loi n'était pas appliquée. (Réf: Commentaires de Ibn Kathîr r.a. pour le verset 178 de la Sourate 2)

Ce ne sont là que quelques modestes exemples, mais qui suffissent amplement à nous éclaircir quant à l'état d'esprit qui dominait à l'époque, dans le monde, à l'égard des femmes.

En gardant cela à l'esprit, venons-en à présent aux changements apportés par l'Islam par rapport au statut des femmes:

Le principal enseignement islamique à l'attention des croyants sur la question de la femme a été, dès l'origine, d'adopter envers elle une attitude de respect, d'estime et de courtoisie, et ce, quelle que soit sa position dans la famille: qu'elle soit une mère ou une fille, qu'elle soit une sœur ou une épouse, l'Islam n'a jamais autorisé que l'on porte atteinte à sa dignité.

En guise de preuves par rapport à ce qui vient d'être affirmé, voici la traduction de quelques versets du Qour'aane et de certains Hadiths.

A propos de la mère, le Qour'aane dit:

"Votre seigneur a décrété que vous n'adoriez que lui et que vous témoigniez de la bonté envers votre père et votre mère (…)"

(Sourate 17 / Verset 23)

Ce verset parle du devoir de bonté envers la mère immédiatement après avoir fait allusion à l'adoration d'Allah seul. La proximité entre ces deux obligations dans le texte coranique n'étant pas dû au hasard, elle montre bien l'importance qu'Allah accorde à ce devoir de bon comportement et de respect.

Il est rapporté dans un Hadith, qu'une fois un Sahâbi qui s'appelait Jâhimah (radhia Allâhou anhou) était venu auprès du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et lui avait fait part de son intention de participer à une campagne militaire. Il était ainsi venu pour lui demander conseil à ce sujet. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui demanda:

"As-tu encore une mère vivante?"

Après qu'il ait répondu par l'affirmative, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui dit:

"Restes auprès d'elle, car le Paradis se trouve à ses pieds."

(Nasaï - Mousnad Ahmad)



Abou Houreïra (radhia Allâhou anhou) rapporte pour sa part: Un homme vint auprès du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et lui demanda

"Qui a le plus droit à ma bonne compagnie ?"

Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) répondit :

"Ta mère, puis ta mère et encore ta mère, ensuite ton père..."

(Mouslim)



Pour ce qui est des vertus que l'Islam reconnaît à la fille, Ibnou Abbas (radhia Allâhou anhou) rapporte un Hadith du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) qui dit:

"Celui qui a eu une fille, qui ne l'a pas enterré vivante (comme cela se faisait couramment dans la société arabe anté-islamique), ni ne l'a déshonoré et n'a pas non plus donné préférence à ses fils sur elle, Allah le fera entrer au paradis par l'intermédiaire de cette fille."

(Moustadrak Hâkim, Sounan Abou Dâoûd)



Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit encore:

"Celui qui fut éprouvé par quelque chose concernant ces filles et qui était ensuite bienfaisant pour elles, celles-ci seront un voile pour lui le protégeant du feu de l'enfer."

(Boukhâri)

Quel contraste entre ce que dit le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et la mentalité qui prévalait auparavant ! Face à cette société arabe où la pratique d'enterrer les filles vivantes était très courante, voici donc le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) qui promet le Paradis à celui qui se montre bienveillant envers celles-ci…



En ce qui concerne le comportement que doit avoir le croyant à l'égard de sa sœur, citons ce Hadith:

"Celui qui a eu la responsabilité (d'élever) trois filles ou trois sœurs, a craint Allah (à leur égard) et s'est bien occupé d'elles, celui-ci sera avec moi au Paradis de cette façon - et il fit un signe de l'index et du majeur."

(Silsilat Ahâdîth As Sahîhah)





A propos de l'épouse, il y a un très grand nombre de recommandations qui ont été données aussi bien par le Qour'aane que par le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam). Le passage du Qour'aane le plus concis et le plus explicite à ce sujet est peut être celui-ci:

"Et comportez-vous avec elles (vos épouses) d'une manière bienveillante(…)"

(Sourate 4 / Verset 19)

Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit dans un Hadith:

"Le croyant qui a le meilleur caractère et qui est le plus doux envers son épouse compte parmi ceux dont la foi est la plus complète."

