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Exégèse #13 (Spécifique au Mois du Jeune) : Partie 1/3
B
23 avril 2020 20:58
Tafsir des Versets 183 et 184, de la Sourate Al Baqara (La Vache, 2)



[Sahih Tafsir Ibn Kathir]



En Arabe :

{يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ كُتِبَ عَلَيْكُمُ ٱلصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى ٱلَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ}
{أَيَّامًۭا مَّعْدُودَٰتٍۢ ۚ فَمَن كَانَ مِنكُم مَّرِيضًا أَوْ عَلَىٰ سَفَرٍۢ فَعِدَّةٌۭ مِّنْ أَيَّامٍ أُخَرَ ۚ وَعَلَى ٱلَّذِينَ يُطِيقُونَهُۥ فِدْيَةٌۭ طَعَامُ مِسْكِينٍۢ ۖ فَمَن تَطَوَّعَ خَيْرًۭا فَهُوَ خَيْرٌۭ لَّهُۥ ۚ وَأَن تَصُومُوا۟ خَيْرٌۭ لَّكُمْ ۖ إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ}


En Français :

{Vous qui croyez ! On vous a prescrit le jeune comme On l'a prescrit à ceux qui vous ont précédés, peut-être atteindrez-vous la piété, pendant des jours comptés. Quiconque d'entre-vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal de jours. Ceux qui ne pourraient le supporter (qu'avec grande difficulté), devront, en compensation, nourrir un pauvre. Celui qui, de son propre gré, fait plus, en retirera un bien pour lui-même ; mais jeûner est encore meilleur pour vous, si vous saviez.}


S'adressant aux croyants de cette communauté, le Très-Haut leur enjoint de pratiquer le jeûne, qui consiste à s'abstenir de toute nourriture, de toute boisson ainsi que de toute relation sexuelle, avec l'intention sincère d'adorer Allah -Subhanu wa TA3ala-, le jeûne étant ainsi conçu qu'il purifie les âmes, les débarrasse des souillures du vice et du mal. Le Très-Haut fait également remarquer que, de même qu'Il a institué cette pratique cultuelle aux croyants, de même Il l'avait prescrite aux peuples d'autrefois. Aussi sont-ils tenus de tirer enseignements de l'exemple de leurs prédécesseurs, et de s'acquitter de cette application mieux que ne l'ont fait ceux-ci. Considérons dans cette optique le verset coranique suivant : {A chacun de vous Nous avons assigné une législation et une voie. Si Allah l'avait voulu, Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu'Il vous donne. Rivalisez en bonnes oeuvres.} (Al Ma'idah, 48). D'où l'assertion : {On vous a prescrit le jeûne comme On l'a prescrit à ceux qui vous ont précédés, peut-être atteindriez-vous la piété.}

C'est que le jeûne, outre son rôle purificateur de l'âme, dresse des obstacles devant les agissements et les tentations du Diable. On lit à ce titre dans les deux Sahih : "Ô vous les jeunes, celui qui est apte au mariage doit se marier. Que celui qui ne peut pas se marier jeûne, ce sera pour lui un calmant." (Rapporté Par Muslim et Bukhari)

Puis le Très-Haut de montrer la durée assignée au jeûne : loin de s'y astreindre tous les jours, ce qui serait une tâche pénible et rebutante, un fardeau trop lourd, le croyant pratiquera cette abstinence seulement pendant un nombre déterminé de jours.

Se trouve énoncée la qualification légale du jeûne durant la période initiale de l'Islam : {Quiconque d'entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal de jours}. Autrement dit, vu la difficulté et la peine qu'ils impliquent, la maladie ou le voyage dispensent du jeûne, on veillera cependant les jours manqués, en les reportant, par un nombre égal de jours pris ailleurs.

Quant aux personnes sédentaires et dotées d'une bonne santé, donc capables de jeûner, elles avaient le choix entre l'observance et la non-observance du jeûne ; dans ce dernier cas, elles devaient nourrir un pauvre par jour manqué. Celui qui, de son propre gré, nourrissait plus d'un pauvre, c'était tant mieux pour lui. Toutefois, il était meilleur de jeûner. A cette opinion souscrivent nombre de doctes parmi les prédécesseurs. D'autant que le Très-Haut a dit : {mais jeûner est encore meilleur pour vous, si vous saviez.}

Quant aux différents statuts du jeûne, on peut les résumer comme suit : lorsqu'il se rendit à la Médine et s'y installa, le Messager d'Allah -SallAllahu 3alayhi wa as salam- prit d'abord l'habitude de jeûner trois jours par mois, ainsi que le jour de 3Ashoura, avant qu'Allah ne lui prescrive le jeûne en ces termes : {Vous qui croyez ! On vous a prescrit le jeûne comme On l'a prescrit à ceux qui vous ont précédés (...) Ceux qui ne pourraient le supporter (qu'avec grande difficulté), devront, en compensation, nourrir un pauvre.} Jusqu'alors, on pouvait à son gré pratiquer le jeûne ou nourrir un pauvre à titre de compensation. Il en fut ainsi jusqu'au moment où Allah révéla cet autre verset : {(Ces jours sont) le mois de Ramadhan au cours duquel le Coran a été descendu (...) Quiconque d'entre vous verra la nouvelle lune, qu'il jeûne !}. A ce moment le jeûne du mois de Ramadhan devint obligatoire pour les personnes sédentaires et dotées d'une bonne santé, et facultatif pou le malade et le voyageur. Quant aux personnes trop âgées pour s'astreindre à cette abstinence, elles purent s'y soustraire. Il s'agit donc de là de deux statuts du jeûne.


