AFP - Grenoble. Une femme de ménage employée par la ville de Meylan (Isère) a été suspendue de ses fonctions le 13 novembre au retour d'un congé maternité, car elle portait un foulard islamique "incompatible avec son travail dans un établissement scolaire", a indiqué lundi la mairie. "Notre analyse des règles afférentes à la laïcité nous a conduit à suspendre cet agent pour tenue incompatible avec le statut de fonctionnaire et le travail avec les enfants", a indiqué l'adjoint chargé de l'administration générale, Damien Guiguet.
Selon lui, cette femme continue toutefois à percevoir la totalité de son traitement et n'est pénalisée en rien jusqu'en mars, date à laquelle un conseil de discipline du centre de gestion de la fonction publique territoriale rendra un avis concernant une éventuelle sanction.
La mairie UMP de Meylan avait convoqué l'agent le 23 juillet pour discuter de sa reprise de travail prévue le 13 novembre. Il lui avait alors été signifiée oralement : "il faudra que vous retiriez votre voile", un avertissement qui avait également fait l'objet de deux courriers.
Mais Mme Abla ben Traifa avait répondu : "il m'est impossible de retirer mon voile, ce serait une atteinte à ma vie privée et ma religion, mais je suis prête à accepter de changer de fonctions pour ne plus être en contact avec le public, par exemple faire la plonge à la cantine au lieu de servir", a indiqué son avocat Me Thierry Aldeguer.
A son retour, l'agent s'était présentée à son poste la tête couverte d'un foulard laissant seul dégagé l'ovale de son visage. Sur place, le chef de la police municipale, le responsable des ressources humaines et le responsable des affaires scolaires de la mairie ont constaté les faits et lui ont demandé de rentrer chez elle. "Il faut justifier d'une faute grave pour être suspendu, le port d'un foulard est-il une faute grave ?" demande l'avocat.
"De plus, tant qu'elle n'a pas repris ses fonctions, de facto elle n'a pas porté atteinte à la neutralité et au principe de laïcité" argumente t-il en estimant que "c'est la première fois qu'on applique le principe de laïcité à des fonctionnaires d'exécution".