Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
La face cachée du soufisme
21 avril 2011 00:21
La face cachée du soufisme

Voir : Kashf Zaïf e-Tasawwaf wa bayân Haqîqatihî wa Hâl Hamlatihî de Sheïkh Rabî’ ibn Hâdî el Madkhalî.

Que les Prières et les Salutations d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons !

Si quelqu’un adhère au Tasawwuf au début du jour, il ne faudra pas attendre le soir avant qu’il est perdu la tête. (L’Imam Shâfi’î).

Le soufisme a vu le jour à l’époque d’el Hasan el Basrî et de Mohammed ibn Sîrîn qui s’opposèrent à ses premiers adeptes. Cependant, les premiers écrits soufis, furent composés, à ma connaissance, par el Hârith ibn Asad el Mahâsibî, l’adepte de Yazîd ibn Hârûn, l’un des Successeurs des Successeurs des Compagnons, de la dernière génération de « l’âge d’or » des musulmans. El Mahâsibî est le contemporain de l’Imam Ahmed et des grandes références « orthodoxes ». Il composa un ouvrage sur le soufisme que les traditionnalistes à l’image de l’Imam érudit Abû Zur’a condamnèrent.

Le Hâfizh e-Dhahabî souligne à ce sujet : « L’érudit Sa’îd ibn ‘Amr el Barda’î a dit : J’étais présent lorsqu’Abû Zu’ra fut interrogé au sujet d’el Hârith el Mahâsibî et de ses ouvrages. Ce dernier répondit : « Méfie-toi de ses livres ! Ce sont des livres innovateurs et égarés. Attache-toi plutôt aux annales qui te contenteront amplement.

- Ces livres offrent certaines morales, lui fit-on remarquer !

- Les morales qui ne sont pas dans le Livre d’Allah, tu ne les trouveras pas dans ces livres. Vous a-t-on déjà rapporté que Sufiân, Mâlik et el Awzâ’î ont écrit sur les inspirations et les sensations de l’esprit (el Khatarât wa el Waswâs) ? Comment les gens se précipitent-ils aussi vite vers l’innovation ! »

El Hârith est mort en quarante trois de l’Hégire, mais que valent les générations suivantes par rapport à lui, que dirait Abû Zu’ra s’il avait lu el Qawt d’Abû Tâlib ! Que valent les nouveaux écrits par rapport à el Qawt, que dirait-il s’il avait lu Bahjat el Asrârd’Abû Jahdham et Haqâiq e-Tafsîr d’e-Sulamî ! Il aurait certainement perdu la tête. Que dirait-il s’il avait lu Abû Hâmid e-Tûsî (el Ghazâlî) avec tous les Hadiths inventés que contient un livre comme el ihyâ ! Que dirait-il s’il avait lu el Ghunya du Sheïkh ‘Abd el Qâdir (el Jilânî) ! Que dirait-il s’il avait lu Fusûs el Hikam et el Futuhât e-Makkiya ! Comme el Hârith était le porte-parole de la secte à son époque, il avait pour contemporains mille Imam traditionnistes à l’instar d’Ahmed ibn Hanbal et d’ibn Râhawaïh. Cependant, quand plus tard les références traditionalistes furent ibn e-Dakhmîsî et ibn Shuhâna, les chefs de file des initiés (ou les pôles de la connaissance) s’incarnaient en les personnes d’ibn ‘Arabî et d’ibn Sib’în. Qu’Allah nous accorde Son Pardon et Sa Clémence ! »[1]


Ibn el Jawzî affirme quant à lui, à travers les paroles d’Abû Ya’qûb Ishâq ibn Hayya, dont il rapporte la chaîne narrative : « J’ai entendu dire Ahmed ibn Hanbal qui fut interrogé au sujet des Khatarât et du Waswâs : « Les Compagnons n’en ont jamais parlé ni leurs Successeurs (Tâbi’ûn). Nous avons rapporté ce genre de chose au début de notre ouvrage, de la part de Dhû e-Nûn. » Nous avons rapporté également qu’Ahmed ibn Hanbal a déclaré à l’un de ses amis, après avoir entendu certaines paroles d’el Hârith el Mahâsibî : « Tu ne dois pas selon moi t’asseoir avec ces gens-là. » »

