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LA FIN D'UN REGIME?????
m
1 août 2006 22:28
les ennemies de mes ennemies sont mes amis c simple non et ca marche des deux cotes
l
1 août 2006 22:34
si cétait si simple..... c'était comme ça avant. tu étais ou dans le camp soviétique ou dans celui des americains. un monde binaire. moi je préfére le ni ni.
j
1 août 2006 23:07
Citation
mola-omar a écrit:
les ennemies de mes ennemies sont mes amis c simple non et ca marche des deux cotes

tu sais que si je te dénonce aux américains, je gagnerai 1 M de dollars...
l
1 août 2006 23:14
il parait que mollah omar aurait rasé sa barbe et dirigerait un parti en france. il lui manquerait toujours un oeil.
M
2 août 2006 00:42
VIVE FIDEL CASTRO...Voilà un homme politique courageux qui a su faire face aux américains durant toutes ces années....

VIVE FIDEL...ET LONGUE VIE A LA REVOLUTION CUBAINE!
M
2 août 2006 00:43
L'européen...si tu connaissais un tant soi peu Cuba...tu saurai que c'est tout sauf un régime stalinien....
M
2 août 2006 00:48
Divers documents sur Cuba et fidel Castro ici:

[www.centre-ernesto-che-guevara.org]

[www.fidel-castro.es]

[fr.groups.yahoo.com]

Voulaient-ils détruire les Etats-Unis ?

La singulière histoire de cinq Cubains

Pour la quatorzième fois depuis 1992, l’Assemblée générale des Nations unies a condamné, le 8 novembre, par 182 voix contre 4, l’embargo imposé à Cuba par les Etats-Unis. Provoquant un durcissement très critiqué du régime face à son opposition, Washington ne se contente pas de cet étranglement économique. Son soutien à des actes meurtriers affectant l’île viole tout autant le droit international. Et est à l’origine du procès inique dont ont été victimes, en Floride, cinq Cubains.

Accusés d’avoir commis 26 délits au regard des lois fédérales américaines, cinq Cubains – MM. Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Ramon Labañino, Fernando González et René González – ont été arrêtés à Miami (Floride), le 12 septembre 1998. Les « cinq », comme on les appelle désormais, étaient arrivés aux Etats-Unis en provenance de La Havane, avec pour mission d’infiltrer les organisations armées issues de la communauté cubaine exilée, tolérées et même protégées en Floride par les gouvernements américains successifs, et de découvrir leurs éventuelles activités terroristes contre Cuba.

L’île a subi des pertes humaines significatives (environ 2 000 morts) et de coûteux dommages du fait des agressions dont elle a été victime pendant des décennies. Ses protestations auprès du gouvernement des Etats-Unis et des Nations unies ont été vaines. Au début des années 1990, et alors que Cuba s’efforçait de développer le tourisme, les anticastristes de Miami ont déclenché une violente campagne d’attentats visant à dissuader les étrangers de se rendre dans l’île. En 1997, une bombe a été découverte dans l’un des aéroports de La Havane, d’autres ont fait explosion dans des bus et des hôtels. Un touriste italien – Fabio di Celmo – a été tué, des dizaines d’autres blessés. Des installations touristiques ont été mitraillées, depuis des embarcations venues de Miami.

Lors de leur arrestation, les « cinq » n’ont opposé aucune résistance. Ils n’avaient pas pour mission d’obtenir des secrets militaires américains, mais de surveiller des criminels et d’informer La Havane de leurs plans d’agression (1). Ils agissaient contre le terrorisme. Ils n’en ont pas moins été envoyés dans des cellules disciplinaires réservées au châtiment des prisonniers les plus dangereux et y ont été maintenus pendant dix-sept mois, jusqu’au début de leur procès. Lorsque celui-ci s’est terminé, sept mois plus tard, en décembre 2001 (trois mois après les odieux attentats du 11-Septembre), ils ont été condamnés aux peines de prison maximales : M. Hernández, à deux détentions à vie, MM. Guerrero et Labañino, à perpétuité. Les deux autres, MM. Fernando et René González, à dix-neuf et quinze ans de prison.

Deux poids, deux mesures
Vingt-quatre de leurs chefs d’accusation, à caractère technique et relativement mineurs, se réfèrent à l’utilisation de faux papiers et au non-respect de l’obligation de se déclarer en tant qu’agent étranger. Aucune de ces charges ne comprend l’utilisation d’armes, des actes de violence ou la destruction de biens.

Rien n’est plus révélateur que le contraste entre la conduite du gouvernement américain dans cette affaire et son attitude face à MM. Orlando Bosch et Luis Posada Carriles. Ces deux personnes sont, entre autres, les organisateurs d’un horrible attentat à la bombe à la suite duquel un avion DC-8 de ligne cubain a explosé en plein vol, le 6 octobre 1976, tuant 73 civils innocents. Quand M. Bosch a demandé un permis de séjour aux Etats-Unis, en 1990, une enquête officielle du département de la justice a conclu : « Pendant des années, il a été impliqué dans des attaques terroristes à l’étranger, il s’est dit partisan de la réalisation d’attentats et de sabotages, et a trempé dans des attentats et des sabotages. » Malgré cela, il s’est vu octroyer le permis de séjour par le président George Bush père...


suite ici:

[www.monde-diplomatique.fr]

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Le regard de Michael Moore sur Fidel Castro


[risal.collectifs.net]
l
2 août 2006 00:53
je connais un peu. je connais surtout les syndicalistes ou libertaires emprisonnés ou disparus.
ça me suffit. j'ai bein soutenu un peu dans ma jeunesse le regime castriste; par solidarité et anti americanisme. tout comme je passais sur la repression dans la patrie du socialisme.
mais le temps des repas avec l'association d'amitiés cuba france, ça m'a passé.
qu'ils aillent tous se faire foutre, ces dictateurs qui ont reduit l'image du communisme à la negation de l'individu et de ses droits les plus élémentaires. cuba est devenu un bordel pour touristes ou le dollard est roi est la corruption une formalité administrative. il n'y a plus que des vieux du pcf ou de la cgt pour aller s'y extasier sur les "réussites" du socialisme cubain.
j
2 août 2006 19:05
Moreau, tu as raison.

grâce à Fidel, une nuit avec une belle cubaine brune et caliente coûte 20 $ ou deux sac de riz.


Muchas gracias Fidel!!!
s
2 août 2006 21:37
ca sert a rien de vouloir faire la morale aux cubains...et encore moins se payer leurs tetes...alors que chez nous...c'est moyen...;-)
A
2 août 2006 21:41
Citation
Moreau a écrit:
L'européen...si tu connaissais un tant soi peu Cuba...tu saurai que c'est tout sauf un régime stalinien....

qu'il soit Stalinien ou pas peu importe !

Il s'agit maintenant plus de despotisme familial
M
2 août 2006 23:56
De nombreux articles pour bien comprendre la situation cubaine sur le site RISAL

[risal.collectifs.net]
i
3 août 2006 13:40
Sacré Fidel smiling smiley
Il y avait les monarchies de droit divin, maintenant on entame le cycle les monarchies communistes.

Fidel, un dictateur parmi d'autres, il aura eu une vie bien remplie, il s'est bien eclaté.
Moi, je pense aux gamins qui se sont forcement noyés entre cuba et miami, a ceux et a celle qui donnent tout pour un sac de riz, ou n'ont d'avenir que dans la mesure ou Fidel le permet..... un déspote.

La liberté a la Fidel, il faut se mefier.
N
3 août 2006 15:21
viva la revolucion cubana!! muerte a estados unidos y sus amigos!!

Fidel, el lider maximo!
l
3 août 2006 15:30
Citation
Nassima76 a écrit:
viva la revolucion cubana!! muerte a estados unidos y sus amigos!!

Fidel, el lider maximo!

ca se voit que tu vis pas sous un tel régime.
[color=#FF0000]il y'a bien des laideurs qui ne se voient pas!!!!!!!! [/color]
N
3 août 2006 15:54
Citation
lwajdi a écrit:
Citation
Nassima76 a écrit:
viva la revolucion cubana!! muerte a estados unidos y sus amigos!!

Fidel, el lider maximo!

ca se voit que tu vis pas sous un tel régime.

J'ai une amie cubaine et elle est à 100% pour Fidel, c'est un homme très courageux avec son ami le "che". Et tu crois qu'au maroc, c'est pas pire qu'à cuba?mon oeil, oui! NON à la propagande des pseudo démocrates à deux balles!!
i
3 août 2006 16:17
le Che n'est pas son ami, la preuve: le che est mort.

Lider maximo ! maximo stupido oui smiling smiley
N
3 août 2006 16:46
Citation
icare99 a écrit:
le Che n'est pas son ami, la preuve: le che est mort.

Lider maximo ! maximo stupido oui smiling smiley

Arrêtes tes niaiseries! Fidel Castro, je l'aime pour son combat contre l'impérialisme américain et Hugo Chavez semble prendre sa relève en Amérique Latine! mauvaise nouvelle pour les Américains de m.erde.
M
3 août 2006 18:12
Quelques articles sur Cuba....

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CUBA & DEVELOPPEMENT DURABLE

Durabilité d'une révolution ou dictature insoutenable ?

Notes et impressions de voyage.

Jean-Yves MORGANTINI, agronome.

Contexte : Du 05 juillet au 07 Août 2004, 5 semaines dont trois dans le
cadre d'un voyage avec un groupe UNESCO à 15 personnes et deux semaines en
voyage « privé », non préparé, à trois personnes. Présence pendant les 5
semaines, de Jaïmé, ethnologue Argentin vivant en France depuis 30 ans, qui,
entre autre, a assuré la traduction dans sa langue maternelle et apporté une
connaissance précieuse de l'histoire de Cuba.

Ces notes ne résultent pas d'une étude scientifique de la société cubaine
mais rendent compte de ce que nous avons vu, entendu et perçu au cours de ce
voyage.

Itinéraires et rencontres :

1- DURABILITE SOCIALE :

- EQUITE :

C'est peut-être ce qui est le plus remarquable pour un occidental de pays
dit démocratique : il n'y a pas d'extrême pauvreté ni d'exclusion.

- Alimentation : L'Etat assure à chacun un minimum alimentaire (carte
donnant droit aux produits de base à des prix très bas).

- Santé : accès aux soins gratuits pour tous quelque soit l'importance de
l'intervention (consultation ou chirurgie lourde) dans un système performant
: 1 médecin pour 120 familles, programme de suivi obligatoire pour les

femmes enceintes et les jeunes enfants, des hôpitaux et cliniques
apparemment plus nombreux que les casernes. Les compétences médicales
cubaines s'exportent (par exemple, 3 000 médecins cubains assistent les
populations des zones retirées au Venezuela) . Les difficultés sont dues au
blocus qui empêche l'approvisionnement en certains médicaments, et à
l'ouverture au tourisme qui augmente les problèmes de drogue et de
prostitution dans les grandes villes.

- éducation : école gratuite et obligatoire pour tous jusqu'à 16 ans. Les
formations bsupérieures sont également gratuites y compris repas et
hébergement. Il n'y a plus d'illettrisme qui touchait encore 40% de la
population en 1961 et les cubains nous sont apparus plutôt cultivés et
qualifiés dans tous les contacts (chantiers, campagnes.) que nous avons eus.

- travail et salaires : c'est l'Etat aussi qui assure les emplois sous
différentes formules (administrations, entreprises coopératives, activités
individuelles.). Tout le monde à accès à un travail mais pas toujours celui
qu'on voudrait, c'est pour ça qu'il y a environ 3% de chômeurs. Il n'y a pas
d'indemnité de chômage mais la couverture sociale est maintenue. L'éventail
des salaires est très resserré, de 10 à 30 dollars par mois (du manoeuvre au
médecin ou directeur). Pour gagner plus, il y a des primes en fonction du
travail fourni et certains cumulent deux emplois. L'ouverture au tourisme
est en train de bouleverser cette organisation sociale car ceux qui sont au
contact des touristes peuvent gagner beaucoup plus en dollars ce qui
dévalorise les enseignants, médecins et autres cadres qui abandonnent leurs
postes pour faire guide, hôtesse ou chauffeur de taxi.

- logements : ils sont aussi attribués par l'Etat et
le prix de location est faible, voire nul, l'électricité est distribuée
presque gratuitement, entre les coupures.. A la Havane, les conditions de
logement sont loin d'être équivalentes, il y a un monde entre la promiscuité
et l'insalubrité dans la vielle Havane et les quartiers « riches ». Mais ce
n'est sans doute pas par désintérêt car, prévoyant quelques évolutions
possibles, Castro a délivré l'équivalent de titres de propriétés aux
personnes occupant les logements de la vieille Havane pour qu'ils ne
puissent pas être expulsés sans compensation si un jour ces bâtiments
prenaient de la valeur et suscitent des appétits.



- TOLERANCE / RACES, RELIGIONS, AUTRES PAYS :

Les métissages entre amérindiens d'origine, blancs conquérants et noirs
importés comme esclaves, donnent toutes les nuances de couleurs de peau. Les
luttes contre l'esclavage, pour l'indépendance ensuite et pour la révolution
récemment, donnent une société actuelle qui ne fait pas de différence
raciale.

Les religions s'expriment peu à l'extérieur et les cubains qui mélangent
facilement catholicisme et rites africains ne semblent pas avoir de
problèmes pour exercer ou non la religion de leur choix.

Très solidaires entre eux, les cubains n'ont qu'un ennemi déclaré :
l'impérialisme qu'ils dénoncent et redoutent quotidiennement chez leur plus
proche voisin, les USA. Cependant ils ne font pas d'amalgame et n'ont rien
contre les citoyens et la nation des Etats-Unis, ce sont les politiques
impérialistes et les dirigeants responsables qu'ils combattent. Les cubains
font remarquer que Cuba est sans doute le seul pays ouvertement hostile aux
USA où le drapeau américain n'a jamais été brûlé. Et si un jour le peuple
américain veut se débarrasser de ses dirigeants, les cubains sont prêts à
les aider. Ils sont d'ailleurs spécialement solidaires des peuples qui
luttent pour plus de liberté ou pour leur indépendance : les campagnes de
Che Guevara au Congo ou en Bolivie en sont une illustration militaire. Mais
aujourd'hui, plus pacifiquement, les médecins au Venezuela ou l'accueil et
la formation gratuits d'étudiants sahraouis en littérature ou argentins en
éducation physique et médecine, que nous avons rencontrés, témoignent de
cette solidarité même pendant les difficultés économiques.



- DEMOCRATIE, LIBERTE D'EXPRESSION ET DE CIRCULATION :

Dans ce domaine, rien n'est organisé sur le modèle de nos pays européens.

Il n'y a qu'un seul parti politique : le Parti Communiste Cubain
et aucune expression ou opposition politique n'est possible en dehors du
parti. Les journaux d'information et la télévision sont sous le contrôle de
l'Etat (il existe une presse culturelle et artistique plus diversifiée mais
qui est actuellement restreinte faute de moyens économiques).

Il ressort de nos nombreuses conversations sur ce sujet avec des personnes
de différents horizons sociaux, que les cubains ne se reconnaissent pas
victimes d'une dictature. Pour eux, la liberté d'expression existe au sein
du parti. Dans les comités de quartiers, la parole est libre, on peut
exprimer un désaccord, c'est là qu'on discute concrètement des conditions de
vie sur un territoire proche et qu'on élit des représentants pour faire
remonter les attentes. Bien sûr Fidel CASTRO est régulièrement réélu
président du Conseil d'Etat mais les cubains disent que c'est parce qu'ils
le veulent bien, qu'il ne pourrait pas se maintenir contre la volonté
populaire. Effectivement, il n'existe pas de milice armée chargée de
surveiller et contraindre les individus. La présence policière n'est visible
que dans les grandes villes, là où il y a du tourisme. Les cubains en
compagnie de touristes sont fréquemment interpellés, ils doivent pouvoir
justifier leur présence. Officiellement, c'est pour protéger les touristes,
il y a sans doutes d'autres raisons « internes » à ce contrôle, comme la
prostitution ou le souci de contrôler les flux de devises qui sont
nécessaires à la survie économique mais ne doivent pas déstabiliser
l'organisation sociale.

Nous avons pu circuler librement sur tout le territoire avec les moyens de
transports utilisés par les cubains sans qu'on nous demande où et pourquoi
nous voyagions. Nous avons pu rencontrer et discuter de tous les sujets avec
les cubains dans les lieux publics comme privés, sans jamais être inquiétés.

Les 74 prisonniers politiques sont considérés par les cubains comme des
mercenaires des USA qui reçoivent une rémunération pour participer à la
déstabilisation de la république socialiste. Les opposants non directement
liés aux USA ne seraient pas inquiétés. Nous n'avions pas les moyens de
vérifier ce point de vue mais la présidente du programme Man and Biosphère
de l'UNESCO nous a expliqué que tant que les Etats-Unis n'avaient pas réinté
gré l'ONU, l'UNESCO donnait des avis plutôt favorables sur Cuba, prenant en
compte les résultats en matière de santé et d'éducation. Depuis que les
Etats-Unis sont revenus, l'UNESCO critique régulièrement Cuba sur les droits
de l'Homme. La désinformation semble assez fréquente de la part des
Etats-Unis, pendant notre séjour au moins deux insinuations de G. BUSH ont
fait réagir les cubains : l'une portait sur la nécessité d'une campagne de
vaccination envers les enfants alors que nous avons vu que c'est chose faite
régulièrement et obligatoirement depuis longtemps, et l'autre évoquait un
paradis du tourisme sexuel pédophile, problème non visible au grand jour
comme en Asie par exemple et que les autorités ont traité dès son émergence
dans les années 90 et poursuivent la vigilance en interpellant tous les
cubains qui s'affichent avec des touristes par exemple ou en interdisant l'
accès de certaines zones touristiques aux cubains qui n'ont pas de travail
déclaré sur ces sites.

Si la liberté de circulation est totale pour le touriste, ce
n'est pas aussi simple pour les cubains. D'abord pour des raisons
économiques, le pouvoir d'achat faible à l'intérieur du pays est quasiment
nul vis-à-vis des pays étrangers. Ensuite pour des raisons administratives,
les demandes de visas peuvent durer des mois voire des années et doivent
être accompagnées d'une invitation émanant du pays sollicité. Les
déplacements intérieurs eux sont limités par le manque de moyens physiques
de déplacement, il faut donc faire des queues de plusieurs jours voire
plusieurs semaines pour obtenir un billet, ce qui relativise les retards de
plusieurs heures régulièrement dus aux défaillances techniques.

- les murs ont la parole : cette formule de Mai 68 pourrait
s'appliquer à Cuba mais pour traduire une réalité différente. Les murs
servent de support à des slogans choisis par les dirigeants pour édifier la
population. Les plus anciens de ces slogans sont des louanges aux martyrs de
la révolution ou cherchent à entretenir la motivation et l'élan
révolutionnaire mais le plus souvent ils rappellent des idées humanistes de
José Marti, philosophe qui a inspiré le mouvement d'indépendance puis la
révolution. Dans la diversité des héros évoqués seuls le CHE et José MARTI
reviennent plus souvent sans donner l'impression d'une volonté d'instaurer
un culte de la personnalité et la présence de Fidel CASTRO est des plus
discrètes. Les slogans les plus récents orientent résolument la population
vers le développement durable ou commentent les évènements de géopolitique
marquants pour Cuba.

2 -DURABILITE ECONOMIQUE :

VIABILITE : nous avons vu que les fonctions vitales, alimentation, santé,
logement, éducation sont assurées à un niveau décent pour l'ensemble des 11
millions de cubains. Ceci posé, la rémunération du travail est très faible
et ne permet pas un enrichissement personnel progressif comme nous en avons
l'habitude pour les classes pas trop défavorisées de nos sociétés libérales.
C'est une des raisons pour lesquelles certains jeunes bien formés et donc
avec un potentiel, peuvent avoir envie de s'expatrier. Le tourisme les met
devant la vitrine d'un magasin bien achalandé dans lequel ils voudraient
bien rentrer. Cette raison est sans doute plus réelle qu'une hypothétique
oppression dictatoriale.

EFFICIENCE : l'efficience c'est lorsque l'on est efficace avec un minimum de
moyens. Le contexte particulier de Cuba sous embargo depuis 40 ans et sans
aide extérieure significative depuis 1992 (effondrement du bloc soviétique)
fait qu'il n'y a que très peu d'intrants dans les activités économiques
cubaines qui ont du se fonder sur l'économie de moyens et l'autonomie. De ce
point de vue on peut dire que l'économie cubaine a gagné en durabilité, ce
qui est vrai en agriculture par exemple où les intrants industriels et
énergétiques peuvent être remplacés par des ressources naturelles. Mais ce
n'est pas aussi facile dans tous les secteurs comme dans le transport par
exemple où l'économie de moyens et l'autonomie ne résultent pas de
l'innovation mais plutôt du rafistolage et du recyclage de l' existant,
au-delà du durable.les résultats en sont un service très insuffisant par
rapport au besoins, une pollution évidente et une sécurité relative.
Pourtant l'innovation existe aussi dans les transports avec le co-voiturage
obligatoire pour ceux qui bénéficient des véhicules d'Etat, les camions-bus
de grande contenance, les transports en communs à traction animale.mais le
transport reste un problème à La Havane et sur les longues distances.

DIVERSIFICATION / AUTONOMIE

Pendant longtemps l'économie cubaine a reposé principalement sur les
exportations de sucre et un peu de tabac. L'essentiel des produits
alimentaires étaient importés. L'embargo avait laissé le bloc soviétique
comme unique débouché, ce qui n'a plus fonctionné à partir de 92. Obligé de
mettre fin à cette dépendance fragilisante, l'Etat a réduit considérablement
la production de sucre pour développer une agriculture vivrière.
Pourmaintenir un minimum de rentrée de devises, l'île s'est ouverte au
tourisme.

3- DURABILITE ENVIRONNEMENTALE

Jusque dans les années 90, Cuba s'était engagé dans un développement « à la
soviétique » sans souci des retombées sur l'environnement. Ce qu'il en
subsiste aujourd'hui continue à « cracher » allègrement comme la torchère de
la raffinerie à La Havane ou les moteurs des camions et des voitures
américaines des années 50 aujourd'hui équipées de moteurs de tracteurs ou
voitures russes.

- LES RESERVES ENVIRONNEMENTALES : dans le cadre du programme Man &
Biosphère de l'UNESCO, Cuba a créé six réserves depuis 1985 qui ont pour
objectif de conserver et d'étudier la biodiversité tout en conciliant
l'usage des ressources par les communautés qui y vivent.

Nous avons visité celle de la sierra de Rosario (Las Terrazas) qui est la
plus ancienne et la plus petite mais reste un modèle international pour son
organisation et l'implication des populations locales.

Dans la réserve de Guanahacabibes, à l'extrême pointe ouest de l'île, nous
avons rencontré et accompagné dans leurs travaux pendant quelques jours, les
étudiants qui suivent chaque année la reproduction des tortues marines. Nous
avons eu la chance de croiser la route d'un boa (dite « Santa Maria ») de
plus de deux mètres dans l'après midi et d'assister à la naissance d'une
couvée de cent vingt cinq tortues au petit matin. Sur cette même plage de
sable blanc, ourlée de récifs coralliens où pullule une multitude des plus
colorée (poissons, éponges, algues, crabes.), nous avons aussi remplir
plusieurs dizaines de grands sacs avec les morceaux de plastiques de toutes
origines apportés par la mer.

