Durabilité d'une révolution ou dictature insoutenable ?
Notes et impressions de voyage.
Jean-Yves MORGANTINI, agronome.
Contexte : Du 05 juillet au 07 Août 2004, 5 semaines dont trois dans le cadre d'un voyage avec un groupe UNESCO à 15 personnes et deux semaines en voyage « privé », non préparé, à trois personnes. Présence pendant les 5 semaines, de Jaïmé, ethnologue Argentin vivant en France depuis 30 ans, qui, entre autre, a assuré la traduction dans sa langue maternelle et apporté une connaissance précieuse de l'histoire de Cuba.
Ces notes ne résultent pas d'une étude scientifique de la société cubaine mais rendent compte de ce que nous avons vu, entendu et perçu au cours de ce voyage.
Itinéraires et rencontres :
1- DURABILITE SOCIALE :
- EQUITE :
C'est peut-être ce qui est le plus remarquable pour un occidental de pays dit démocratique : il n'y a pas d'extrême pauvreté ni d'exclusion.
- Alimentation : L'Etat assure à chacun un minimum alimentaire (carte donnant droit aux produits de base à des prix très bas).
- Santé : accès aux soins gratuits pour tous quelque soit l'importance de l'intervention (consultation ou chirurgie lourde) dans un système performant : 1 médecin pour 120 familles, programme de suivi obligatoire pour les
femmes enceintes et les jeunes enfants, des hôpitaux et cliniques apparemment plus nombreux que les casernes. Les compétences médicales cubaines s'exportent (par exemple, 3 000 médecins cubains assistent les populations des zones retirées au Venezuela) . Les difficultés sont dues au blocus qui empêche l'approvisionnement en certains médicaments, et à l'ouverture au tourisme qui augmente les problèmes de drogue et de prostitution dans les grandes villes.
- éducation : école gratuite et obligatoire pour tous jusqu'à 16 ans. Les formations bsupérieures sont également gratuites y compris repas et hébergement. Il n'y a plus d'illettrisme qui touchait encore 40% de la population en 1961 et les cubains nous sont apparus plutôt cultivés et qualifiés dans tous les contacts (chantiers, campagnes.) que nous avons eus.
- travail et salaires : c'est l'Etat aussi qui assure les emplois sous différentes formules (administrations, entreprises coopératives, activités individuelles.). Tout le monde à accès à un travail mais pas toujours celui qu'on voudrait, c'est pour ça qu'il y a environ 3% de chômeurs. Il n'y a pas d'indemnité de chômage mais la couverture sociale est maintenue. L'éventail des salaires est très resserré, de 10 à 30 dollars par mois (du manoeuvre au médecin ou directeur). Pour gagner plus, il y a des primes en fonction du travail fourni et certains cumulent deux emplois. L'ouverture au tourisme est en train de bouleverser cette organisation sociale car ceux qui sont au contact des touristes peuvent gagner beaucoup plus en dollars ce qui dévalorise les enseignants, médecins et autres cadres qui abandonnent leurs postes pour faire guide, hôtesse ou chauffeur de taxi.
- logements : ils sont aussi attribués par l'Etat et le prix de location est faible, voire nul, l'électricité est distribuée presque gratuitement, entre les coupures.. A la Havane, les conditions de logement sont loin d'être équivalentes, il y a un monde entre la promiscuité et l'insalubrité dans la vielle Havane et les quartiers « riches ». Mais ce n'est sans doute pas par désintérêt car, prévoyant quelques évolutions possibles, Castro a délivré l'équivalent de titres de propriétés aux personnes occupant les logements de la vieille Havane pour qu'ils ne puissent pas être expulsés sans compensation si un jour ces bâtiments prenaient de la valeur et suscitent des appétits.
- TOLERANCE / RACES, RELIGIONS, AUTRES PAYS :
Les métissages entre amérindiens d'origine, blancs conquérants et noirs importés comme esclaves, donnent toutes les nuances de couleurs de peau. Les luttes contre l'esclavage, pour l'indépendance ensuite et pour la révolution récemment, donnent une société actuelle qui ne fait pas de différence raciale.
Les religions s'expriment peu à l'extérieur et les cubains qui mélangent facilement catholicisme et rites africains ne semblent pas avoir de problèmes pour exercer ou non la religion de leur choix.
