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Extrait de Journal Intime de Abderrahmane Zenati
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9 avril 2005 09:16

Pour moi il y a peu de vrais bons moments sans bon livre à portée de main. Cela m’arrive souvent d'associer un livre à un lieu, à un goût, une odeur, une couleur, une émotion que je ressens seulement en lisant un ouvrage.
Goût de cendre, le livre de Abderrahmane Zenati que j’ai lu à Oujda me reste intimement associé

Extrait de Journal Intime de Abderrahmane Zenati

MORT au silence qui m'entour.

Seul le silence est mon refuge à Oujda….
Seul le silence est mon asile dans cette ville où le règne n'est que pénombre.
Seul le silence est mon abri dans ce pays des apparences et de l'absurde…
Ce monde d’indifférence… Ce monde où la logique à disparue. Où la courtoisie est morte. Où l’espoir s’est effondré…


J'essaye de secouer mon excitation artistique… je peins et j’écris ; cherchant en ces expressions une parcelle de vie pour me sortir de cette fatalité qui m'emprisonne.
Le bruit du vent emporte mes rêves au loin vers l'horizon là où il fait bon vivre où le destin travaille main dans la main avec le temps !
Et je me dis, là-bas, en France, c'est le bonheur.
Pendant un instant, le temps d’un soupir, mon coeur renaît.

Mais le silence d’Oujda… L’indifférence des miens et l’absence de l’amour restent toujours là.
Ce sont mon calvaire et ma torture…
Une torture rythmée chaque matin par cette envie de mourir…
Baiser la main de la mort…
Dire adieu à la vie qui me rejette… qui n’a rien à me donner et qui refuse mes offrandes…
Dire adieu à cette vie… à mon rêve d’artiste…
Abandonner ma lutte de tous les jours…
Abandonner l’envie de m’imposer… Ne plus chercher à populariser mon art…
Abandonner cette lutte sans espoir…
Une lutte sans fin.
Mais non… Mourir c’est la solution des faibles.
Je dois mener mon combat contre l’indifférence…
Contre l’ignorance…
Je dois mener cet affrontement que je n'ai pas choisi…
Je dois résister, lutter et gagner.
Le jour viendra où les consciences réagiront…
Où mes mots seront entendus.
Ou ma peinture sera admirée…
ou mon art sera reconnu…
Le jour viendra où volcan en moi se réveillera.
Où mes toiles et mes écrits couvriront le monde.
Le silence et l’indifférence sont là pour en témoigner.
Le jour viendra où tu m’écoutera, mon amour….
Le jour viendra où la lumière renaîtra de mes cendres.


Oujda le 22 juin 1986
 
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