Chaque Réserve établit son plan de gestion avec le directeur, les
techniciens et tous les acteurs de la zone concernée qui est subdivisée en
trois parties : le noyau central, sanctuaire où seules les recherches
scientifiques sont autorisées, la zone périphérique où les activités
humaines par les autochtones sont admises mais contrôlées et la zone de
transition où peuvent se développer certaines activités économiques.
L'UNESCO participe à une évaluation décennale mais n'apporte pas de
financement pour le fonctionnement, seulement pour des colloques
scientifiques, des formations et des échanges dans le réseau mondial.

Globalement, les problèmes sont le manque de personnel pour assurer toutes
les fonctions, le manque de moyens de communication et de diffusion. Les
projets s'orientent vers la valorisation des produits issus des réserves et
donc la mise en place de cahier des charges, de démarche qualité et de
labels.

- LE CAS DE L'AGRICULTURE :

A Cuba, les rapports entre l'Homme et la nature étaient plutôt difficiles
car celui qui travaillait la terre, c'était l'esclave. Les salariés ont
remplacé les esclaves chez les planteurs de canne à sucre pour une
monoculture d'exportation qui occupait les meilleures terres. Cette histoire
conditionne encore les mentalités, le travail de la terre est mal considéré
ce qui ne favorise pas amour et relations avec la terre.

La révolution, avec le soutien soviétique, avait choisi l'intensification de
la canne à sucre pour l'exportation, à grand renfort de machines, engrais et
pesticides.

En 1990, la fermeture des débouchés et la pénurie d'intrants résultant de
l'embargo ont conduit à un changement radical de stratégie avec pour
objectifs :

-diversifier les productions pour atteindre l'autosuffisance alimentaire,

-réduire l'utilisation des intrants,

-mieux utiliser l'ensemble du territoire qui est vaste mais avec peu de
terres jugées fertiles.



Ce qui ce traduit par :

- diminution des surfaces en canne à sucre

- augmentation des surfaces en pommes de terre (auto suffisance atteinte
aujourd'hui) et riz (60 % des besoins couverts)

- multiplication des sites et des surfaces consacrés au maraîchage notamment
en agriculture urbaine : les «
organico-ponicos ».

- développement de la lutte intégrée (zéro pesticides sur tabac,
maraîchage.)

- recours à la phytothérapie, l'homéopathie et la radiesthésie pour les
plantes et les animaux.

- généralisation de l'utilisation de la matière organique : compostage et
engrais verts, notamment les légumineuses.

- seules la culture d'exportation de canne à sucre et les cultures
vivrières de base (riz et pomme de terre) reçoivent les engrais disponibles
en complément de la matière organique.

- développement de la traction animale (avec des boeufs) et des outils
adaptés sur tabac, maïs, légumes, arboriculture.

- encouragement à la mise en place de petites unités polyculture élevage,
sur les territoires jugés difficiles et délaissés (montagne).

L'Agriculture urbaine : mise en ouvre de façon concertée entre l'Etat, les
ONG et les communautés urbaines. Les Australiens ont apporté l'idée de la
permaculture, système de vie globale et autosuffisant.

Objectifs :

- production supplémentaire d'aliments (fruits et légumes et aussi Ignames,
Manioc.)

- recyclage des déchets organiques urbains.

L'Etat attribue des terrains libres en zone urbaine à condition de ne pas
couper des arbres et d'utiliser ces espaces attribués pour produire.

Les premiers espaces occupés étaient petits et l'Etat a apporté un soutien
pour ces potagers familiaux. Vers 1995, de plus grandes surfaces sont
investies et on passe de l'autoconsommation à la commercialisation. Le
ministère de l'agriculture crée la Direction de l'Agriculture Urbaine. En
1997, la vente qui se faisait sur les marchés ou dans les petits magasins se
fait maintenant sur le site de production : ORGANOPONICO.

Résultats :

- à La Havane, on estime à 20 000 le nombre de producteurs urbains (hors
banlieues) sur environ 2 000 hectares.

- plus grande disponibilité de fruits, légumes, manioc (environ 300 gr /jour
/personne, en plus).

- création d'emplois : producteurs, techniciens d'encadrement.

- épargne supplémentaire.

Aujourd'hui :

- l'agriculture urbaine est prise en compte dans les plans de développement
des villes.

- elle permet de resserrer les liens sociaux

- elle sensibilise les jeunes citadins à l'importance de la terre et de
l'environnement.

Problèmes :

- disponibilité en eau

- ramassage des résidus organiques.

Avenir :

- relier les ORGANOPONICO aux loisirs (jardinage du dimanche) et à
l'écotourisme.

- développer le recyclage des déchets urbains

VALORISATION DU PATRIMOINE

Cuba est un musée vivant. Même s'il existe des musées fermés dans des
bâtiments, l'essentiel du patrimoine est en liberté et participe à la vie
des cubains.

Avec l'ouverture au tourisme, les cubains entretiennent et valorisent les
trois principaux pôles de leur patrimoine : l'architecture espagnole, la
révolution et la musique.

Toutes les villes ont au moins un quartier où l'on peut s'imaginer à
l'époque des grandes familles espagnoles.

Où que l'on soit à Cuba, on peut revivre l'épopée de la révolution chaque
jour dans un musée, au pied d'un monument, sur les murs ou par le témoignage
ému d'un ancien.

La musique est à tous les coins de rue, à toutes heures, pour les touristes
bien sûr mais aussi pour les cubains qui sont soit musiciens soit danseurs :
les racines africaines rythment les sons et les mouvements.

Les cigares et les voitures américaines de 1950 font partie du quotidien
banal pour un cubain.

Impressions :

- il y a des démocraties dites libérales qui permettent la dictature de
l'argent qui fait les riches toujours plus riches et les pauvres toujours
plus pauvres et où la liberté d'expression repose sur « cause toujours,
c'est moi qui détient les médias, la langue de bois et les menaces
extérieures pour garder le peuple dans mon giron».

- il y a un régime socialiste dit dictatorial qui assure l'équité pour tous,
le premier des droits de l'Homme qui est le droit au travail pour vivre
dignement et où la liberté d'expression si elle est limitée n'est pas
confisquée dans le but de privilégier un homme, une famille ou une caste. L'
autoritarisme de l'Etat est en partie contrôlable par la population et il
peut s'expliquer par le fait que Cuba se considère en guerre contre les USA
: il est nécessaire de maintenir la cohésion de la patrie autour des valeurs
de la révolution (qui sont très humanistes au demeurant) et de ne pas donner
de prétexte à une probable intervention étasunienne.

- c'est une succession de portes fermées qui ont amené un pays à ouvrir la
dernière qui donne sur le développement durable. Si on extrapole à la
planète, tant que toutes les portes ne se seront pas refermées, on
n'avancera pas véritablement vers la durabilité. Et parce que les cubains
ont de l'humour, on peut dire qu'ils ont la chance d'être soumis à un
embargo, eux.

- Cuba, avec ses 11 millions d'habitants condamnés à l'autonomie, est un
laboratoire grandeur nature pour le développement durable et les cubains
sont prêts à échanger avec nous sur ce sujet, on y va ?

Jean-Yves MORGANTINI [www.ruralinfos.org]




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Article de Daniel Bleitrach (2004)

Objet : Le député Julia, Cuba et Mata Hari...


Adresse au gouvernement et aux députés français...


À priori je n'ai aucune tendresse particulière pour les barbouzes, mais je
trouve que certains députés, en particulier Laurent Fabius, qui se sont
insurgés contre "le viol des droits de l'homme à Cuba" ,devraient être
cohérents avec eux-mêmes et soutenir haut et fort la revendication du
Député Julia.

