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Les dérives de la lutte anti-terroriste
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7 juin 2014 21:33
[www.islamophobie.net]

Comme à chaque fois, le pays bascule dans la névrose.

Comme à chaque fois, les citoyens sont prêts, contre l’illusion de la sécurité, à sacrifier leurs libertés et leur discernement.

Comme à chaque fois, un acte de violence marginal sert de prétexte à la mise en cause d’une communauté entière.

Donnez nous des coupables ! Montrez nous le diable ! Laissez nous voir son visage, que nous puissions trouver une cible à notre haine, un exutoire de nos frustrations, une icône à notre désarroi.

Les Musulmans de France et d’Europe sont invariablement mis en accusation sur le plan sécuritaire et la survenance d’actes terroristes est une justification chronique de leur mise sous surveillance et sous contrôle strict, sommés de se positionner, de s’excuser, de se justifier.

Chaque phase d’hystérie qui se saisit du pays se solde par une résurgence des actes islamophobes sur le terrain.

Le suspect dans la tuerie de Bruxelles a été arrêté « par hasard » par des policiers lors d’un contrôle inopiné à Marseille, portant sur lui les armes utilisées ainsi qu’une opportune confession vidéo.

Aussitôt, l’ensemble de son parcours nous est révélé, comme si l’on avait toujours su tout de lui, de son enfance turbulente à sa « radicalisation » en prison, de ses accointances criminelles à ses voyages en Syrie, sous surveillance rapprochée par la DCRI ; Toutes ces choses qui semblent définir un déterminisme meurtrier, sans pour autant que les services de police, devenus si savants une fois l’acte commis, aient été capables de le prédire ou de l’empêcher cinq minutes avant que l’irréversible ne se produise.

Et de commenter, ad nauseam, le triste basculement de nos jeunes désœuvrés, dans le radicalisme le plus sauvage. On invite sur les plateaux tout ce que Paris compte d’experts ès-djihadisme, islamisme, terrorisme et, plus généralement, tout ce morbide écosystème qui ne vit que de l’existence supposée d’une menace musulmane, en publiant des livres, sortes de catharsis littéraires censées conjurer la peur de l’Islam en la transcendant, distribuant leur jugement sur tout et n’importe quoi comme d’ignorants oracles prophétisant la fin du monde sur des écrans d’information en continu (sic).

Tant que la peur sera monnayable, cet écosystème subsistera, non pas pour décrire le monde réel mais pour le prescrire.

Car ces gens s’affranchissent totalement de la vérité ou de l’étude raisonnée du fait terroriste en Europe. L’analyse rationnelle ne les intéresse pas et, plus que la sécurité, c’est l’incertitude et la peur qui nourrissent leur commerce.

Les rapports annuels d’Europol, le regroupement des polices européennes, viennent chaque année démentir ce discours ignorant, analyses et statistiques à l’appui.

Pour l’année 2013, Europol recense ainsi, à travers l’Europe, 152 actes de terrorisme. Sur ces actes, seuls deux sont rattachables à des mouvements d’inspiration religieuse, soit 1.3% des actes. Le « terrorisme islamique » est donc un fait totalement marginal au sens statistique, même s’il occupe nos écrans et qu’il est invariablement mis en avant dans la production d’une menace musulmane.

L’essentiel des actes terroristes est perpétré par des mouvements d’extrême droite ou des groupes séparatistes. Même choses pour les victimes : sur les sept personnes mortes en 2013 dans des actes terroristes, une seule a été ciblée dans un acte rattachable à un mouvement religieux : il s’agit du soldat britannique assassiné à Woolwich par deux jeunes se réclamant d’un mouvement radical. Cela n’enlève rien à la gravité des actes, mais replace les choses dans une plus rationnelle proportion.

Dans le même temps, l’Association Française des Victimes du Terrorisme relève que 90% des victimes du terrorisme, à travers le monde, sont des Musulmans.

Pour autant, les médias et la quasi totalité des commentateurs politiques continuent à agiter la menace d’un terrorisme islamique qui viendrait mettre en danger l’Europe.

Analysons maintenant la réponse policière au danger terroriste en Europe.

Pour l’année 2013, toujours selon Europol, 533 personnes ont été arrêtées, dont uniquement 258 ont été jugées et sanctionnées devant des tribunaux, pour des actes répréhensibles au vu des lois antiterroristes.

