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Les enfants nés socio-culturellement pauvres, condamnés à le rester
23 décembre 2018 18:47
Sur un forum, quel qu'il soit, on échange avec des personnes d'horizons différents et qui ne sont pas forcément du même point de vue que soi.

A partir du moment où l'on a un avis bien tranché sur la question, nul besoin de poster un sujet pour en débattre ; qui plus est si c'est pour dénigrer les gens et ce qu'ils pensent.


Citation
Sézane a écrit:
Je crois bien que j'ai choisi le mauvais forum pour faire mon topic. J'aurais peut-être dû choisir de le poster sur un forum où les membres sont capables de passer outre leur propres croyances erronées et de s'ouvrir à des réalité scientifiques.
"נυgєz νσтяє яéυѕѕιтє ραя ¢є qυє νσυѕ ανєz ∂û αвαи∂σииєя ρσυя ℓ'σвтєиιя" Dalaï Lama
U
23 décembre 2018 18:48
Salam,

Oui le système scolaire est élitiste en France et même ailleurs.

Triste monde thumbs down

Citation
Sézane a écrit:
Salut les Yabis,

Un souvenir d'enfance qui m'est revenu en tête me conduit à faire ce topic.

Il n'y a pas si longtemps que ça, j'étais encore élève dans une école primaire dans le 7ème arrondissement de Paris. (pour ceux qui ne connaissent pas Paris, c'est un arrondissement très cher et exclusivement bourgeois)

Nous étions dans les débuts de l'année scolaire et ma maîtresse de CM1 était absente plusieurs jours.
Nous avons donc été dispatchés dans d'autres classes. Je me suis retrouvée dans une classe de CP où était scolarisée la petite soeur de ma meilleure amie Mariem, Yasmine.
Yasmine a passé ses journées sur l'ordinateur du fond de la classe, à jouer à des jeux.
A la première récréation, j'ai demandé à Yasmine :
- "Yasmine, pourquoi la maîtresse te met au fond de la classe sur l'ordinateur, pourquoi tu ne travailles pas ??"
- "C'est parce que je n'arrive pas à faire les exercices"

---

Quand ma maîtresse est revenue, elle s'est elle aussi mise à traiter certains élèves de notre classe différemment.
Mes camarades Lilia et Tiago qui avaient des lacunes ont vite commencé à être martyrisés par la maîtresse, un jour elle avait griffé Lilia jusqu'au sang, un autre jour elle a jeté le cartable de Tiago par la fenêtre dans la rue, un autre jour encore elle a tellement secoué Tiago qu'il en est tombé à la renverse sur ma table. Au quotidien, elle humiliait et se moquait ouvertement de Lilia et Tiago.
Pourtant, mes camarades Adrien et Hugo étaient très dissipés et faisaient ralentir la classe, mais jamais ils n'ont eu droit à la moindre humiliation ou à la moindre mise à l'écart.

Le point commun entre Yasmine, Lilia et Tiago ? Des enfants d'immigrés modestes qui avaient toute confiance en l'institution scolaire française, ce dont les maîtresses avaient connaissance.
Je précise que c'étaient les seuls élèves d'origine étrangère+modeste, dans la classe de CP et ma classe de CM1 en tout cas.

Adrien et Hugo ? Enfants de dentistes.

---

C'est donc à partir du CM1 que j'ai compris que face à des adultes qui avaient pouvoir sur moi, je devais cacher mon origine sociale, cacher le fait que je n'étais pas forcément protégée, me faire passer pour une petite fille choyée et protégée.
Dans les rédactions que nous faisions pour raconter nos vacances par exemple, je m'inventais toute une vie d'enfant aux parents présents et attentifs.
De toute ma scolarité, y compris à la fac, jamais je n'ai rempli la case "profession des parents".
Jamais je n'ai laissé des profs connaître mon origine sociale. Jamais je n'ai laissé mes parents aller aux réunions parents-profs, pour ne pas que les profs se rendent compte que mes parents n'étaient pas très instruits ou pire encore, pas du tout au courant de ce que je faisais en cours.

C'est sans le moindre doute cette stratégie qui m'a épargnée.

---

Dans une recherche sociologique récente (tout ce qu'il y a de plus sérieux), des enseignants sont confrontés par des chercheurs aux notes qu'ils attribuent à leurs élèves. Les enseignants ont été dévastés de voir que, inconsciemment, pour la même qualité de devoir ils dévalorisaient systématiquement leurs élèves pauvres d'au moins deux points.
Je vous mets cette enquête sociologique en lien dès que je remets la main dessus !


---

Pour les curieux, mon amie Mariem et sa petite soeur sont allées jusqu'au bac pro malgré qu'elles ne soient jamais parvenues à maitriser les enseignements fondamentaux.
Elles ont rapidement fondé leur foyer, à moins de 20 ans. Elle ont une haine viscérale envers l'institution scolaire et la France. Ce qui est tout à fait légitime.

Je n'ai pas de contact avec Tiago, mais de ce que je peux voir via son facebook, il a une vie précaire.

Adrien est pilote de ligne.
Hugo a fait l'X, puis a complété ses études aux états-Unis et il est data scientist dans une boite américaine.

Moi je suis prof...
Je n'ai jamais eu de parents pour me guider ou me protéger, au contraire ils étaient mes bourreaux. Mais je n'ai jamais laissé qui que ce soit savoir que personne ne se souciait de moi.
Je me suis toujours efforcée à faire croire tout l'inverse.
(et peut-être aussi ai-je eu la chance de ne pas avoir été secouée bébé et que donc mes connexions neuronales n'ont pas été abîmées, donc pas de difficultés d'apprentissage ptdr)
M
23 décembre 2018 19:08
Non un des seul trucs qui fonctionnent a peu près correctement en France c'est le milieu universitaire. Les copies sont anonymises et tous le monde est sur le même pied d’égalité.

Par contre une fois la fac terminer et le diplôme en poche, les des sont pipes et il faut soit se casser du pays, soit accepter d’être la dernière roue du carrosse qui accédera aux opportunités les moins intéressantes et qui sera toujours en dessous en terme de remuneration par rapport aux fr de "souches".
M
23 décembre 2018 19:09
Il suffit juste de voir les moyens attribués aux établissements parisiens VS ceux de banlieues. Il y a une grosse différence.

Après malheureusement des cons il y en a partout, tu peux trouver des professeurs/instituteurs très dévoués qui n'hésitent pas à aider leurs élèves plus qu'il ne le faudrait comme des ignares/racistes qui s'arrêtent aux apparences physiques et n'y mettent pas plus du leur.
a
23 décembre 2018 19:42
salam

j ai connu aussi ça
on était la seule famille de maghrébins à l école primaire + une autre fille d origine algérienne qui était fille unique
seules ma sœur, mon frère et cette fille se prenaient des claques (j y ai échappé, je faisais étrangement partie des élèves qu on aimait bien), les enseignantes étant bien assurées que nos parents ne diraient rien, eux aussi trop confiant en l institution

au collège, on orientait de manière systématique les élèves d origine maghrébine en lycée pro, qu ils aient ou non un bon niveau
ceux qui y ont échappé sont ceux qui ont refuse fermement cette orientation
ma sœur était en troisième une des têtes de classe mais ses profs ont tenté de convaincre mon père qu elle n'aurait pas sa place en général, que ce serait trop difficile pour elle et qu elle n'avait pas le bagage culturel pour suivre
23 décembre 2018 19:59
Tu sais, tu as eu raison, mais pourquoi n’eń as tu pas parlé an tes parents ou a quelqu’ pour sauver ces enfants ? Tu étais jeune je te comprend j’aurais fais pareil mais c’est triste ton message et ça fait réfléchir tu as vécu dans le mensonge et sans le racisme des origines différentes que celle de la France, en même temps tu es dans un pays chrétien et c’est un pays laïque il faut donc cacher dan religion ainsi qu’en sss origines et travailler comme tout enfant, les parents de c’est élèves immigrés n’ont ils pas vu quelque chose se tramer ?
Bref, sinon j’espere Que Dieu fera revnir la maîtresse au droit chemin car ce qu’elle a fait est juste horrible ça me rappelle un peu moins en France tout ça j’a à aussi côtoyée des adultes irrespectueux , les enfants sont tellement innocents et influençables que l’humanite se perd , inchallah Dieu nous mettra au Paradis nous musulmans croyants.
Citation
Sézane a écrit:
Salut les Yabis,

Un souvenir d'enfance qui m'est revenu en tête me conduit à faire ce topic.

Il n'y a pas si longtemps que ça, j'étais encore élève dans une école primaire dans le 7ème arrondissement de Paris. (pour ceux qui ne connaissent pas Paris, c'est un arrondissement très cher et exclusivement bourgeois)

Nous étions dans les débuts de l'année scolaire et ma maîtresse de CM1 était absente plusieurs jours.
Nous avons donc été dispatchés dans d'autres classes. Je me suis retrouvée dans une classe de CP où était scolarisée la petite soeur de ma meilleure amie Mariem, Yasmine.
Yasmine a passé ses journées sur l'ordinateur du fond de la classe, à jouer à des jeux.
A la première récréation, j'ai demandé à Yasmine :
- "Yasmine, pourquoi la maîtresse te met au fond de la classe sur l'ordinateur, pourquoi tu ne travailles pas ??"
- "C'est parce que je n'arrive pas à faire les exercices"

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Quand ma maîtresse est revenue, elle s'est elle aussi mise à traiter certains élèves de notre classe différemment.
Mes camarades Lilia et Tiago qui avaient des lacunes ont vite commencé à être martyrisés par la maîtresse, un jour elle avait griffé Lilia jusqu'au sang, un autre jour elle a jeté le cartable de Tiago par la fenêtre dans la rue, un autre jour encore elle a tellement secoué Tiago qu'il en est tombé à la renverse sur ma table. Au quotidien, elle humiliait et se moquait ouvertement de Lilia et Tiago.
Pourtant, mes camarades Adrien et Hugo étaient très dissipés et faisaient ralentir la classe, mais jamais ils n'ont eu droit à la moindre humiliation ou à la moindre mise à l'écart.

