Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Dounia Bouzar : «L'islamisation de toutes les valeurs produit de la...
28 mai 2004 17:46
Dounia Bouzar : «L'islamisation de toutes les valeurs produit de la ségrégation»

Interview parue dans le Figaro - 28 mai 2004

En 2001, Dounia Bouzar, alors éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), décrivait dans L'Islam des banlieues une pratique religieuse facteur d'intégration et voyait dans les religieux de «nouveaux travailleurs sociaux». En 2003, dans L'Une voilée, l'autre pas, elle insistait sur les valeurs féministes prônées par de nombreuses jeunes filles voilées. Depuis, sa vision a largement évolué. Dans son rapport pour l'IHESI, elle constate que certaines associations musulmanes distillent un islam qui «enferme les jeunes dans leur facette musulmane» et propose de réintroduire des facteurs extra-religieux dans leur parcours éducatif.
Propos recueillis par C. G.
[28 mai 2004]

LE FIGARO. – Hier, l'islam vous apparaissait comme un vecteur de citoyenneté. Aujourd'hui, vous mettez en garde contre un certain enfermement religieux...
Dounia BOUZAR. – Avant, en tant qu'éducatrice, j'appréciais le «nouveau discours religieux» des prédicateurs et des responsables associatifs musulmans qui enseignaient des valeurs positives : du type «pour être un bon musulman, il faut ramasser les papiers sales de son quartier, porter les paquets de la vieille dame, faire des études, aller voter, etc.». Aujourd'hui, je prépare une thèse et, sur la durée, j'ai vu se dessiner une situation plus complexe. Certains leaders laissent croire que l'islam a tout inventé : citoyenneté, modernité, féminisme, écologie... C'est une option dangereuse qui fait de l'islam une conception supérieure et écarte les autres visions du monde. Elle nie également l'importance de tout ce qui n'est pas religieux dans la construction des sociétés et des individus. Pourtant, ce sont justement les facteurs économiques, sociaux, culturels, historiques, qui permettent de relire autrement les religions. Chacun comprend le message divin en fonction de ce qu'il est. Les Parisiennes, par exemple, soulignent toujours dans les paroles prophétiques que «la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman et pour toute musulmane». Mais si elles y accordent autant de crédit, c'est parce qu'elles sont nées dans un pays développé et qu'elles sont passées par l'école de Jules Ferry ! La jeune Tchadienne, en proie à la famine, va lire tout autre chose dans son islam.

Cette conception entraîne-t-elle une rupture avec la société française ?
L'islamisation de toutes les valeurs produit in fine de la ségrégation. Chercher ses solutions uniquement dans un texte sacré conduit à une impasse dans un monde moderne : toute l'énergie est consacrée à contourner la norme au lieu d'y réfléchir. Par exemple, on consent à tendre la main à un non-musulman parce que le vexer serait un plus grand péché que de le toucher, mais on n'interroge pas le principe d'interdiction en lui-même. On n'établit donc pas une méthode de relecture de textes, pourtant la seule façon à long terme de remettre en question un certain nombre d'interprétations orthodoxes.

Dans votre rapport, vous montrez que les leaders associatifs les plus ouverts sont ceux nés à l'étranger...
Ces responsables n'islamisent pas tout. Au lieu de répéter constamment «l'islam a dit que...», eux suscitent une réflexion chez les jeunes dont ils s'occupent. Pour la plupart, ces leaders ouverts ont grandi dans leur pays d'origine. L'islam ne leur tient pas lieu d'identité : ils savent qui ils sont, d'où ils viennent et, pour eux, l'islam ne définit pas tout, au contraire de beaucoup de leaders associatifs français qui ne se sont construits que dans la religion.

Alors comment éviter la rupture avec ceux qui placent l'islam au-dessus de tout ?
Désislamisons le débat ! Face à un jeune qui n'existe que par l'islam, posons-nous les bonnes questions : au lieu de lui demander d'être «un peu moins musulman», demandons-nous pourquoi, né en France, socialisé à l'école de la République, lui n'existe que par sa facette musulmane ! Les «défenseurs de l'islam» et les «défenseurs de la République», islamistes et laïcards, appréhendent le débat selon les mêmes termes : ils imaginent que c'est l'islam qui produit les comportements des jeunes. Et le cercle vicieux commence : d'un côté on dénigre l'islam, de l'autre on le surinvestit pour le défendre... Revenons aux individus. S'il y a un «trop religieux», c'est qu'il y a quelque part un «moins quelque chose» !

***********
Lire aussi :
[www.lefigaro.fr]
[www.lefigaro.fr]
[www.lefigaro.fr]
b
28 mai 2004 18:01
c'est intessant et pourtant si... tellement banal, que ca fait l'humilite.

je ne connais pas la miss, mais je ne me suis jamais immagine qu'un jour on descendra si bas et qu'on commencera a decouvrir petit a petit, si timidement, ce que c'est l'islamisme, ses inconvenients, ses dangers et pourquoi il a ete un jour necessaire dans l'histoire des humains de separer la religion et le politique etc..

mais j'entend deja venir ceux qui l'insulteront de traitre et de musulmane de service...

i
28 mai 2004 18:37
ghisam
c'est du simple bon sens
voir le monde à travers la religion ne peut qu'être générateur de danger (bien mal, noir blanc)
Regarde plutôt les gens qui parce qu'ils voient que dans le coran on peut frapper sa femme ou lapider l'homme ou la femme adultére défendent ces théses.... ils ont perdu leur simple bons sens et tt sentiment de mesure

et c'est la fanatisation
idem pour ceux qui ne parlent que de la terre promise du grand israél

la religion, libre à chacun de la pratiquer en public ou en privé
mais ne pas oublier que cultiver son sens critique permet aussi de savoir ce qu'on fait dans la vie

imad
29 mai 2004 17:31
Bikhir et Imad, je partage votre opinion.

Je respecte profondément la liberté religieuse et le droit à chacun de pratiquer son culte, ce qui devient intolérable c'est lorsque certains veulent imposer leur interprétation de la religion aux autres et modeler la société à leur façon.

Les dérives religieuses entravent les libertés. Les intégristes illuminés qui veulent imposer un nouvel religieux en France vont rencontrer de nombreux obstacles. La France, pays de Voltaire, a versé du sang pour se libérer du joug clérical et obtenir la laïcité qui est seule garante des libertés individuelles.



Message edité (29-05-04 17:40)
j
29 mai 2004 18:26
L'islamisation, l'integrisme, le terrorisme... C'est des jolis mots médiatiques qui font l'affaire des journaux et des parties racistes. Certes il y a une réalité , c est qu'ils éxistent des prédicateurs qui "exagèrent'' mais cest leur choix de culte . Pourquoi le choix de culte s'arrete à eux? ils ont choisi d'aller a l'extrémum max, c est leur choix. Bien sure les attentats suicidaires et les .... on est bien d'accord que l'islam de son éxtrémun min à son max en est innocent, et les gens qui les font , suive leur propres spéculations.



Message edité (29-05-04 19:43)
29 mai 2004 18:29
Tout-à-fait d'accord avec toi, ce sont les comportements qui sont extrémistes dûs à des interprétations littérales des textes religieux mais que réponds tu à quelqu'un qui bat sa femme parce que c'est écrit dans le Coran ?
Z
29 mai 2004 19:24
C´est écrit dans le Coran que l´on a le droit de battre sa femme?
ghissam , STP , il faut avoir un certain background islamique et un tant soit peu de notions sur cette religion pour pouvoir avncer des calomnies laches et sans fondement!!!
Pitoyable!! sad smiley

$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$ Le texte que je viens de taper a porté plainte :S $$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$
j
29 mai 2004 19:39
Je t ai fait une copie coller d'un text qui explique je verset en question: bonne lecture


Les détracteurs de l'Islam se réfèrent souvent, lorsqu'ils s'attaquent au Coran, à un passage du verset 34 de la Sourate An Nissâ ("Les Femmes"winking smiley, qui dit :

"(…)Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand."