Ibn el Jawzî poursuit : « El Khallâl relate dans son recueil e-Sunna qu’Ahmed ibn Hanbal a dit : « Mettez fermement en garde contre el Hârith. El Hârith est à la tête de tous les problèmes (liés à l’affaire de Jahm ibn Safwân). Il a réussi en effet à faire adhérer un tel et un tel au discours de Jahm. Il reste un refuge pour les adeptes du Kalâm. El Hârith est comme un lion à l’affut de sa victime. »[2]


Dans un autre passage, ibn el Jawzî s’attaque à Abû Na’îm pour avoir osé compter les Compagnons au nombre des soufis. Il souligne en effet : « Ensuite, il y a eu Abû Na’îm el Asbahânî qui leur a consacré son livre el Huliya. Dans ses pages, il attribue aux soufis des choses complètement intolérables. Sans la moindre gêne, il compte dans leurs rangs, certains élites des Compagnons tels qu’Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân, et ‘Alî. Il leur impute des annales invraisemblables. Il recense notamment dans leurs rangs, el Qâdhî Shuraïh, el Hasan el Basrî, Sufiân e-Thawrî, et Ahmed ibn Hanbal. Dans son encyclopédie Tabaqât e-Sufiya, e-Sulamî compte parmi eux el Fudhaïl ibn ‘Iyâdh, Ibrâhim ibn Adham, et Ma’rûf el Karkhî, sous prétexte qu’ils étaient des ascètes. Or, le soufisme est une tendance bien connue dont les pratiques vont au-delà de l’ascétisme. La preuve qu’il n’y a aucune comparaison à faire, c’est qu’aucun savant ne condamne l’ascétisme contrairement au soufisme comme nous allons le voir. »[3]


Après avoir donné sa propre définition du soufisme, ibn el Jawzî parcourt les siècles de son analyse pour nous faire la présentation suivante de ses ouvrages[4] : « La première génération soufie qui n’ont pas échappées aux ruses d’Iblis sur certains points, s’en tenaient à ces principes. Par la suite, sa ruse s’est abattue sur leurs héritiers et de siècle en siècle, il est devenu de plus en plus gourmant à tel point que les dernières générations sombrèrent complètement sous son emprise. Sa première ruse à leur encontre fut de les éloigner du savoir, en leur faisant miroiter que l’important, c’est de mettre en pratique. Quand la flamme du savoir s’est éteinte en eux à la deuxième génération, ils se sont égarés dans les ténèbres. Certains d’entre eux pensaient qu’il fallait entièrement renoncer à la vie mondaine. Ils se détournèrent alors de tout ce qui pouvait assurer leur quotidien et comparèrent même l’argent au scorpion. Ils oublièrent ainsi qu’il fut créé dans leur intérêt.


Ils devinrent très exigeants envers eux-mêmes ; certains allèrent jusqu’à renoncer à s’allonger. Si leurs intentions étaient bonnes, ils n’en étaient pas moins éloignés du bon chemin. L’un d’entre eux accusait un tel manque de connaissance, qu’il mettait en pratique sans s’en rendre compte, tous les Hadiths inventés qui lui tombaient sous la main.


Le discours de certaines tendances se concentra plus tard sur des thèmes comme la faim, la pauvreté, le Waswâs, et l’inspiration. Certains auteurs à l’image d’el Hârith el Mahâsibî, ont couché ces différentes expériences par écrit. Des auteurs ont par la suite fignolé (arranger) la tendance Soufie. Ils mirent en avant les caractéristiques dont ses adeptes devaient se distinguer ; il y avait le haillon (ou le froc ndt.), les chants, l’extase, la danse au rythme des claquements de mains. Ils devaient également se distinguer par la propreté et la purification. Avec le temps, leur égarement pris de l’ampleur. Leurs Sheïkh, instituaient les codes et faisaient part de leurs expériences. Ils s’accordaient tous à fuir les savants et ils se faisaient la même idée du savoir. Ils donnèrent le nom à leur expérience de « science ésotérique » (intérieure, occulte, cachée) et à la Loi divine celui de « science exotérique » (vulgaire, extérieure, apparente). La faim a provoqué chez certains d’entre eux des hallucinations. Ils prétendirent avoir connu l’amour passion avec le Créateur, dans le sens où ils se sont représentés un être de belle apparence qui exerçait sur eux une attirance physique. Leur discours varie ainsi entre l’hérésie (innovation) et l’apostasie (mécréance). Puis, le soufisme s’est divisé en plusieurs branches qui corrompirent pour chacune d’entre elles, la croyance de leurs adeptes. Les uns adhéraient au dogme de l’incarnation (Hulûl) et les autres à celui du panthéisme ou du monisme (Ittihâd).