Le point commun entre Yasmine, Lilia et Tiago ? Des enfants d'immigrés modestes qui avaient toute confiance en l'institution scolaire française, ce dont les maîtresses avaient connaissance.
Je précise que c'étaient les seuls élèves d'origine étrangère+modeste, dans la classe de CP et ma classe de CM1 en tout cas.

Adrien et Hugo ? Enfants de dentistes.

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C'est donc à partir du CM1 que j'ai compris que face à des adultes qui avaient pouvoir sur moi, je devais cacher mon origine sociale, cacher le fait que je n'étais pas forcément protégée, me faire passer pour une petite fille choyée et protégée.
Dans les rédactions que nous faisions pour raconter nos vacances par exemple, je m'inventais toute une vie d'enfant aux parents présents et attentifs.
De toute ma scolarité, y compris à la fac, jamais je n'ai rempli la case "profession des parents".
Jamais je n'ai laissé des profs connaître mon origine sociale. Jamais je n'ai laissé mes parents aller aux réunions parents-profs, pour ne pas que les profs se rendent compte que mes parents n'étaient pas très instruits ou pire encore, pas du tout au courant de ce que je faisais en cours.

C'est sans le moindre doute cette stratégie qui m'a épargnée.

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Dans une recherche sociologique récente (tout ce qu'il y a de plus sérieux), des enseignants sont confrontés par des chercheurs aux notes qu'ils attribuent à leurs élèves. Les enseignants ont été dévastés de voir que, inconsciemment, pour la même qualité de devoir ils dévalorisaient systématiquement leurs élèves pauvres d'au moins deux points.
Je vous mets cette enquête sociologique en lien dès que je remets la main dessus !


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Pour les curieux, mon amie Mariem et sa petite soeur sont allées jusqu'au bac pro malgré qu'elles ne soient jamais parvenues à maitriser les enseignements fondamentaux.
Elles ont rapidement fondé leur foyer, à moins de 20 ans. Elle ont une haine viscérale envers l'institution scolaire et la France. Ce qui est tout à fait légitime.

Je n'ai pas de contact avec Tiago, mais de ce que je peux voir via son facebook, il a une vie précaire.

Adrien est pilote de ligne.
Hugo a fait l'X, puis a complété ses études aux états-Unis et il est data scientist dans une boite américaine.

Moi je suis prof...
Je n'ai jamais eu de parents pour me guider ou me protéger, au contraire ils étaient mes bourreaux. Mais je n'ai jamais laissé qui que ce soit savoir que personne ne se souciait de moi.
Je me suis toujours efforcée à faire croire tout l'inverse.
(et peut-être aussi ai-je eu la chance de ne pas avoir été secouée bébé et que donc mes connexions neuronales n'ont pas été abîmées, donc pas de difficultés d'apprentissage ptdr)
a
23 décembre 2018 20:04
fin des années 80/début années 90, on avait des instits comme elle
claques, coups sur la tête avec des livres, oreilles ou cheveux tirés, ... et même une fois, une d elle a baissé le pantalon d un élève de cm1 pour lui mettre une fessée
c était toujours les mêmes qui ramassaient


Citation
Talin a écrit:
...la prof dont tu parles est une folle violente. Une prof qui griffe jusqu'au sang un élève ou jette son cartable par la fenêtre (??) ne serait normalement pas restée en poste il y a même 30 ans ...c'était dans une école publique?
23 décembre 2018 20:09
Que dire de ceux qui ont grandit dans la précarité et qui ont suivit une courte et médiocre scolarité dans l'école de leur ZUP ou les élèves ont tous le même profil désavantagé
f
23 décembre 2018 21:50
Salam

Je me permets d'intervenir car je ne suis pas totalement d'accord avec ce que vous dites.
Après peut-etre que Paris c'est différent...
Mais moi dans les différentes écoles que j'ai frequenté je n'ai jamais vu ou ressentis cela. J'ai fait de longues etudes mes freres et soeurs aussi alors que nos parents allaient au reunion avec un français limité.
Et de même en ce qui concerne mes anciens camarades de classes. Il y a de nombreux ingénieurs, prof, avocats et medecins.

Même si ce que vous dites est vrai je ne pense pas que ca puisse avoir un enorme impact. Comme vous le dites inconsciemment ils mettent 2 points de moins donc un éleves bon, correct ou moyen se verra plus ou moins ds la mm case. Apres pour ceux qio sont en difficultés c est vrai que ca ne les encouragent pas à faire des efforts donc à la limite ca demotivent certains mais pas tous.
Et apres une fois arrivé à la fac les copies sont anonymes et la discrimination est moins flagrante.
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