(Tirmidhi)



Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) disait encore que "le meilleur d'entre vous est celui qui est le meilleur avec son épouse et Je suis très bon envers mes épouses". (Tirmidhi, Ibn Mâdja)

Une partie de son dernier sermon prononcé à Arafât concernait aussi l'épouse ("Craignez Allah dans votre comportement à l'égard des femmes !" avait-il ordonné alors)

Ces différents versets et traditions expriment de façon très explicite la dignité et l'honneur que l'Islam a reconnu a la femme. Mais ce n'est pas tout… Avec cela, l'Islam a aussi rappelé l'égalité de l'homme et de la femme devant Allah pour ce qui est du mérite. Allah dit dans le Qour'aane:

"Ceux qui font de bonnes actions, qu'ils soient hommes ou femmes, à condition qu'ils soient croyants, entreront au paradis (…)"

(Sourate 4 / Verset 124)



Dans un autre verset, il est dit:

"En vérité, Je ne perds pas l'œuvre de celui qui fait le bien, qu'il soit homme ou femme (…)"

(Sourate 3 / Verset 195)



Il est rapporté qu'une fois Oummou Salmah (radhia Allâhou anha) demanda au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) la raison pour laquelle Allah ne faisait pas du tout (ou très peu) allusion de façon explicite aux femmes dans le Qour'aane. Elle voulait savoir si cela signifiait que leurs bonnes actions ne seraient point acceptées… En réponse à cette question, un verset du Sourate "Ahzâb" (Les coalisés - Sourate 33/ Verset 35) fut révélé (Réf: Tafsir Ibn Kathîr, qui cite le Hadith de Nasaï); un verset dans lequel, après avoir cité différentes catégories d'hommes et de femmes agissant en bien, Allah leur promet à tous le pardon et une grande récompense. Ce qui confirme bien que le critère du mérite auprès d'Allah est la bonne pratique ou l'accomplissement d'une œuvre louable, et nullement le fait d'être homme ou femme. On est ici bien loin de l'affirmation émanant de certains dignitaires d'autres religions au sujet de la femme soutenant que celle-ci ne pouvait être admise au paradis tout en restant femme… ! 7

L'Islam a par ailleurs reconnu à la femme en général et à l'épouse en particulier des droits très importants. Allah y fait allusion dans phrase concise du Qour'aane, où Il dit:

"Et elles ont des droits équivalents à leurs devoirs.(…)"

(Sourate 2 / Verset 228)

Les commentateurs du Qour'aane soulignent ici qu'Allah a mentionné d'abord les droits de la femme, avant de mentionner ceux des hommes. Selon eux cette formulation à pour but d'insister sur le fait que ces droits doivent obligatoirement être respectés. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) confirmait ceci lorsqu'il disait: "Certes, vous avez des droits sur vos épouses tout comme elles ont des droits sur vous…"

L'Islam a enfin mis un terme aux multiples injustices dont les femmes étaient victimes au sujet, par exemple, de leur droit de propriété, de la gestion de leurs biens, du mariage, du divorce, de l'héritage etc... Ce sont là autant de domaines où des lois claires et justes ont été énoncées.


Voici donc un aperçu de ce que l'Islam a apporté comme améliorations concernant la femme. Est-il raisonnable alors de prétendre que notre religion n'a en rien contribué à l'émancipation de la femme ? Est-il juste d'accuser l'Islam d'avoir privé la femme de ses droits ? Chacun est libre de répondre de façon objective et selon sa conviction personnelle à ces questions…

Néanmoins, il est n'est pas question non plus de nier que les femmes font encore l'objet aujourd'hui, dans de nombreuses sociétés à majorité musulmane, d'abus, de privations, d'injustices... Mais ces pratiques et attitudes relèvent essentiellement des traditions ancestrales qui sont toujours tenaces dans lesdites sociétés, d'autant plus qu'elles sont souvent justifiées par des lectures erronées ou des interprétations fallacieuses des références islamiques…

Il incombe donc à tous les musulmans de revenir vers les enseignements originels du Message Révélé au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), et d'y puiser la force et le courage de lutter, à l'instar de ce qu'avait fait le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), contre le poids des traditions…

Qu'Allah nous guide tous vers Son agrément et nous éclaire sur la beauté de notre religion, l'Islam.

Âmine.

Wa Allâhou A'lam !


Et Dieu est Plus Savant !



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1 - Pour une analyse plus exhaustive, voir l'ouvrage "La situation de la femme dans le judaïsme, le christianisme et l'Islam" de Ahmad Abdel Wahab, paru aux éditions A.E.I.F.

2 - Exode 21/7: "Et quand un homme vendra sa fille comme servante, elle ne sortira pas comme sortent les serviteurs."

3 - Epître de Paul à Timothée - 1 : 2/12-14: "Je ne permets pas à la femme d'enseigner ni de dominer l'homme. Qu'elle se tienne donc en silence. C'est Adam, en effet, qui fut formé le premier. Eve ensuite. Et ce n'est pas Adam qui fut séduit, mais c'est la femme qui, séduite, tomba dans la transgression."

4 - Voir à ce sujet la citation des propos de Odo de Cluny, cités par Karen Armstrong dans son ouvrage intitulé "The Gospel according to Woman (…)" - Page 23

5 - Voir les citations diverses de l'ouvrage de Karen Armstrong faites par Ahmad Abdel Wahab dans l'ouvrage "La situation de la femme dans le judaïsme, le christianisme et l'Islam" - Pages 49 et 50

6- Lévitique 21/9: "Si la fille d'un prêtre se déshonore en se prostituant, c'est son père qu'elle déshonore, elle sera brûlée." - Deutéronome 25/11-12: "Lorsqu'un homme et son frère s'empoignent, et que la femme de l'un d'eux s'approche pour délivrer son mari de la main de son adversaire, si elle avance la main et saisit les parties honteuses de celui-ci, tu couperas la main à cette femme. Tu ne t'attendriras pas."

