Tous les médias de France se sont appropriés des personnalités d’origine maghrébine, chacun disposant de son ou sa préféré-e, pour en faire les représentants de ce qu’ils appellent les éternels « Jeunes issus de l’immigration » (ne grandissent-ils pas comme les autres ?). Ainsi les "khobzistes" (« ceux qui courent derrière le pain », autrement dit les opportunistes) de gauche et de droite comme Malek Boutih, Rachid Kaci, Fadela Amara en passant par Djida Tazdaït n’en finissent pas de courir les plateaux télés et les tribunes offertes généreusement par la presse écrite pour distiller la haine contre des personnes qu’ils prétendent représenter. Plus républicains que les républicains, et plus intégristes laïques que jamais, ils ont tout renié de leur origine immigrée pour des strapontins de pouvoir.
Le cas de Malek Boutih semble à cet égard emblématique. Il a été le président de SOS Racisme, officine du parti socialiste avant de rentrer enfin dans la maison-mère. Créée par François Mitterrand, cette association n’a eu pour but que d’empêcher la constitution d’un mouvement social et politiquement autonome issu de l’immigration. SOS a réussi à tromper son monde un temps mais les déclarations abjectes du "nouveau Bachaga Boualem [1] des années 2000" ont fait tomber le masque. Reprenant le programme de Sarkozy qu’il admire, Boutih déclarait dans l’édition du Monde du 12 juin 2002 : " Les barbares des cités, il n’y a plus à tergiverser, il faut leur rentrer dedans, taper fort, les vaincre, reprendre le contrôle des territoires qui leur ont été abandonnés. Et vite ! " Lavant toujours plus blanc que blanc, Boutih se vante également, dans Libération du 18 février 2000, "de n’avoir jamais questionné son père sur ses années FLN". On se demande effectivement le lien qui peut exister entre l’histoire de la colonisation au Maghreb et le racisme anti-arabe en France. Son ignorance (volontaire ou inconsciente) des raisons historiques de la situation de l’immigration en France explique sans doute le paradoxe suivant : faire de l’antiracisme chic en stigmatisant les premiers concernés.
Un nouvel OVNI lancé par SOS et son parrain tente de reprendre le flambeau. Présidée par Fadela Amara, le mouvement Ni Putes, ni Soumises nous explique que le principal problème dans les quartiers réside dans le machisme, les tournantes, et surtout dans "l’intégrisme islamiste". Cette stigmatisation outrancière ne vise en réalité qu’à masquer les véritables maux que sont le chômage, les bavures policières, et la politique coloniale de la ville. Pis, elle va à l’encontre de la lutte féministe légitime contre toutes les formes du système patriarcal (dont les quartiers populaires n’ont pas l’exclusivité), en fourvoyant une cause juste par des manipulations idéologiques et partisanes.
Toutefois la droite n’est pas en reste puisqu’elle a également ses "Oncles Tom" [2] version "bougnoule". Les nominations ministérielles cosmétiques ne peuvent faire oublier qu’à ce jour aucun député d’origine maghrébine ne siège à l’Assemblée nationale. Elles ne parviennent pas à faire oublier le « bruit et l’odeur » de Chirac, les violences policières, les charters de Pasqua, les flashballs de Sarkozy etc., et à nous faire oublier cette proposition de loi, passée inaperçue, visant à reconnaître l’« œuvre positive » de la France sous la colonisation en Algérie .
Passés à la moulinette idéologique, ces pseudo-représentants (version intégriste laïque à la Kaci, ou version musulmane à la CFCM), ralliés au "chauvinisme de l’universel" français, ne sont qu’une version "remasterisée" des élites indigènes utilisées en son temps par le pouvoir colonial. Certains railleront ce parallèle entre la situation de colonisation et celle d’immigration. Or ils oublient que l’immigration est la conséquence directe de la colonisation. Ils oublient que si la colonisation française a presque disparu (il reste encore quelques îles...), l’idéologie colonialiste est toujours, envers et contre tout, omniprésente.
Des élites indigènes d’hier, on passe aux indigènes de l’élite d’aujourd’hui. Car ces indigènes appartiennent à l’élite, ils tirent même leur légitimité de cette appartenance. Depuis l’émergence dans l’espace public des descendants des migrants ex-colonisés, une peur saisit les pouvoirs politiques : ces hérétiques de l’ordre national doivent être contrôlées, sinon ils vont remettre en cause le modèle intégrationniste de l’État-Nation. Il faut des interlocuteurs "colorés" mais sous contrôle. Le pouvoir a trouvé ses larbins. Mais ces usurpateurs sont aujourd’hui sans crédibilité et sans légitimité auprès des populations qu’ils prétendent représenter.
Une autre-voix a besoin aujourd’hui de se faire entendre pour que cesse cette usurpation de la parole des héritiers et héritières de l’immigration ; pour que ce qui se dit publiquement reflète réellement l’état d’esprit d’une population qui est trop longtemps restée sans voix. Nous lançons donc un appel auprès de tous et toutes celles qui souhaitent l’émergence d’un autre discours. Nous n’avons en effet pas besoin de ces médiocres, qui font leur beurre sur le dos des soi-disant « Beurs ».
hadak boutih albouhat ou shabou ...lavage du cerveau au karcher....ils savent plus d'ou ils viennent.....iwa khallihoum fi hrirethoum daba ifikou! hihi et haha