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Deux ans de prison pour un jeune webmaster tunisien
F
16 septembre 2003 17:12
L'information date de l'an dernier mais c'est toujours bon à savoir, puisque elle concerne aussi bien les internautes que les webmasters.


Arrêté sans motif le 4 juin 2002, torturé, Zouhair Yahyaoui alias Ettounsi webmaster de TUNeZINE.com a été condamné le 20 juin 2002 à 28 mois de prison.

Le 10 juillet 2002, la procédure en appel se terminera sur un verdict de 24 mois de prison ferme pour diffusion de fausses nouvelles.

Maroc Online a interviewé deux responsables du comité de soutien, Sophie "Elwarda" et "Lecteur Assidu" de leurs surnoms respectifs :

Sophie Elwarda bonjour, vous faite partie du Comité pour la Libération d' Ettounsi, quel est votre rôle exactement au sein de ce comité ?

Sophie : J'en suis la porte-parole, et ceci pour deux raison majeures je pense: La première est que comme je ne suis pas tunisienne, je crains beaucoup moins de m'exprimer publiquement, et la deuxième est que je suis la seule (à part ses amis proches et sa famille en Tunisie) à avoir rencontré Ettounsi avant son arrestation.

Pouvez vous nous rappeler un bref historique de l'affaire Ettounsi, comment cela a commencé.

Sophie : Ettounsi de TUNeZINE a été arrêté le 4 juin 2002. La nuit suivant son arrestation, son site (http://www.tunezine.com) a été effacé du serveur qui l'hébergeait, et le mot de passe d'accès à la gestion du forum de discussion avait été changé. La partie gestion du forum permet d'obtenir les adresses IP des gens qui postent des messages, ce qui permet parfois de les localiser géographiquement, surtout lorsqu'ils n'utilisent d'anonymizer.


Quelles étaient les informations publiées qui ont posé problème au gouvernement Tunisien ?

Sophie : Il a été reproché par exemple un message posté sur le forum de discussion (libre et non modéré) qui faisait état d'une rumeur circulant à Tunis concernant une attaque de Carthage qui aurait été déjouée. Le message précisait bien qu'il s'agissait d'une rumeur.

Personnellement je crois que le forum de discussion ainsi que l'emag TUNeZINE posaient problème dans leur ensemble, ne serait-ce que par la diversité des écrits (politique-fiction, satires, humour, chroniques, témoignages, analyses de fond) et aussi la diversité des intervenants, qui bien qu'ayant des opinions parfois divergentes, arrivaient à se respecter les uns les autres et à se retrouver autour d'une idée commune : la démocratie, la vraie. Je pense qu'il est inutile de préciser que tous s'opposaient au régime dictatorial qui sévit actuellement en Tunisie.

Quelle est la profession d'Ettounsi ? D'une façon plus générale qui est Ettounsi ?

Sophie : Ettounsi s'appelle en réalité Zouhair Yahyaoui et beaucoup de gens n'ont appris son nom qu'à l'occasion de son arrestation. Il avait des amis "internet" très proches mais qui ignoraient son identité, et qui même redoutaient de la connaître un jour.
Il est maitrisard en gestion, et n'a jamais pu trouver d'emploi dans sa branche. Il a toujours refusé d'utiliser les facilités qu'offrent l'adhésion au RCD, le parti unique. Il s'est initié par lui-même à l'informatique et à la création de site internet et alors qu'il était insatisfait des sites d'opposition qu'il consultait sur internet, il a créé son propre site, en juillet 2001.
Il tenait depuis plusieurs mois la permanence dans un publinet mais cette permanence était plus du bénévolat qu'un véritable emploi. Il le faisait à titre amical et en échange, il se connectait à loisir sur internet.
Je dois dire pour l'avoir vu dans ces circonstances qu'il était très sérieux dans son travail.

On peut préciser que Zouhair n'est autre que le neveu du Juge Mokhtar Yahyaoui, qu'on appelle aussi le juge rebelle. Zouhair avait diffusé sur internet la lettre pour l'Indépendance de la Justice écrite par son oncle.

J'avais écrit un portrait de lui peu de temps avant son arrestation : on peut le trouver sur ce lien [site.voila.fr].

Que signifie ce surnom ?

Sophie : Tout simplement "Le Tunisien" . Cela s'écrit en réalité "El Tounsi" mais la prononciation en arabe veut qu'on ne prononce pas le "l" de l'article lorsqu'il précède certaines lettres et qu'on redouble la lettre qui suit, d'où "ettounsi".

Pour en revenir au comité, quelles sont les actions qui ont déjà été entreprises ainsi que celles qui sont prévues pour bientôt ?

Sophie : Nous servons de source d'information puisque nous étions très proches d'Ettounsi. Ca représente un véritable travail, et qui est très important. En ce qui me concerne par exemple, je suis en contact permanent avec un des avocats de Zouhair, ce qui me permet d'informer par un communiqué dès que j'ai des nouvelles. De plus je suis maintenant webmaster du site, que j'ai remis en ligne et que je maintiens. Cela aussi fait partie d'une action dans la durée. Une façon de dire : " Ettounsi est en prison mais il fait dix fois plus de bruit ! "

D'autre part, nous travaillons à de nouvelles actions, mais tout dépendra de la suite : pourvoi en cassation ou non. Elles peuvent être des actions de sensibilisation globale ou des actions spécifiques comme trouver des façons de contourner la censure en Tunisie.

En dehors d'Ettounsi quels sont les autres exemples récents de censure en Tunisie ?