Pouvez-vous nous éclairer sur le sens et la portée réelle de ce passage coranique ?




Réponse: Déjà, la première chose sur laquelle je voudrai insister, c'est que le Livre d'Allah ne dit en aucun cas aux croyants de quitter le lit conjugal lorsqu'ils en ont envie, ni de battre leurs femmes lorsqu'ils en ont envie. Affirmer le contraire est une calomnie sur le livre d'Allah.
Le Coran nous dit clairement à propos de l'attitude à avoir envers l'épouse:

"Et comportez- vous convenablement envers elles. Si vous avez de l'aversion envers elles durant la vie commune, il se peut que vous ayez de l' aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien." (Sourate 4 / Verset 19)

Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) disait pour sa part:

"Qu'un croyant n'ait pas de l'aversion envers une croyante, s'il déteste en elle un comportement, qu'il agrée d'elle un autre comportement."

Le Coran, évoquant les liens intimes entre les époux, dit encore:

"Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles."
(Sourate 2 / Verset 187)

Le prophète avait par ailleurs confirmé les propos du compagnon Salmane al Fârissi (radhia Allâhou anhou) qui disait à Abu Ed-dardâ (radhia Allâhou anhou):

"Sache qu'Allah a des droits sur toi, que ton "nafs" (ta personne) a des droits sur toi et que ton épouse a des droits sur toi, alors donne à chacun d'eux son droit"

(Il lui avait dit cela, lorsque, sous prétexte de se rapprocher de son Seigneur, Abu Ed-dardâ' (radhia Allâhou anhou) avait délaissé la part de sa femme, au point où celle-ci s'en était plainte en disant qu'il n'avait plus envie des bien de cette vie. (Hadith relaté par Al Boukhâri et d'autres).)

Tels est la teneur des Textes Sacrés de l'Islam vis-à-vis du comportement habituel que devrait avoir le mari musulman envers son épouse et vice versa.
A vrai dire, tout comme l'Islam responsabilise l'homme, il responsabilise également la femme, étant donné que les deux se tiendront debout devant Allah le Jour du Jugement et tous deux devront rendre des comptes sur leurs comportements. Ainsi, tout comme l'homme doit observer les droits que son épouse a sur lui, son épouse doit elle aussi observer les droit qu'a son mari sur elle. Allah dit bien:

"Elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance."
(Sourate 2 / Verset 228)

Ainsi, il n'est autorisé ni à l'homme, ni à la femme de manquer aux droits qu'a leur conjoint(e) sur lui (elle). Telle est la règle générale de l'islam. Et à ce titre, l'homme n'a nullement le droit de lever sa main sur sa femme car cela est contraire au comportement convenable citée dans le Coran.

Maintenant, si la femme se montre "Nâshizah" (rebelle) vis-à-vis de son mari, que peut faire ce dernier, étant donné que lui aussi a des obligations et que chacun sera jugé selon son acte, et non selon l'acte de l'autre ?... Allah dit bien dans le Coran:

"Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression." (Sourate 5 / Verset 2)

Et le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit -si le hadith est authentique; néanmoins, le principe y est- :

"Que l'un de vous ne soit pas un "suiveur" qui dit: "Je suis comme les autres. S'ils font du bien, je le fais et s'il font du mal, je le fais". Mais soyez indépendants en faisant du bien lorsque les autres le font et en évitant leur mal lorsqu'ils font du mal."
(Rapporté par Et-tirmidhi, qui l'a agréé)

Que peut donc faire le mari dans ce cas là ? A-t-il le droit de manquer à ses obligations ?

Dans le verset 34 de la Sourate 4, Allah exprime clairement que le mari n'est pas du tout dispensé de ses obligations, qu'il y a toujours un moyen de corriger cela en ayant recours à la "maw'idha" (l'exhortation), mais qu'il n'a nullement le droit, ni de quitter son lit conjugal pour cela, ni de lever le moindre doigt. Le verset en question dit bien:

"Et quant à celle dont vous craignez la rébellion, exhortez-les".

Maintenant, si l'exhortation ne donne pas ses fruits et l'épouse continue à s'entêter, là, Allah autorise à l'époux de manquer à un de ses devoirs et de ne pas partager sa couche avec elle.
Le verset dit:

"Eloignez-vous d'elles dans leurs lits."

Et ceci, comme l'ont bien compris les savants, en dormant dans la même chambre et non ailleurs car tant qu'ils sont ensembles, cela pourrait arranger les choses.

Allah dit à propos de la "Iddah" (délai d'attente) du "Talâq" (divorce) qu'il ne faut jamais faire sortir l'épouse durant cette période de son domicile, pour la raison qu'Il a Lui-même donnée :

"Tu ne sais pas si d'ici là Allah ne suscitera pas quelque chose de nouveau!"
(Sourate 65 / Verset 1)

Et la "chose nouvelle" évoquée dans ce verset est bien la réconciliation.

Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), comme le rapporte la Tradition Prophétique, avait déjà eu recours à cette deuxième étape, et ce, durant un mois, jusqu'à ce que les versets de la Sourate "Al Ahzâb" s'adressant à ses épouses soient révélés, leur proposant de choisir entre rester avec le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et corriger par conséquent leur comportement et entre le divorce (Pour plus de détails sur ce choix, revenir aux versets en question (28 et 29 de la sourate 33) et à ceux de la sourate "Et-tahrîm" (Sourate 66).)

Maintenant, si malgré cela, cette étape n'apporte pas non plus de solutions, cela signifie que nous sommes face à une situation très délicate... En effet, la rupture ("shiqâq"winking smiley n'est pas loin et c'est la femme qui en est la cause dans ce cas-ci. Que faire dans alors?

La suite le dit :

"Et frappez-les."

Que veut dire ce texte ? Incite-t-il a frapper l'épouse ou le conseille-t-il, étant donné que c'est d'une forme impérative qu'il s'agit ici ?... Et bien on ne l'a pas compris ainsi, et ce, à partir du contexte même dans lequel ce passage a été révélé, du style coranique et des Hadiths prophétiques qui traitent de la question.

En effet, le grand Imam Tâbi'î (de la génération qui suit celle des Compagnons du prophète (sallallâhou alayhi wa sallam)) 'Atâa r.a., qui a une très grande renommée entre les savants et est un très grand interprète du Coran, affirme :

"Qu'il ne la frappe pas, même s'il lui donne un ordre et elle ne lui obéit pas!"

L'Imâm Ibn Al Arabi r.a., le grand juge Malékite, réplique en disant:

"Cela provient de la compréhension bien profonde de 'Atâa !"

Puis, il argumente cela, comme je vais le détailler un peu plus loin. L'Imam Echâfi'î r.a. dit clairement dans "Kitâb Al Umm" (ses propos sont repris par Al Fakhr Ar-râzi r.a. dans son exégèse, le célèbre Tafsir Kabir"winking smiley :

"Le fait de frapper est, dans ce cas extrême, autorisé mais le fait de ne pas la toucher est la meilleure solution!"

Et malgré mes nombreuses lectures, je ne suis tombé sur aucun savant ayant un poids chez les oulémas musulmans qui incite à frapper sa femme dans ce même cas extrême.