Que réclame cet homme: "Pour permettre ce travail"(aider la libération des
otages.ndlr) Didier Julia oppose un préalable "absolument nécessaire": "la
levée du contrôle judiciaire" sur ses collaborateurs Philippe Brett et
Philippe Evanno. Ces deux derniers avaient en effet participé à une
tentative avortée de libération des ex-otages français Christian Chesnot et
Georges Malbrunot. Ils ont été mis en examen le 29 décembre pour
"intelligence avec une puissance ou une organisation étrangère".

Cette" puissance" étrangère est officiellement la Côte d'Ivoire, dont le
Président avait prêté son avion personnel. Première évidence, quels que
soient l'état de nos relations avec le président de la Côte d'Ivoire, nous
ne sommes pas en guerre avec ce pays. Surtout nous ne subissons pas de sa
part depuis plus de quarante ans des attentats terroristes qui auraient
fait plus de 4000 morts et autant d'handicapés à vie (c'est le chiffre pour
11 millions de Cubains alors en ce qui concerne la France, cela donnerait
cinq fois plus); nous ne subissons pas de la part de la Côte d'Ivoire, un
terrible blocus condamné par toute la communauté internationale et qui pèse
abominablement sur le niveau de vie de nos concitoyens, des lois
extra-territoriales. La Côte d'Ivoire ne finance pas contre nous des
campagnes de désinformation, ne consacre pas officiellement une part de son
budget à dé-stabiliser la République française, à attenter contre son chef
d'État, à payer des mercenaires que la propagande baptise dissidents...

Tout bien réflechi, et sans mauvais esprit, si un pays devait avoir quelque
contentieux avec le notre c'est la Côte d'Ivoire qui légitimement pourrait
se plaindre de nos interventions, ne serait-ce que sur le plan
historique...

Donc je ne comprends pas pourquoi ce qui est vrai à Paris devient faux
quand il s'agit de la Havane. Pourquoi mettre sous contrôle judiciaire sans
procés des gens qui sont soupçonnés d'intelligence non pas avec l'ennemi
mais avec une "simple puissance étrangère" qui n'est pas en état de nous
menacer et pourquoi hurler au "viol des droits de l'homme" quand des gens
convaincus par un procés légal d'avoir touché de l'argent des États-Unis
pour dé-stabiliser Cuba ?

Pourquoi alors que la vie des otages est en jeu, ne pas répondre à cette
demande du député Julia ?

Soyez logiques avec vous-mêmes, si vous vous obstinez à réclamer des
sanctions contre Cuba pour avoir mis en prison des gens convaincus
d'intelligence avec l'ennemi en temps de guerre, il faut répondre
positivement à Julia et ses acolytes... Au lieu de les traiter comme Mata
Hari soi-même...

Danielle Bleitrach

[perso.club-internet.fr]

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ALLOCUTION PRONONCÉE PAR FELIPE PÉREZ ROQUE, MINISTRE DES RELATIONS
EXTÉRIEURES DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, AU SEGMENT DE HAUT NIVEAU DE LA 61ème
SESSION DE LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME

Genève, le 16 Mars 2005


(Traduction de l'original en espagnol)


Excellences :

La Commission des droits de l'homme - malgré les efforts de ceux qui, comme
nous, croient honnêtement à son importance et se battent pour lui rendre l'
esprit de respect et de collaboration qui animait ses fondateurs - a perdu
toute légitimité. Elle n'est plus crédible. Elle permet l'impunité des
puissants. Elle est menottée. On y voit proliférer le mensonge, le deux
poids deux mesures, les discours creux de ceux qui, tout en jouissant de
leur opulence, tout en gaspillant et en polluant, regardent ailleurs et
feignent de ne pas voir comme on viole les droits de millions d'êtres
humains à la vie, leur droit à la paix, leur droit au développement, leur
droit à manger, à travailler, bref, leur droit de vivre dignement.

Nous savions tous que les travaux de la Commission des droits de l'homme
étaient manipulés politiquement, dans la mesure où le gouvernement des
Etats-Unis et ses alliés l'ont usée comme si c'était leur propriété privée,
l'ont convertie en une sorte d'Inquisition en vue de condamner les pays du
Sud, en particulier ceux qui s'opposent activement à leur stratégie de
domination néocoloniale.

Mais deux événements survenus l'an dernier ont modifié la nature du débat
que nous soutiendrons ces jours-ci.

Le premier a été le refus de l'Union européenne de parrainer et de voter
pour le projet de résolution qui proposait l'ouverture d'une enquête sur les
violations massives, flagrantes et systématiques des droits de l'homme - des
violations toujours actuelles - dont sont victimes les plus de cinq cents
prisonniers enfermés dans la base navale que les Etats-Unis occupent, contre
la volonté du peuple cubain, dans la baie de Guantánamo. L'Union européenne,
qui s'était opposée jusque-là aux motions de non-action, était même prête
cette fois-ci à en présenter une pour éviter que son allié ne fasse l'objet
d'une simple enquête. L'hypocrisie et la morale à double vitesse étaient à
leur comble ! Que fera-t-elle cette année-ci après la divulgation des photos
de tortures horripilantes dans la prison d'Abou Ghraib ?

Le second a été la publication du rapport où le Groupe de personnalités de
haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, constitué à l'
initiative du Secrétaire général des Nations Unies, affirme catégoriquement
: « La Commission ne peut pas être crédible si elle semble avoir deux poids,
deux mesures dans le traitement des questions touchant les droits de l'
homme. » Pouvons-nous dès lors espérer que les représentants des Etats-Unis
et leurs complices feront leur autocritique en séance plénière et s'
engageront à travailler avec nous - les pays du tiers monde - pour sauver la
Commission des droits de l'homme du discrédit et de la confrontation ?


Monsieur le Président,

Etre assuré de jouir des droits de l'homme de nos jours dépend de la sorte
de pays - développé ou pas développé - où l'on vit, ainsi que de la classe
sociale à laquelle on appartient. Voilà pourquoi il n'y aura pas de vraie

jouissance des droits de l'homme pour tous tant que nous ne conquerrons pas
la justice sociale dans les rapports entre les pays et au sein des pays
mêmes.

Un petit groupe de nations représentées ici - les Etats-Unis et d'autres
alliés développés - ont déjà conquis le droit à la paix. Elles seront
toujours les agresseurs, jamais les agressées. Leur paix repose sur leur
pouvoir militaire. Elles ont aussi conquis le développement économique,
fondé sur l'exploitation des richesses des autres pays pauvres, jadis
colonies, qui souffrent et se saignent à blanc pour qu'elles puissent
gaspiller. N'empêche que dans ces pays développés - et cela paraît
incroyable - les chômeurs, les émigrés, les pauvres ne jouissent pas des
mêmes droits que les riches.

Un pauvre peut-il être élu sénateur aux Etats-Unis ? Absolument pas. Une
campagne électorale coûte au bas mot huit millions de dollars. Les enfants
de riches vont-ils à la guerre injuste et illégale d'Iraq ? Pas du tout.
Aucun des mille cinq cents jeunes Nord-américains tombés dans cette guerre n
'était fils de millionnaire ou de ministre. Ce sont les pauvres qui meurent
là-bas, défendant les intérêts privilégiés d'une minorité.

Si vous vivez dans un pays sous-développé, alors votre situation est pire :
c'est que l'immense majorité de la population, parce que pauvre et démunie,
ne peut y exercer ses droits. Et le pays, comme pays, n'a pas non plus droit
à la paix. Il peut être attaqué sous l'accusation d'être « terroriste », ou
d'être « un réduit de la tyrannie », ou au prétexte qu'on va le « libérer ».
On le bombardera et on l'envahira pour le « libérer ».

