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Est-ce l'islam le responsable de la décadence de pays musulmans ?
s
4 octobre 2007 06:41
Un certain nombre de personnes se plaisent à montrer du doigt l'actuel état de décadence intellectuelle et sociale de pays majoritairement musulmans (et surtout, parmi eux, de pays arabes) et à employer ensuite tous les raccourcis possibles et imaginables pour tenter de démontrer que l'islam et ses enseignements en sont les responsables : – l'attachement des pays musulmans à un livre, le Coran, et à la Sunna, les enseignements d'un homme ayant vécu il y a de cela quatorze siècles, serait la cause de leur décadence intellectuelle et sociale ; – leur croyance en un destin déjà tracé et voulu par Dieu expliquerait leur immobilité et leur passivité face à leur sort.

Il est vrai qu'on ne peut que faire le constat, concernant des pans entiers du public des pays musulmans, d'une stagnation intellectuelle ainsi que d'une sorte de léthargie et de passivité face à leur sort. Mais il n'est, à vrai dire, pas nouveau que des personnes essaient de présenter l'islam comme étant la cause de ces deux problèmes. A son époque déjà – le début du XXème siècle – Leopold Weiss (devenu ensuite Muhammad Asad) écrivait que les "opinions fausses sur l'islam" qui "prévalaient en Occident" "pouvaient être résumées ainsi : "Le déclin des musulmans est dû principalement à l'islam qui, loin d'être une idéologie religieuse comparable au christianisme ou au judaïsme, est plutôt un mélange impur de fanatisme d'hommes du désert, de sensualité grossière, de superstition et d'un fatalisme muet empêchant ses adhérents de participer au progrès de l'humanité vers des formes sociales plus élevées ; au lieu de libérer l'esprit humain des chaînes de l'obscurantisme, l'islam les a plutôt resserrées ; en conséquence, plus vite les peuples musulmans seront émancipés des croyances et des règles sociales de l'islam pour adopter le mode de vie de l'Occident, mieux cela vaudra pour eux-mêmes et pour le reste du monde…" " (Le chemin de la Mecque, p. 176).

Mais Asad répond : "Mes observations personnelles m'avaient maintenant persuadé que l'Occidental moyen se faisait de l'islam une image extrêmement déformée. Ce que je lisais dans les pages du Coran n'était pas une conception du monde "grossièrement matérialiste" mais au contraire une intense conscience de Dieu s'exprimant dans une acceptation rationnelle de toute la nature créée par Dieu ; c'était une synthèse harmonieuse de l'intellect et des besoins des sens, des impératifs spirituels et des nécessités sociales" (p. 176). Asad poursuit ainsi : "Il me devenait évident que la décadence des musulmans n'était due à aucune insuffisance de l'islam mais bien plutôt à leur propre incapacité à le vivre pleinement. En effet ce fut l'islam qui conduisit les musulmans des premiers âges à d'extraordinaires sommets culturels (…)" (p. 177). "Ce ne furent pas les musulmans qui ont fait la grandeur de l'islam, c'est l'islam qui a fait la grandeur des musulmans. Mais dès que leur foi devint routine et eut cessé d'être un programme de vie mis consciemment en pratique, l'élan créateur qui étayait leur civilisation déclina, laissant graduellement la place à l'indolence, à la stérilité et à la décadence culturelle" (p. 179).