Cela veut dire que pour chaque suspect potentiel arrêté, on arrête un innocent.

Le nombre de citoyens injustement mis en cause sur des suspicions de terrorisme est en constante augmentation. Ces procédures détruisent des familles, en jetant la suspicion sur des innocents, en les marginalisant au sein de leur entourage, en participant à leur exclusion professionnelle et en leur infligeant, à travers l’emprisonnement et les interrogatoires répétés, de lourdes séquelles.

La France est en tête de ces arrestations, totalisant à elle seule près de 225 arrestations, soit 3 fois plus que l’Angleterre et 20 fois plus que l’Allemagne, deux pays dont on ne peut pas dire qu’ils soient proportionnellement plus ou moins sécurisés.

Sur ces 225 arrestations, plus de 60% visent des Musulmans suspectés de terrorisme, alors même que le travail de police démontre que ces mouvements ne sont pas structurants dans l’émergence du terrorisme.

Dès lors, on peut s’interroger sur les causes de cette obsession française et de cette hyper focalisation, statistiquement irrationnelle, sur les Musulmans.

Dernier exemple en date de cette dérive qui conduit à instrumentaliser les lois à des fins idéologiques à l’encontre des Musulmans : la mise sous contrôle et le gel des avoirs de l’association Anâ Muslim, le 3 juin 2014, dont on nous indique qu’elle ferait l’apologie du terrorisme.

La concordance chronologique avec les évènements de Bruxelles et les « coups de filet » scénarisés durant les derniers jours, aboutissant à l’arrestation de jeunes « candidats au Djihad », donne l’image d’un lien consubstantiel entre les meurtres perpétrés à Bruxelles, la dissidence idéologique d’une association comme Anâ Muslim et l’engagement d’individus isolés dans les combats en Syrie. Un tel lien vient évidemment produire un amalgame renforçant le lien que certains veulent faire entre Islam et terrorisme (et que nous avons très simplement déconstruit plus haut).

Si certaines des déclarations d’Anâ Muslim tombent sous le coup de la loi, quelles sont-elles, précisément ? Si certains de leurs actes sont répréhensibles juridiquement, quels sont-ils ? N’aurait-il pas fallu qu’un juge se prononce avant que ne soient révélés dans la presse, leur nom et les sanctions qui les visent ?

Que reproche-t-on, sur le fond, à des sites et des associations comme Anâ Muslim ?

D’exprimer des positions anti-démocratiques ?

De poser la question de l’engagement armé aux côtés des rebelles syriens ?

Dans les deux cas, les sanctions appliquées paraissent disproportionnées, incohérentes et, pour tout dire, purement idéologiques.

Sur les prises de positions de Anâ Muslim, quels que soient les désaccords de fond ou de forme que nous avons, il convient de poser un regard rationnel et analytique plutôt que de jeter l’anathème sur des gens qui, jusqu’à preuve du contraire, n’ont fait qu’exprimer une opinion, fut-elle radicale et dissidente.

Prenons donc les choses dans l’ordre.

Il est parfaitement démocratique d’exprimer des positions anti-démocratiques.

Tant que le vote n’est pas obligatoire, pourquoi serait-il reproché à une personne ou un groupe, quel qu’il soit, de s’exprimer pour ou contre une pratique qu’ils approuvent ou non, pour des raisons qui les regardent ?

Si la démocratie prétend accommoder le pluralisme, pourquoi serait-elle mise en risque dès lors que des citoyens exerceraient leur sens critique à son égard ?

La liberté d’expression sur l’autel de laquelle on a érigé en acte d’héroïsme le dénigrement et l’insulte de l’Islam et des Musulmans serait-elle à géométrie variable ?

Et, plus largement, pourquoi serait-il problématique d’interroger la capacité, structurelle et conjoncturelle, de la démocratie à tenir les promesses qu’elle fait, à savoir de mettre le peuple en capacité, de le représenter et de mener une politique pour l’intérêt général ?

Sur tous ces plans, il convient de faire le constat simple qui suit :

Le modèle démocratique qui nous est proposé est, pour le moins que l’on puisse dire, en défaillance face à la montée du populisme et à l’exacerbation des tensions qui prévalent aujourd’hui au sein de l’Europe. C’est bien par des voies démocratiques que des fascistes peuvent être élus et c’est par des voies non moins démocratiques que des lois liberticides sont votées.