Le tiers monde, soit plus de cent trente pays, n'a pas non plus droit au
développement. Aurait-il beau faire les plus grands efforts, le système
économique imposé au monde le lui en empêche. Il n'a pas accès aux marchés,
aux nouvelles techniques, il est menotté par une dette léonine qu'il a déjà
payée plus d'une fois. Il n'a le droit qu'à la dépendance. On lui fait
croire que sa pauvreté est le fruit de ses erreurs. Et dans ce tiers monde,
les pauvres et les indigents, qui sont la majorité, n'ont même pas droit à
la vie. Ce qui explique pourquoi onze millions d'enfants de moins de cinq
ans meurent tous les ans, alors qu'une partie pourrait se sauver rien que
par un simple vaccin ou par des sels réhydratants. Ce qui explique aussi
pourquoi six cent mille femmes pauvres meurent en couches. Les pauvres n'ont
pas le droit de lire et d'écrire. Ce serait trop dangereux pour les maîtres.
On les maintient ignorants pour les maintenir dociles. Voilà pourquoi l'
existence de presque un milliard d'analphabètes dans le monde devrait faire
rougir cette Commission. Ce qui explique pourquoi vingt millions de petits
Latino-américains travaillent tous les jours, victimes d'une cruelle
exploitation, au lieu d'aller à l'école.

Le peuple cubain croit avec ferveur à la liberté, à la démocratie et aux
droits de l'homme. Comme les atteindre lui a beaucoup coûté, il en connaît
le prix. Et puis, c'est un peuple au pouvoir. C'est là toute la différence.

Il ne peut y avoir de démocratie sans justice sociale. Il n'y a de liberté
possible que si elle repose sur le droit à l'éducation et à la culture. L'
ignorance est la lourde chaîne qui emprisonne les pauvres. Etre cultivé est
la seule manière d'être libre ! telle est la maxime sacrée que nous avons
appris, nous les Cubains, de celui qui nous a apporté l'indépendance.

Il ne saurait y avoir d'exercice réelle des droits de l'homme sans égalité
ni équité. Les pauvres et les riches n'auront jamais les mêmes droits dans
la vie réelle, ceux-ci auraient-ils beau être proclamés et reconnus noir sur
blanc !

C'est parce que nous l'avons compris depuis longtemps, nous les Cubains, que
nous édifions un pays différent. Et nous ne faisons que commencer. Et nous
le faisons malgré les agressions, le blocus, les attaques terroristes, les
mensonges et les plans visant à nous assassiner Fidel. Nous savons que tout
ceci irrite l'Empire. Nous sommes un exemple dangereux : nous sommes un
symbole du fait que seule une société juste et solidaire - autrement dit
socialiste - peut assurer l'exercice de tous les droits à tous les citoyens.

Voilà pourquoi le gouvernement des Etats-Unis tente de nous condamner ici à
la Commission des droits de l'homme. Il craint notre exemple. Fort
militairement parlant, il est faible du point de vue moral. Et c'est la
morale, non les armes, qui est le bouclier des peuples.

Peut-être le président Bush dénichera-t-il cette année un gouvernement
latino-américain - même si les dociles se font de plus en plus rares - qui
présente la fameuse résolution contre Cuba. Ou alors devra-t-il se tourner
de nouveau vers un gouvernement d'Europe de l'Est, dans le style du
gouvernement tchèque qui jouit comme nul autre de sa condition de satellite
de Washington et de cheval de Troie dans l'Union européenne, ou alors sa
propre administration devra-t-elle s'en charger. En tout cas, pour l'
instant, elle fait du chantage, elle menace, elle compte les gouvernements
dont elle pourra disposer pour savoir si elle parviendra à condamner Cuba.

Tout le monde sait dans cette salle qu'il n'y a pas la moindre raison de
présenter une résolution contre Cuba à cette Commission. Cuba n'a jamais
connu en quarante-six ans de Révolution un seule exécution extrajudiciaire,
une seule disparition forcée. Pas une seule ! Que quelqu'un cite le nom d'
une seule mère cubaine cherchant encore les restes de son enfant assassiné !
Ou celui d'une grand-mère cherchant son petit-fils donné à une autre famille
après l'assassinat de ses parents ! Que quelqu'un cite ici le nom d'un seul
journaliste assassiné à Cuba (et j'ose rappeler que vingt l'ont été en
Amérique latine seulement l'an dernier) ! Que quelqu'un cite le nom d'une
personne torturée ! Un seul nom ! Que quelqu'un cite le nom d'un prisonnier
torturé par ses gardiens, d'un prisonnier à genoux et terrorisé devant un
chien entraîné à tuer !


Excellences

Le président Bush a un plan pour Cuba. Mais nous en avons un autre, nous les
Cubains. Nous connaissons parfaitement notre cap. Et personne ne nous en
fera dévier. Nous édifierons une société encore plus juste, encore plus
démocratique, encore plus libre, encore plus cultivée. Bref, encore plus
socialiste.

Et nous le ferons, le président Bush aurait-il beau nous menacer d'
agression, nous menacer de ramener Cuba à la condition de colonie, d'enlever
aux Cubains leurs maisons, leurs terres et leurs écoles pour les rendre aux
anciens propriétaires batistiens qui rentreraient des Etats-Unis. Nous le
ferons, malgré son plan de privatiser la santé et de convertir nos médecins
en chômeurs ; nous le ferons malgré le plan de Bush de privatiser l'
éducation et de ne la rendre accessible qu'aux élites, comme par le passé ;
nous le ferons malgré le plan de Bush de brader nos richesses et le
patrimoine de tout un peuple aux transnationales étasuniennes ; nous le
ferons, malgré le plan de Bush d'enlever leurs allocations à nos retraités
et à nos pensionnés pour les obliger à retourner au travail, selon le Plan d
'aide à Cuba libre qui prévoit tout ça.

Le peuple cubain a le droit de se défendre de l'agression et il le fera. Et
je dois le dire sans ambages : nous ne permettrons pas la formation à Cuba d
'organisations et de partis de mercenaires financés par le gouvernement des
Etats-Unis et à sa solde ! Nous ne permettrons pas des journaux et des
chaînes de télévision financés par le gouvernement des Etats-Unis en vue de
prôner parmi nous ses politiques de blocus et ses mensonges ! À Cuba, la
presse, la radio et la télévision sont propriété du peuple dont ils servent
et serviront les intérêts.

Nous ne coopérerons pas avec la représentante personnelle du
Haut-commissaire dont le mandat découle d'une résolution nulle et non
avenue. Pourquoi ne nomme-t-on une juriste si prestigieuse Représentante
spéciale du Haut-commissaire pour la base navale de Guantánamo ? Pourquoi ne
lui demande-t-on pas d'enquêter sur les violations flagrantes des droits des
cinq Cubains, courageux et désintéressés, incarcérés aux Etats-Unis et de
leurs familles ? Tout simplement parce que c'est impossible. Parce qu'il s'
agit de violations des droits de l'homme commises par les Etats-Unis et que
ces messieurs sont intouchables ! Sur la petite île de Cuba, on tire à
boulets rouges ; face aux Etats-Unis, on se tait.

Mais Cuba ne se lassera pas de lutter, Excellences. Et elle ne se rendra
pas. Pas plus qu'elle ne fera de concessions ni ne trahira ses idéaux.

Et on verra bien si on peut vaincre un peuple libre, cultivé et uni ! On
verra bien si on peut renverser un gouvernement du peuple, dont les
dirigeants marchent sans crainte au milieu de la population, forts de l'
autorité morale que leur donnent leur absence totale de corruption et leur
dévouement total à leurs devoirs !

On verra si on peut berner tout le monde tout le temps !

Excellences,

La Commission des droits de l'homme qui nous convoque aujourd'hui reflète le
monde injuste et inégal où nous vivons. Il ne reste plus rien de l'esprit
fraternel et respectueux qui avait inspiré ses fondateurs après la victoire
sur le fascisme.

La délégation cubaine n'insistera donc pas sur la transformation de la
Commission. Ce qu'il nous faut transformer, c'est le monde. Ce qu'il faut, c
'est aller à la racine. Une Commission des droits de l'homme exempte de
sélectivité, de politisation, de deux poids deux mesures, de chantages et d'
hypocrisie ne sera possible que dans un monde différent.

Cuba ne voit pas là une chimère, mais une cause pour laquelle il vaut la
peine de se battre. C'est pour cela qu'elle se bat et continuera de se
battre.

Je vous remercie.

Extrait de CSP
M
3 août 2006 18:14
L'UE doit redevenir notre partenaire »
UN ARTICLE DE VÉRONIQUE KIESEL | EDITION DU SAMEDI 12 MARS 2005


ENTRETIEN avec Felipe Perez Roque

Comment qualifieriez-vous actuellement les relations entre Cuba et l'UE ?

Elles sont en voie de normalisation. Elles ont été fort abîmées ces
dernières années. Ce dont nous avons besoin, c'est de relancer un dialogue politique
sérieux, structuré, permanent. Il faut que l'UE retrouve son statut
d'interlocuteur privilégié de Cuba, qui a disparu. L'ancien Premier ministre espagnol
Aznar porte une lourde responsabilité dans cette détérioration : il a poussé
l'UE à adopter une position proche de celle des Etats-Unis. Aujourd'hui, cela
commence à évoluer, notamment grâce à l'influence positive du gouvernement
belge qui a défendu avec honnêteté et courage la nécessité d'améliorer les
relations avec Cuba. C'est d'ailleurs l'unique gouvernement européen dont nous
acceptons l'aide au développement. L'arrivée au pouvoir en Espagne du
gouvernement Zapatero a permis de réunir une majorité de pays européens pour lever
ces sanctions qui paralysaient le dialogue UE - Cuba. Cuba croit que, s'il
existe des différences de vue sur certains points distincts, cela ne peut être un
obstacle à de bonnes relations. L'UE a des relations avec des pays comme les
Etats-Unis, même s'il existe entre eux des divergences sur certains thèmes.
Cuba veut être traité de la même manière que les autres, sans discrimination.

Mais vous pouvez comprendre que l'UE a très mal pris l'incarcération de ces
75 dissidents. Pourquoi le régime cubain n'arrive-t-il pas à s'assouplir ?

Je comprends que les gouvernements de l'UE puissent avoir des différences de
vues, puissent critiquer des décisions du gouvernement cubain. J'espère que
les gouvernements européens comprennent dans quelle situation particulière se
trouve Cuba. George Bush l'a répété : il veut un changement de régime à
Cuba. Il a dit aussi que, concernant Cuba, les Etats-Unis n'écartent pas l'option
militaire. Nous sommes soumis à un blocus économique, dont le but est de
nous isoler du monde. Nous faisons l'objet d'une pression politique et
médiatique brutale : Cuba n'est pas l'agresseur, mais l'agressé. Nous devons nous
défendre. Nos décisions sont donc légitimes. Cuba ne peut pas permettre que
Washington, avec son argent et son influence, organise à Cuba une force politique
mercenaire qui défende la politique américaine au sein même de Cuba. C'est
une 5J colonne, un cheval de Troie. Dans tous les pays, il est interdit de
travailler pour une puissance étrangère. Ils ne sont pas en prison à cause de ce
qu'ils pensent, mais parce qu'ils ont collaboré avec la politique américaine.
Le jour où les Etats-Unis nous laisseront en paix, le jour où ils lèveront
le blocus, nous pourrons avancer avec nos institutions. Ce qu'il faut faire,
c'est demander qu'ils nous laissent tranquilles. Il y a une certaine
hypocrisie à exiger certaines choses d'un petit pays assiégé, et à ne rien exiger de
la grande superpuissance.

Qui avez-vous rencontré durant votre tournée européenne ?

J'ai eu de très bons contacts au Parlement européen à Strasbourg avec le
président Borrell et les présidents de plusieurs commissions. J'ai eu une
excellente rencontre à Luxembourg avec le grand-duc et la grande-duchesse, qui est
d'origine cubaine. Avec le ministre délégué aux relations internationales de
Luxembourg (le ministre des Affaires étrangères était en Indonésie), nous
avons discuté d'une reprise du dialogue politique, qui pourrait se substituer à
l'actuelle politique commune si influencée par Aznar. Comme le Luxembourg
préside actuellement l'UE, nous avons aussi parlé de la Commission des droits
de l'homme de l'ONU qui va se réunir à Genève. Nous espérons que les membres
de cette commission ne vont pas voter automatiquement en faveur de la
résolution que les Etats-Unis présentent, chaque année, contre Cuba. C'est la seule
manière qu'ils ont pour essayer de justifier le blocus qu'ils nous imposent. À
Bruxelles, je n'ai pas vu M. De Gucht mais de hauts responsables des
Affaires étrangères, et j'ai eu un excellent entretien avec le Premier ministre
Verhofstadt. J'ai aussi rencontré le commissaire Louis Michel, qui va se rendre à
Cuba à la fin de ce mois. J'ai par ailleurs vu mon ami Steve Stevaert ainsi
qu'Elio Di Rupo.

Quel est actuellement le plus grand défi pour Cuba ?

Nous devons nous préparer à une éventuelle agression militaire durant le
second mandat de George Bush. Nous devons aussi continuer à progresser sur la
voie du développement économique, et récupérer notre niveau de développement
social. Nous avons déjà modernisé toutes les écoles primaires de Cuba,
désormais équipées d'ordinateurs et de moyens audiovisuels : il n'y a jamais plus de
20 enfants par classes. Il y a en Amérique latine 20 millions d'enfants qui
travaillent au lieu d'aller à l'école : aucun n'est cubain. Par ailleurs, nous
sommes heureux de voir en Amérique latine de nombreux présidents
progressistes accéder au pouvoir. Il n'y a pas si longtemps, tous les gouvernements
étaient d'orientation néolibérale, ce qui a eu pour résultat de plonger un quart
de la population de cette région dans la misère. Avec Chavez, Lula, Kirchner,
Tabare Vazquez et d'autres, nous pourrons faire progresser l'Amérique latine
sur la voie de l'intégration régionale sur le modèle européen, ce qui
permettra à nos pays de résister à l'attraction fatale des Etats-Unis.

[www.lesoir.be]

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20 choses à savoir sur Cuba selon Maxime Vivas


Je veux déplorer avec vous cette manie de décontextualiser le sujet. Ainsi, on compare plus ou moins consciemment Cuba à la France. On tombe alors dans une de ces erreurs communes dont se délectent les détracteurs de Cuba. J'en ai répertorié une vingtaine.

N'oublions pas que :

1) Cuba est un pays sans beaucoup de matières premières, c'est une île qui subit les difficultés propres à toute insularité. C'est une ancienne colonie, dépouillée, saignée par les colonisateurs.

2) Cuba est un tout petit pays : 11, 5 M habitants, 110 000 Km2.

3) Cuba se situe à 150 Km de la plus formidable puissance militaire, économique, technologique, médiatique que la terre ait jamais connue.

4) Cette puissance a classé Cuba dans sa liste des « pays ennemis, pays terroristes, cible potentielle ».

Rappelons-nous que, quand Bush junior a envahi l'Irak, un seul Etat au monde (la Floride) a manifesté sa joie dans la rue en arborant des pancartes : « Irak aujourd'hui, Cuba demain. »

5) Cette puissance n'a jamais cessé de revendiquer Cuba. Et cela a commencé bien avant la Révolution.

6) Elle n'a jamais cessé d'appuyer, de financer, d'organiser le terrorisme anti-cubain. Pour mémoire : l'invasion (ratée) de la Baie des cochons (avec la logistique de l'US Army. Les premiers assaillants qui ont posé le pied sur la playa Giron étaient Américains). Pensons aux nombreuses tentatives d'assassinat de Fidel Castro (la dernière en date à Panama. Les terroristes arrêtés ont été libérés et ont filé aux USA). Citons aussi ces mystérieuses épidémies qui ont touché naguère la flore, le cheptel, les habitants (des centaines en sont morts, mais pas un à Guantanamo où les forces d'occupation avaient été vaccinées). Pensons aux explosifs dans des lieux de tourisme (mort d'un Italien) et sachons que les groupes paramilitaires s'entraînent en toute impunité aux USA pour « libérer » l'île.

