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Aux enfants de la patrie… conversation autour de l'identité nationale
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18 décembre 2009 10:42
Aux enfants de la patrie… conversation autour de l'identité nationale, par Malika Hsino
LEMONDE.FR | 17.12.09 | 17h49

Samedi soir, un ami me demande ce que c'est pour moi l'identité nationale. Jusqu'à présent je m'étais dit que le premier qui oserait la question se prendrait une gifle certaine. Mais j'aime beaucoup Atik, et comme il préparait son grand oral pour le barreau de Paris, j'ai pris la peine de lui expliquer que si chez moi se présentait un individu me proposant que mes filles et moi nous débattions de l'identité de notre famille (oui, nous sommes une famille décomposée, mais une famille quand même, et oui on peut se permettre l'idée que la famille est la première cellule qui fonde la cité et donc comparer l'identité nationale à l'identité familiale), j'y réfléchirai à deux fois.

Cela remettrait en cause l'idée même de la famille (nation) puisque : "qu'est-ce que la famille ?" (qu'est-ce que l'identité nationale ?) induit qu'on pourrait la redéfinir aux convenances de chacun.

Appelons mes cellules reproduites, Enfant Un et Enfant Deux dans l'ordre d'arrivée. Il semble qu'Enfant Un, plus grande et plus forte qu'Enfant Deux, pourrait s'imaginer pouvoir prendre de force les jouets tant convoités (un bon coup de poing sur le nez est plus rapide qu'une conversation). Enfant Deux pourrait proposer un changement radical de son alimentation (au hasard moins de légumes et plus de sucres), et Enfants Un et Deux remettre en cause les horaires du coucher. Mieux, Enfant Un pense parfois qu'il vaudrait mieux qu'Enfant Deux soit expulsé des bras de sa mère pour lui faire plus de place.

Depuis sept et cinq ans c'est parce que je m'efforce chaque jour de ne pas leurs donner d'autre choix que de se respecter, de s'accepter dans leurs différence, de vivre ensemble, que je fonde ma famille.

Rien n'est moins inné que le respect de l'autre. C'est d'ailleurs mon travail de Marianne que d'éduquer, civiliser mes chères petites têtes blondes (brunes en l'occurrence). Aucune évidence pour elles à partager l'espace, attendre son tour… Je répète inlassablement à mes enfants que c'est parce que nous sommes une famille (une nation), qu'il faut nous respecter mais aussi nous supporter. Je ne leur donne pas le choix : aidez-vous, aimez-vous, respectez-vous ! Si elles ne respectent pas les lois elles sont punies et non pas bannies. (Non, la Marianne que je suis ne ferait pas ça). Ainsi jour après jour nous apprenons à être une famille et donc à jouir de ce qu'elle apporte : la sécurité, la reconnaissance, le confort, le respect. Mon pays à moi est joyeux, créatif, il sait évoluer selon les besoins de chacun… Mon pays à moi bien sûr connaît des crises mais c'est par l'assurance que la place de chacun y est préservé que nous les dépassons.
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18 décembre 2009 10:43
Vous m'avez comprise, nous les enfants de la patrie voulons un gouvernement responsable qui nous dise avec force que nous sommes la famille France ; et qu'en France, on est français ! Qu'il nous est interdit de ne pas le penser, que cette idée de nation n'est pas un concept changeant qu'on pourrait remettre en cause. Et quand bien même la famille France est en crise, que le père est au chômage, la mère dépressive et les enfants en échec scolaire, le juge des affaires familiales l'aidera en les rassemblant, en ne remettant jamais en cause l'identité nationale de la famille France. Parce que c'est son nom. Et qu'un père qui renierait ses enfants de la République se verrait retirer la garde de ceux-ci… Dangereux présage…

Vous me direz : — et les enfants adoptés ? — Eux… On pourrait s'en séparer peut-être s'ils sont vilains ? — Eh bien, non. On ne peut pas non plus. On n'abandonne pas ses enfants. Ni ceux de son propre sang bleu-blanc-rouge, ni ses enfants adoptés tardivement et qui mettent du temps à se sentir chez eux, cherchant encore leur famille d'origine sans savoir qu'ils ne la retrouveront jamais. La France est notre pays. Français est notre identité nationale. N'en déplaise à certain, France est notre nom de famille. Et on va le garder, on n'en a pas d'autre.

Ainsi donc, si un individu se présentait à ma porte et me demandait d'ouvrir le débat dans ma maison, je ne lui dirai pas : "Casse-toi pauv'…" Non, l'école publique laïque de mon pays a fait du bon boulot ; je lui dirais : "Passez votre chemin et n'apportez pas la destruction, la haine et le conflit dans ma maison."

Je chercherai de meilleures solutions pour résoudre les problèmes de chômage de papa, la dépression de maman et changer les résultats scolaires de mes frères et sœurs…

Oui, je ferais ça. Parce que j'aime ma famille. Et que j'aimerais bien qu'elle ne me demande pas qui je suis. Je suis ce que je suis. Je suis bien plus que mon identité nationale. Notre identité nationale doute-t-elle tant d'elle-même pour me demander à moi qui nous sommes ? Allons enfants de la patrie… ce soir, pas de discussion. Une soupe et au lit.

Malika Hsino est auteur de la pièce de théâtre Les Boucs… provisoirement émissaires.
 
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