Bien au contraire j'ai même lu chez Al Âlûssi r.a., dans son "Rûh Al Ma'âni", ainsi que chez Eç-çâbûni dans ses "Ahkâmu al Qurân", l'accord entre les savants sur le fait que ne pas frapper dans ce cas est la meilleure solution et le meilleur exemple.

En effet, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit:

"Le meilleur d'entre vous est le meilleur envers ses épouses".

Dans un autre hadith, il dit clairement concernant le fait de frapper sa femme dans ce cas extrême:

"Les meilleurs de vous ne frapperont pas".

Et dans un autre Hadith, il est relaté que, lorsque des maris avait frappé leurs épouses dans ce même cas extrême et que celles-ci étaient allées se plaindre auprès des épouses du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), celui-ci avait donné un prêche dans lequel il évoqua que de nombreuses femmes étaient venues se plaindre de leurs maris... Il dit alors:

"Ceux-là (ces maris) ne sont pas les meilleurs d'entre vous."
(Hadith authentique rapporté par Esh-shâfi'î, Ibn Mâjah, Ibn Hibbân (si je me rappelle bien) et d'autres.)

Est-ce que cela contredit le passage du Coran en question ? Si l'on a une bonne maîtrise du style coranique, on comprend très bien qu'il n'y a aucune contradiction ici. En effet, on se trouvait déjà dans une étape où le simple fait de lever le moindre doigt constituait un péché en soi. Et nous sommes passés de l'interdiction au verbe employé à l'impératif qui est "idribûhunna": "Frappez-les." Cet usage est connu en arabe sous l'appellation de "Al Amru ba'da ennahy" (l'ordre qui suit une interdiction). Que signifie ce genre d'emploi ?

Je vais citer deux exemples dans le Coran qui permettent clairement de comprendre la règle ainsi que le style employés.

Le premier concerne le fait de chasser durant le pèlerinage. Le verset dit clairement :

"Ô vous qui avez cru, ne chassez pas en étant en état de sacralité."
(Sourate 5 / Verset 95)

Après cette interdiction, un verset révélé plus tard dit:

"Une fois désacralisés, chassez!"
(Sourate 5 / Verset 2)
(Traduction littérale.)

Nous nous trouvons ici dans une situation similaire: Nous étions dans un moment d'interdiction. Et lorsque ce moment fut achevé, le verbe "içtâdû" ("Chassez !"winking smiley a été employé à la forme impérative. Devons-nous en déduire qu'il s'agit ici d'un ordre ou d'une recommandation et, par conséquent, dès qu'on finit le pèlerinage, on va partir pour la chasse ?!!!

En tous les cas, aucun des savants musulmans ne l'a compris ainsi. D'ailleurs, aucun arabophone non plus ne le comprendra de cette façon. Tous ce qu'on peut déduire de cela est que durant l'Ihrâm (état de sacralité) la chasse était interdite et après, elle ne l'est plus, c'est à dire que si on chasse après la fin du Ihrâm, on ne commet plus de péché.

Un second exemple est donné dans sourate "al jumu'a" ( par rapport à la Prière du Vendredi. Le verset dit:

"Quand on appelle à la Salat du jour du Vendredi, accourez à l'invocation d'Allah et laissez tout négoce."
(Sourate 62 / Verset 9)

Cela signifie que durant cette période, le musulman est dans l'obligation de ne faire aucun commerce et de venir répondre à l'appel. Ensuite, nous avons le verset suivant qui dit:

"Puis, lorsque la prière est terminée, dispersez vous sur terre et demandez le bien d'Allah (le commerce entre autres...)."
(Sourate 62 / Verset 10)

Que faut-il alors comprendre par "intashirû fil ard" ("Dispersez-vous sur terre !"winking smiley ? Est-ce un ordre ou est-ce une recommandation? Et celui qui veut rester dans la mosquée invoquer Son Seigneur après la prière du vendredi commet-il un péché ou quelque chose de déconseillé ? Absolument pas ! Mais nous nous trouvons une fois de plus dans la situation ou durant un moment une chose était interdite, puis le verbe est venu sous une forme impérative pour expliquer que cette interdiction est levée. Rien de plus!

Il en est de même pour le verset que nous traitons ici à propos de l'impératif "idribûhunna" ("Frappez-les"winking smiley. Si nous le remettons dans son contexte, une fois de plus, nous voyons bien qu'il s'agit d'un impératif qui a été employé après toute une étape d'interdiction. Mais il y a ici quelque chose de plus important encore... Tout de suite après ce verbe à l'impératif, Allah dit :

"Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand!"
(Sourate 4 / Verset 34)

Quel sens a le passage "Allah est Haut et Grand!" qui vient après "Ne cherchez plus de voies contre elles" ?

Cela veut dire que si vous usez de votre force en transgressant les limites et vous frappez après la disparition de la raison pour laquelle le fait de frapper avait été autorisé, sachez que tout comme vous, vous êtes plus fort physiquement que votre femme, Allah est bien plus Grand que vous... Ce que vous pouvez lui faire à cette épouse, Allah peut vous en faire beaucoup plus et Allah est "aliy" ("Haut"winking smiley, dans le sens que vous devriez vous élever contre ce genre de comportement.
Donc, en résumé, il s'agit ici d'une période où l' "immunité" de la femme (si l'on peut s'exprimer ainsi) a été levée temporairement, sans pour autant que le fait de frapper ne soit conseillé ou recommandé. Bien au contraire, le meilleur exemple demeure celui du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam), comme je l'ai cité plus haut.

Maintenant, en quoi consiste cette "levée d'immunité" et que veut dire "frapper" ici ? Est-ce un geste qui, sans aucun doute, a une conséquence importante sur la psychologie de la femme ou est-ce un acte véritablement physique ? Quelle est véritablement sa limite?

C'est dans ce contexte qu'il faut lire les propos des juristes ("fouqahâa"winking smiley sur la question. Lorsque le Compagnon Ibn Abbâs (radhia Allâhou anhou) fut interrogé sur le sens de "frapper", il répondit:

"bi essiwâki wa nahwih"

(Avec le siwaak (le petit bâton qui a la taille d'un stylo à peu près) et ce qui est du même genre.)

La réponse d'Ibn Abbâs (radhia Allâhou anhou) consiste a expliquer ce que veut dire "frapper" ici: Il est clair qu'il ne s'agit pas de faire mal physiquement. En fait, ce qui est autorisé par le verset, c'est l'impact même du geste et non la force de celui-ci.

C'est pourquoi, les savants disent que si le coup laisse la moindre trace, le talion s'impose. Et ce n'est certainement pas le coup avec un stylo qui risque de laisser quoi que ce soit comme trace, si ce n'est une trace plutôt morale. Et malgré cela, ceci est loin d'être conseillé. Bien au contraire, comme on l'a vu plus haut...

Voilà pour ce qui est des textes relatifs à cela. J'ai pris le temps de les détailler vu toute la confusion qui est propagée à droite et à gauche sur le sujet.
Z
29 mai 2004 19:44
Ghissam , lit souarte al Nisaa (versets des femmes) et tu comprendras qu´une femme mariée a un bon musulman ne peut etre que la plus heureuse des femmes , car l´islam nous enseigne de traiter nos femmes de meilleur des manière!

$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$ Le texte que je viens de taper a porté plainte :S $$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$
29 mai 2004 20:03
Zack, je n'ai rien calomnié. Je dis juste qu'à vouloir avoir une lecture littéraliste des textes religieux on peut en arriver à des comportements extrémistes.

En tout cas, je me doute bien que les musulmans ne vont pas battre leurs femmes plus que les autres... Mais le verset en question est tout de même troublant même si une quantité d'autres l'infirment.
Z
29 mai 2004 20:06
"La quantité d´autre" est la majorité des musulmans instruits qui ne voient aucune ambivalence dans ledit texte!

$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$ Le texte que je viens de taper a porté plainte :S $$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$
29 mai 2004 20:11
Zack,

"quantité d'autres" concernait le nombre de versets. Ne cherche pas à me faire passer pour un calomnieur stp, tu vois très bien que mes réponses sont toujours très équilibrées, ce qui n'est pas le cas de tout le monde...

Ce n'est pas moi qui ai écrit le verset 34. Sur Yabiladi, il est bien écrit de la sorte :
"4.34. Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leurs époux, avec la protection d'Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand !"

Je me doute bien qu'il ne faut pas le faire, mais c'est tout de même troublant...

Tu t'emportes trop vite et m'insultes avant même d'avoir essayé de comprendre ce que je voulais dire.



Message edité (29-05-04 20:13)
Z
29 mai 2004 20:16
frappez-les est la mauvaise traduction de Daraba qui a prés de 17 significations , moi celle que je retiens c´est séparez vous d´elles (divorcez) voila!

$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$ Le texte que je viens de taper a porté plainte :S $$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$
M
29 mai 2004 20:58
Lien intéressant:

[mmlf.webdynamit.net]

Jean-Paul Moreau
29 mai 2004 20:58
Ok merci pour l'info. Je préfère comme toi cette interprétation, mais dans la plupart des traductions en français que j'ai trouvées, c'est "frappez-les".
Z
30 mai 2004 01:28
oui mais en france , il y a une campagne se nourissant d´Islamophobie , je te conseillerai de lire des penseurs éclairés de l´Islam comme Kardaoui par exemple winking smiley.
Ghissam, ne gobe tout ce qui est écrit, confronte et ensuite fais ta propre interpretation smiling smiley

$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$ Le texte que je viens de taper a porté plainte :S $$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$
30 mai 2004 01:38
Je te retourne ton conseil Zack.
b
30 mai 2004 12:31
je te propose de plutot ne pas trop perdre ton temps avec kardaoui. c'est interessant de le connaitre oui, mais il n'est ni penseur et encore moins eclaire. la misere du monde arabo-musluman c'est qu'on trouve ce genre de "h'laquyia" de l'islam deja penseur et eclaire.

M
30 mai 2004 17:16
Islam et liberté

vendredi 21 novembre 2003, par jallal



Islam et liberté1 Mohamed Charfi

1. Conférence prononcée par Mohamed Charfi, professeur émérite de la Faculté de Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis et ancien ministre de l’Éducation et de la Science de la Tunisie, dans le cadre de Tribuna Mediterrània, au siège de l’IEMed, le 25 novembre 2002.

J’ai à vous parler d’un sujet qui peut paraître bizarre : Islam et liberté . Bizarre parce que l’islam a aujourd’hui malheureusement mauvaise presse en Occident et la réputation de ne pas être la religion de la liberté. Vous connaissez certainement l’œuvre de Samuel Huntington, écrite au lendemain de la chute du mur de Berlin et de l’implosion de l’Union soviétique. Elle parle de la guerre froide qui a laissé la place à une nouvelle guerre, à un nouveau choc de civilisations. Ce sera, selon lui, entre l’Occident et le monde musulman ; l’Occident étant la patrie de la liberté, des droits de l’homme et de la démocratie et l’islam étant le monde dictatorial, fanatique, violent, voire barbare. Malheureusement, les évènements récents, le onze septembre, l’attentat de Bali ou l’opération du théâtre de Moscou semblent donner raison à cette prévision. La réalité, à mon sens, est toute différente. Ces événements donnent une apparence et ne représentent pas la réalité. Je pense que le onze septembre n’a pas été un tournant historique. Il a simplement été un moment pénible de l’histoire. La réalité est que, un an après, le régime des Talibans est par terre, et Al Qaeda est poursuivi et pourchassé. En fait, ce réseau peut encore causer, malheureusement, quelques difficultés, des désagréments à l’Occident ; mais il ne constitue absolument pas un danger réel. Tout bien considéré, l’islamisme a toujours fait beaucoup plus de mal aux musulmans eux-mêmes qu’aux autres. Et s’il y a un effet onze septembre, peutêtre important pour nous hommes et femmes du Sud, c’est que l’Occident a enfin pris conscience du danger de l’islamisme, alors que, jusque là, les dirigeants islamistes, même les plus violents, même ceux qui manifestement ont organisé la violence, étaient accueillis à bras ouverts en Occident. On ne comprenait pas ce danger. L’islamisme fait du mal parce que le monde musulman est en crise, il vit une crise grave depuis longtemps. Crise de violence. Je ne parle pas de la violence exercée par les Palestiniens ou par les Tchétchènes parce que derrière ces violences, qu’on peut critiquer quant aux méthodes, il y a une cause juste. Mais je parle des violences que rien ne peut justifier, les violences exercées de temps à autre en Algérie, au Pakistan, en Égypte, en Indonésie, aux Philippines... Toutes les semaines ou tous les mois, on entend une nouvelle désagréable sur l’islam. Dernièrement, au Nigeria, on a parlé d’événements pénibles. Tout cela vient de l’intrusion du facteur religieux dans la vie politique des pays musulmans et d’une survivance de la théorie du djihad qui signifierait une violence à l’égard des non-musulmans et aussi à l’égard des musulmans qui pensent autrement et qui sont donc qualifiés d’auteurs de blasphèmes ou d’apostats. Cette violence aboutit, évidemment, à l’intolérance. Les exemples d’intolérance sont très nombreux et bien connus en Occident depuis la fatwa de Khomeiny contre Salman Rushdie, depuis l’attentat meurtrier contre Faraj Fouda _ un penseur laïc égyptien _ ou la tentative d’assassinat de Naguib Mahfûz _ le prix Nobel de littérature égyptien _ il y a quelques années, le divorce forcé prononcé contre Nasr Hamed Abou Zeid, un penseur égyptien obligé aujourd’hui de s’expatrier... Violence, intolérance, on parle aussi de régime autoritaire dans l’ensemble des pays musulmans. Le dernier rapport du PNUD sur le développement humain concernant la région du monde arabe est extrêmement sévère. Il compare les différentes régions dans le monde et constate que la région du monde arabe est caractérisée par une croissance économique faible, une inégalité trop grande entre les couches sociales, la condition d’infériorité de la femme et des régimes autoritaires.

Comment expliquer ce retard ? D’aucuns pensent que c’est l’effet de tel dirigeant qui est mal inspiré ou qui est corrompu. On parle parfois de régimes mafieux ou de la volonté de chaque gouvernant de rester en place et de refuser l’alternance. Mais l’explication par le comportement des personnes est insuffisante quand il s’agit de toute une région, de plusieurs pays et de réalités qui durent depuis plusieurs décennies. Il y a donc un facteur commun et ce facteur pourrait être culturel. En fait, il est évident que le monde arabe a connu un retard historique. La civilisation arabe a vécu un âge d’or jusqu’à il y a trois ou quatre siècles.

Depuis, une période de décadence a commencé. On ne conteste pas ce retard sur le plan économique, sur le plan matériel. Ce retard est expliqué par le fait qu’on s’est fermé à tout ce qui se passait à l’étranger, à tous les progrès scientifiques, techniques et philosophiques de l’extérieur. Ce retard est matérialisé par le fait que le monde arabe n’a pas enfanté un Voltaire, un Rousseau, un Montesquieu ou un Locke, il n’a pas enfanté non plus Maxwell, Einstein ou Newton. Mais _grande distinction opérée par les théologiens_ autant, disent-ils, les découvertes occidentales en matière de science et de technique sont des découvertes neutres, dont on peut donc s’inspirer et que l’on peut importer, autant les avancées philosophiques d’auteurs qui parlent de politique ou de rapports sociaux, touchent la religion et, par conséquent, ne peuvent être importées. C’est une sorte de distinction entre deux retards : un retard accepté et un retard qu’on refuse de voir. Cette distinction entre les deux retards et le refus de changement en matière sociale et politique ne peut pas s’expliquer sans le recours à la notion de tourath ou patrimoine. Le patrimoine est l’ensemble des écrits des anciens, depuis quatorze siècles, qui porte sur l’organisation de l’État et de la société. Tous les rapports individuels, sociaux et politiques ont fait l’objet d’une réglementation inspirée de la religion et qui a donc un caractère religieux. Pour certains, c’est la religion elle-même et donc on ne peut pas y toucher. Il faut que les choses restent telles qu’elles sont.

L’une des constantes de ce patrimoine est que la communauté l’emporte sur l’individu. Prenons un exemple. Une femme veut sortir dévoilée dans la rue, le visage découvert, comme tout le monde, c’est l’exercice d’un droit, l’exercice d’une liberté individuelle. Non, répondent les théologiens. Ce serait une incitation à la débauche et la communauté a le droit de réagir pour éviter cette débauche. Donc le droit de la communauté est plus fort que le droit de l’individu, d’où l’écrasement de la liberté individuelle.

En fait, cela aboutit à l’absence d’autonomie de l’individu et à l’absence d’autonomie du droit et de l’État par rapport à la religion. C’est ce qui explique cette réputation de l’islam qui serait hostile à la liberté, à la démocratie et aux droits de l’homme. En fait, cela constitue, à mon sens, une erreur.

L’islam est une religion libérale. Je fais ainsi référence à un livre, écrit par Abdelaziz Thaâlbi il y a un siècle en Tunisie, intitulé L’esprit libéral du Coran. Le texte sacré de l’islam, la parole de Dieu, est un texte qui affirme la liberté. Comment se fait-il alors que, jusqu’ici, on pensait que l’islam était la religion de la dictature et que maintenant on parle de liberté ? Je pense que toutes les religions monothéistes ont connu des périodes de l’histoire où elles ont donné lieu à des interprétations autoritaires contraires à la liberté et à la démocratie.

Mais ces interprétations ont évolué. Par exemple, le judaïsme acceptait, à l’origine, la polygamie, le droit d’épouser quatre femmes. Au XIIe siècle, s’est tenue en Europe, une assemblée de rabbins qui a réinterprété les textes de la Bible pour dire : maintenant il faut passer de la polygamie à la monogamie, c’est ainsi que cette vieille règle a disparu de la religion juive. Pour le christianisme, je n’ai pas besoin de vous rappeler toute l’histoire que vous connaissez mieux que moi, les croisades, l’Inquisition, des atteintes considérables à la liberté, puis, une évolution sociale et une évolution politique ont eu lieu sous la pression des démocrates, au point que le clergé lui-même a, petit à petit, évolué. Il a changé son attitude et, depuis Vatican II, nous assistons à un renversement complet sur le plan philosophique. Pendant des siècles, on pensait que « hors de l’Église point de salut », et donc, du moment que l’on détenait la Vérité, on avait le droit de l’imposer à ceux qui pensaient autrement, au cours de l’Inquisition ou bien aux Indiens d’Amérique, etc.

Maintenant, depuis Vatican II, l’Église catholique romaine affirme que le principe de base du christianisme est la liberté, que c’est à travers la liberté qu’on devient un bon chrétien et non pas par la force. Changement complet. Voilà comment à partir des mêmes textes, sur la base des mêmes principes, une religion peut évoluer, par simple réinterprétation des textes originaux. L’islam est parfaitement capable de connaître la même évolution. Depuis un siècle et demi, plusieurs penseurs musulmans ont commencé à faire cette nouvelle interprétation. Nous obtenons ainsi des découvertes, considérables, très belles. Par exemple, on reproche à l’islam cette pratique affreuse, barbare, de la lapidation des auteurs d’adultère. Au Nigeria, il y a un an, la question est revenue à l’ordre du jour avec une femme, une pauvre femme manifestement innocente, qui a été condamnée à la peine de mort par lapidation. C’est absolument inadmissible. Même si elle n’était pas innocente. D’où une campagne internationale qui a fait beaucoup de mal à l’islam mais qui était justifiée parce que l’intégrité physique, la vie d’une femme, était menacée. On avait à peine réussi à la sauver qu’une autre, puis une troisième femme ont été condamnées. La lapidation ? L’islam religion de lapidation ? C’est affreux. Pourtant, on chercherait en vain dans le Coran un verset parlant de la lapidation, il n’existe pas. C’est une pure et simple invention des théologiens, pas une invention d’ailleurs, mais une reprise parce que c’était une coutume ancestrale qui a existé dans plusieurs civilisations, pas seulement en Arabie, et qui a été reprise par les théologiens à leur compte, avec la couverture religieuse comme si elle était une règle fondamentale de l’islam, alors qu’elle n’a aucune trace dans notre texte de base, la parole de Dieu, le Coran.

Et l’apostasie ? Comment se fait-il qu’on condamne à mort quelqu’un, un musulman, pour avoir changé de religion ? C’est une atteinte grave à la liberté de conscience. Ici aussi, on a beau chercher dans le Coran le texte qui parle de tuer l’apostat, il n’existe absolument pas. Au contraire, nous trouvons par exemple dans le Coran ce verset qui dit : « Point de contrainte en matière de religion. » Donc, le principe de la liberté religieuse est affirmé par le Coran. Pourtant, par un tour de passe-passe considérable, les théologiens, malgré ce verset, reprennent là aussi une tradition qui a existé dans d’autres civilisations. Celui qui change de religion, c’est comme s’il trahissait sa communauté, on le punit de mort. Le code Justinien contient la même chose pour le monde chrétien. Mais alors qu’est ce que l’État islamique, cet État dont les islamistes réclament aujourd’hui le rétablissement ? Est-ce que l’État islamique est une nécessité religieuse ? Si on veut respecter le Coran il faut remettre en cause ce qui est présenté par les islamistes comme une vérité première.

Car, qui dit : État dit droit, tribunaux, police, prisons, moyens de coercition pour appliquer la volonté de l’État, la loi, le droit. Or nous venons de dire que « point de contrainte en matière de religion ». Théoriquement donc, on ne peut pas exercer une violence, une coercition, ou un autre moyen quelconque de force au nom de la religion. Le Prophète a reçu cet ordre coranique qui dit « La vérité est là, qui émane de votre Seigneur. Y croira qui voudra et la reniera qui voudra. » C’est le contraire de l’infraction de l’apostasie. Mais alors, qu’en est-il de l’État islamique ? Le principe de la liberté religieuse est incompatible avec l’existence d’un État religieux. Effectivement, le prophète Mohamed n’a jamais été qualifié dans le Coran de roi, de président, de leader, d’émir ou de chef de quelque manière que ce soit. C’était un messager de Dieu venu pour apporter à l’humanité tout entière la parole divine qui est une parole d’amour, de charité, de piété mais pas du tout une parole de violence. Bien plus, lui-même, le Prophète, reçoit l’ordre de Dieu de ne jamais exercer une contrainte, en quelque sorte de ne pas gouverner. Je vous cite ce verset extrêmement important. Dieu s’adresse au Prophète en ces termes : « Tu n’es là que pour rappeler la parole de Dieu, tu n’as nulle autorité contraignante à exercer sur eux . » Dieu ne charge pas le Prophète de gouverner au nom de la religion. Il en est de même, a fortiori, pour les successeurs, les califes ou, aujourd’hui, les partis politiques qui se réclament de la religion. Dans le Coran, il n’y a pas d’État religieux et il ne peut pas y en avoir. Qui dit État dit certainement un minimum de règles : comment désigner le chef, comment le contrôler, comment le destituer, pour un mandat de combien de temps. Tout cela ne figure pas dans le Coran. Comment cela se faitil ? Est-ce un oubli ? Non. Le Coran nous dit : « Nous n’avons rien omis dans ce livre. » Autrement dit, tout ce qui concerne la religion a été traité dans le Coran et s’il n’y a aucune règle sur la façon de choisir un gouvernant, sur le mode de contrôle ou de destitution, c’est que ce sont des questions hors sujet. Elles n’ont pas été oubliées. On n’en parle pas parce que ce n’est pas le sujet. La religion ne s’intéresse ni à la politique ni à l’État ; ce n’est pas son problème. C’est notre entrée dans la laïcité ; elle est là, dans les textes et dans le silence des textes.

Reste le djihad dont on parle beaucoup. À ce sujet, un rappel historique est nécessaire. L’histoire est compliquée. Le prophète Mohamed a commencé à prêcher paisiblement à la Mecque ; il a voulu apporter la parole de Dieu. Pendant dix ans il s’en est tenu à des moyens purement de persuasion jusqu’au jour où les Mecquois, les Koraïchites qui étaient mécontents de ce message divin, l’ont poursuivi, pourchassé et ont essayé de le tuer. Il a dû fuir la Mecque pour aller à Médine où il a trouvé quelques compagnons qui ont bien voulu l’accueillir. C’est ce qu’on appelle l’Hégire. Même après l’Hégire, à Médine, certains Mecquois ont voulu continuer à le poursuivre, à combattre les Médinois qui l’avaient accueilli. Il a ainsi été amené à se défendre. Effectivement, il y a eu des batailles et l’on trouve dans le Coran quelques versets qui ont accompagné le Prophète dans ces guerres d’autodéfense. Les passages du Coran qu’on appelle les versets de l’épée ont accompagné le Prophète pendant les douze dernières années au cours desquelles il s’est défendu. On trouve donc dans le Coran de nombreux versets sur la liberté tels que ceux que j’ai cités et quelques versets de l’épée, deux groupes de versets qui peuvent sembler contradictoires. Pour fonder le droit religieux et l’État religieux, les théologiens qui étaient au service des califes ont eu l’habitude de soutenir, il y a de cela plus de mille ans, que les versets de l’épée sont censés avoir abrogé les versets de la liberté. Est-ce acceptable ? Dieu a-t-il changé d’avis ? C’est impossible. Pour dire qu’il y a eu abrogation d’un verset, parole divine, comme c’est très grave, il faut en être sûr. L’abrogation, pour les juristes, est une question bien connue qui obéit à des critères bien précis. Entre deux textes de lois contradictoires, pour dire que l’un a abrogé l’autre, il faut qu’il y ait une abrogation explicite ou une abrogation implicite, mais certaine. Pour parler d’une abrogation implicite, l’incompatibilité entre les deux textes doit être absolue. Or, nous avons un verset coranique qui permet de distinguer le champ d’application des versets de l’épée et celui des versets de la liberté. En effet, dans la sourate de la génisse, le verset 186 nous dit : « Combattez dans la voie de Dieu ceux qui vous feront la guerre mais ne commettez point d’injustice en les attaquant les premiers, car Dieu n’aime point les injustes. » Attaquer c’est être injuste. Donc vous avez le droit de vous défendre mais vous n’avez pas le droit d’attaquer. Le seul djihad valable mentionné dans le Coran est le djihad de l’autodéfense, jamais le djihad de l’attaque. Vous me direz « mais alors vous présentez un islam où il n’y a ni apostasie, ni barbarie, ni djihad offensif, tout y est beau, comment se fait-il que nous ayons cette charia, ce droit musulman classique ? ». Eh bien, c’est une œuvre de l’histoire. Depuis l’expédition de Bonaparte, à la fin du XVIIIe siècle, le monde musulman a pris conscience de son retard et a essayé de s’ouvrir peu à peu vers l’Occident. On a commencé à réformer la société et l’État. Vous connaissez les efforts de Mohamed Ali en Égypte, le Tanzimat en Turquie, l’École polytechnique à Tunis. On a commencé à importer les idées et les méthodes d’Occident.

Le problème se pose avec la charia qui fait partie de notre patrimoine. Tous les musulmans connaissent une inquiétude, un déchirement. Qu’ils soient membres de l’élite ou simples citoyens, qu’ils soient gouvernants ou gouvernés, ils connaissent tous ce déchirement parce que, d’une part, nous voulons rester attachés à notre religion, à notre histoire, à notre patrimoine et, d’autre part, nous voulons bénéficier de la liberté, de la démocratie, des droits de l’homme et de la modernité.

Les premiers auteurs qui se sont attaqués à la question n’ont pas voulu regarder la difficulté en face, tellement le problème était difficile. Tahtaoui, penseur réformiste Égyptien qui a séjourné à Paris au milieu du XIXe siècle écrit : « J’ai été en Europe, j’ai trouvé l’islam mais pas les musulmans. » Autrement dit, la modernité européenne, la liberté européenne c’est cela l’islam, c’est ce que veut l’islam. Les musulmans n’ont pas réalisé ce projet de société ; donc nous n’avons qu’à imiter les Européens pour être fidèles à notre religion. Les réformateurs tunisiens, Khéreddine au XIXe et Thaâlbi au XXe, pensaient la même chose. C’est évidemment excessif parce que l’on saute une difficulté que l’on ne veut pas voir. La question sera approfondie par deux auteurs qui ont joué, à mon sens, un rôle essentiel. Je parlerai d’Ali Abderrazak, auteur égyptien qui a écrit, en 1925, un livre très célèbre intitulé L’islam et les fondements du pouvoir, et de Tahar Haddad, penseur tunisien qui a écrit, en 1929, un livre, célèbre lui aussi, intitulé La femme musulmane entre religion et société. Les deux auteurs ont évité la méthode de leurs prédécesseurs et sont allés au fond des choses. L’un a parlé de droit public, Abderrazak, l’Égyptien ; l’autre, Haddad, a parlé de droit privé. Les deux ont décortiqué les règles de la charia qui sont contraires à la liberté et à l’égalité des sexes ou qui imposent l’État religieux et ils ont fait ce retour aux sources, cette relecture du Coran, cette réinterprétation. Ils ont montré que rien n’empêche aujourd’hui l’islam d’être conjugué avec la liberté, avec la démocratie, avec les droits de l’homme en se fondant sur des versets qui ont été occultés par ce droit musulman élaboré par les théologiens il y a plus de mille ans, en fonction de contraintes économiques, sociales ou culturelles de l’époque. Ce droit a d’ailleurs réalisé un certain progrès par rapport à ce qui a précédé. Par exemple, l’islam reconnaît à la femme une part d’héritage, la moitié de celle de l’homme. On dénonce aujourd’hui cette règle injuste à l’égard de la femme. Il est vrai que de nos jours c’est une injustice. Mais, il y a quatorze siècles, c’était un progrès. La plupart des civilisations de l’époque ne reconnaissaient aucun droit d’héritage aux femmes. Vous vous rappelez qu’en Europe, au Moyen Âge, à l’époque féodale, le droit successoral était régi par deux règles essentielles : le droit d’aînesse et le privilège de masculinité. Non seulement les femmes, mais aussi les frères cadets étaient exclus de la succession. Le droit de succession a donc été amélioré par la charia. Il y a quatorze siècles c’était une étape. Maintenant que Dieu nous a indiqué la voie à suivre nous devons réaliser l’étape suivante. Si, auparavant, on reconnaissait une demi-part, il faut à présent reconnaître une part entière afin d’en arriver à l’égalité successorale entre hommes et femmes. Je vous ai cité les auteurs principaux, les premiers, ceux qui ont évité les problèmes, les seconds, ceux qui ont étudié la question en profondeur. Depuis, plusieurs dizaines, je peux même parler de centaines de penseurs musulmans, ont repris ces théories et les ont approfondies, si bien que nous avons aujourd’hui une critique libérale considérable de la théologie musulmane et toute une théorie de l’islam libéral. Vous me direz : cela, c’est l’œuvre de penseurs, peut-être que ce sont des rêveurs. Sommes-nous loin de la réalité ? Non, nous ne sommes pas loin des réalités. Regardons la pratique des États musulmans.

