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un peu d'histoire n°2
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17 mars 2004 01:22

Depuis la proclamation de l'Etat d'Israël le 15 mai 1948 jusqu'à aujourd'hui, 4 guerres ont opposé Arabes et Israéliens, sans compter les nombreux accrochages qui ont eu lieu localement entre Palestiniens et Israéliens.
En 1993 est signée la Déclaration de principes, par laquelle des Palestiniens reconnaissent la souveraineté israélienne sur une partie de la Palestine historique, en échange du proche établissement d'un Etat palestinien sur les territoires occupés.
Or, en septembre 2000, des incidents éclatent et remettent à feu et à sang la région. Depuis lors, et alors que la tension connaît des bas et des hauts (surtout des hauts), les appels au calme et à la retenue pour revenir à la paix ne cessent de se faire entendre de toutes les parties du monde.
Comment faire pour instaurer cette paix immédiatement ?


L'historien Elias Sanbar, rédacteur en chef de la Revue d'Etudes palestiniennes, écrit : "Les Palestiniens, dit-on aujourd'hui a posteriori, n'ont obtenu, après trois ans de négociations, que 2% de ce qui fut leur patrie, alors qu'en 1947 on leur en avait proposé 45% et qu'ils ont refusé. Regardez, leur dit-on, où vous a conduit votre intransigeance. Il faut dire trois choses à ce sujet : au moment de refuser les 45% de la Palestine qu'on leur propose, les Palestiniens ont une patrie entière. Ils sont 1 400 000 personnes face à une communauté juive de 600 000 personnes, composée à 95% d'immigrants venus d'Europe. Ils sont dans leur pays et ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient en abandonner plus de la moitié. Second point : lors des débats à l'ONU, les Palestiniens ne se cantonnent pas dans leur refus du plan de partage. Ils réclament l'indépendance et proposent la citoyenneté pour l'ensemble des habitants de la Palestine, y compris les 600 000 juifs." (Le Monde, Le partage de la Palestine, 30 novembre-1er décembre 1997, p. 14)


Elias Sanbar affirme : "(…) Il n'y aura pas de paix tant que les Israéliens ne mesureront pas l'ampleur du sentiment de sacrifice éprouvé par les Palestiniens, qui ont accepté de renoncer à une partie de leur terre en échange de la paix. Si les Israéliens ne mesurent pas cela, on restera dans le malentendu. Il faut le savoir : les Palestiniens n'ont pas signé cette paix parce qu'ils pensent que la Palestine n'est pas leur pays. Ils l'ont fait en sachant qu'elle est leur pays et que la paix vaut bien le partage de leur patrie en deux Etats."
"Si nous voulons résoudre le problème, il est impératif de séparer la dimension politique – objet de la négociation – de la dimension symbolique – que j'accepte mais qui n'est pas négociable. (…) On ne peut pas dire aux Palestiniens : vous devez partager l'esplanade des Mosquées parce que les Israéliens sont émus. Ils ne l'accepteront jamais. Il faut à tout prix que la négociation affronte la véritable question : celle de l'occupation. En 1967, la Cisjordanie, qui comprend Jérusalem-Est, a été occupée. Il y a des règles de droit international, les conventions de Genève. Des résolutions ont été adoptées par les Nations Unies. Si nous voulons résoudre le problème, il est essentiel de revenir à ces textes. Pour le reste – l'accès aux lieux saints [le Mur des lamentations], au quartier juif, tout peut être discuté." (Entretien avec Zeev Sternhell, Le nouvel Observateur n° 1875, du 12 au 18 octobre 2000, p. 18)



La paix, tout le monde en parle, tout le monde la veut. Il faut effectivement œuvrer en ce sens.
Mais il s'agit d'œuvrer pour une paix juste et globale, fondée sur le droit, notamment les résolutions 194 (qui prévoit le retour des réfugiés palestiniens) et 242 (qui prévoit le retrait de tous les territoires ayant été occupés en 1967), et ce sans jeu de mots entre les versions anglaise et française. Et non de mettre en place une paix déséquilibrée, imposée par le bon droit du plus fort. Sinon l'Histoire risque bien de n'être qu'un perpétuel recommencement. Et on risque fort, comme l'a dit Sanbar, de "rester dans le malentendu".
En témoignent aujourd'hui les actes désespérés du peuple palestinien, qui s’oppose désespérément à toute une armée parce que même ce qui lui reste juridiquement de sa terre initiale est occupé. Occupé, il l'est bel et bien, ce reste : Jérusalem-Est (proclamée unilatéralement "capitale éternelle et indivisible" avec Jérusalem-Ouest), bande de Gaza (colonisée à hauteur de plus de 30 %), Cisjordanie (dont 59 % restent sous le contrôle exclusif de l'occupant, 24 % sous contrôle mixte, et seulement 17 % sont rétrocédés). Et en fait de rétrocession, celle-ci est assez singulière : le peuple palestinien n'y a même pas le droit de construire de nouveaux puits ! Sur sa propre terre !



Tous nous voulons la paix, mais comment ne pas s'attendre, en pareilles circonstances, à des actes désespérés de la part des Palestiniens ? Le 3ème "considérant" du préambule de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ne dit-il pas : "Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un Etat de droit, pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression".



La paix au Proche Orient, tout le monde en parle, tout le monde la veut. Mais il s'agit de vouloir et d'œuvrer pour une paix juste, globale et durable, une paix qui profite aux deux parties en présence, la juive et la palestinienne.

Pour ce qui est de la solution permettant le rétablissement de la paix immédiate en Palestine, veuillez cliquer ici pour lire un autre article : Pour une paix immédiate en Palestine. Cela concerne la paix immédiate et il s'agit d'une mesure du court terme.
Mais pour que la paix soit permanente en Palestine, une autre mesure en est seule capable qui doit être prise à moyen terme...


Cette autre mesure du moyen terme ne consiste nullement à mettre fin à la présence juive en Palestine, cette terre sacrée pour eux comme pour les chrétiens et pour les musulmans. Elle consiste à confier la garde de cette terre aux musulmans et de permettre aux chrétiens et aux juifs (et aux autres) de s'y installer de d'y vivre entièrement les libertés de culte, de conscience, de culture.


Jean Lartéguy écrit :
"J.P. Alem, qui sous ce pseudonyme cache un des meilleurs spécialistes de la région, rappelle (…) :
"La Palestine est une terre sainte à la fois pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Dans le monde entier, des millions de chrétiens et de musulmans portent à la Palestine, en matière religieuse, le même intérêt que les juifs. La situation est à cet égard, en Palestine, délicate et difficile.
Avec les meilleures intentions du monde, on peut se demander si les juifs sont susceptibles d'apparaître aux chrétiens et aux musulmans comme les gardiens souhaitables des places saintes ou de la Terre sainte en général. Il y a à cela une raison : les lieux les plus sacrés pour les chrétiens – ceux qui sont liés à la vie de Jésus – qui sont également sacrés pour les musulmans, ne sont pas seulement pour les juifs des lieux profanes mais encore des lieux d'exécration. Dans ces conditions, il est simplement impossible, pour les musulmans comme pour les chrétiens, que ces lieux soient entre les mains juives ou sous la garde des juifs.
En fait, les musulmans, parce qu'ils vénèrent les Lieux saints des trois religions, en ont été tout naturellement des gardiens beaucoup plus satisfaisants que n'auraient pu l'être les juifs.
Ce qui donne à penser que les partisans du programme sioniste extrême n'ont pas pleinement compris le sens précis d'une occupation complètement juive de la Palestine. Car un tel événement intensifierait, avec une fatale certitude, les sentiments antijuifs, non seulement en Palestine, mais dans toutes les parties du monde où la Palestine est considérée comme une Terre sainte." (cité dans Mourir pour Jérusalem, André Lartéguy, pp. 373-374)



Confier la garde de la Palestine aux musulmans, c'est donc également éviter le développement de l'antisémitisme. L'islam est bien sûr opposé à cet antisémitisme (d'ailleurs, pendant que les pogroms et la reconquista faisaient rage en Europe médiévale, les juifs ont toujours su trouver asile en terre musulmane), mais le développement des actes que l'on connaît aujourd'hui en Palestine risque, comme l'a très bien perçu J. P. Alem, d'amener, bien malheureusement mais hélas par réaction, le développement de l'antisémitisme dans de nombreux lieux du monde, non seulement là où vivent des musulmans mais aussi là où vivent des chrétiens. Les juifs y seront à moyen terme eux-mêmes perdants, bien qu'ils ne s'en rendent pas compte aujourd'hui.
A l'opposé, l'autre solution, qui consiste à confier la garde de toute la Palestine aux musulmans, ne reviendra pas à développer l'antisémitisme (puisque l'islam le condamne fermement), mais au contraire à permettre aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans de vivre en Palestine en cohabitation pacifique. Comme le demandent aux musulmans leurs propres sources (le Coran et les Hadîths), les lieux saints des autres religions doivent être protégés, et la liberté pour les juifs et pour les chrétiens de pratiquer leur culte doivent être garantis.



Les musulmans ont d'ailleurs dans ce domaine, dans leur mémoire collective, en plus des textes de leurs sources, l'exemple concret et chevaleresque de Saladin (1138-1193). Car si ce dernier avait clairement déclaré refuser d'abandonner Jérusalem, cela ne signifiait pas qu'il en ait interdit l'accès à ceux qui n'étaient pas musulmans et qui voulaient y pratiquer leur culte. Au contraire, bien que les Francs n'aient pas eu, lors de leur occupation de la région et lors de leur conquête de Jérusalem, presqu'un siècle plus tôt, en juillet 1099, un comportement chevaleresque (lire à ce sujet Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf, pp. 8-9, 69 et 53-56 entre autres), Saladin, pendant et après sa reconquête de Jérusalem en octobre 1187, montra ce qu'était la grandeur d'âme des musulmans. Amin Maalouf relate : "Ses émirs et ses soldats ont des ordres stricts : aucun chrétien, qu'il soit franc ou oriental, ne doit être inquiété. De fait, il n'y aura ni massacre ni pillage. Quelques fanatiques ont réclamé la destruction de l'église du Saint-Sépulcre en guise de représailles contre les exactions commises par les Franj [les Croisés], mais Saladin les remet à leur place. Bien plus, il renforce la garde sur les lieux du culte et annonce que les Franj eux-mêmes pourront venir en pèlerinage quand ils le voudront. Bien entendu, la croix franque, installée sur le dôme du Rocher, est ramenée. Et la mosquée Al-Aqsa, qui avait été transformée en église, redevient un lieu de culte musulman (…). D'autres biens seront vendus plus tard aux familles juives, que Saladin installera dans la Ville sainte. (...) Si Saladin a conquis Jérusalem, ce n'est pas pour amasser de l'or, encore moins pour se venger. (...) Sa victoire, c'est d'avoir libéré la Ville sainte du joug des envahisseurs, et cela sans bain de sang, sans destruction, sans haine." (Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf, pp. 230-232).
Cette magnanimité fut en tous points conforme à ce qu'a enseigné le Prophète (al-hilm, al-'afw fil-'adl) en la matière.



Cette solution consistant à confier la garde de la Palestine aux musulmans, la seule à même de permettre dans la région une paix durable et permanente pour le XXIème siècle après les échecs répétés du XXème siècle, avait d'ailleurs déjà été réclamée par les Palestiniens. Elias Sanbar écrit : "[En 1947,] lors des débats à l'ONU, les Palestiniens ne se cantonnent pas dans leur refus du plan de partage. Ils réclament l'indépendance et proposent la citoyenneté pour l'ensemble des habitants de la Palestine, y compris les 600 000 juifs [de l'époque, dont la communauté était alors composée à 95% d'immigrants]." (Le Monde, Le partage de la Palestine, 30 novembre-1er décembre 1997, p. 14)

à bon entendeur salut, salem, shalom
 
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