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Enquête Depuis huit mois, Farid n'a plus d'identité
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16 mars 2007 15:29
Enquête Depuis huit mois, Farid n'a plus d'identité


FARID CHALABI se serait passé de la comparaison. Pourtant, depuis huit mois, ce père de famille né à Charleville-Mézières (Ardennes) il y a trente-deux ans, aujourd'hui installé à Saint-Etienne (Loire), se retrouve le héros d'un roman à la Kafka. Officiellement, Farid Chalabi n'existe plus.


Victime d'une usurpation d'identité, il n'a plus de carte d'identité depuis juillet dernier, et aucune administration n'a encore pu lui en délivrer de nouvelle : « Hallucinant », lâche-t-il, détaillant les péripéties de sa situation ubuesque avec autant d'humour que de désespoir. Tout commence le 18 juillet 2006. La validité de sa carte d'identité, établie il y a dix ans, arrive à expiration. « Je me suis rendu en préfecture pour la faire renouveler, muni de tous les documents nécessaires, explique ce papa de deux petites filles. Dix jours plus tard, je reçois une lettre qui me demande de rendre la carte d'identité délivrée à mon nom en mars 2001 par... la préfecture d'Ille-et-Vilaine ! Alors qu'à ce même moment j'étais en Algérie, chez mes parents, et que je n'avais jamais mis les pieds à Rennes ! » Au départ, Farid Chalabi croit à une simple erreur administrative. En réalité, le voilà victime d'une usurpation d'identité : quelqu'un est parvenu à obtenir son certificat de naissance et s'est fait établir des papiers à son nom. Convoqué par la police judiciaire au mois d'août, il apprend que ce n'est pas seulement un, mais six autres pseudo-Chalabi qui ont fait établir des papiers à son nom ! « Deux cartes d'identité et quatre passeports ont été délivrés, dans cinq départements différents, reprend Farid Chalabi. Malgré le fait que toutes ces informations soient centralisées et informatisées, aucune vérification n'a jamais été opérée et mes usurpateurs ont agi en toute tranquillité ! » Une enquête est ouverte, la CNI du véritable Farid Chalabi est saisie. « Depuis, pour tout document officiel, je n'ai qu'un bout de papier sur lequel le policier qui a pris ma plainte a inscrit ses coordonnées. Du coup, le jour où, à 20 heures, j'ai subi un contrôle d'identité, cela a duré une heure : le temps de retrouver ce policier qui n'était pas de service ce soir-là et qu'il atteste par téléphone que j'étais bien... moi ! »


« Je suis aussi victime de l'administration »


Ce n'est là que le moindre des désagréments : « J'ai toujours voté, cette année je ne pourrai pas. Ensuite, je suis passé à côté d'une très bonne opportunité professionnelle, parce que je n'avais pas de carte d'identité, déplore le technicien en maintenance informatique, pourtant si je l'avais eue, j'aurais presque doublé mon salaire ! Mais le pire, c'est pour ma mère, restée en Algérie. Elle est malade et je n'ai pas pu aller la voir l'été dernier, à cause de ça. Et pour cet été, cela me paraît encore une fois compromis... » Depuis huit mois, Farid a remué ciel et terre, multipliant les requêtes auprès du sénateur-maire, du médiateur de la République et du ministère de l'Intérieur. En vain. « Ils me répondent qu'ils n'ont pas le temps, limite en se moquant, ou qu'il me faudra m'armer de patience : au ministère de l'Intérieur, on m'a annoncé 5 000 dossiers à traiter avant le mien ! En fait, je ne suis pas seulement victime de six usurpateurs, mais aussi de l'administration elle-même ! » Pourtant, Farid Chalabi le sait : « Un simple coup de fil ou une signature du procureur de Saint-Etienne ou de Nicolas Sarkozy suffisent pour que je sorte de cette galère. » Et, comme il dit, pour qu'il « revienne à la vie ».


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