L'acceptation du destin et l'attachement à des textes n'impliquent normalement pas l'acceptation passive du cours des choses et la stérilité intellectuelle. En effet, l'acceptation du destin empêche de se lamenter sur les choses du passé, ce qui d'ailleurs n'engendre que perte de temps et d'énergie ; elle n'empêche ni le désir de changement quant à la situation présente ni les projets quant à l'avenir. Et puis, à côté de la croyance en le destin (al-qadr), il y a aussi en islam le concept du jihâd : ce terme n'est pas synonyme d'une entreprise militaire mais, d'une façon plus générale, désigne l'effort à fournir pour se rapprocher de la justice sociale. "C'est cet acquiescement de l'esprit musulman devant l'immutabilité de l'événement passé, cette reconnaissance que tout ce qui est arrivé devait arriver de telle manière et non autrement, c'est cela qui est si souvent et si faussement interprété par les Occidentaux comme un "fatalisme" inhérent à la mentalité islamique. Mais en réalité l'acceptation [passive] du destin par un musulman se rapporte au passé et non à l'avenir. Ce n'est pas un refus d'agir, d'espérer et de progresser, mais bien un refus de regarder une réalité passée comme autre chose qu'un acte de Dieu" (Ibid., p. 148).

De même, l'attachement à des textes n'entraîne normalement pas non plus l'immobilisme et la stérilité intellectuelle, puisque ces textes eux-mêmes prévoient explicitement que des questions nouvelles verront le jour et nécessiteront des réponses tenant compte des principes des textes mais répondant à ces nouveautés.
j
6 octobre 2007 09:32
Citation
sweltane a écrit:
Asad poursuit ainsi : "Il me devenait évident que la décadence des musulmans n'était due à aucune insuffisance de l'islam mais bien plutôt à leur propre incapacité à le vivre pleinement.

Comme il a raison cet homme !!!

A mon trés humble avis, cela provient essentiellement de la non existence d'un clergé.
En effet, la religion catholique évolue grâce aux directives du clergé qui essaye de faire coller la pratique de la religion aux évolutions du monde moderne.

Voila l'avis d'un non croyant qui respecte et s'interresse toutes les religions.
J
6 octobre 2007 13:21
Citation
sweltane a écrit:
Un certain nombre de personnes se plaisent à montrer du doigt l'actuel état de décadence intellectuelle et sociale de pays majoritairement musulmans (et surtout, parmi eux, de pays arabes) et à employer ensuite tous les raccourcis possibles et imaginables pour tenter de démontrer que l'islam et ses enseignements en sont les responsables : – l'attachement des pays musulmans à un livre, le Coran, et à la Sunna, les enseignements d'un homme ayant vécu il y a de cela quatorze siècles, serait la cause de leur décadence intellectuelle et sociale ; – leur croyance en un destin déjà tracé et voulu par Dieu expliquerait leur immobilité et leur passivité face à leur sort.

Le système islamique ressemble au système judaïque, a mon sens, on ne peut pas mener une analyse sur l'islam sans le positionner par rapport au système judaïque.
p
6 octobre 2007 14:52
sweltane

De même, l'attachement à des textes n'entraîne normalement pas non plus l'immobilisme et la stérilité intellectuelle, puisque ces textes eux-mêmes prévoient explicitement que des questions nouvelles verront le jour et nécessiteront des réponses tenant compte des principes des textes mais répondant à ces nouveautés.


Une vérité sans conteste.
m
7 octobre 2007 00:30
Au début du Xe siècle, le monde Musulmans était à son apogée : conquêtes, foisonnement intellectuel, développement d'un art de vivre inégalé... Du savon à l'anesthésie, de l'astronomie aux mathématiques, l’héritage qu'il a offert au monde occidental est immense. Un Islam tolérant et humaniste, L’islam révèle moderne, tolérant et ouvert.

Des contributions considérables:

Tous les héritages scientifiques de la Grèce , de l'Inde, de la Perse et de la Mésopotamie ont été étudiés, assimilés et appropriés par la civilisation musulmane, qui les a, à son tour, perfectionnés. Cette éclosion scientifique puissante et multiforme a considérablement enrichi des matières aussi diverses que la médecine, la géométrie, l'astronomie ou la mécanique.