Le même modèle démocratique est incapable de protéger les citoyens européens de la dérégulation des marchés qui les place dans une position de spectateurs du démantèlement de leur économie, tout en étant réceptif au travail des groupes de pressions et des lobbys qui, plutôt que d’agir pour le peuple, servent des intérêts particuliers, économiques ou idéologiques.

Les hérauts de la démocratie à la française sont souvent les plus critiques contempteurs de l’autonomie des autres, dès lors qu’elle s’exprime par des voies démocratiques qui ne leur conviennent pas.

Ainsi, de nombreux commentateurs politiques français ont regretté le rejet de Ben Ali en Tunisie, allant jusqu’à expliquer qu’ils préféraient « la dictature que les barbus »…

Plus récemment, notre ministre des affaires étrangères a très cordialement félicité le maréchal Al Sissi pour son coup de force en Egypte, au mépris du processus démocratique, normalisant ainsi des relations diplomatiques malgré l’assassinat, la torture et l’arrestation de milliers de personnes.

On voit ainsi que ce qui est souvent promu, dans la pratique, est l’idée d’une démocratie conditionnelle.

Elle est valide si elle est opérante comme outil de contrôle du peuple.

Elle devient problématique si elle remet en cause les rapports de domination et l’ordre établi par une élite, soit très précisément la mission qu’elle prétend incarner.

C’est ainsi que nombre de nos démocraties occidentales basculent, progressivement, vers des états policiers chargés de veiller à la protection d’économies dérégulées. De la même façon que les chaînes de télévision sont des providers de divertissement, l’état devient un provider de sécurité, chargé de pacifier l’espace de consommation et de donner aux clients, pardon aux citoyens, le sentiment de sécurité leur permettant de travailler plus pour gagner plus et donc dépenser plus afin que d’autres puissent gagner toujours plus…

Dès lors, on comprend mal au nom de quoi des citoyens ne pourraient pas, y compris au nom de leur foi ou de leurs valeurs, porter un constat critique sur un tel système de gouvernance. Cet espace de dialogue, de désaccord, de réflexion et de proposition est justement l’une des caractéristiques d’un système démocratique qui serait en pleine capacité, y compris de se regarder dans la glace et de se réformer au besoin.

La seconde question est celle de l’engagement armé, en Syrie et ailleurs.

On pourrait collectionner avec délectation toutes les fougueuses déclarations, entre inquiétude et comédie dramatique, au travers desquelles chacun juge nécessaire d’exprimer son désaveu quant à ces personnes qui partent combattre en Syrie.

Il est effectivement d’une gravité extrême que des jeunes, recrutés sans forcément comprendre dans quoi ils s’engagent, soient envoyés combattre dans des guerres qu’ils ne comprennent pas, en exigeant d’eux une allégeance idéologique qui les dépasse le plus souvent, pour des causes bien différentes de celles qu’on leur avait présentées initialement, donnant leur vie et en prenant quelques autres au passage, souvent celles d’innocents que l’on prétendait libérer.

Cela s’appelle l’armée.

Pourquoi la guerre serait, de fait, légitime en uniforme et inacceptable en turban ?

J’utilise délibérément cette forme de questionnement idéologiquement provoquante pour justement explorer notre façon de concevoir ce qui est Bien et ce qui est Mal, ce qui est digne de combattre et ce qui ne l’est pas, ce qui mérite de sacrifier sa vie et ce qui mérite de cantonner ses indignations à des colères passagères, le plus souvent exprimées sur des réseaux sociaux, comme le sont fréquemment de vaines déambulations quant au sens de la vie et de la vraie liberté, exprimée outrancièrement sur des écrans bleus patentés. Moderne oxymore.

Je disais donc qu’il est grave que des jeunes gens soient impliqués dans des combats armés sans comprendre ce qu’un tel engagement implique. C’est grave en ce qui concerne les personnes qui partent combattre en Syrie. Ca ne l’est pas moins s’agissant des armées dites conventionnelles. C’est donc ce premier élément de consentement, pas toujours éclairé, qui pose problème.

Or sur ce thème du sacrifice et du consentement, une étude européenne publiée cette semaine nous indique que 70% des Français seraient prêts à mourir pour défendre leurs idées. Faut-il les considérer comme des djihadistes potentiels ?