[SUITE]
La Foi est nue, son vêtement est la Piété, sa parure est la Pudeur, et sa richesse est la Science. {Abu AbdAllah Wahb Ibn Manbah}
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23 avril 2020 20:59
[SUITE]

Or, pendant le nuits de Ramadhan, le musulmans avaient loisir de manger, boire et coucher avec leurs femmes jusqu'au moment de dormir. Alors commençait l'abstinence. Un jour, un homme parmi les Ansars, du nom de Sirma, resta longuement à travailler à jeun jusqu'au soir. Il rentra alors chez lui, effectua la prière du soir et s'endormit aussitôt, sans avoir rien mangé. Au matin , l'homme étant toujours à jeun, le Prophète -3alayhi as salat wa as salam- s'aperçut de sa mine fatigue : "Pourquoi te vois-je ainsi esquinté ? s'enquit-il. - O Messager d'Allah, j'ai travaillé durement hier, de sorte qu'aussitôt rentré chez moi, j'ai cédé au sommeil. Le matin, j'étais toujours à jeun." D'autres part, Umar, ayant eu des relations sexuelles avec sa femme pendant la nuit, vint trouver le Prophète -SallAllahu 3alayhi wa as salam- pour lui exposer son cas. Allah le Très-Haut révéla alors le verset : {On vous a permis, la nuit du jeûne, d'avoir des rapports avec vos femmes. Elles sont un vêtement pour vous et vous un vêtement pour elles (...) Puis accomplissez le jeûne jusqu'au soir.}

Aisha -RadhiAllahu 3anha- a dit : "On jeûnait le jour de 3Ashura avant de jeûner (pendant) le Ramadhan. Quand le (jeûne du) Ramadhan fut prescrit, ceux qui le voulurent jeûnèrent au moment de 3Ashura ; ceux qui ne voulurent pas ne jeûnèrent pas." (Rapporté par Muslim et Bukhari).

{Ceux qui ne pourraient le supporter (qu'avec grande difficulté), devront, en compensation, nourrir un pauvre} : On rapporte que Salama Ibn Al-Akwa a dit : "Quand le passage : {Ceux qui ne pourraient le supporter (qu'avec grande difficulté), devront, en compensation, nourrir un pauvre} verset 184, fut révélé, ceux qui voulaient pouvaient rompre le jeûne en se rachetant (par la rançon). Cela dura jusqu'au jour où le verset suivant : {Quiconque d'entre vous verra la nouvelle lune, qu'il jeûne !} verset 185, fut révélé. Ce second verset abrogea le premier." (Hadith Rapporté Par Bukhari)

Ibn Abbas -RadhiAllahu 3anhu- nie par contre que ce verset ait été abrogé. D'après lui, il y est question du vieillard et de la vieillarde qui, étant incapable de jeûner, se doivent de compenser chaque jour en nourrissant un indigent. (Hadith Rapporté Par Bukhari : force est de préciser que Ibn Abbas lisait ce verset en prononçant le verbe ainsi : yutawwiqûna-hu (au lieu de : yutiqûna-hu)

En somme, il est établi qu'il y'a abrogation du jugement antérieur en ce qui concerne la personne sédentaire non malade, pour laquelle le jeûne de Ramadhan est désormais une obligation, à telle enseigne que le Très-Haut dit : {Quiconque d'entre vous verra la nouvelle lune, qu'il jeûne !}. S'agissant des personnes qui sont trop avancées en âge pour pouvoir supporter cette abstinence, elles peuvent s'y soustraire sans compenser les jours manqués par d'autres jours de jeûne, leur état ne pouvant changer au point de leur permettre de s'acquitter de cette pratique cultuelle. - Mais est-il impératif, si elles vivent dans l'aisance, que ces personnes s'appliquent à nourrir chaque fois un nécessiteux ? Les doctes apportent deux réponses à cette question :

1) Les uns estiment que cela n'est pas nécessaire, le vieillard étant dans un état faible et précaire vu son âge. Il en est de lui comme l'enfant. Point de rançon donc, Allah n'obligeant l'être humain que selon sa capacité. Cette opinion constitue l'un des deux points de vue adoptés par Ash-Shafi3i -3alayhi RahmatuLlah-.

2) Selon la seconde thèse, qui s'avère être la plus valide et qui prévaut chez les doctes, cette personne est tenue de s'acquitter de la rançon pour compenser chaque jour manqué. Ibn Abbas, entre autres Prédécesseurs, adhère à cette interprétation, s'appuyant sur la lecture suivante que certains, dont Ibn Masud, assignent à ce verset : {Ceux qui ne pourraient le supporter}, c'est-à-dire tolérer une telle compensation. Al Bukhari souscrit également à cette opinion : concernant le vieillard qui ne peut supporter le jeûne, déclare-t-il, Anas, lorsqu'il avança d'un ou deux dans la décrépitude, s'employa à nourrir un pauvre de pain et de viande, en guise de compensation pour chaque jour manqué.

A cette catégorie on peut assimiler la femme enceinte ou la nourrice, si elle craignent pour leur personne ou pour celle de leurs enfants. Force est de signaler que les doctes ont fortement divergé sur ce cas spécifique.

Selon les uns, dans les deux cas, la femme renoncera au jeûne, puis le compensera en nourrissant un pauvre et en accomplissant un jeûne plus tard. Selon les autres, elle renoncera au jeûne et le compensera seulement par la rançon. D'autres estiment qu'elle le compensera en jeûnant plus tard, mais n'aura pas à donner de rançon. D'autres encore considèrent que la femme peut renoncer au jeûne sans devoir le compenser ni par l'une ni par l'autre de ces deux formes de rachat.


[PARTIE 2 AU PROCHAIN POST IN CHA'ALLAH]
La Foi est nue, son vêtement est la Piété, sa parure est la Pudeur, et sa richesse est la Science. {Abu AbdAllah Wahb Ibn Manbah}
 
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