Symbole de cet âge d'or, les mathématiques connurent un essor formidable. Non content d'instaurer le système de numérotation de un à neuf, encore utilisé aujourd'hui, d'investir le zéro du statut de nombre, chiffres de 0 a 9 (chiffres musulmans), les musulmans créèrent deux nouvelles disciplines, l'algèbre et la trigonométrie. Accordant également une importance capitale aux astres, ils conçurent le plus vieil outil pédagogique de l'astronomie : le globe céleste. Sur terre, comme leur religion exigeait de connaître la position de La Mecque , ils s'ingénièrent à améliorer la cartographie et inventèrent les premiers instruments permettant de se repérer dans l'espace.

Ce que les savants de l'époque appelaient "science des procédés ingénieux" étudiait les techniques permettant d'exploiter les énergies naturelles, telles que l'hydraulique ou l'éolienne, ainsi que leur prolongements mécaniques, comme l'irrigation, les moulins ou les systèmes de levage. S'intéressant aussi à la chimie, ils utilisèrent leurs résultats pour de multiples domaines de la vie quotidienne, comme la confection de fards, de cosmétiques, de médicaments, de colorants ou de teintures. Ils cherchèrent par ailleurs à améliorer le quotidien du peuple, en investissant les champs de la médecine, qui connue des améliorations substantielles, de l'hygiène et même de la diététique. Les pratiques chirurgicales furent étudiées, les structures hospitalières se développèrent, tandis que les savants se penchèrent sur la botanique, la pharmacopée, la zoologie et l'art vétérinaire.

Ainsi, les avancées des uns profitant aux autres, tous les aspects sociaux, quotidiens, ou artistiques bénéficièrent des progrès des sciences. L'architecture, par exemple, appliquait les principes de la géométrie dans ses constructions, tandis que la décoration puisait dans les mathématiques l'équilibre esthétique de ses mosaïques. La musique reprit aussi des théorèmes algébriques pour harmoniser ses sonorités (champs religieux), et... fut elle-même récupérée pour ses bienfaits thérapeutiques. Cette mélodie médicinale retentit d'une étrange modernité.

Grandeur et décadence d'une civilisation:

Après une période de conquêtes et de consolidation politique du nouvel empire, la civilisation musulmane s'est retrouvée dans une phase de prospérité matérielle et intellectuelle tout à fait exceptionnelle. L'ampleur de son territoire et l'utilisation d'une langue commune favorisa les échanges marchands et culturels, tandis que son unité géopolitique permit une stabilité propice à la recherche scientifique, et que sa richesse encouragea le développement du mécénat.

Mais surtout, et peut-être avant tout, les élites de cette civilisation gardèrent un lien étroit avec les savoirs anciens, soit par la conservation des livres, soit par la perpétuation d'enseignements ou de pratiques savantes. Ce fut donc une véritable tradition scientifique qui se mit en place dans un empire où la liberté de pensée et l'esprit de tolérance furent sans cesse soutenus et encouragés.

L'attitude culturelle de l'époque considérait d'ailleurs "la pratique scientifique comme un complément pour des sociétés ayant déjà réglé leurs problèmes matériels", explique Ahmed Djebbar, commissaire scientifique, "et à leurs yeux, les pays latins de l'époque n'avaient pas atteint le niveau de civilisation qui les aurait amenés naturellement à s'occuper de science".

Le prophète Mohamed (SAW), marquant l'année des Musulmans, et fut suivi de plus de six siècles d'épanouissement intellectuel, social, scientifique et culturel. C'est seulement à partir du XVème siècle que le processus de déclin de l'activité scientifique s'enclencha, tandis que les Européens commençaient à assimiler leur héritage avec les premières traductions latines.

La naissance de l'Islam fut en réalité un fer de lance de la modernité, accompagnée d'un esprit d'ouverture et d'une grande tolérance. Celle qui fut la civilisation du progrès, des recherches scientifiques, de l'épanouissement culturel, de la curiosité intellectuelle et de la liberté de pensée.

Donc dire que l'Islam est responsable de la décadence du monde musulman est une assertion qui est fausse.
 
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