Le second élément est de l’ordre de la rupture sociale et familiale. Pour beaucoup de jeunes qui ont été recrutés, dont plusieurs n’étaient même pas majeurs, le départ en Syrie s’accompagne d’une rupture avec l’entourage immédiat, participant à la marginalisation sociale de ces jeunes, y compris vis à vis de leur famille. Ces ruptures sont, en elles-mêmes, des drames humains et aucune religion, aucune croyance, aucune cause, aucune lutte légitime ne saurait s’affranchir du consentement de ceux qui la soutiennent d’une part, et des conséquences de leurs actes d’autre part, y compris dans la préservation des liens familiaux et humains.

Le troisième élément est stratégique et géopolitique : soutenir la résistance face à une dictature est une chose. Participer, consciemment ou non, au chaos qui légitime cette même dictature dans sa sanglante répression en est une autre. Or il est notable qu’à mesure que la résistance se divisait dans l’intégrité de sa lutte contre le régime de Bachar el Assad, ce dernier a instrumentalisé la présence d’éléments étrangers pour se positionner lui même en résistant face aux ingérences extérieures et construire la figure du dernier rempart face à l’épouvantail djihadiste qui émergeait. Sur le terrain, les groupes qui combattent contre ce dictateur sanguinaire sont désormais clivés avec, dans plusieurs endroits de Syrie, des groupuscules armés, se réclamant du djihad tout en combattant les civils et autres mouvements syriens qui ne partageraient pas leur idéologie. Chaque « candidat » à la résistance armée en Syrie doit ainsi se poser la question de son utilité et de sa contribution au sort des Syriens. Bien souvent, cet aspect n’est pas pris en compte lors du départ et demeure presque inaudible dans le discours binaire qui est proposé.

Le quatrième élément est sécuritaire et juridique. Si c’est la militarisation d’une partie de nos jeunes qui pose problème, ce qui est compréhensible, alors il faut également dans ce cas interdire le départ de ces centaines de jeunes français qui, chaque année, partent servir dans les rangs de Tsahal, une armée qui (entre autres) :

maintient l’occupation illégale des territoires palestiniens, au mépris du droit international
tue des civils palestiniens, dans l’impunité la plus totale
a été reconnue coupable de crimes de guerre par l’ONU, ainsi que de l’utilisation de phosphore blanc et d’armes non autorisées sur des populations civiles
pratique les assassinats politiques de manière ciblée, partout dans le monde, en usurpant au passage l’identité de citoyens européens
détient l’arme nucléaire de manière clandestine, au mépris des accords de non-prolifération, sans que soit déclenchée une procédure de sanctions
à plusieurs reprises a détenu illégalement des ressortissants et des diplomates français, soumis à des interrogatoires coercitifs
se sert des synagogues en France comme de centre de recrutement militaire, comme le relevait à juste titre il y a quelques semaines le site Panamza

Il conviendrait de faire la pleine lumière sur le nombre et le profil de ces citoyens qui partent, chaque année plus nombreux, participer à des combats en violation du droit international puis qui reviennent sur le territoire national, sans que l’on ne puisse contrôler leurs déplacements et leurs actions, tolérant ainsi sur le sol français des groupes considérés ailleurs comme terroristes, telle que la Ligue de Défense Juive, jouissant de la part des pouvoirs publiques d’une totale impunité et ne faisant, à ce jour, l’objet d’aucune demande de dissolution.

Si la position du gouvernement français ne trouve cohérence ni sur le plan moral, ni sur le plan social, ni sur le plan sécuritaire, ni sur le plan stratégique, ni sur le plan juridique, c’est qu’elle n’est autre qu’idéologique.

Or qu’est ce que l’échec du modèle démocratique, sinon le détournement des institutions, des lois et de l’appareil d’état, non pas pour au service du peuple et de son bien être, mais pour l’accomplissement de l’opinion d’une minorité politique.

Marwan Muhammad, membre du CCIF
a
7 juin 2014 22:07
Salam,

Marwan Muhammad, membre du CCIF

A ces pleurniches, à cette enthousiasme d'enfant qui veut éclairer la multitude idiote "victime de ses maîtres" - mauvais mais ils nous garantissent du gaz bon marché ! Pas le choix... Et chacun pour soi !

Je réponds :

[www.youtube.com]

 
Ak 0

D'abord sa famille, ensuite les autres...



Modifié 2 fois. Dernière modification le 07/06/14 22:14 par abde12.
 
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