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les evangelistes oeuvrent tranquillement chez nous
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23 mai 2006 22:25
Il sont finalement répertoriés, identités et adressés à l’appui, dans les quatre coins du pays. Eux, ce sont les “missionnaires” évangélistes qui parcourent le Maroc pour recruter des candidats à la conversion au Christianisme. Une enquête approfondie a été menée par les autorités pour définir leurs objectifs, recenser leurs moyens, et chiffrer les membres des réseaux actifs. A Casablanca, comme à Rabat ou à Salé, ils n’hésitent pas à prendre des risques pour “faire un grand nombre de Chrétiens” dans le cadre d’une stratégie mondiale d’évangélisation des peuples musulmans. Enquête.

Le sujet est sensible, voire très inquiétant à plus d’un titre. Il a provoqué une sulfureuse polémique qui a fait, ces dernières semaines, les choux gras de la presse nationale et même internationale. Le Maroc, dit-on, serait menacé par la montée foudroyante de l’évangélisme, du genre à convertir les Marocains au Christianisme. Des “missionnaires” seraient dans nos murs, parmi nous, et travaillent dans une clandestinité presque parfaite, par crainte d’être expulsés ou même traduits en justice pour des chefs d’accusations gravissimes comme le prosélytisme. À présent, leurs bruissements font désormais partie du décor. Petits livrets, bandes dessinées relatant la vie du Christ, bibles en langue du terroir, formulaires à remplir abondants pour ceux qui souhaitent se convertir au Christianisme, adresses de “maisonnettes” transformées en églises et même de certaines chapelles, réputées pour être des lieux de recrutement des évangélistes, la récurrence du phénomène laisse supposer que nous sommes en face d’une véritable offensive de l’évangélisme au Maroc. La stratégie des évangélistes américains, connue de longue date, est allée loin, trop loin même, pour persuader le gouvernement marocain à l’idée d’abriter une messe à Marrakech, déguisée en festival (la caravane de l’amitié), qui se tiendrait du 6 au 8 mai prochain et qui réunirait, selon les organisateurs de l’évènement, quelque 100. 000 participants venus de loin pour débattre des deux religions, l’Islam et le Christianisme. Il semble que le champ de bataille se soit déplacé à l’intérieur du pays avec ces nouveaux “missionnaires” de bons offices qui n’hésitent plus comme au bon vieux temps à s’aventurer de plus en plus loin pour prêcher la bonne parole, celle du Christ. Le constat est tel que le prosélytisme serait dans la rue au quotidien dans les principales villes du pays (Casablanca, Marrakech, Fès, Salé, Rabat, Agadir, Tanger...) au moyen de cassettes, de DVD consacrés à la vie de Jésus et de vidéos dans lesquelles les Chrétiens sont des gentils et les Musulmans des méchants. Le phénomène, s’il suscite l’intérêt de la presse, a fini par faire réagir le gouvernement même si la liberté de culte est garantie par la Constitution marocaine. Des enquêtes ont été commandées, il y a quelques semaines, par les différents départements de l’Etat, y compris le ministère des Habous et des affaires islamiques, pour “mesurer l’ampleur” du phénomène, définir ses objectifs, recenser ses moyens, et chiffrer les membres des réseaux actifs qui redoublent de zèle ces temps-ci. Et les résultats ne se sont pas fait attendre.

Sociétés écrans et espionnage

Finalement, le constat établi n’est pas du tout reluisant. Selon une note confidentielle datée du mois de mars 2005, les évangélistes étrangers (ils seraient quelque 800 missionnaires), qui sont à l’origine de ces conversions, sont bien là. Et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense. Ils agissent par le biais de sociétés écrans pour dissimuler leurs véritables activités secrètes. Ils occupent le premier plan par l’ampleur de leurs actions clandestines et leur puissance sur le terrain du prosélytisme pour enseigner les vertus du Christianisme aux jeunes Marocains. Tout récemment, comme le raconte un pasteur casablancais, quelques évangélistes missionnaires ont distribué au grand jour, dans le quartier Maârif de Casablanca, des tracts et des ouvrages sur le christianisme avec des images particulièrement émouvantes relatant la vie du Christ. Ces exemplaires, imprimés aux Etats-Unis en langue française, sont destinés surtout aux jeunes, leur promettant “une vie meilleure et un univers parfait“. En effet, enrôlés dans des organisations non gouvernementales et des institutions comme “Service de la Bible au Maroc”, devenue peu après “la Société biblique Unie”, (présente dans plus de 180 pays), sise quartier Oasis à Casablanca et sous le contrôle d’un Américain du nom de Jack Ruzenko, les évangélistes redoublent de pugnacité et emploient des arguments en béton pour amener les jeunes à porter la Croix. Ils disposent de moyens colossaux qui leur permettent de distribuer gratuitement des vivres et des médicaments aux populations. Selon le rapport, les méthodes de recrutement sont les mêmes : avant d’accepter de croire en la vérité absolue de la doctrine enseignée, sous des prétextes prétendument honorables et altruistes, on fait miroiter un “mieux-être”, des solutions miracles aux vicissitudes du quotidien.