Iblis s’acharnait ainsi à les faire sombrer dans toutes sortes d’innovations qui entrèrent dans l’usage. Dès lors, Abû ‘Abd e-Rahmân e-Sulamî composa à leur attention son livre e-Sunan et compila Haqâiq e-Tafsîr dans lequel il recense leurs exégèses du Coran les plus invraisemblables, à travers leurs expériences personnelles. Il omettait toutefois d’évoquer toute chaîne narrative, qui constitue pourtant l’un des fondements essentiels du savoir. Ils pouvaient ainsi donner au Coran les interprétations qui allaient dans leur sens. Force est de constater qu’ils sont très scrupuleux dans le choix de leur nourriture mais qu’ils le sont beaucoup moins quand il s’agit du Coran ! »


L’auteur démontre ensuite avec preuve à l’appui qu’Abû ‘Abd e-Rahmân e-Sulamî n’a aucune crédibilité aux yeux des savants. Puis, il poursuit son analyse en disant : « Abû Nasr e-Sarrâj composa par la suite un livre qu’il intitula Luma’ e-Sûfiya, et dans lequel il évoque certains dogmes et certains discours insoutenables… Abû Tâlib e-Makkî écrivit Qawt el Qulûb dans lequel il recense des Hadith complètement faux et des annales qui ne se rapportent à aucun fondement, dans des sujets tels que certaines prières du jour ou de la nuit. Il fait souvent précédé ces textes de la formule : « un certain mystique a dit : ». Or, cette formule n’a aucun sens ! Il évoque entre autre dans cet ouvrage que le Très-Haut se dévoile sur terre à Ses élus.

D’après el Khatîb, avec sa chaîne narrative, Abû Tâlib se rendit à Bassora après la mort d’Abû el Husaïn ibn Sâlim. Il adhéra à sa tendance et se rendit à Bagdad où une assemblée se rassembla autour de lui à l’occasion d’un sermon dans lequel il divagua en déclarant notamment : « Rien n’est plus nuisible à la création que le Créateur ! ».


‘Abd el Karîm ibn Hawâzin el Qushaïrî est l’auteur de Kitâb e-Risâla dans lequel il se lance dans des aberrations sur l’extinction soufie (el Fanâ wa el Baqâ), la résignation absolue (el Qabdh wa el Bast), le temps, l’état, l’extase, l’existence, le recueillement (el Jam’ wa e-Tafriqa), l’état d’éveil et d’enivrement, la gustation et l’assouvissement, l’effacement (el Mahw wa el Ithbât), le dévoilement, les différentes manifestations divines (el Muhâdhara wa el Mukâshafa/e-Lawâih wa e-Tawâli’), l’étincellement, la formation et l’affermissement des éléments (e-Takwîn wa e-Tamkîn), la loi du commun et la réalité soufie (e-Sharî’a wa el Haqîqa), etc. Sans compter que l’explication qu’il donne à ses aberrations est encore plus incroyable. Plus tard, Mohammed ibn Zhâhir el Maqdasi a écrit Safwat e-Tasawwuf dans lequel il évoque des choses qu’un homme sensé aurait honte d’évoquer…

Par la suite, Abû Hâmid el Ghazâlî composa el Ihiya à la manière des soufis. Ce livre est truffé de Hadithsinventés mais son auteur ignorait qu’il en était ainsi. Il traite notamment de la Mukâshafa sans respecter les principes du Figh traditionnel. Il assume entre autre que le soleil, la lune et les étoiles dont l’histoire Ibrahim (r) fait mention, représentent des lumières qui en fait sont le voile du Très-Haut ; il n’y est donc pas question, un peu à la manière Bâtinite (ésotérique), des astres auxquels on pense au premier abord.


Dans son autre livre el Mufassih bi el Ahwâl, il avance que les Soufis sont capables à l’état d’éveil, de contempler les anges et les âmes des prophètes. Ils sont même capables d’entendre leurs voix et de prendre d’eux certains enseignements. À une étape supérieure, ils passent de la contemplation des formes extérieures à un autre univers que les simples paroles ne peuvent décrire. »


Plus loin, ibn el Jawzî en arrive à la conclusion suivante : « La raison ayant poussée tous ces auteurs à traiter de ces différentes choses, c’est qu’ils maitrisaient très mal les sciences de la religion, de la Tradition et des annales en général. Ils se sont alors orientés vers la voie soufie en se faisant une bonne opinion d’elle…

La plupart de ces ouvrages ne se rapportent à aucun fondement. Ils se fondent cependant sur des expériences personnelles qu’ils se transmettent les uns les autres, qu’ils compilent dans leurs écrits, et qu’ils désignent par les « sciences occultes ».[5]

D’après Abû ‘Abd e-Rahmân e-Sulamî, avec une chaîne narrative qui remonte à ibn el Jawzî, Dhû e-Nûn est le premier dans son pays a classifié les différents « états » soufis. ‘Abd Allah ibn ‘Abd el Hakam, alors gouverneur d’Égypte et adepte de la tendance de Mâlik condamna son discours. Les savants d’Égypte l’ont exclu. E-Sulamî a dit : Abû Sulaïmân e-Dârânî fut expulsé de Damas. Ses habitants dirent qu’il prétendait voir et parler aux anges. Un groupe de personnes témoigna qu’Ahmed ibn Abî el Hawârî préférait les walis (saints ou élus) aux prophètes. Il dut s’enfuir de Damas et se réfugier à la Mecque. Les habitants de Bustâm condamnèrent certaines paroles d’Abû Yazîd el Bustâmî. Parmi les énormités qui furent inscrites contre lui, il dévoila un jour à el Husaïn ibn ‘Îsâ : « J’ai vécu la même ascension que le Prophète (r) ». il fut alors expulsé de la ville…

Selon un homme, Sahl ibn ‘Abd Allah e-Tusturî affirmait que les anges, les démons et les djinns se présentaient à lui et qu’il leur parlait. Le commun des gens le condamna et de graves accusations lui furent imputées. Il s’enfuit à Bassora où il mourut. E-Sulamî a dit : Ahmed critiqua el Hârith el Mahâsibî à propos de certaines de ses paroles concernant notamment les Attributs divins. Ahmed ibn Hanbal l’a alors exclu et il dut se cacher jusqu’à sa mort. »[6]

Traduit par :

Karim ZENTICI

[1] Mîzân el I’tidâl fî NAqd e-Rijâl (2/166).

[2] Talbîs Iblîs (p. 151).

[3] Talbîs Iblîs (p. 148).

[4] Voici la définition qu’il en donne : « Selon eux, le tasawwuf consiste à faire de la gymnastique spirituelle, à lutter contre ses instincts les plus vils afin de les porter vers les sommets de la vertu qui engendre les éloges sur terre et la récompense dans l’au-delà. » (N. du T.)

[5] Idem. (p. 148-150).

[6] Idem. (p. 150-151).
21 avril 2011 00:31
Voici le lien pour le télécharger :

[dl.free.fr]
[mizab.over-blog.com]

La face cachée du soufisme (Partie I)
La face cachée du soufisme (Partie II)
La face cachée du soufisme (Partie III)
La face cachée du soufisme (Partie IV)

La face cachée du soufisme (Partie I)
m
21 avril 2011 08:53
Citation
rosiles a écrit:
Voici le lien pour le télécharger :

[dl.free.fr]
[mizab.over-blog.com]

La face cachée du soufisme (Partie I)
La face cachée du soufisme (Partie II)
La face cachée du soufisme (Partie III)
La face cachée du soufisme (Partie IV)

La face cachée du soufisme (Partie I)
c'est vrai,il faut y aller mollo avec ça!
f
21 avril 2011 20:23
Assalam alaikoum

Le soufisme consiste en un retour à la simplicité, et comme a dit ce soufi, Abu Saïd Ibn Abil’khair, quand on lui a demandé en quoi consiste le tassawuf, il répondit : « Ce que tu as en tête, abandonne-le ; ce que tu as en main, donne-le ; ce qui t’advient, ne l’esquive pas. »
Comme un verre, devant être vidé pour être de nouveau rempli.

