Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Déprimant parlement
z
26 novembre 2006 01:48
Déprimant parlement


Ahmed R. Benchemsi
Au-delà du mode de scrutin, le vrai débat, c’est : à quoi sert le Parlement ?


Grande nouvelle : on est enfin arrivé à un accord sur le mode de scrutin. Les “petits partis” pourront tous présenter des candidats aux élections législatives de 2007. Bravo, et vive la démocratie ! Bon, les “grands partis” gardent un petit avantage technique (cette fameuse histoire de 6% de seuil minimal pour la liste des femmes), mais n’essayons même pas de l’expliquer – de toute façon, ça ne change pas grand-chose. Au final, les petits partis resteront petits, et les grands
resteront grands. Ça se verra à leur nombre de sièges au Parlement, et au nombre de fauteuils ministériels qu’ils décrocheront.

Il était temps que prenne fin cette agitation sur les “petits partis”, un beau prototype de tempête dans un verre d’eau. Leur enjeu d’hier est aujourd’hui dépassé : OK, ils vont se présenter. Mais à quoi ça sert de se présenter, et même de gagner, si on n’a aucune chance de faire partie du gouvernement, ni même de le contrer sérieusement au Parlement (par exemple, en faisant barrage aux lois qu’il veut faire passer) ? Dans les démocraties occidentales, ça sert à faire connaître un parti : par ses positions courageuses, il se forge une personnalité et, si tout va bien, cette personnalité lui permet d’avoir plus de sièges aux élections suivantes. Et encore plus à celles d’après. Jusqu’à ce qu’il devienne un “grand parti”, et ait une chance de participer à un gouvernement, ou de représenter une opposition inquiétante pour le gouvernement.

Au Maroc, que se passe-t-il ? Les députés élus des “petits partis” se dépêchent de rejoindre un “grand parti”, dans le but d’intégrer un “groupe Parlementaire” (il faut 20 députés, pour en constituer un). Soit ils changent d’étiquette, en toute simplicité. Soit leur parti s’allie à un autre (c’est permis), et leur union permet de dégager un groupe. Hors du groupe, ils n’ont même pas le droit… de poser des questions aux ministres ! Autant dire que leur mandat ne leur sert, pour la plupart d’entre eux, qu’à toucher un confortable salaire mensuel, et à s’abriter derrière l’immunité pour faire des trucs pas très nets… Maintenant, même ceux qui font partie de groupes et qui posent des questions, quelle est leur utilité, au fond ? Aucune, sinon obliger les ministres à sacrifier leur mercredi après-midi pour se défendre contre des questions parfaitement démagogiques (c’est le cas de leur grande majorité). Quant à proposer des lois… La précédente législature s'était achevée sur la moyenne ébouriffante de 0,012 proposition par député et par an. On est impatients de voir le score de l’équipe sortante. Tout ça pour dire quoi ? Pardonnez le côté cru de la sentence qui va suivre : le Parlement, au Maroc, ne sert à rien.

Ah ! si, pardon, il sert à une chose : “l’apprentissage de la démocratie”. C’est très important, “l’apprentissage de la démocratie”… Mais combien de temps ça va prendre, au juste ? Tout dépend de la mentalité des élus. On nous dit qu’il y aura moins d’élus véreux en 2007, parce qu’il y a eu ce fameux précédent des douze Députés suspendus de la deuxième chambre (deux viennent d’être condamnés à de la prison ferme assortie de périodes d’inéligibilité). Sincèrement, bravo ! Ça va sans doute faire réfléchir, et limiter la corruption électorale en 2007. Mais est-ce que ça empêchera de gros notables féodaux, et autres “bourazza” analphabètes de se présenter au noms des “grands partis” – et de gagner ? Est-ce que ça empêchera les plus populistes (notamment les barbus) de se présenter – et de gagner ? Hélas, non. Tout simplement parce que, quel que soit le mode de scrutin, ces gens-là continueront à représenter – démocratiquement – le Maroc profond. Et que cette mentalité-là mettra au moins une génération à changer – si elle change un jour. Tout comme, en fin de compte, le Parlement, le gouvernement, et la politique au sens large, dans notre beau pays. Il n’y a rien d’autre à faire que de prendre notre mal en patience...
a
26 novembre 2006 10:27
Nous risquons de prendre notre mal en patience longtemps. Le mode de scrutin actuel permet de reconduire inéluctablement ceux qui sont sous la coupole lors des séances d'ouverture, puisque lors des séances pleinières, ils ont d'autres chats à fouetter, et donc aucun changement n'est prévisible.
Et ces "petits partis", qui sont ils? au fait ce ne sont que des natifs des "grands partis", quoi que dans la réalité il n'y a pas de grands partis chez nous mais il y a de grands oportunistes.
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook