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Les dirigeants arabes veulent que Damas règle le dossier libanais
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3 mars 2005 15:05
Les dirigeants arabes veulent que Damas règle le dossier libanais
LE MONDE | 03.03.05 | 14h32
Les responsables saoudiens et égyptiens multiplient les contacts avec le président syrien Bachar Al-Assad pour qu'il rapatrie ses troupes. Ils veulent lui ménager une porte de sortie, alors qu'Américains et Français accentuent leurs pressions pour obtenir de la Syrie un retrait complet.
L'affaire libanaise donne lieu à un chassé-croisé diplomatique arabe. L'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri et le mouvement populaire et politique antisyrien n'ont pas laissé les gouvernements arabes indifférents. Le ton est visiblement à l'incitation de Damas à retirer ses forces du Liban, tout en lui ménageant une porte de sortie, alors qu'Américains et Français poursuivent leurs pressions sur la Syrie.

Ainsi, après avoir reçu, mercredi 2 mars à Damas, l'émir du Qatar, le cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, le président syrien, Bachar Al-Assad, se déplaçait jeudi à Riyad pour une visite éclair, consécutive à un entretien téléphonique la veille avec le prince héritier et régent saoudien, l'émir Abdallah Ben Abdel Aziz. De son côté, le président égyptien, Hosni Moubarak, devrait se rendre dans les prochains jours à Damas.

Fait inhabituel dans le monde arabe, dont les dirigeants craignent plus que tous les mouvements de foule protestataires, l'émir du Qatar a rendu hommage au soulèvement libanais. "Je pense que les peuples arabes saluent le peuple libanais qui a réussi à renverser un gouvernement, a-t-il dit, la veille de son départ pour Damas. Ils saluent également le gouvernement qui a accepté de démissionner dans l'intérêt du peuple." Très proche des Etats-Unis, l'émir, qui a introduit des réformes dans son pays et qui juge "douloureuse et inquiétante" la situation au Liban, pourrait avoir tenté de convaincre le président syrien, Bachar Al-Assad, de la nécessité d'évacuer le Liban.

Le chef de l'Etat syrien a pour sa part dépêché son ministre des affaires étrangères, Farouk Al-Chareh au Caire et à Riyad. Ici et là, M. Al-Chareh a répété que la Syrie est disposée à appliquer les accords de Taëf, qui prévoient son retrait en deux temps du Liban. Mais les dirigeants saoudiens ont également demandé non seulement au gouvernement libanais mais aussi à la Syrie des éclaircissements sur l'assassinat de Rafic Hariri, qui détenait la nationalité saoudienne et était proche de la famille régnante.

L'Egypte, qui avait dépêché à Damas quelques jours après l'attentat le chef des services de renseignement Omar Souleiman, cherche, selon son ministre des affaires étrangères, Ahmed Abou Al-Ghaïth, à convaincre la Syrie de régler le problème libanais le plus rapidement possible. Pour Le Caire, Damas doit respecter la résolution 1559 adoptée en septembre 2004 par le Conseil de sécurité de l'ONU et qui exige son retrait immédiat du Liban. Selon M. Abou Al-Ghaïth, cela suppose une implication de l'ONU. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, considère pour sa part qu'il n'y a pas de contradiction entre cette résolution et les accords de Taëf. A ses yeux, la solution de la crise libanaise passe donc par l'application de ces accords.

Jeudi 3 mars, l'affaire libanaise devait être abordée lors d'une session régulière du conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe, au Caire. Et ce en dépit de l'absence des deux principaux ministres concernés : le Libanais, à cause de la crise, et le Syrien, qui accompagne son président en Arabie saoudite.

Aux Etats-Unis, l'administration Bush a encore accentué, mercredi, la pression sur Damas. Dans sa première réaction depuis la chute du gouvernement libanais, le président Bush a repris à son compte l'appel lancé la veille par sa secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, en compagnie de Michel Barnier. Il a dit "applaudir" à la conférence de presse conjointe tenue à Londres par les ministres, où "tous les deux ont dit avec force et clarté à la Syrie : sortez vos troupes et vos services secrets du Liban, qu'une bonne démocratie ait des chances de se développer". Il a ajouté qu'à ses yeux, au Proche-Orient, "la liberté est en marche. Non pas la liberté de l'Amérique, mais la liberté universelle". Et, a-t-il ajouté, "le monde parle d'une seule voix dès lors qu'il s'agit de s'assurer que la démocratie a des chances de s'installer au Liban et dans tout le Proche-Orient".

Condoleezza Rice a de nouveau tenu un langage sévère à l'égard de Damas. L'arrestation du demi-frère de Saddam Hussein fin février ne lui a pas paru une coopération suffisante. "Ce que nous voulons des Syriens, c'est un effort maximum, pas un petit peu ici et un petit peu là."Les Syriens doivent faire "un effort maximum au sujet de l'insurrection irakienne, un effort maximum pour expulser les groupes palestiniens - terroristes - et un effort maximum pour se conformer à la résolution 1559" sur le Liban.

Interrogée sur le dangereux "vide"qui pourrait se développer au Liban après un éventuel retrait, Mme Rice a refusé de détailler l'éventuel déploiement d'une force internationale. Elle a estimé que la première étape était le retrait, la deuxième des élections "justes et libres"au printemps sous supervision internationale. Pour le reste, a-t-elle relevé, "la communauté internationale a appelé au retrait syrien". Le ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov a ainsi déclaré à la BBC que "la Syrie devrait se retirer", mais qu'il fallait "procéder avec prudence".

La Maison Blanche, de son côté, a affirmé avoir "des preuves sérieuses" que, dans la préparation de l'attentat de Tel-Aviv du 25 février, "le Djihad islamique était impliqué, depuis Damas". Et son porte-parole a souligné que Washington voulait un retrait syrien du Liban, en "actes" plutôt qu'en "mots".

Mouna Naïm à Beyrouth et Corine Lesnes à New York

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.03.05
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3 mars 2005 15:11
POINT DE VUE
Liban : l'hypothèque du Hezbollah, par Nadim Hasbani
LE MONDE | 02.03.05 | 14h18
On ne sait si le Liban est en train de vivre ou non une "révolution orange", à l'ukrainienne.

Si Damas tente cependant de l'arrêter, il n'a qu'une carte à jouer : le Hezbollah. Car, si la Syrie se retirait bientôt du Liban, le Hezbollah resterait la carte maîtresse de la politique libanaise. Grâce à sa "résistance" armée contre Israël, il a gagné une grande légitimité au Liban. Et, en remportant un grand nombre de sièges aux dernières élections locales (mai 2004), il a prouvé que son vaste système d'aide sociale avait augmenté sa popularité parmi les chiites libanais.

A court terme, l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri renforcera inévitablement l'opposition à la domination syrienne sur le pays. Cette opposition atteint désormais une diversité confessionnelle et une force sans précédent. A la veille d'élections législatives décisives (mai 2005), le message derrière cet assassinat est clair. Que la Syrie ou le gouvernement libanais prosyrien soient ou non derrière cet acte, les institutions du pays ne sont pas actuellement en mesure de fournir un changement de pouvoir pacifique. Les tentatives de tel changement de 1958 et de 1975 l'ont terriblement prouvé. A nouveau, les acteurs, comme la Syrie, qui cherchent à assurer leur hégémonie, sont prêts à aller jusqu'à détruire le pays pour rester au pouvoir.

La Syrie a délibérément évité de construire au Liban des institutions capables d'assurer des changements politiques pacifiques, telles que le Sénat, qui était prévu, ou l'adoption d'une loi électorale définitive. Ainsi Damas est resté le seul dispenseur du pouvoir à Beyrouth. Si la Syrie est amenée à perdre sa mainmise politique, militaire et économique sur son voisin, personne, pas même l'armée libanaise "reconstruite avec l'aide de la Syrie", ne sera capable de l'empêcher de détruire le fragile équilibre du Liban. Si elle décidait, soumise à une pression internationale croissante, d'entraîner le Liban avec elle, elle utiliserait alors tous ses atouts.

Elle continuera à y fomenter des troubles afin de se créer un instrument de négociations qui lui donnera une part du gâteau libanais dans le prochain partage du pouvoir. La relation Hezbollah-Syrie-Iran serait alors ouvertement activée, parce qu'il serait expressément demandé au Parti de Dieu (Hezbollah) de se désarmer après un retrait syrien. Et le régime de Bachar Al-Assad n'hésitera pas, en dernier recours, à convaincre le Hezbollah d'utiliser sa force militaire pour inverser le changement politique en cours, plongeant le Liban dans une crise de plus en plus profonde. Maintenant que les principaux opposants de la Syrie sont unis - chrétiens, druzes et, après la mort d'Hariri, les sunnites -, il devient plus probable encore que le Hezbollah sera utilisé comme dernier recours par Damas.

L'affirmation renouvelée du Parti de Dieu pour un Etat islamiste sur le modèle iranien au Liban, ou la reprise, très grave, de sa confrontation avec Israël, pourrait une fois de plus fournir un alibi à Damas pour rester au Liban. Afin d'éviter à terme une crise à grande échelle, tous les efforts doivent donc être entrepris, sur le plan national et international, pour empêcher le régime syrien d'utiliser son joker Hezbollah.

Personne ne sait dans quelle mesure exactement ce dernier dépend de Damas. Mais on devrait fournir au Hezbollah des moyens suffisants pour qu'il trouve son indépendance en échappant à la tutelle syrienne. Dans le système de partage confessionnel du pouvoir au Liban, il deviendrait un parti ordinaire. Certes, en tant qu'un des mouvements de guérilla les plus efficaces au monde, il n'abandonnera pas volontairement ses armes. La seule chance qu'il accepte de se désarmer pacifiquement serait le gain politique qu'il obtiendrait en échange.

Le Hezbollah réclamera une grande part de pouvoir politique et de nombreux bénéfices en échange de l'abandon de ses armes et de la légitimité qu'il a acquise dans sa lutte contre Israël. Tout en suggérant des perspectives politiques pour le Parti de Dieu, le rôle grandissant de l'Iran dans la région, suite à la chute de Saddam Hussein, et les débats internes au Hezbollah sur sa transformation politique devraient être pris en considération par les acteurs locaux et internationaux.

Les prochaines législatives libanaises, si elles ont lieu sans intervention syrienne, auront comme résultat un nouveau régime. Mais celui-ci ne sera stable que si des possibilités importantes sont offertes pour le futur statut politique du Hezbollah comme parti non armé.

Traduit de l'anglais par Jean Guiloineau

Nadim Hasbani est chercheur à l'Institut français de géopolitique de l'université Paris-VIII.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.03.05
S
3 mars 2005 16:06
Salam

Et ca se prétend "chercheur "
 
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