7) Cette puissance alimente une campagne médiatique mondiale, une campagne de désinformation (on reviendra sur le rôle de l'officine RSF). Cette campagne est financée par des dizaines de millions de dollars (ce sont les USA qui s'en vantent, ils donnent les chiffres par affectation). La question jamais posée est : qui, chez nous, touche de l'argent ?

8) Elle a, au début de cette année, établi un plan détaillé (Plan Powel, 450 pages) de la gestion d'une Cuba néo-libéralisée et sous protectorat US.

9) Elle poursuit depuis 45 ans, et au mépris des votes récurrents de l'ONU, un blocus inhumain (on y reviendra car la vie politique et économique cubaine est marquée par cette réalité).

10) Une autre erreur commune est de discuter PRIORITAIREMENT (voire exclusivement, il suffit de voir nos médias) des défauts de Cuba en évacuant très vite ses réussites uniques au monde. Ainsi, on discute d'abord en contre (en défensif), sur le terrain de la propagande anti-cubaine.

11) Par exemple, on se laisse enfermer dans un débat sur La Liberté (abstraction), en évacuant le thème des libertés (concrètes), notamment des libertés vitales sans lesquelles les autres sont caduques. Je sais que ce débat est chaud et que la distinction entre la et les libertés l'est tout autant. Mais je soutiens que la liberté de lire le Figaro et de voter pour Noël Mamère (c'est un exemple) est nulle si l'on est mort, ou si l'on est vivant mais privé de toute vie intellectuelle pour cause de famine, maladie non soignée, analphabétisme.

12) De même, on est parfois sommé de répondre à la question : Cuba, paradis ou enfer ? Si l'on concède des fautes, des erreurs, des lacunes, des anomalies, des insuffisances, des abus, bref, toutes ces choses absentes du paradis, paraît-il, c'est la preuve a contrario que Cuba est infernal. Combien de fois ai-je entendu des détracteurs de Cuba s'offusquer de règles cubaines qui existent aussi chez nous mais qu'ils ne voyaient pas et qui, quand je les leur montre, leur paraissent normales ?

13) Une autre erreur consiste à parler de Cuba sans jamais se demander pourquoi on en parle tant, sans jamais s'être interrogé sur ce mystère : comment se fait-il que ce petit pays occupe dans nos médias autant de place que tous les autres pays pauvres réunis (voyez le Monde du 2 décembre 2004 qui consacre un titre, cinq colonnes à la une, à Cuba au moment où partout on se demande pourquoi, l'armée française a tiré sur des foules désarmées à Abidjan).

14) Une autre encore est de se focaliser sur Castro :

-soit pour affirmer que la Révolution lui doit tout (et pourtant, pas de statues, de noms de rues de places, de portraits de Castro. Il dit lui-même que les révolutionnaires sont des hommes et pas des dieux. Si les Américains veulent montrer au monde entier un char US arrachant sa statue sur une place de La Havane, il va falloir qu'ils la fabriquent avant),

-soit pour affirmer que c'est un dictateur supporté par son peuple, comme le furent Franco en Espagne ou Pinochet au Chili.

Bref, les extraordinaires avancées cubaines seraient les fruits de décisions de Castro, imposées à son peuple ou du peuple malgré Castro. Il doit plutôt exister une osmose (je signale l'absence de police anti-émeute à Cuba. Si on en cherche sur le reste du continent, on en trouvera aisément. Je signale aussi que jamais, depuis la Révolution, l'armée ou la police de ce pays ne se sont tournées contre le peuple).

15) Une autre erreur encore, est de se forger une opinion sur Cuba à travers « la grande presse » de notre pays qui ne publie que des informations négatives, voire agressives. On notera quelques rares exceptions : Le Monde Diplomatique et, une ou deux fois l'an, l'Huma (mais j'ai eu l'occasion de regretter publiquement le reportage sur la Fête de l'Huma 2004 où les journalistes de l'Huma, en 19 pages, n'avaient vu aucun des 4 stands des amis de Cuba, les débats qui s'y sont déroulés, ni la surabondance des tee-shirts du Che dans les allées).

Pour y voir plus clair, il vaut vraiment mieux se baser sur des rapports d'organismes aussi peu marxistes que l'ONU dont une étude (PNUD) classe Cuba au 52è rang mondial pour le développement humain, l'Unicef, l'Unesco (qui s'extasie sur les résultats cubains), la FAO, la banque mondiale (eh oui !), Amnesty international (pourtant peu tendre mais qui tempère) et même des études officielles US. Mais, cela dit, pourquoi les informations qui nous viennent des amis de Cuba seraient-elles moins crédibles à vos yeux ? Pourquoi faudrait-il vérifier celles-là et pas les autres ?

16) Une autre erreur, je l'ai évoquée tout, à l'heure, est de discuter de Cuba en la comparant à la France, grand pays, riche, puissant, doté de l'arme nucléaire, qu'aucun voisin ne menace, qui ne se trouve pas dans la situation de 1939, époque où elle n'aurait pas toléré que des citoyens français se fassent payer par l'Allemagne pour lui fournir des renseignements utiles à l'invasion, pas plus qu'elle n'aurait pas toléré que l'ambassadeur d'Allemagne à Paris créé un parti politique de la jeunesse française (Le chargé d'affaires des USA à Cuba a créé en 2004 à La Havane un parti de la jeunesse libérale cubaine).

17) Dans le même esprit, la logique voudrait donc que l'on compare Cuba aux autres pays comparables : les pays du tiers monde, ceux qui ont une taille, des ressources naturelles comparables. Si vous le faites, le résultat est sans appel. On y reviendra, mais je cite juste quelques chiffres tout de suite : le taux de mortalité infantile est plus bas à Cuba que dans n'importe quel autre de ces pays. Il est de moins de 6 pour 1000 (plus bas que dans certains Etats des USA) de 20/1000 en moyenne en Amérique latine, de 200/1000 dans certains pays d'Afrique et en Afghanistan « libéré ».

18) Une grave erreur, alors que les amis de Cuba doivent en permanence batailler pour démonter des mensonges et médiatiser des vérités, c'est de ne pas toujours oser, tant cela paraîtrait incongru dans cet environnement médiatique où Cuba est accablé de tous les défauts, y compris celui d'être le dernier débris d'un communisme soviétique, de ne pas oser dire que Cuba est peut-être une chance pour l'humanité tout entière. Peut-être un de ces autres mondes possibles que veulent les altermondialistes. Et si Cuba était vraiment engagée dans un type de développement fraternel, solidaire, hautement humain et culturel, écologique, respectueux de l'équilibre de la planète ? Si Cuba était un laboratoire social, économique en passe de prouver qu'un autre monde est possible en dehors du FMI, de l'OMC, de la loi du plus fort, des égoïsmes concurrentiels ? Dès lors, on comprend pourquoi l'exemple cubain représente un danger mortel pour les forces du capital dans le monde.

Alors on ne va pas laisser nos amis politiques, les élus pour qui nous avons voté, le ou les organisations qui prétendent vouloir changer le monde, hurler avec les loups.

19) L'avant-dernière erreur sans doute est d'exiger des amis de Cuba de tout savoir, d'avoir réponse à tout ; toute lacune étant portée au débit de Cuba. Je ne sais pas tout sur la France où j'ai toujours vécu, je ne sais pas tout sur Cuba. J'essaie de me tenir au courant des dernières calomnies déversées par ses adversaires, mais il arrive que, comme dans l'informatique, on soit pris de vitesse par des nouveaux virus (qu'on appellera ici des gusanos).

20) Et la dernière erreur serait de ne pas lire: « Cuba est une île » de Danielle Bleitrach et Viktor Dedaj aux éditions le Temps des Cerises et « Le dossier Robert Ménard. Pourquoi Reporters Sans Frontières s'acharne sur Cuba » de Jean-Guy Allard et Marie-Dominique Bertuccioli aux éditions Lanctôt (Canada).



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