Prosélytisme et apostolat

On propose souvent un petit coup de main terrestre avant de s’adresser au ciel. Les jeunes et les personnes en situation de détresse matérielle et morale constituent dans ce cas de figure une proie privilégiée. Toujours est-il que les évangéliques s’y développent très rapidement par le biais d’écoles où l’on dispense des programmes académiques non reconnus par le ministère de l’Education nationale et ou se côtoient des lycéens marocains avec d’autres étrangers. Les autorités qualifient les évangéliques présents dans le pays de prosélytes de premier plan. Des as de l’apostolat. À leurs yeux, chaque individu est un Chrétien qui s’ignore. Un grand potentiel séduit par une religion qui incarne la modernité. Dans les quatre coins du pays, les missionnaires qui veulent rallier la clientèle marocaine fournissent tant d’efforts pour apprendre le dialecte, l’arabe classique, ou même l’Amazigh et la langue rifaine, dans des écoles marocaines, ou par le biais des cours privés pour une meilleure approche des candidats à la conversion. Et le comble dans tout cela, prévient le rapport sur l’évangélisme au Maroc, c’est que certains missionnaires clandestins installés depuis longtemps dans le pays font des extras, l’espionnage entre autres, pour le compte de certains pays comme Israël, faisant ainsi d’une pierre, deux coups. Dans les villes, ou ils ont élu domicile, les évangélistes battent campagne à ciel ouvert et se lancent dans une formidable conquête des âmes de façon méthodique. Les fondamentalistes, qu’ils se disent, sont également intégralistes : ils veulent pouvoir vivre pleinement leur foi et la faire partager avec les Marocains, convertis, d’ici. Profitant ainsi de quelques lacunes constitutionnelles et des textes de lois qui reconnaissent, d’une façon plus explicite, la liberté de culte à tout citoyen marocain. Toutefois, le délit de prosélytisme est ainsi souvent employé comme argument juridique légal par les autorités pour légitimer certaines restrictions à la liberté de culte. Dans ce tableau foisonnant, les missionnaires n’hésitaient pas à prendre des risques pour “faire un grand nombre de chrétiens” organisés et financés par une stratégie mondiale d’évangélisation des peuples musulmans.

Lieux de culte clandestins

Et les moyens ne manquent pas pour endoctriner les Marocains convertis au Christianisme, devenus eux aussi des messagers du Christ, dans des églises maisons ou même dans des églises officielles en grande majorité implantées dans la capitale du Royaume. Dans la note confidentielle, des églises catholiques, protestantes ou orthodoxes de Rabat, présumées liées à l’évangélisme, sont citées, avec adresses et numéros de téléphones à l’appui. À n’en citer que l’Eglise Catholique “Saint Pierre” de Rabat, l’Eglise Anglicane Protestante, l’Eglise Chrétienne “Sainte Françoise” et l’Eglise Chrétienne Orthodoxe. Figurent également dans l’enquête des services marocains des noms et prénoms des missionnaires étrangers (de nationalité américaine) qui sont répertoriés et des convertis marocains installés à Casablanca, Rabat, Salé et Fès. On y trouve même des familles marocaines toutes entières, des cadres, des chômeurs, des enseignants (es)...et autres profils, sans pour autant les quantifier. Dans la mesure où l’activité missionnaire demeure clandestine, il est difficile de l’évaluer. Même si les chiffres les plus optimistes parlent de 7.000 Marocains convertis au christianisme. Ce sont des groupes, ou des cellules qui se connaissent, dirigés par des missionnaires, qui se réunissent chaque dimanche, discrètement, dans le domicile de l’un des membres, pour des lectures bibliques et des séances de prière. Discrétion oblige, ils utilisent une rhétorique avec un langage emprunté à la culture marocaine dans le but de tromper les autorités qui les tiennent à l’œil. D’ailleurs, le pouvoir suit avec attention ce phénomène et surveille de près les aller et retour des habitués de certaines églises ou la présence policière a été renforcée ces derniers temps, reconnaît ce pasteur casablancais. C’est sans compter sur les nouvelles méthodes d’évangélisation et les moyens de communication qui se sont modernisés pour transmettre leur message : sites Internet chrétien (comme www.hiwarmaroc.com), radios, télévisions par satellite, livres, cassettes vidéo et audio, des traduction de la bible distribuées en grosse quantités dans des librairies, comme au Carrefour du livre à Casablanca, la librairie Chater à Marrakech, Kalila Oua Dimna à Rabat... (Voir encadré). Ce qui leur a attiré les foudres du groupe Istiqlalien, conduit par le député Abdelhamid Aouad, qui a apostrophé le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, sur le mutisme observé par l’Etat face à la montée du phénomène des évangélistes au Maroc. Ceux-ci investissent le terrain de l’humanitaire et choisissent leurs cibles parmi les personnes les plus démunies.