7 - "La situation de la femme dans le judaïsme, le christianisme et l'Islam" - Page 53



siryne
Y
14 janvier 2005 14:03
Siryne ,

Un Grand Merci pour ce rappel.
s
14 janvier 2005 23:37
Salam ,

De rien , Yassine .

siryne
m
15 janvier 2005 00:56
C'est ici le post Islam?
Non, c'est rubrique copier coller, ah pardon, je me suis trompé!!!
n
15 janvier 2005 15:41

Mais, c'est du passé...À mon avis la femme a pris sa place. Elle sait bien ses droits et ses devoirs...Elle travaille fort pour exister...
s
15 janvier 2005 20:45
Norah ,

Justement , c'est pour rafraichire les memoires à ceux qui croient que la femme musulmane a toujour etait une ignorante , et que l'islam favorise plus l'homme que la femme , tu capte ?

siryne
t
15 janvier 2005 23:01
Philistin a écrit:
-------------------------------------------------------
> Merci de e poste meme, s'il est un peu long a
> lire, on comprend bien la derive actuel. Le Coran
> a ete mis au service d'idees sexistes, et c'est
> bien dommage.
>
> Je me pose cependant plusieurs questions:
>
> 1/ Pourquoi certaine femmes acceptent-elles ou
> veulent absolument porter un voile? Ce signe est
> evidemment un siggne disctintif, voire
> discriminatoire. Alors quel est le mecanise
> psychologique qui les poussent a vouloir porter le
> voile, alors que dans le coran rien n'est precis
> la dessu?
>
salam

aïe!... "rien n'est précise dans le coran"?!! ca C qu'on raconte partout (notemment ds les médias) mais c'est une idée fausse. le port du voile n'est pas du tout une pratique culturelle mais fait partie intégrante des prescriptions divines pour ttes femmes musulmanes. faut faire attention a ce qu'on raconte sur l'islam...

le Saint coran le precise justement: Allah (sobhana wa t'ala) dit:

An-Nur - 24.31. "Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès ."
</fin de citation>

les exegetes sont d'accord pour dire que "ce qui en parait" désigne le visage et les mains.

ensuite t'as des hadiths..dont un que je ne trouve pas de suite..

Al-Bukhari a rapporté dans son recueil de hadith authentiques que 'Aicha qu'Allah l'agrée, a dit : « Qu'Allah fasse miséricorde aux premières femmes immigrées, car lorsque Allah a révélé : « et qu'elles rabattent leurs voiles sur leurs poitrines », elles ont déchirée une partie de leurs robes et se sont voilées avec ». Dans une autres version, elle dit : « Elles ont pris leur manteau et en ont coupé les rebords et se sont voilée avec ».

Ibn Abi Hatim rapporte que 'Aïcha, qu'Allah l'agrée, a dit : « Certes les femmes Qouraichites ont de grandes qualités, mais par Allah, je n'ai point vu des femmes plus convaincues par le Livre d'Allah que les femmes des Ansars (musulmanes de Médine). En effet quand fut descendue la Sourate An-Nur (la lumière) dans laquelle se trouve le verset suivant : « Qu'elles rabattent leurs voiles sur leurs poitrines » [Coran 24 verset 31]; leurs hommes se rendirent auprès d'elles pour leur réciter ce qu'Allah fit descendre à leur intention de sorte que chacun d'eux se mit à le réciter à sa femme, sa fille, a sœur et à toutes ses proches. Il n'y eut alors aucune femme qui n'eut prit son pagne bourrelé pour se couvrir la tête et le visage par ferme conviction et foi en ce qu'Allah a révélé de par Son Livre. Ce qui leur donnait l'air, lorsqu'elles priaient derrière le Messager d'Allah, de porter des corbeaux noirs sur la tête ». [Ibn Kathir, Tafsir al-Qur'an al-‘Azim, t. III, p.285]

J
JD
16 janvier 2005 00:31
bonsoir à tous

tachilhite78 tu me déçois, mais pour le reste je me réjouis de voir des intérprétations du Coran aussi favorables au sexe féminin.

Cependant si vous n'aviez pas été interpellé par la libération de la femme dans ce monde athéo judeo chrétien permissif et immoral que vous dénigrez tant par ailleurs, auriez vous eu l'idée de revoir les interprétaions traditionnelles du Coran ?

cordialement
m
16 janvier 2005 02:41
Merci la France d'avoir instruit les musulmanes selon Pascale et Voltaire, c'est ça?
Ya des fois qu'est-ce qu'on doit pas entendre comme si dans les pays musulmans, les femmes n'évoluent pas avec leur temps.
Je considère ce genre de propos comme une insulte à l'intelligence humaine,limite, limite ...

Cependant, le droit d'expression!!!
 
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