Il étais une fois un homme qui niait l'existence d'Allah et qui était partis rendre visite à l' un des califes pour lui dire:
"Les savants de ton époque disent que cet univers a un Créateur ; je suis prêt à leur établir que cet univers n'a pas de créateur ."
Le calife envoya quelqu'un auprès d'un savant éminent pour l'informer de la nouvelle et pour lui ordonner de venir.
Le savant fit exprès de se présenter avec un léger retard au rendez-vous, puis arriva.
Le calife l'accueillit et le fit asseoir au cœur de l'assemblée, alors que les savants et des gens importants s'étaient réunis.
L'homme dit alors :
" Pourquoi arrives-tu en retard ?"
Le savant lui répondit :
"il m'est arrivé une chose surprenante, c'est pour cela que je suis arrivé en retard. En effet, ma maison se trouve de l'autre côté de la rivière du Tigre (Dijlah) et lorsque j'ai voulu traverser, je n'ai trouvé qu'une vieille embarcation, dont les planches de bois étaient disloquées. Lorsque mon regard s'est porté sur elle, les planches ont bougé et se sont rassemblées. Ainsi, elles se sont jointes les unes aux autres pour constituer une barque bonne pour la navigation, tout ceci sans l'exercice d'un menuisier ni le travail d'un ouvrier. Alors, je me suis assis dedans et j'ai traversé la rivière pour arriver ici ".
L'homme s'exclama alors :
" Gens, écoutez ce que raconte votre savant ! Avez-vous jamais entendu des paroles plus mensongères que celles-là ? Comment une barque peut-elle exister sans qu'un menuisier la fabrique ? Ceci n'est que pur mensonge ! "
Alors, le savant dit :
" O toi mécréant, s'il n'est pas valable selon la raison qu'une barque existe sans que quelqu'un la fabrique et sans menuisier, comment peux-tu prétendre que cet univers existe sans créateur ! "
Averroès (Ibn Rushd : Discours décisif) (NdR : Averroès développe les idées d’Aristote dans la Métaphysique, où le philosophe grec démontrait que l’étude de la nature mène à une réalité transcendante) :
« L’art de la Sagesse [la philosophie] ne consiste en rien d’autre que l’examen rationnel des univers et le fait de considérer en tant qu’ils constituent la preuve de l’existence de l’Artisan, c’est à dire en tant qu’ils sont œuvres d’art. C’est dans la seule mesure où l’on en connaît la fabrique que les êtres constituent une preuve de l’existence de l’Artisan. La connaissance de l’Artisan est d’autant plus parfaite qu’est parfaite la connaissance des univers dans leur fabrique. Et si la Révélation recommande aux hommes à considérer les univers, et les encourage à s’instruire, il est dès lors évident que l’étude désignée par ce nom de philosophie est, de par la Révélation, soit obligatoire soit recommandée. Que la Révélation nous appelle à réfléchir les univers en faisant usage de la raison et exige de nous que nous les connaissions par ce moyen, voilà qui apparaît clairement dans nombre de versets du Livre de Dieu : « Réfléchissez donc, ô vous qui êtes doués de clairvoyance », c’est là une énonciation sans équivoque montrant qu’il est obligatoire de faire usage à la fois du raisonnement rationnel et religieux [l’analogie : qiyas]. Ou par exemple l’énoncé divin : « Que n’examinent-ils le royaume des cieux et de la terre et toutes les choses que Dieu a créées » (Coran 59, 2), encouragement sans équivoque à l’examen rationnel des univers. Dieu – Exalté soit-Il – a enseigné que parmi ceux qu’Il a distingués et honorés en leur conférant cette science [la Sagesse] fut Abraham (Psl). Il dit en effet : « Nous fîmes voir à Abraham le mécanisme des cieux et de la terre afin qu’il soit au nombre de ceux qui croient fermement » (Coran 6, 75). Ou encore : « N’ont-ils point examinés les chameaux, comment ils ont été créés ? Et le ciel, comment il a été élevé ? » (Coran 88, 17-18) et d’autres innombrables versets encore ».
(NdR : Abraham était héritier des traditions mésopotamiennes, férues d’astrologie, qui adoraient le soleil, la lune et les étoiles. Lorsqu’il vit disparaître l’étoile, puis la lune, puis le soleil qu’il contemplait successivement, Abraham comprit que les astres étaient la création du Dieu unique et qu’il n’y avait nul Seigneur en dehors de lui. A noter que le récit du Coran qui suit est commun avec la tradition juive).
« Quand la nuit l’eut enveloppé de ses ombres, Abraham vit une étoile. Il s’écria : « Voici mon Dieu ! ». Lorsque l’étoile disparut, il dit : « Je ne saurais m’attacher à ce qui disparaît ». Voyant poindre la lune, il s’écria : « Voici mon Dieu ! ». Mais lorsqu’elle déclina, il dit : « Si mon Dieu ne me montre pas la bonne voie, je serais parmi les égarés ! ». Voyant le soleil se lever, il s’écria : « Celui-ci est mon Dieu, c’est le plus grand ! ». Mais quand le soleil se fut couché, il dit : « Ô mon peuple, je désavoue les associés que tu prêtes à Dieu ! En premier des croyants, je ne tourne ma face que vers le créateur des cieux et de la terre. Je n’ai rien de commun avec ceux qui lui donnent des associés » (Coran 6, 76 et suivants).
(NdR : Les traditions juives (cf. par exemple Philon d’Alexandrie, philosophe grec d’origine juive, né en 50 av. JC et décédé vers 40 ap.) et musulmanes considèrent toutes deux Abraham comme l’inventeur de la philosophie, et particulièrement de la philosophie de la nature. Il est non seulement le premier des croyants en un Dieu unique, mais aussi le premier à observer et, aidé de ses observations, à raisonner pour connaître Dieu. Ainsi, dans une discussion avec son peuple, affirma-t-il que la planète Vénus ne pouvait être considérée en tant que divinité puisqu’elle suit un trajet répétitif et qu’elle ne saurait le modifier. Elle n’est donc qu’un corps parmi d’autres.)
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