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En déclin dans tous les pays, les Papillons font toujours l'apanage du Maroc
M
16 août 2019 14:21
Entomologiste-voyageur et philosophe, auteur de plusieurs ouvrages et de centaines d'articles qui font autorité, le Français et grand ami du Maroc Michel Tarrier consacre ses recherches à la faune des Papillons de notre pays depuis plus de 30 ans. Chaque saison, il séjourne de longs mois pour prospecter tout le territoire, notamment les montagnes les plus sauvages du Rif et des Atlas, mais aussi les steppes de l'Orientale et le Sahara marocain.

Ces dernières années de suivi lui firent encore découvrir des espèces jusque-là insoupçonnées comme le splendide Machaon de la Rue et la Thècle de Lhafi, nommée en l'honneur du Docteur Abdeladim Lhafi, Haut Commissaire des Eaux et Forêts et de la lutte contre la désertification, ou encore noter la présence nouvelle pour le Maroc d'espèces venues de pays voisins comme la Piéride dorée et le Blanc veiné de brun, transfuges de Maurétanie. Toutes preuves, s'il en est, que le Royaume reste une terre d'accueil pour le Vivant.

Une richesse en péril mais toujours sous contrôle

"On ne répètera jamais assez que la richesse du biopatrimoine marocain est unique dans tout le zonobiome (macroécosystème) méditerranéen. Terre de contact, montagneuse, méditerranéenne à influences océanique et saharienne, véritable interface entre l’Europe et l’Afrique, le Maroc est le plus favorisé des pays de la Méditerranée occidentale. Avantageusement îloté entre l’Océan atlantique, le Sahara, les Hauts Plateaux orientaux et la Méditerranée, ce Maghreb extrême offre une très grande variété d’écoclimats, accentuée par les barrières élevées de ses reliefs", nous explique Michel Tarrier. "Si, comme partout sur une planète usée jusqu'à la corde, les effectifs de Papillons sont en baisse (quoi que pas toujours...), si de nombreux habitats disparaissent, notamment sous les effets ravageurs pour les sols du pastoralisme intensif, toutes les espèces sont néanmoins maintenues. C'est ce que nos expéditions de cette année ont prouvé ! Au Maroc, la Nature a la dent dure !", ajoute le naturaliste et écologue. Et de conclure : "Réduire la viande et l'élevage, notamment le sylvopastoralisme sédentaire, pour sauver la flore et la microfaune très fragiles des systèmes semi-arides représente une mesure d'urgence".

Les Papillons sont des bio-indicateurs de haute valeur

Les Papillons sont le reflet de ce qu'il y a dessous... et quand le sol est irréversiblement dénudé ou artificialisé, plus rien ne vole.

Ce n'est pas encore le cas au Maroc et souhaitons que cela n'arrive jamais. La preuve en est que les espèces les plus remarquables de notre biopatrimoine ont été encore observées cette année. En voici quelques exemples.

La Proserpine (Zerynthia africana) et notamment l'Oasienne (Zerynthia tarrieri) restent les Papillons printaniers de la plupart de nos campagnes du Nord et du Centre, ainsi que de nos oasis de l'Anti-Atlas (Taroudannt, Tafraoute...) ;
L'immense Voilier blanc continue de fréquenter les cerisaies et les amandaies non traitées, et atteste ainsi de la valeur écologique de bien des vergers du pays ;
Le Faux-Cuivré berbère, inconnu du Maroc jusque dans les années 2000, se rencontre en certains habitats steppiques tant de la Moulouya que du Haut Souss ;
Le Cuivré de l'Atlas, endémique strictement cantonné au Sud-ouest atlasique, peuple toujours et dans un riche cortège d'autres Papillons, les rives des oueds, comme dans la pittoresque région de Tafraoute;
L'Azuré de la Sauge, en grand danger d'extinction, est encore visible dans quelques clairières de la cédraie du Parc d'Ifrane ;
Si la sonnette d'alarme a été tirée à propos du déclin de l'Azuré du Bec-de-grue, dont le Maroc conserve les seules colonies au monde, il continue de voler tant dans le Moyen Atlas que dans le Haut Atlas, toujours à la faveur de mesures de conservation ou de régénération ;
L'Azuré de Tarrier et l'Astragale des chèvres, la superbe plante nourricière de sa chenille, gagnent du terrain dans les montagnes préservées de l'Anti-Atlas ;
Il n'est pas une formation d'Arbousiers qui ne soit survolée par le magnifique Pacha-à-deux queues ;
En fin d'été, du Nord au Sud et surtout à l'Est, les nappes d'Alfa sont toujours le spectacle du grand vol des noirs Berberia, telle une chorégraphie animée par le vent.
Pour ne citer que quelques composantes et sans parler des innombrables espèces relictes et si précieuses réfugiées sur les hauts sommets du Parc du Toubkal.

Pour en savoir plus sur les Papillons du Maroc, on peut consulter cette page intitulée "Les Papillons, mémoire vive du Maroc" : [www.micheltarrier.com]
J
16 août 2019 14:50
Bonjour,

Merci beaucoup pour ce post passionnant.
Je viens d'aller sur le site smiling smiley J'aime beaucoup.


"Les Papillons sont le reflet de ce qu'il y a dessous... et quand le sol est irréversiblement dénudé ou artificialisé, plus rien ne vole. "
"Les papillons mémoire vive du Maroc"

...j'espère que cette mémoire perdurera. smiling smiley

Bonne journée
 
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