Simplicité caractérisant les sahâbas, qui n’étaient pas des érudits de science, au sens propre du terme, leur connaissance de l’Islam c’est surtout leur vécu de l’Islam, chacun incarnait un islam vivant.

Ici, la question principale ce n’est pas, qu’est-ce que tu as, mais c’est surtout, qu’est-ce que tu es ?
23 avril 2011 00:37
La face cachée du soufisme (Partie II)

« Les premiers soufis fuyaient les portes des sultans et des émirs, mais par la suite ils sont devenus leurs amis. » Ibn el JAwzî

Voir : Kashf Zaïf e-Tasawwaf wa bayân Haqîqatihî wa Hâl Hamlatihî de Sheïkh Rabî’ ibn Hâdî el Madkhalî.

Ibn el Jawzî a dit : « Les premiers soufis renonçaient à leur argent par ascétisme. Comme nous l’avons vu, ils étaient motivés par de bonnes attentions, bien qu’ils se trompaient dans leurs agissements. Ils s’opposaient ainsi tant à la religion qu’à la raison. Quant aux dernières générations soufies, celles-ci penchent plutôt vers ce bas-monde et se complaisent à amasser de l’argent de n’importe quelle façon ; s’ils sont les partisans du moindre effort, ils n’en cultivent pas moins le goût pour les plaisirs mondains. Certains d’entre eux sont bien capables de gagner leur vie mais ils préfèrent croupir au ribât (sorte de couvent ndt.) ou à la mosquée. Ils s’en remettent à l’aumône qu’on leur tend et ils préfèrent frapper à la porte des autres. Il est connu pourtant que le riche ou la personne capable de travailler ne doivent pas recevoir l’aumône. Peu importe d’où leur viennent les aides qu’ils reçoivent ; l’argent d’un tyran ou d’un percepteur leur est le bienvenu. Ils ont pour devise qu’Allah leur ouvre les portes, que leur part de ce bas-monde doit leur arriver d’une façon ou d’une autre, et qu’il n’est pas décent de refuser les dons venant d’Allah, bien qu’ils ne vouent leur reconnaissance à personne d’autre. Ils agissent dans leur ignorance de façon contraire à la Loi divine et s’opposent ainsi à la conduite des pieux prédécesseurs…


On m’a rapporté qu’un soufi se présenta chez un émir tyran. Il lui fit un sermon et reçu quelques gratifications en retour. Dès lors, l’émir s’exclama : « Nous sommes tous des chasseurs sauf que nos pièges sont différents ! »…


Les premiers soufis posaient un regard scrupuleux sur la provenance de leur argent et de leur nourriture. Quand Ahmed ibn Hanbal fut interrogé au sujet d’e-Surrî e-Saqtî, il répondit : « Ce Sheïkh est connu pour avoir une nourriture honnête. »[1] E-Surrî a dit : « J’ai accompagné un groupe de gens qui partait en guerre. Nous avons loué une maison dans laquelle j’ai installé un four. Cependant, ils n’ont pas voulu par scrupule toucher au pain qui avait été cuit dans ce four. »

Or, les soufis de notre époque se posent étonnement moins de question sur la chose. Un jour, je me suis renseigné au sujet du Sheïkh d’un ribâtdans lequel je venais d’entrer. On m’a répondu qu’il s’était rendu chez l’émir un tel pour le féliciter d’un don (apparemment il s’agissait d’un vêtement ndt.) qu’il avait reçu, sans se soucier que l’homme en question était un grand tyran. Je me suis alors exclamé : « Malheur à vous ! Il ne vous a pas suffit d’avoir ouvert boutique, il vous faut en plus présenter vos marchandises à vos gouverneurs ! L’un d’entre vous ne se donne pas la peine de chercher son pain alors qu’il en est capable, en comptant sur l’aumône et ses relations.

Comme si cela ne lui suffit pas, il se tourne vers n’importe qui, mieux il se tourne vers les tyrans afin de profiter de leurs largesses. Il le félicite de revêtir un vêtement qui lui fut illicitement offert et d’avoir pris un pouvoir qu’il fait régner pourtant par la tyrannie. Par Allah ! Vous êtes plus nuisibles à l’Islam que tout au monde. »

Un groupe parmi leurs Sheïkhs a pris la vocation d’amasser l’argent dont l’origine est douteuse. Il existe plusieurs sortes de ce genre d’individu : certains d’entre eux se faisant passer pour des ascètes, amassent l’argent de la façon la plus avide. Dans la réalité, leur situation est bien loin de leurs prétentions ! D’autres affichent sur eux la pauvreté mais en cachette ils se font leur fortune. Malheureusement, la plupart d’entre eux encombrent les vrais pauvres en prenant illicitement une part de la Zakat. On rapporte que le Sheïkhd’un ribât s’habillait en laine (sûf) indifféremment en été et en hiver. À sa mort, il laissa derrière lui quatre mille dinars. »[2]


Voici des passages du livre el Ghunya d’Abd el Qâdir el Jîlânî

• Il mentionne des Hadiths inventés sur les mérites de certains jours de la semaine :

1- Selon Yazîd e-Raqâshî, selon Anas ibn Mâlik (t), le Messager d’Allah (r) a dit : « Quiconque prit le mardi en milieu de journée (dans un autre Hadith après le lever du jour) dix Rak’a dans chacune desquelles il récite une fois la Fâtiha, une fois Âyat el Kursî, et trois fois Qul huwa Allah Ahad, il ne lui sera inscrit aucune faute contre lui ; s’il venait à mourir au cours de ces soixante dix jours, il comptera parmi les martyrs ; il lui sera pardonné soixante dix ans de péchés. »[3]

2- Selon Abû Huraïra (t), le Prophète (r) déclare : « Quiconque prit le dimanche quatre Rak’a dans chacune desquelles il récite une fois la Fâtihaet une fois Âmana e-Rasûl, il lui sera compté par Allah autant de bonnes actions qu’il y a de chrétiens et de chrétiennes ; il aura la récompense d’un prophète ; il lui sera inscrit un Hadj et une ‘Umra ; il lui sera inscrit mille prière pour chaque Rak’a. puis, Allah lui offrira au Paradis pour chaque lettre récitée, une ville en musk Idhfar. »[4]

3- D’après Sa’îd, selon Abû Huraïra, le Messager d’Allah (r) affirme : « Quiconque prit le samedi quatre Rak’a dans chacune desquelles il récite une fois la Fâtiha, trois fois Qul yâ ayyu el Kâfirûn, et Âyat el Kursî une fois avoir fini sa prière, il lui sera inscrit par Allah pour chaque lettre récitée, un Hadj et une ‘Umra ; il lui sera réservé pour chaque lettre récitée, la récompense d’une année de jeûne et de prières nocturnes ; il aura pour chaque lettre récitée, la récompense d’un martyr ; et il sera (le Jour de la résurrection) sous le Trône d’Allah en compagnie des prophètes et des martyrs. »[5]

4- Selon le Prophète (r) : « Quiconque prit la nuit du mercredi deux Rak’adans la première desquelles il récite une fois la Fâtiha et dix fois Qul A’ûdhu bi Rabbi el Faraq et dans la deuxième desquelles il récite une fois la Fâtiha et dix fois Qul A’ûdhu bi Rabbi e-Nâs, il lui sera descendu du ciel soixante dix milles anges pour lui inscrire la récompense jusqu’au Jour de la Résurrection. »[6]


• Il assume notamment : « Le Mutasawwafconcerne le novice et le Sûfî concerne l’initié… Le Mutasawwafsupporte et le Sûfî est supporté. Le Mutasawwaf doit supporter toute charge lourde ou légère en vue d’effacer sa personne, d’anéantir ses passions, et de faire disparaître sa volonté et sa responsabilité. Au bout du compte il devient Sâfî (pur) et mérite le nom de Sûfî. Dans un premier temps, il supporte les charges pour en fin de parcourt se faire supporter. Il devient… la source du savoir et de la sagesse, le foyer de la paix, la caverne des élus et des Abdâl, leur refuge, leur référence, leur respiration, leur repos et leur joie. Il est en effet l’œil du collier, la perle de la couronne et la vue du Seigneur. »

Il fait ensuite la liste les qualités que le disciple doit se doter ; elles sont si draconienne qu’aucun humain ne peut les supporter. Puis, il préconise : « Puis, il lutte contre lui-même et ses passions pour se soumettre à l’ordre divin et jusqu’à rejoindre l’autre vie dans laquelle le Très-Haut lui réserve le Paradis. Motivé ainsi par l’amour du Seigneur, il sort du monde connu, se purifie de tout accident, et prend la forme d’une âme pour paraître devant le Seigneur de l’univers. Dès lors, il rompt avec les liens, les causes, la famille et les enfants. Toutes les directions se ferment à lui au moment où s’ouvre devant lui la « grande direction » et la « grande porte » qui correspond à l’agrément du destin que lui assigne le Seigneur des seigneurs…

Après quoi, en direction de la « grande porte », une autre porte baptisée la porte de la dévotion, s’ouvre à lui. Elle lui permet de pénétrer dans la demeure de l’Unique qui lui dévoile Sa Grandeur et Sa Majesté. Une fois qu’il porte les yeux sur Sa Grandeur, il reste sans Lui et perd son identité. Plus rien n’émane de lui : Il n’a plus aucune force, aucune réaction, aucune ambition et motivation. Il perd le sens du monde d’ici-bas et de l’au-delà et devient tel un vase en cristal. »[7]

Plus loin, il assume qu’Allah prend soin des soufis avant de conclure : « Allah (I) s’occupe de les sortir des ténèbres vers la lumière. Il met à leur connaissance les pensées que renferment les cœurs des hommes. Mon Seigneur en a fait les espions de la pensée et les gardiens loyaux des secrets intérieurs. Il les défend contre tout ennemi dans les moments les plus intimes. Ni Satan ni les passions ne peuvent avoir aucune emprise sur eux. Le Tout-Puissant déclare : (Mes serviteurs, tu n’a aucune emprise sur eux).[8] Ils ne se laissent pas prendre non plus par les mauvais penchants de l’âme et les envies perverses faisant sombrer dans les abimes et qui expulsent leurs auteurs du giron des traditionalistes. »[9]


La confrérie Tijâniya pour ne citer qu’un exemple de tarîqa soufiya

• les passages suivants démontrent que ses adeptes adhèrent au panthéisme ou monisme (Wihdat el Wujûd) :


1- L’auteur de Jawâhir el Ma’ânîimpute à son Sheïkh e-Tîjânî, les paroles suivantes : « ... Saches que les sensations des initiés au sujet de la matière existante, c’est qu’ils la voient comme un mirage à l’horizon. Allah est présent dans les corps existants à travers les noms et les formes dans lesquels Il se manifeste. Il n’y a rien d’autre seulement dans l’existence, que Ses Noms et Ses Attributs. L’existence en apparence, les formes et les noms qui remplissent l’existence sous des formes multiples et différentes, sont comme le voile qui empêche à la création apparente de contempler la Vérité (Allah). L’apparence absolue n’est rien d’autre que la seule présence de la Vérité dans toute chose. »[10]

2- Dans un autre passage, Sheïkh e-Tîjânî donne l’explication d’un Hadith complètement inventé en ces termes : « Pour mieux comprendre ce Hadith, il faut revenir aux notions que nous avons tout d’abord évoquées. Autrement dit que toute la création correspond à des degrés de la Vérité, au décret de laquelle il incombe de se soumettre. Il ne faut pas s’opposer à tout ce que Sa création exprime. Puis, derrière cela, il est possible d’utiliser la loi textuelle extérieure non intérieure car seuls les initiés au monisme sont capables d’en pénétrer les aspects intérieurs ; ils sont à même d’y déceler en effet l’ « union » et la « séparation » de l’existence. L’existence est faite d’une seule essence qui n’admet aucune divisibilité malgré toutes les natures et les formes différentes qui la composent. Son union ne remet nullement en cause les lois qui distinguent les différents corps. Les initiés expliquent ce phénomène en disant que la multitude correspond à l’unité et que l’unité correspond à la multitude. En observant la multitude de la matière existante on a à faire en fait à une seule existence malgré la multitude. Mais si on regarde les choses d’un point de vue de l’unité, on verra que celle-ci est plongée dans la multiplicité de la matière infinie. Cependant, seul l’initié est capable de remarquer ce phénomène indépendamment du commun des gens qui est handicapé par un « voile ». Ce privilège appartient donc aux initiés capables de constater l’unité à travers l’intuition (ou la gustation) non à travers les formes apparentes, mais ils sont incapables de l’exprimer par la parole. Tel est le sens de l’ « union » et de la « séparation » ; l’unité correspond à l’union et la multitude correspond à la séparation. »[11]

3- Dans ce passage du même livre, e-Tîjânî ne se contente pas d’établir le monisme, mais il fait un parallèle avec l’unité des religions (wihdat el adiân) : « Sache que la présence de la Vérité (I) est unifiée au niveau de Son Être, de Ses Attributs, de Ses Noms, et de Son Existence. Toute l’existence lui est soumise par l’humiliation, l’adoration, l’inertie sous le joug de Son Pouvoir, l’obéissance, l’amour, l’encensement et la divination. Certaines créations s’orientent vers l’image de la présence divine qui transparait clairement à travers l’altérité. D’autres s’orientent vers la haute présence qu’un voile épais sépare. Ce sont les adorateurs des idoles et ceux qui les imitent. En s’orientant vers le culte des idoles, ils ne s’orientent vers rien d’autre que la Vérité (I). Ils n’adorent rien d’autre que Lui (I). Il ne fait que se manifester à travers le voile de Sa Majesté et de Sa Grandeur. Il les attire ainsi en fonction de cette relation qui dépend du destin qu’ils ne peuvent en aucun cas contester. Cette orientation vers Allah est donc forcée comme le souligne le Verset suivant : (Tout être dans les cieux et la terre se prosternent à Allah de gré ou de force, ainsi que son ombre, le matin et le soir).[12] Ainsi, chaque membre de la création s’oriente vers la présence de la Vérité (I) de la façon que nous avons décrite. Quant aux mécréants, aux pervers, aux criminels et aux injustes, ils ne font dans cette aliénation à travers laquelle ils s’opposent en apparence aux lois textuelles et à l’Ordre divin, que se soumettre aux ordres du Très-Haut. Ils ne sortent nullement de Sa Loi et Sa Volonté si ce n’est qu’en apparence. Cependant, ils y sont profondément soumis en regard de l’aspect intérieur. »[13]

4- Il affirme également : « … Toute personne qui adore ou qui se prosterne devant un autre qu’Allah en apparence, il ne fait qu’adorer ou se prosterner devant Lui étant donné qu’Il se manifeste à travers cette forme. Toutes les divinités sans exception se prosternent devant le Très-Haut ; elles l’adorent et le glorifient, stimulées qu’elles sont par la peur qu’insuffle l’emprise de Sa Majesté. Si elles osaient afficher leur adoration en faveur d’une créature sans qu’Il ne s’y manifeste à l’intérieur, elles se briseraient plus vite qu’un clin d’œil en raison de Sa Jalousie qui ne tolère aucun rival. Allah (I) révèle à cet effet : (C’est Moi Allah ! Il n’y d’autre dieu en dehors de Moi, alors adore Moi).[14] Etymologiquement le terme « Dieu » désigne la divinité digne d’être adorée. (Il n’y d’autre dieu en dehors de Moi) signifie donc qu’il n’y d’autre divinité en dehors de Moi ; quand les païens vouent leur culte aux idoles, ils ne font que M’adorer. ils ne s’orientent, s’humilient et se soumettent à personne d’autre qu’à Moi… »[15]



À suivre…

Traduit par :

Karim ZENTICI [mizab.over-blog.com]
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook