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Émigration clandestine. Le calvaire des harragate
6 septembre 2005 21:40
Elles partagent le rêve de l’Eldorado avec leurs compagnons de patera, subissent leur lot de tragédie mais vendent souvent leur chair pour monter à bord. Reportage d’un drame qui se féminise aussi.


Monique est Ghanéenne. Émigrée clandestine, elle a réussi à joindre Tanger au prix de mille astuces, dont bien entendu, la moindre, fut de vendre soncorps à plusieurs reprises à des chauffeurs de camion sans scrupule.
Cette ancienne bonne de trente quatre ans a échappé par miracle à la rafle opérée il y a un mois de cela à Rabat. Quelques 188 émigrés subsahariens clandestins ont été appréhendés à Rabat dans la nuit du 1er février 2005. Cinquante femmes et deux enfants faisaient partie du lot. "Les policiers ont débarqué au Douar Hadja, situé dans la banlieue rbatie en pleine nuit, armés de gourdins. On croyait qu’ils allaient nous tabasser. Heureusement, ils n’ont pas fouillé la baraque dans laquelle nous étions cachés, moi et quatre autres clandestins. Face à la hargne des policiers, je crois que même ma carte de réfugiée, délivrée par le HCR n’aurait servi à rien !"
Le regard perdu, elle se rappelle "Imaginez, nous étions 37 dont 16 femmes sans compter les enfants. Quand nous sommes arrivés à Rabat, nous n’étions plus que 12, dont quatre femmes. Quelques-uns de mes compagnons ont été arrêtés aux frontières, d’autres ont péri dans le désert et la plupart des femmes ont été violées, ou plus, séquestrées pour les intégrer dans les circuits de la prostitution". Elle explique d’ailleurs que les femmes sont plus en danger parce qu’elles font l’objet de convoitises sexuelles, en plus.
Aujourd’hui, volontairement enfermée pour des raisons de sécurité, elle ne sort pratiquement jamais et partage une chambre misérable dans la vieille médina à quelques mètres du bâtiment de la légation américaine. Moyennant un loyer quotidien de 30 dh, elle a droit à un lit à condition de ne pas sortir. Elle a eu la chance de rencontrer deux Marocaines qui partagent le même rêve, celui de rejoindre l’Eldorado européen au plus vite.
Cette rencontre lui permet de limiter au maximum ses déplacements puisque ses amies d’infortune se chargent d’aller chercher la nourriture. Elle a perdu pratiquement tout ce qu’elle avait dans la traversée du désert algérien, il lui reste juste quelques gros billets en euros qu’elle avait réussi à cacher dans ses parties intimes. Monique n’est pas la seule à tenter l’aventure, d’autres venues du Niger, du Nigeria, du Zaïre, du Cameroun, du Sénégal, du Burkina-Faso... mais également des régions pauvres du Maroc, ont fait cette traversée du désert exténuante pour débarquer dans le nord du pays, au plus près de l’Eldorado.
"Nous crevons de faim et personne ne se soucie de nous. La misère touche notre région plus qu’ailleurs et personne ne bouge le petit doigt pour faire quelque chose pour nous", raconte cette jeune femme originaire des montagnes d’El Hajeb. Mère de quatre enfants qu’elle a laissés à sa mère, elle a débarqué à Tanger il y a deux ans de cela. Au fur et mesure que les mois se sont écoulés, la traversée du détroit est devenue de plus en plus hypothétique et le maigre pécule résultant de la vente d’un lopin de terre est parti en fumée. Résultat, Zhor se sent pratiquement interdite de retour "Je n’ai plus le courage de revenir auprès de ma famille. Depuis le jour où mon mari a déserté le foyer, toute la famille a mis ses espoirs dans ce voyage. Pour eux, aujourd’hui, je dois me trouver quelque part en Europe en train de faire fortune" rappelle-t-elle entre deux sanglots. Ce que Zhor ne dit pas, c’est qu’elle est contrainte de faire le trottoir dans des conditions proches de l’esclavage.
Pour la plupart des candidates au départ, c’est le seul créneau en dehors du travail domestique qui permet de survivre en Europe. Celles auxquelles la chance sourit et qui auront à poursuivre l’impossible traversée du détroit, en compagnie bien sûr de passeurs dont l’intention n’est, naturellement, autre que celle d’exploiter leurs corps, se retrouvent installées irrémédiablement sur le chemin sans retour de la prostitution.
C’est ce qui ressort d’ailleurs de la plupart des rapports effectués sur cette question par la société civile européenne. Le rapport "Femme, immigration et travail" réalisé par l’association "IOÉ au profit du gouvernement espagnol l’année dernière est édifiant à cet égard. Cette étude fait état d’un grand nombre de femmes marocaines qui vivent en quasi-état d'esclavage sexuel en Espagne. Choquées par la cruauté de cette réalité, les autorités espagnoles avaient d’ailleurs décidé de ne pas rendre publics les résultats de cette enquête.
L’émigration clandestine au féminin, voilà un phénomène qui prend aujourd’hui, de l’avis des spécialistes, des proportions alarmantes. Une partie des migrantes subsahariennes qui ont survécu aux dures traversées du désert se concentrent dans des abris de fortune au fin fond des forêts de Mesnana à Tanger, de Belyounech à Tétouan et de Gourougou à Nador. Particulièrement réprimées comme leurs compatriotes masculins, les femmes n’ont que le choix de la clandestinité. Même les taxis ont consigne de ne pas embarquer des ressortissants sub-africains, "C’est pour empêcher qu’ils circulent en toute liberté car ils traînent avec eux toutes sortes de maladies !" explique, la conscience tranquille, ce vieux policier.
Au niveau de Tanger et de Tétouan, ces prétendantes au "paradis" se comptent par centaines. Comme les autorités ne disposent pas de chiffres officiels, d’une manière globale, il reste difficile d’estimer le phénomène au féminin. Pour ce policier affecté dans le village de Fnideq, situé à quelques kilomètres de Sebta, la tendance est d’autant plus difficile à cerner que les femmes, surtout les Marocaines, qui sont installées dans une logique d’émigration se coulent plus facilement dans la population. Il y en a qui se font engager comme bonnes au sein de familles locales, d’autres font le plus vieux métier du monde et les plus chanceuses vivent en concubinage avec les nombreux célibataires que comptent les différents corps d’autorité affectés dans la région. Le phénomène s’est accentué principalement pendant la dernière décennie durant laquelle la police a été pendant trop longtemps occupée à pourchasser les réseaux terroristes, ne faisant plus attention aux flux migratoires massifs.
En fait, si les premiers flux de populations à destination de l’Europe ont été enregistrés au début des années 80, et ce, en raison essentiellement de la sécheresse et des difficultés financières qui sévissaient aussi bien dans des régions comme la Chaouia ou les Sraghnas ou plus bas, dans les régions sahéliennes, le phénomène de l’émigration clandestine féminine est plus récent. Il y a juste une décennie, il était pratiquement impossible de trouver une femme dans la cohorte des candidats à l’exil doré.
Face à la recrudescence du phénomène, Khalid Jemmah, le président de l’Association des amis et des familles des victimes de l’émigration tente une explication. Il assure que le phénomène est en hausse constante. Pour lui, "il s’agit d’une tendance relativement nouvelle puisqu’il y a à peine dix ans, il était pratiquement impossible de dénicher une femme parmi les harraga. Aujourd’hui, la pression de la pauvreté est telle que des femmes, parfois enceintes ou même accompagnées de leurs enfants tentent la traversée. De plus, le changement des mentalités dans le Maroc profond a fait que l’homme n’a plus l’exclusivité de subvenir aux besoins de sa famille".
"Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu’il craint", la fameuse maxime de Montaigne s’applique à merveille à ces candidates solidaires de leurs compatriotes mâles, attendant fébrilement la nuit propice pour braver la mer dans des embarcations de fortune.
Sauf que si, ici, on se fiche royalement de leur condition, de l’autre côté de la Méditerranéenne, en plein eldorado, ils sont désormais attendus de pied ferme. Dixit le ministre français de l’Intérieur. Interrogé sur le rapport de la commission du Conseil de l’Europe le samedi 26 février 2005, sur France-inter, Dominique de Villepin, s’est longuement étalé sur les projets de l’Europe en matière d’immigration clandestine.
Au menu, la création d’un office de lutte contre le travail illégal, d’une police de l’immigration, d’un service central de l’immigration. Un tout répressif qui ne s’attaque jamais aux problèmes de fond et qui ignore totalement le calvaire féminin en la matière. Le deuxième sexe est oublié, même dans le drame.



Prostitution forcée. Les chiffres de la honte

Le rapport commandé en 2003 par le gouvernement espagnol au collectif "IOÉ" est basé sur des statistiques officielles de la Garde civile espagnole et porte sur plus de 150.000 femmes immigrées exerçant la prostitution et dont plus de 10% sont marocaines. L'étude du groupe IOÉ insiste sur le fait que la plupart des Marocaines sont obligées de se prostituer dans des motels sur les autoroutes espagnoles. Le document a exploré tous les secteurs d'activité : travail domestique, service de nettoyage, hôtellerie, administration, professions libérales et prostitution.
Journées de travail de quatorze heures, salaires de 76% inférieurs à celui des Espagnoles, prostitution intensive, dans toutes ces activités, les enquêteurs qui ont signalé des abus et des discriminations, vont jusqu’à qualifier d’esclavagistes ces pratiques.
D’une manière générale le secteur de la prostitution occupe beaucoup de femmes immigrées clandestines du fait qu’elles restent taillables et corvéables à merci. L’actualité des réseaux de prostitution européens où sont impliquées des Marocaines fait souvent l’objet d’une attention toute particulière d’ONG espagnoles comme L’IOÉ ou l’ACSUR. Des ONG qui s’accordent à reconnaître que les réseaux abusent ainsi de la vulnérabilité de ces immigrées clandestines en raison de la féminisation de la pauvreté et surtout de la difficulté de trouver du travail. La vulnérabilité quand elle est aggravée par un séjour illégal contraint ainsi un nombre non négligeable de femmes à travailler au noir, ou pire à s’adonner à la prostitution.

Source : [www.telquel-online.com]



Voilà un article que je juge intéressant et non pas celui de la Gazette qui reste dans le flou et l'imagé puis que celui-ci va la rencontre de ces femmes que tout le monde condamne sans leur donner la parole... Chose faite dans cet article et je leur rends hommage pour leur courage, sacrifice...

N'oubliez pas, se prostituer est une façon de se suicider ou mourir à petits feux...


Môh Tsu
m
6 septembre 2005 22:34
Maroc, terminus noir
LE MONDE | 03.09.05 | 13h53 • Mis à jour le 03.09.05 | 14h48


Au Maroc, certains les traitent de "négros" , azi , en arabe dialectal. D'autres, moins nombreux, citent le Coran et parlent des "enfants de la route" (abna essabil ). A Oujda, ville frontalière au nord-est du royaume chérifien, à moins de 15 km de l'Algérie, on n'a guère pitié de ces clandestins subsahariens venus du Mali, du Nigeria, de Guinée ou de Sierra Leone, avec l'espoir ­ de plus en plus souvent déçu ­ d'atteindre l'Europe.

Depuis les accords passés ces derniers temps avec l'UE, la route de l'exil est devenue un cul-de-sac. Et la prison remplace souvent le centre de rétention. "Dès notre arrivée à Oujda, la police nous a arrêtés. On est restés quatre jours enfermés. Sans rien à manger. On buvait l'eau de la douche ­ la seule de toute la prison", raconte Williame Kouame, un Ivoirien de 22 ans. "On était 37 dans une même cellule : 36 hommes, plus Nina" , ajoute-t-il, désignant sa jeune épouse assise sur une couverture sur le sol. Nina Kouame a 20 ans. A Bouaké, elle était coiffeuse.

Quand les rebelles antigouvernementaux prennent la ville à l'automne 2002, Williame et Nina, dont les parents ont été tués, décident de quitter la Côte d'Ivoire avec un copain, Joël Jackson. Joël prétend avoir 18 ans. Il en paraît 16. Son père était gendarme. "On s'est dit qu'une fois au Maroc, ce serait comme d'être en Europe : il n'y aurait plus qu'un pas à faire. On pensait trouver le HCR ou l'Unicef."

En fait d'Europe, les voilà tous coincés au milieu du gué. Sans un dirham en poche. Entre les bandits et la soldatesque rencontrés, les trois amis se sont fait piller jusqu'à leurs derniers biens. "Même ma photocopie du baccalauréat, ils l'ont prise ! On est revenu à zéro, comme des bébés" , s'indigne encore Williame, sanglots dans la voix. C'est la deuxième fois qu'ils se font refouler par la police marocaine jusqu'à la frontière algérienne. La troisième fois qu'ils reviennent à Oujda. Encore ont-ils eu de la chance. Dans cet enfer désertique baptisé "la maison du diable" , un vaste no man's land à cheval sur le Mali et l'Algérie devenu, selon Williame, "un grand cimetière de Noirs" , nombre de migrants sont morts de soif et de faim. Viols, bastonnades, arnaques et racket sont le lot commun des "enfants de la route" .

Williame, Nina et Joël paraissent fatigués, mais à peu près en bonne santé ­ à l'instar de leurs compagnons d'infortune, une centaine de personnes, des hommes surtout et quelques femmes, certaines avec enfant ou nourrisson, échoués là, dans un coin du campus de l'université, avec leurs maigres baluchons posés au milieu des ordures. La veille, les Ivoiriens ont mangé un peu de pain. "Certains commerçants, gentils, font crédit et nous donnent de l'eau." La seule alternative, c'est d'aller mendier au marché ou à la sortie des mosquées. "On ne peut rien faire d'autr e. Le travail, c'est pour les Marocains d'abord" , constate Elimane, un malabar au tee-shirt poussiéreux, qui se dit natif de Guinée. Le terrain de sport que les clandestins ont squatté, entre la cité universitaire et la faculté de sciences juridiques, est écrasé de soleil. Les quelques arbres qui y poussaient ont servi de bois de chauffage. Fin juillet, quelques jours avant que l'université se vide de ses derniers étudiants, les autorités ont ordonné que le mur entourant le terrain des squatters soit surélevé et que toutes les issues ­ sauf une ­ soient bouchées. Les campeurs indésirables ont compris le message. Avant que la police ne vienne les rafler, la plupart sont partis se cacher dans les forêts alentour.

"Les difficultés que pose la traversée du détroit de Gibraltar transforment le Maroc, et, en particulier, les régions du Nord et du Nord-Est ainsi que les provinces sahariennes en escale permanente" , constate l'universitaire Mohamed Khachani, dans Les Marocains d'ailleurs, la question migratoire à l'épreuve du partenariat euro-marocain (édité en 2004 par l'Association marocaine d'études et de recherches sur les migrations). Naguère terre d'émigration et de transit, le Maroc a "tendance à devenir un pays d'immigration" , souligne le chercheur. Le basculement date de 2003 : cette année-là, "pour la première fois" , le nombre des migrants subsahariens interpellés (23 851 personnes) "a dépassé celui des nationaux" (12 400 personnes), explique le professeur Khachani, citant les chiffres du ministère marocain de l'intérieur.

Plus nombreux que par le passé à rêver de gagner l'Europe, les migrants subsahariens sont aussi plus nombreux, désormais, à se retrouver bloqués au sud de la Méditerranée. Certains tentent donc désormais de se fixer en Afrique du Nord. "Sans que l'on puisse connaître avec exactitude le nombre d'irréguliers qui parviennent à traverser la Méditerranée (soit par les côtes marocaines, tunisiennes ou libyennes), ou à passer par l'Atlantique en transitant des côtes sud-marocaines vers les Canaries, il apparaît, selon les chiffres des autorités espagnoles et marocaines, que le nombre des migrants en situation irrégulière arrêtés par les unes et les autres a fléchi en 2004, par rapport à 2003" , rapporte, dans une étude publiée en mars par la Commission européenne, Mehdi Lahlou, professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (Insea) de Rabat.

Ce "net reflux" serait la conséquence de l'"effic acité des systèmes de contrôle" installés des deux côtés de la Méditerranée, indique-t-il. Le nombre de "pateras" (grandes barques à moteur) saisies "s'élève à 740 en 2004 contre 942 en 2003, une baisse de 21 %" , tandis que les disparus seraient "deux fois moins nombreux" . La mise en place progressive, à partir de 2002, le long des côtes espagnoles, îles Canaries incluses, du Système intégré de vigilance extérieure (SIVE) ­ dispositif impressionnant, évalué à 260 millions d'euros, comprenant 25 stations de détection, une douzaine de radars mobiles et quelques dizaines d'unités de patrouilleurs ­ explique, en partie, cette inflexion.

Sous la pression de l'Union européenne (UE), les pays maghrébins, Libye en tête, sont en passe de devenir de véritables souricières pour les Subsahariens. Soucieuse de se doter d'un "cordon sanitaire" anti-immigration, l'UE a eu, dès le début des années 1990, l'idée de créer, au Maghreb, des centres d'accueil pour migrants, rappelle Mehdi Lahlou. A charge, pour ces "Etats-tampons", de trier le bon grain de l'ivraie clandestine et de réadmettre, sur leur sol, les immigrés illégaux renvoyés d'Europe. Ce que fait déjà, avec diligence, la Libye du colonel Khadafi, signataire d'accords en ce sens avec l'Italie de Silvio Berlusconi (Le Monde du 6 juin). Le Maroc n'en est pas là. Mais 5 charters à destination du Nigeria n'en ont pas moins été affrétés, entre novembre 2004 et mars 2005, pour renvoyer vers Lagos quelques centaines d'irréguliers. Une loi "relative à l'entrée et au séjour des étrangers, à l'émigration et l'immigration irrégulières" a été promulguée, en novembre 2003, à Rabat, qui punit sévèrement les contrevenants. En Algérie, il y aurait aujourd'hui, selon l'universitaire algérien Ali Ben Saad, entre 500 000 et 600 000 immigrés en provenance de pays subsahariens. Logique, note le professeur Lahlou, puisque "85 % à 95 % des migrants qui transitent par le Maroc" ou qui s'y trouvent clandestinement "y auraient accédé par la frontière algérienne" .

Certaines villes d'Algérie, comme Tamanrasset ou Maghnia, ont vu leur population augmenter de manière considérable, devenant le carrefour de multiples trafics ­ prostitution comprise. "La région d'Oujda et de Berkane est l'une des plus pauvres du Maroc. Ici, même la miette de miette de travail, les Subsahariens ne l'ont pas" , soupire Jelloul Araj, homme de théâtre et ex-syndicaliste, cofondateur de Mountada Rihab, une association qui milite pour " la culture, la solidarité et le développement" . Il est l'un des rares, avec le père Joseph Lépine, le curé de l'église d'Oujda, à entretenir des rapports réguliers avec les Africains du campus ­ qui ont été jusqu'à 600 à s'y entasser durant ces deux dernières années. Il connaît leurs terribles histoires. Comme celle de cette jeune Nigériane, prise en charge in extremis par une organisation humanitaire en mission à Oujda. "Avant son départ, elle et sa famille avaient passé contrat avec les trafiquants", raconte Jelloul Araj. Les proches avaient réglé une part du voyage. "Elle-même s'était engagée à payer la sienne en se prostituant en Europe. La troisième part, c'est l'enfant qu'elle a mis au monde en chemin qui devait l'apporter : si personne n'était intervenu, il aurait été vendu dans un réseau d'adoption." Abracadabrant ? Pas plus que les combines et escroqueries diverses auxquelles les uns et les autres se livrent.

Rodrigue Sonor, 24 ans, de nationalité gabonaise, est l'un des responsables du Cercle des étudiants africains du sud-Sahara à Oujda (Cetaso). Il raconte comment "les Zaïrois -aujourd'hui Congolais-RDC-, spécialistes des faux papiers" arrivent à obtenir "jusqu'à 150 euros" des Subsahariens clandestins en échange d'un faux passeport et d'un billet de train pour Rabat. Les vrais papiers d'identité se monnaient évidemment plus cher. Les retraits à la Western Union, l'établissement spécialisé dans les transferts de fonds, sont aussi l'objet de racket : le clandestin qui n'a souvent plus de papiers est contraint, s'il veut toucher le pécule envoyé par les siens, de passer par un tiers en règle. Lequel va évidemment prélever son pourcentage...