Sophie : Je crois qu'il faudrait dire "en dehors de Tunezine" qui est le nom du site, lequel est censuré depuis sa création. La plupart des sites internet traitant des droits de l'homme sont censurés depuis longtemps. Beaucoup de sites d'information le sont aussi et l'accès aux fournisseurs de boîtes aux lettres électroniques est parfois complètement bloquées.

Pour ce qui est de la presse papier, je pense qu'elle s'auto-censure depuis longtemps. Certaines parutions de journaux tunisiens ou étrangers sont parfois interdites de vente ou alors vendues avec des pages arrachées !

Pensez vous que les responsables tunisiens sont sensibles à l'opinion publique, notamment lorsque celui ci est international ?

Lecteur Assidu : Définitivement oui. Même si'ils réagissent très peu de façon officielle, les responsables tunisiens misent beaucoup sur "la bonne imgae de la Tunisie". Les articles de la presse internationale qui montrent l'envers du décor sont très mal accueillis à Carthage surtout quand on sait à quel point la presse tunisienne est indulgente (pour ne pas dire plus) avec le pouvoir tant elle dépend financièrement de lui.

Avez vous encore foi en la justice tunisienne ?

Lecteur Assidu : Il n'y a pas de justice. La séparation des pouvoirs n'existe pas . Exemple énorme: le procès de Hamma Hammami et ses camarades le 2 février 2002 (lire les articles de presse et les communiqués des organisations internationales sur cette parodie de justice).

N'empêche, il peut y avoir des magistrats honnêtes (le juge rebelle).

Sophie : Je ne peux que vous renvoyer à nos différents communiqués que vous trouverez sur ce lien [site.voila.fr] ... Ils parlent d'eux-mêmes.

Pensez vous que l'attitude du gouvernement tunisien puisse avoir des répercussion sur l'activité économique du pays ? En particulier concernant les investissements étrangers ?

Lecteur Assidu : De toutes façons , les investissements ne viennent pas. La Tunisie a été le premier pays du sud à signer l'accord d'association avec l'UE et il est en train d'en payer le prix social (privatisations, licenciements, chômage galopant). Sans parler de la corruption...

Les investissements de l'aveu même des responsables tardent à venir même si le FMI et la BM considèrent la Tunisie comme un "bon risque" et que le pays est un bon éléve de ces institutions.

Sophie : Pour ce qui est de l'internet qui est aujourd'hui devenu incontournable, c'est un véritable frein. Tout d'abord la censure qui est un véritable handicap, et aussi le nombre de filtres qui ralentissent considérablement l'arrivée des données. A débit égal avec le débit qu'on peut avoir ici en France, ou même avec un débit meilleur, les données arrivent parfois très lentement tellement elles sont analysées, filtrées, et parfois stoppées.

On m'a rapporté le cas d'une entreprise qui a préféré s'établir au Maroc plutôt qu'en Tunisie pour cette raison. D'autre part, je sais que tout ceci pose aussi un véritable problème aux entreprises locales qui aimeraient être à jour en matière de services, et aussi en matière de gestion de ce qu'on appelle la "qualité de service" mais malheureusement, celle-ci n'a guère de sens dans un tel contexte.

Mon opinion personnelle est qu'il y a là un véritable paradoxe : beaucoup de compétences techniques sont mises en oeuvre pour surveiller le réseau, filtrer les données, traquer les internautes, et tout ceci freine le développement du pays dans ce domaine.



Le Maroc, pays frère de la Tunisie connaît également la censure journalistique. Journaux interdits de publication, articles en ligne censurés à la demande d'hommes politiques...

Cela est il comparable à la situation de la Tunisie dans le passé ?
Ou s'agit il de deux politiques bien différentes selon vous ?

Lecteur Assidu : Rien à voir. La Tunisie n'a plus de presse. Le président ZABA lui même l'a reconnu en mai 2000 en disant que la lecture d'un titre lui épargnait la lecture du reste car tous les journaux sont quasi identiques.

Une jolie phrase de Taoufik Ben Brik dit que la presse tunisienne est très rarement "saisie" car il n'y a plus rien à saisir (c'est tellement vide). Aucun débat, aucune distance vis à vis du pouvoir, une dépendance politique et surtout économique qui fait qu'aucun patron de presse ne puisse survivre sans une pub distribuée par l'État selon l'allégence...

Avez vous autre chose à ajouter ?
Lecteur Assidu : Merci de votre intérêt. Le cas d'Ettounsi n'est pas unique (millier de prisoniers d'opinion islamistes + procès Hamma Hammami et ses camarades, grève de la faim de Radhia Nasraoui, épouse de Hamma...)

Sophie : Je ne peux que m'associer à ce qu'il dit. Le cas d'Ettounsi est en effet bien loin d'être unique, et si la vocation du Comité pour la Libération Ettounsi est bien sûr de le soutenir et d'agir en vue d'obtenir sa libération, en tant que participants à Tunezine, nous continuons à soutenir tous les prisonniers d'opinions tunisiens quels qu'ils soient.
K
17 septembre 2003 20:33
"La partie gestion du forum permet d'obtenir les adresses IP des gens qui postent des messages, ce qui permet parfois de les localiser géographiquement, surtout lorsqu'ils n'utilisent d'anonymizer. "

waaa nari nari, alors on est tous fichés grinning smiley
h
hmb
17 septembre 2003 22:09
salut tlm,

oui Monsieur,
Il ya la liste des faux pseudo, qui incite à la haine , à l'association pour el jihade , des faux discours non fondés, sachez que la loi est claire .

hannou
 
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