On peut distinguer aujourd’hui trois catégories d’États : Les États de l’islamisme radical, l’Iran, le Soudan, l’Afghanistan du temps des Talibans. Mais justement, l’Afghanistan radical vient de disparaître, l’Iran et le Soudan connaissent actuellement des crises internes. Ceci prouve que l’islamisme radical n’est pas viable. Les seules expériences qui aient existé ont échoué ou sont en train d’échouer. L’islamisme traditionnel est représenté par les six monarchies pétrolières du Golfe. Ce sont des régimes qui ne semblent pas menacés parce que les pétrodollars leur donnent de très grands moyens. De ce fait, ce ne sont pas des régimes normaux. Ils appliquent plus ou moins la charia. Les États islamiques radicaux et les États islamiques traditionnels, de l’islamisme radical et ceux de l’islamisme traditionnel, huit États au total, ne représentent pas plus du sixième de l’ensemble du monde musulman, aussi bien du point de vue du nombre d’États que du point de vue de l’importance de la population. L’organisation de la Confédération islamique qui groupe tous les États musulmans compte 56 membres.

Le reste du monde musulman, les 5/6e, sont ce que j’appelle des États en voie de modernisation, en voie de changement. Ces États ont changé énormément de choses. D’abord, ils se sont dotés de structures juridiques et étatiques modernes. Partout, il y a maintenant des gouvernements modernes, des parlements souvent mal élus, c’est un autre aspect de la question. Mais, en tout cas, l’existence de ces parlements signifie que la loi est élaborée par les représentants du peuple, ce qui constitue un big bang par rapport à l’héritage historique. Le droit n’est plus ce que disent les théologiens, il est l’œuvre du législateur issu du suffrage universel. On est donc passé de la parole de Dieu interprétée par les théologiens avec l’autorité absolue que cela impliquait, à la parole des hommes donc à un droit relatif, que l’on peut, par conséquent, contester, changer et faire évoluer. Du coup, les gouvernants devraient être régis par le principe de l’alternance. Les châtiments corporels ont disparu. On ne coupe plus la main du voleur. D’ailleurs, en fait, la mutilation a disparu depuis des siècles.

Dans ces pays, aucun texte ne prévoir l’apostasie. La scolarisation des filles se développe et, par conséquent, les femmes entrent par la suite sur le marché du travail. Certes, le statut de la femme reste encore marqué par une condition d’infériorité évidente, mais cela prouve simplement que l’évolution est inachevée ; cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas commencé. Toutes ces transformations ont été réalisées grâce à des actions que j’ai évoquées précédemment. Celles des penseurs de l’islam moderne qui ont donné la base philosophique, théologique, religieuse de ces changements qui impliquent l’abandon, en partie pour le moment, de la charia. Ces réformes radicales semblent pourtant fragiles puisque, de temps en temps, elles sont remises en cause et le courant islamiste dans le monde musulman tend précisément à freiner cette évolution, voire à provoquer un retour en arrière, comme cela s’est produit avec la révolution iranienne. Cette remise en cause s’explique par une particularité de l’islam. À la différence du christianisme, nous n’avons pas une Église, un clergé, un pape qui peuvent, comme l’a fait Vatican II, dire qu’aujourd’hui telle règle, dépassée, est abrogée et que voici la nouvelle. Nous ne pouvons pas avoir une abrogation explicite et claire de la charia. Celle-ci a été l’œuvre de l’histoire. Elle est dans des livres qui existeront toujours. La question est de savoir s’il faut continuer de l’appliquer ou pas. Et pourquoi il est préférable de ne plus l’appliquer. Généralement, par peur des islamistes, les gouvernants tiennent un langage ambigu, ne disent pas les choses telles qu’elles sont, n’expliquent pas à leurs peuples les raisons qui justifient les changements considérables qui ont été introduits. Puisque la charia n’a jamais été abrogée, théoriquement, elle existe encore et l’imam continue à s’en inspirer dans son sermon du vendredi à la mosquée.

À l’école, l’enseignement est l’héritage d’anciennes écoles qui étaient religieuses. Quand on a modernisé l’école, on a introduit les langues étrangères, les sciences exactes : la physique, la biologie, les sciences naturelles, etc. Ces matières se sont ajoutées à l’enseignement religieux qui, même s’il a été abrégé, a continué à avoir le même esprit et le même contenu. Du coup, aujourd’hui, contrairement au monde entier où les écoles étatiques enseignent aux enfants la philosophie de base de l’État moderne, dans la plupart des pays musulmans, on continue à enseigner la charia avec la référence à la société idéale qu’elle contient, alors que cela ne correspond à aucune réalité. On applique la modernité avec un droit pénal, civil, commercial moderne, le contraire de ce que l’on enseigne. Pour prendre un exemple, à l’école, on enseigne encore aux enfants que le prêt à intérêt est un péché et lorsque l’enfant sort dans la rue, il trouve une économie moderne fondée sur le système bancaire qui, lui-même, est fondé sur le prêt à intérêt. Voilà comment on « fabrique », si vous me permettez l’expression, des esprits schizophrènes. Voilà comment, dans les pays musulmans, on a encore souvent un courant islamiste et une jeunesse parfois désorientée. Il faut donc réformer cela. L’évolution du monde musulman a aussi été retardée par des facteurs internationaux.

Dès le XIXe siècle on a voulu s’inspirer de l’Occident. C’était le modèle, mais le modèle nous a trahis à cause de l’agression coloniale. Cet Occident, que l’on voulait imiter, que l’on admirait, dont on voulait importer la science, la technique ainsi que la modernité politique et sociale, nous a opprimés. Il fallait nous opposer à lui et pour en arriver là, il a fallu faire le plein des forces sociales et entraîner les conservateurs, eux aussi, dans le mouvement national de lutte pour l’indépendance. Se battre sur deux fronts contre les conservateurs pour la modernité occidentale et contre l’Occident pour la libération c’est difficile, cela introduit une ambiguïté dans l’attitude des dirigeants.