"Certains étudiants succombent à l'attrait de l'argent" , regrette Rodrigue Sonor. Depuis quatre ans qu'il vit légalement à Oujda, les choses ont bien changé. "Avant, les Marocains nous respectaient. Maintenant, ils nous mettent dans le même panier que les clandestins" , regrette-t-il. Les chauffeurs de taxi eux-mêmes refusent désormais de prendre les clients noirs irréguliers. "Pour monter dans un train ou un bus, il faut avoir maintenant au moins quatre pièces d'identité ­ la carte de séjour, le certificat d'inscription à la fac, etc. Il faut, en plus, faire preuve de beaucoup de patience et de tact" , ajoute, elliptique, le jeune étudiant noir.

A Oujda comme ailleurs, dans l'esprit du Marocain moyen, "l'inquiétude tend à remplacer la tolérance" , note Mehdi Lahlou. Récemment, un groupe d'étudiants maghrébins a tenté, "sans grand succès" , assure Jelloul Araj, d'organiser une manifestation contre les squatters africains du campus, accusés de tous les maux du royaume. Et le président du conseil des oulémas a dénoncé, en public, la présence des migrants subsahariens, présumés parasites et mangeurs du pain marocain.

Jusque dans les milieux associatifs, excepté l'Association des amis et familles des victimes de l'immigration clandestine, créée en 2001, à Khouribga, l'indifférence ou l'ignorance semble la règle. "Lors d'un rassemblement, j'ai entendu la responsable d'une association de protection de l'environnement accuser les Subsahariens d'avoir détruit notre patrimoine écologique et de manger des singes ! Cela m'a mis hors de moi" , témoigne Najib Bachiri, président de l'association Homme et environnement installée à Berkane.

Sans doute les choses s'amélioreront-elles peu à peu. La chaîne de télévision marocaine 2M a diffusé, dès 1998, un premier reportage, en langue arabe, sur les migrants de la forêt de Gourougou, près de Nador, réalisé par Mohamed Khatem. Deux autres documentaires ont suivi, Errances africaines de Reda Benjelloun, en février 2004, et A la vie, à la mort de Salhoua Jaafari, en janvier 2005 ­ tourné dans les îles Canaries avec la garde civile espagnole.

Les Canaries, Moussa le Nigérian y songe. "En partant de Layoune, ça coûte 800 euros" , explique-t-il dans un mauvais anglais. "M ais c'est beaucoup plus long et beaucoup plus dangereux que par Gibralta r." Caché depuis quelques mois dans les environs de Berkane, Moussa finira sans doute par "réessayer Melilla" -l'enclave espagnole, à l'extrême nord du Maroc-, bien que le tarif ­ "1 200 euros" ­ ait beaucoup augmenté. Moussa ignore que face à la surveillance accrue, la plupart des passeurs ne montent plus à bord des pateras. Les clandestins les empruntent à leurs risques et périls. Et le prix de l'embarcation ­ éventuellement perdue ­ est désormais ajouté au tarif de la traversée...



Catherine Simon
Article paru dans l'édition du 04.09.055
[http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-685228,0.html]

a
6 septembre 2005 22:34
la vie est triste , certains se meurent pour vivre et d'autres se plaignent de la meteo

6 septembre 2005 22:53
Salam

Merci Mmima3, mais j'avais déjà posté cet article sur ce forum... mais c'est gentil à toi de le remettre car je pense qu'il est en complément avec celui des "harragates"...

Amicalement

Môh Tsu
s
7 septembre 2005 10:04
en tout cas les "azi" comme on le dit (terme que je déteste) quand ils mendient dans les rues il le font décemment je trouve, c pas aussi agressif que les arabes
m
7 septembre 2005 13:06
Môh Tsu a écrit:
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> Salam
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> Merci Mmima3, mais j'avais déjà posté cet article
> sur ce forum... mais c'est gentil à toi de le
> remettre car je pense qu'il est en complément avec
> celui des "harragates"...
>
> Amicalement
>
> Môh Tsu

Alikoum salam,

Je ne l'avais pas vu sur le forum, désolé. Mais je trouvais que cela pouvait compléter ton message.
On voit bien la detresse de tout ces immigrants qui veulent tenter leur chance en Europe et qui sont bloquer au Maroc dans des conditions déplorable.

Bonne journée!


t
16 septembre 2005 23:37
personne ne peux arreter ces immigrants, et le maroc connaitera bcpsde problèmes avec ces immigrants sub-sahariens.
 
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