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Etats-Unis : Après l'Irak, l'Iran ?
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2 décembre 2006 18:49
Par Youssef Aït Akdim, Tel Quel n°249





Selon le New Yorker, le vice-président américain Dick Cheney continue à défendre l’idée d'une attaque militaire contre l’Iran. Un plan sensé redorer le blason de l’Amérique et faire oublier le désastre irakien.


En avril dernier, Seymour Hersh révélait l'existence de plans militaires américains contre l'Iran d'Ahmadinedjad, alors engagé dans un bras de fer diplomatique avec les pays occidentaux sur son programme nucléaire. Sept mois plus tard, le journaliste du New Yorker revient à la charge avec de nouveaux détails. Pour lui, plus que jamais, la
perspective d'utiliser la force contre l'Iran se précise au sein de l'administration Bush, après avoir opté pour la voie diplomatique et soutenu une ligne conjointe avec les Européens. Les négociations ont échoué et le statu quo profite à la République Islamique. Raffermi sur le plan régional après sa victoire par procuration cet été dans le conflit israélo-libanais, le président iranien, joue la montre pendant que les Etats-Unis s'enlisent en Irak.

Effacer l'affront irakien

Depuis quelques semaines, l'attention s'est portée sur le bourbier irakien et les midterm elections. Victime collatérale de cet échec, la majorité républicaine au Congrès a volé en éclats. Mais paradoxalement, c'est sur l'Iran que se concentre aujourd'hui l'attention du gouvernement américain. D'après un officier des services secrets, l'administration Bush “ne craint pas tant que les Démocrates lui coupent les vivres pour la guerre en Irak, mais qu'ils votent des lois lui interdisant de financer des opérations visant à renverser ou à déstabiliser le gouvernement iranien”. Les Républicains redoutent ainsi de revivre le cauchemar de l'Irangate, scandale du financement illégal de la guérilla anti-sandiniste au Nicaragua dans les années 1980.

Parallèlement, le remplacement de Donald Rumsfeld à la Défense aurait moins d'impact sur la situation à Bagdad, mais plus sur la suite des événements en Iran. La nomination de Robert Gates, un ancien directeur de la CIA, est perçue par l'aile dure de l'administration comme un atout face au Congrès, car, comme le rappelle un ancien officier des renseignements, “ce n'est pas lui le gars qui nous a raconté que l'Irak possédait des armes de destruction massive, et le Congrès le prendra au sérieux”. Pour autant, les leçons des erreurs passées ne semblent pas avoir été retenues. Une attaque contre l'Iran est vue comme l'occasion de redorer le blason américain après l'Irak. Le but visé en Iran étant moins un changement de régime que “de frapper un coup qui fasse comprendre que l'Amérique est toujours capable d'atteindre les buts qu'elle se fixe”.

Une attaque inévitable ?

Joseph Cirincione, du Center for American Progress, pense qu'il y a là un risque élevé “de voir Gates se transformer en nouveau Colin Powell, jouant le rôle de celui qui est opposé à une décision mais qui se retrouve obligé de la soutenir publiquement”. Et dans le dernier numéro du magazine Foreign Policy, Joshua Muravchik, un chef de file néo-conservateur, va plus loin : “C'est une certitude : le président Bush devra bombarder les installations nucléaires iraniennes avant la fin de son mandat”. Et pour Seymour Hersh, il est établi que des opérations clandestines de renseignement ont déjà été menées pendant les six derniers mois par le Pentagone - avec l'appui d'Israël - sur le territoire iranien.

Le gouvernement américain aurait notamment apporté son soutien à “un groupe de résistants kurdes appelé Parti pour une Vie Libre au Kurdistan”. Ce groupe aurait commis des incursions clandestines en Iran dans le cadre d'un programme pour “mettre l'Iran sous pression”, d'après un conseiller du commandement civil du Pentagone. Plus inquiétant, d'après Hersh, ces plans agressifs ont été maintenus malgré la publication d'un mémo - au départ confidentiel - de la CIA, relevant l'absence de preuve concluante de l'existence d'un programme nucléaire militaire du gouvernement iranien. Un rapport balayé d'un revers de la main à la Maison Blanche. Et dans le bureau de Dick Cheney, on continue à soutenir que “l'absence de preuves montre qu'ils [le gouvernement iranien] ont déjà la bombe”.
 
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