Depuis les indépendances acquises au cours des années 1950-1960, les peuples anciennement colonisés ont voulu tourner la page par rapport à l’Occident et instaurer, à la place de l’ancienne domination, une coopération amicale. Mais une séquelle de la période coloniale est restée : la persistance du drame palestinien. Or, nous sommes extrêmement sensibles à ce drame palestinien. Les couches populaires font souvent l’amalgame modernité/Occident, Occident/appui à Israël, donc hostilité. Le rejet de la modernité se nourrit aujourd’hui des souffrances du peuple palestinien ; cela contribue à nous retarder. Je pense pourtant que l’espoir est permis. D’abord ce drame palestinien est une injustice dont la communauté internationale entière prend conscience aujourd’hui. J’ai donc l’espoir que la communauté internationale se décidera un jour, le plus tôt possible, à aider le peuple palestinien à retrouver son droit à l’indépendance comme tous les autres peuples, c’est ainsi que cette pomme de discorde entre l’Orient et l’Occident disparaîtra. On voit aussi quelques débuts de démocratisation. Au cours de ces derniers mois, des élections libres, transparentes, se sont déroulées aussi bien en Algérie qu’au Maroc, cela permet donc d’espérer. La menace islamiste a souvent été une cause réelle, parfois un alibi pour les gouvernants afin qu’ils maintiennent des méthodes autoritaires, mais je pense que cette menace commence à s’affaiblir sérieusement. Les années 1980-1990 ont connu l’apogée de la révolution iranienne, les grands succès des combattants islamiques en Afghanistan qui ont réussi à expulser les troupes soviétiques et la montée de l’islamisme en Algérie. Mais depuis, la révolution afghane s’est terminée, la révolution iranienne connaît les difficultés dont j’ai parlé il y a un instant, les crimes du GIA ont fait que la plupart des peuples musulmans ne veulent plus de cette violence islamiste. Donc la menace islamiste est en recul. Je pense que ce qu’il reste de l’islamisme c’est un islamisme gérable démocratiquement et qui ne doit plus constituer un prétexte pour le maintien de méthodes autoritaires.

Enfin, la Tunisie s’est essayée à une expérience de réforme du système éducatif. Je dirai que les enfants tunisiens ne sont plus formés pour subir cette schizophrénie ; au contraire, ils sont formés dans un esprit moderne sur la base des écrits des penseurs musulmans qui ont démontré la possibilité et l’obligation de réformer la charia et d’adopter la démocratie et la modernité. Nous enseignons non seulement Voltaire, Rousseau ou Montesquieu, nous enseignons aussi les théories de Darwin ou du big bang. Tout ce que la science a démontré est enseigné sans aucune crainte. Les jeunes tunisiens ont tout ce qu’il faut pour être en même temps musulmans et modernes. Nous leur enseignons pourquoi il faut réformer la charia. Nous pouvons espérer que, cette mauvaise graine de l’enseignement inadéquat étant supprimée, les jeunes tunisiens ne seront plus déchirés comme ils l’étaient. La Tunisie a déjà essayé un consensus populaire qui a libéré la femme ; depuis cinquante ans, la polygamie a été abolie ainsi que la répudiation et cela ne pose plus aucun pro-blème. La réforme du système éducatif aussi est digérée aujourd’hui et la plupart des Tunisiens en sont fiers. Finalement, la Tunisie a libéré la femme et modernisé son enseignement. Le jour où elle se démocrati-sera, elle pourra servir d’exemple pour l’ensemble du monde arabe. Je crois donc qu’une évolution se présente à nous à condition de respecter trois clés : une solution juste au problème palestinien, une démocratisation politique et, en même temps, une émancipation de la femme et une réforme du système éducatif. Ce sont à mon sens les trois clés indispensables pour que le monde musulman s’installe dans une nouvelle phase de mariage complet entre islam, liberté et démocratie.


[mmlf.webdynamit.net]

Jean-Paul Moreau
s
31 mai 2004 11:51
Bonjour,

Dès la sortie de ce rapport, je voyais dèja certains milieux prêt à la récupération malsaine!
Dounia BOUZAR est une chercheuse compétente, son étude est de très grande qualité. Pour la première fois, un chercheur se penche sur le quotidien du milieu associatif dit "musulman" pour observer, étudier la référence à l'islam dans les activités courantes d'une organisation ordinaire.
Mais les médias de la haine ont transformé ce rapport en appuis à leur thèses alarmistes (" le prosélytisme musulman" : le Figaro) ("Rapport perturbant!" proche orient Info site pro-israélien )...
Cette attitude polémique et malhonnête vise la conclusion suivante: vous voyez, on ne cesse de vous le dire, l'islam est dangereux, donc l'intégrisme est à nos portes et par la suite le terrorisme...

Alors que le rapport (pour ceux qui l'ont lu)montre très clairement que la totalité des associations tentent une conciliation entre l'islam et leur quotidien et incite au civisme au nom de l'islam. Le problème soulevé par l'étude réside dans le fait que les acteurs associatifs essayent de contourner les règles (de l'islam) au lieu de les remettre en cause (exemple:"on consent à tendre la main à un non-musulman parce que le vexer serait un plus grand péché que de le toucher, mais on n'interroge pas le principe d'interdiction en lui-même."

Les intégristes rigoristes ne cherchent aucune négociation avec le texte, ce qui n'est pas le cas de l'écrasante majorité des musulmans et en ce qui concerne cette étude, les associations étudiées, qui sont des associations sportives, culturelles, ..., pour ceux qui de permettent de réagir sans avoir lu ce rapport, il ne s'agit pas d'associations cultuelles, salafistes ou je ne sais quel fantasme!

Je vous rappelle que Dounia BOUZAR s'est battu contre la loi sur le voile! son objectif est d'amener les jeunes musulmans à s'interroger sur les textes et les contextes et non pas de les désislamiser, ce qui reste l'objectif principal du front assimilationiste français, qui veut bien des maghrébins mais moins musulmans ou pas musulmans. D'ailleurs cette étude le dit clairement : "Face à un jeune qui n'existe que par l'islam, posons-nous les bonnes questions : au lieu de lui demander d'être «un peu moins musulman», demandons-nous pourquoi, né en France, socialisé à l'école de la République, lui n'existe que par sa facette musulmane ! Les «défenseurs de l'islam» et les «défenseurs de la République», islamistes et laïcards, appréhendent le débat selon les mêmes termes : ils imaginent que c'est l'islam qui produit les comportements des jeunes. Et le cercle vicieux commence : d'un côté on dénigre l'islam, de l'autre on le surinvestit pour le défendre... Revenons aux individus. S'il y a un «trop religieux», c'est qu'il y a quelque part un «moins quelque chose» ! "

Un dernier rappel: le figaro qui se saisi de la moindre occasion pour stigmatiser , mène une campagne active pour l'héritage chrétien de l'Europe, en discussion en ce moment pour la future constitution européenne (lire le bloc notes de la semaine dernière), l'éditorialiste qui défendu bec et ongle la guerre en Irak revient à la charge avec l'Europe chrétienne et l'islam intégriste, drôle de coincidence pour les néoconservateurs méssianiques bushistes.

Je sais que c'est plus difficile de prendre du recul, c'est toujours confortable de d'être pour ou contre. Avant de sauter sur des conclusions manipulées, prenez le temps d'analyser les faits en lisant le rapport. Ses conclusions sont très pertinentes et peuvent amplifier un débat (déjà ouvert) chez les musulmans sur le rapport aux textes, ce débat peut être salutaire, si les médias de la haine n'accentuent pas leur manipulations, je vois déjà Arlette C (mots croisades) tenter une embuscade coutumière.



Message edité (31-05-04 11:52)
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook