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EUROPE ...l'eldorado
B
4 juillet 2006 11:15
Salam aalikoum


mardi 4 juillet 2006, 10h13
L'Europe demeure un Eldorado pour les Tunisiens démunis

CITE ETTADAMOUN, Tunisie (Reuters) - Les larmes viennent aux yeux de Salema quand elle pense au prix que sa famille a payé pour que ses fils tentent de concrétiser leur rêve d'une vie meilleure, hors de Tunisie.
"On me les a rapportés dans un cercueil", murmure cette femme de 60 ans, évoquant le décès de ses trois fils dans le naufrage du bateau qui les acheminait clandestinement en Italie. "C'est vrai que nos conditions de vie sont difficiles, mais on était tout de même heureux quand mes fils étaient près de moi."

Comme pour de nombreuses autres familles de la région, le malheur s'est abattu sur Salema quand l'attirance exercée sur ses fils par l'Eldorado européen est devenue irrésistible.

Ils comptaient travailler en Italie pour lui acheter une nouvelle maison dans le quartier du Bardo, à Tunis, et dire adieu à la Cité Ettadamoun, un bidonville situé dans les faubourgs de la capitale.

Tout comme en Afrique sub-saharienne, en Algérie, en Libye et au Maroc, des familles démunies prennent souvent le risque de confier les leurs à des passeurs qui leur promettent une traversée de la Méditerranée et un accès à l'Europe.

REDUIRE LES INEGALITES NORD-SUD

Des représentants des gouvernements européens et africains se réuniront les 10 et 11 juillet à Rabat pour évoquer ce problème. Les pays africains demanderont vraisemblablement à l'Europe un accroissement de l'aide au développement tout en promettant de renforcer la coopération en matière de sécurité et de surveillance des frontières.

Pour le Maroc, il faut une nouvelle stratégie pour combattre la misère qui pousse des immigrants à se presser aux portes de l'Espagne, dans l'ouest de la Méditerranée, ou de l'Italie et de Malte, plus à l'est. Le Maroc compte profiter de la conférence pour militer en faveur d'une approche commune.

Dans une étude sur l'immigration illégale réalisée pour le compte du Haut-commissariat aux réfugiés de l'Onu, deux chercheurs, Mehdi Mabrouk et Laura Feliu, font état de l'arrestation en 2005 de 2.500 Tunisiens qui avaient tenté de pénétrer illégalement dans des pays européens, contre 1.400 en 2004 et 700 en 1998.

Le véritable chiffre est probablement plus élevé étant donné le nombre de familles tunisiennes ayant signalé la disparition ou la mort de proches dans leur tentative d'émigration.

L'étude montre que les bateaux des passeurs ne transportent pas que des pauvres mais aussi des membres des classes moyennes. Selon des chiffres officiels, le chômage est de 13,9%, et les jeunes diplômés représentent environ 60% des chômeurs.

La Tunisie a récemment renforcé les mesures destinées à tarir ce flot, en punissant les tentatives d'émigration illégale par des amendes et des peines de prison de 20 ans.

DES EXEMPLES DE REUSSITE

Chaque année, elle envoie plus de 3.000 Tunisiens en Italie dans le cadre d'un accord de coopération.

Selon des chiffres officiels, 800.000 Tunisiens vivent à l'étranger, dont 60% en France. L'argent qu'ils envoient à leurs familles représente 5% du PIB tunisien.

Pour ceux à qui l'immigration légale est impossible et qui peinent à obtenir un visa, l'idée de travailler en Europe n'en demeure pas moins suffisamment séduisante pour sacrifier les 780 à 1.000 euros demandés par les passeurs pour un "transfert" en bateau.

Salema défend ses fils bec et ongles. Pour elle, ils n'ont pas couru après un mirage, car ils avaient en tête l'exemple de leur voisin, rentré au pays au bout de deux ans avec une épouse française, une belle voiture et des économies.

"Soit j'arrive en France soit je meurs en mer": tels ont été les derniers mots de Rafik, un jeune homme de 27 ans qui a péri avec 11 autres personnes en 2003. Selon sa soeur, Saloua, la santé de sa mère s'est fortement détériorée quand elle a appris la nouvelle, et c'est probablement ce qui l'a emportée.

Les candidats à l'immigration sont animés par une détermination que n'entame pas le décompte quotidien des clandestins tombés en route vers l'Europe. "Chaque été, j'essaie d'aller en France, à tout prix. On peut posséder une voiture et devenir riche rapidement là-bas", assure Ridha, 23 ans.

Il a essayé à deux reprises d'atteindre le territoire français. Il a failli mourir la première fois et a été arrêté la deuxième.

"L'an dernier, nous étions plus de 75 personnes. Nous avons pris le bateau à Hergla mais il n'a pas résisté aux vagues. Au bout de quelques heures il a coulé, et beaucoup de gens sont morts", raconte-t-il. "J'ai eu de la chance de trouver un morceau de bois qui m'a sauvé."

Ridha n'a pas renoncé pour autant à franchir la Méditerranée.
[b]Plus rien ne m'étonne[/b]
 
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