Tournure résolument sectaire

On devient également un fidèle du Christ contre une somme d’argent, des promesses de soins médicaux ou de visas pour l’étranger : certaines chancelleries européennes, dit-on, accordent plus facilement des visas d’entrée à l’espace Schengen à tout demandeur marocain qui se proclame comme Chrétien “persécuté”, alors que ce précieux sésame est du domaine de l’utopie pour le citoyen lambda. Toutefois, une précision s’impose. Comme le reconnaît le pasteur Jean Luc Blanc, qui ne nie pas l’existence de l’évangélisme, aucun des missionnaires et aucune “secte” n’opèrent sous la houlette de “l’Eglise Evangélique au Maroc”, ou de “l’Eglise Anglicane”, les deux Eglises protestantes historiques du pays. S’ils existent, confie-t-il, ils sont commandités par des organismes avec lesquels nos Églises n’entretiennent pas de relation et ne se connaissent souvent même pas. “Ce ne sont pas non plus les Églises qui leur délivrent des titres de séjour”, précise-t-il. Quels que soient les plans qui se trament en coulisse, les églises évangéliques fédérées ne peuvent en aucun cas être considérées comme des sectes. Loin s’en faut. Leur rôle étant d’accueillir et d’accompagner dans leur quête spirituelle les Chrétiens Protestants vivant au Maroc et de leur offrir un lieu de prière. Ce sont les autres, ceux qui travaillent dans la clandestinité, comme les intégristes de chez nous, qui dérangent les pouvoirs publics ainsi que la classe politique et suscitent la controverse. Constituent-ils pour autant une menace pour le pays et sa religion ? Le pasteur Jean Luc Blanc de l’Eglise Evangélique au Maroc ne le pense pas. “C’est une petite minorité qui ne représente qu’elle-même”, répond-il en substance aux questions de LGM (lire entretien). En attendant, dans les prêches du vendredi, on crie toujours au danger que peuvent constituer ces évangélistes venus d’ailleurs. Ce sont ces nouveaux soldats que l’Eglise expédie régulièrement pour nous évangéliser qui montrent que le phénomène est bien là. Une nouvelle donne qui, selon des spécialistes, prend souvent une tournure résolument sectaire.
b
23 mai 2006 22:38
Chuuuuuuuuuuuut, tant que se ne sont pas des barbus laissons les !
c
23 mai 2006 22:57
Au vu du taux de natalité dans les pays musulmans, le nôtre y compris, ils peuvent toujours évangéliser autant qu'ils veulent, la relève est assurée. Pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs.
Juridiquement, au Maroc, c'est un peu ambigu, la libre de culte est garantie mais la religion d'Etat est l'islam et le prosélytisme est punissable. Allez comprendre !
T
24 mai 2006 21:36
" Ceux-ci investissent le terrain de l’humanitaire et choisissent leurs cibles parmi les personnes les plus démunies "

Ils ont pris des conseils et des cours auprès des islamistes ? Intégristes de tous bords, unissez-vous sad smiley
M
25 mai 2006 07:20
Citation
TOUNE a écrit:
" Ceux-ci investissent le terrain de l’humanitaire et choisissent leurs cibles parmi les personnes les plus démunies "

Ils ont pris des conseils et des cours auprès des islamistes ? Intégristes de tous bords, unissez-vous sad smiley


Bien dit et merci
m
25 mai 2006 15:54
j avais vu un reportage sur ces missionnaires envoyés un peu partout dans le monde. Financés par des organisations fanatiques américaines et qui sont Pro Israel. Le maroc, pays maintenant à la mode est une excellente cible pour eux. De là, à ce que des marocains se convertissent au chréstianisme : aucune chance !!
26 mai 2006 20:59
Exact, med75016 :

les marocains démunis suivraient même le diable, pour un peu de facilité dans la vie, mais jamais ils ne changeront ce qu'il y a au fond d'eux ( religion, arabité, tamazight, leur terre, etc ). ils font semblant de se '' christianiser '' pour obtenir gain de cause dans cette misère !
 
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