Très solidaires entre eux, les cubains n'ont qu'un ennemi déclaré : l'impérialisme qu'ils dénoncent et redoutent quotidiennement chez leur plus proche voisin, les USA. Cependant ils ne font pas d'amalgame et n'ont rien contre les citoyens et la nation des Etats-Unis, ce sont les politiques impérialistes et les dirigeants responsables qu'ils combattent. Les cubains font remarquer que Cuba est sans doute le seul pays ouvertement hostile aux USA où le drapeau américain n'a jamais été brûlé. Et si un jour le peuple américain veut se débarrasser de ses dirigeants, les cubains sont prêts à les aider. Ils sont d'ailleurs spécialement solidaires des peuples qui luttent pour plus de liberté ou pour leur indépendance : les campagnes de Che Guevara au Congo ou en Bolivie en sont une illustration militaire. Mais aujourd'hui, plus pacifiquement, les médecins au Venezuela ou l'accueil et la formation gratuits d'étudiants sahraouis en littérature ou argentins en éducation physique et médecine, que nous avons rencontrés, témoignent de cette solidarité même pendant les difficultés économiques.
- DEMOCRATIE, LIBERTE D'EXPRESSION ET DE CIRCULATION :
Dans ce domaine, rien n'est organisé sur le modèle de nos pays européens.
Il n'y a qu'un seul parti politique : le Parti Communiste Cubain et aucune expression ou opposition politique n'est possible en dehors du parti. Les journaux d'information et la télévision sont sous le contrôle de l'Etat (il existe une presse culturelle et artistique plus diversifiée mais qui est actuellement restreinte faute de moyens économiques).
Il ressort de nos nombreuses conversations sur ce sujet avec des personnes de différents horizons sociaux, que les cubains ne se reconnaissent pas victimes d'une dictature. Pour eux, la liberté d'expression existe au sein du parti. Dans les comités de quartiers, la parole est libre, on peut exprimer un désaccord, c'est là qu'on discute concrètement des conditions de vie sur un territoire proche et qu'on élit des représentants pour faire remonter les attentes. Bien sûr Fidel CASTRO est régulièrement réélu président du Conseil d'Etat mais les cubains disent que c'est parce qu'ils le veulent bien, qu'il ne pourrait pas se maintenir contre la volonté populaire. Effectivement, il n'existe pas de milice armée chargée de surveiller et contraindre les individus. La présence policière n'est visible que dans les grandes villes, là où il y a du tourisme. Les cubains en compagnie de touristes sont fréquemment interpellés, ils doivent pouvoir justifier leur présence. Officiellement, c'est pour protéger les touristes, il y a sans doutes d'autres raisons « internes » à ce contrôle, comme la prostitution ou le souci de contrôler les flux de devises qui sont nécessaires à la survie économique mais ne doivent pas déstabiliser l'organisation sociale.
Nous avons pu circuler librement sur tout le territoire avec les moyens de transports utilisés par les cubains sans qu'on nous demande où et pourquoi nous voyagions. Nous avons pu rencontrer et discuter de tous les sujets avec les cubains dans les lieux publics comme privés, sans jamais être inquiétés.
Les 74 prisonniers politiques sont considérés par les cubains comme des mercenaires des USA qui reçoivent une rémunération pour participer à la déstabilisation de la république socialiste. Les opposants non directement liés aux USA ne seraient pas inquiétés. Nous n'avions pas les moyens de vérifier ce point de vue mais la présidente du programme Man and Biosphère de l'UNESCO nous a expliqué que tant que les Etats-Unis n'avaient pas réinté gré l'ONU, l'UNESCO donnait des avis plutôt favorables sur Cuba, prenant en compte les résultats en matière de santé et d'éducation. Depuis que les Etats-Unis sont revenus, l'UNESCO critique régulièrement Cuba sur les droits de l'Homme. La désinformation semble assez fréquente de la part des Etats-Unis, pendant notre séjour au moins deux insinuations de G. BUSH ont fait réagir les cubains : l'une portait sur la nécessité d'une campagne de vaccination envers les enfants alors que nous avons vu que c'est chose faite régulièrement et obligatoirement depuis longtemps, et l'autre évoquait un paradis du tourisme sexuel pédophile, problème non visible au grand jour comme en Asie par exemple et que les autorités ont traité dès son émergence dans les années 90 et poursuivent la vigilance en interpellant tous les cubains qui s'affichent avec des touristes par exemple ou en interdisant l' accès de certaines zones touristiques aux cubains qui n'ont pas de travail déclaré sur ces sites.
Si la liberté de circulation est totale pour le touriste, ce n'est pas aussi simple pour les cubains. D'abord pour des raisons économiques, le pouvoir d'achat faible à l'intérieur du pays est quasiment nul vis-à-vis des pays étrangers. Ensuite pour des raisons administratives, les demandes de visas peuvent durer des mois voire des années et doivent être accompagnées d'une invitation émanant du pays sollicité. Les déplacements intérieurs eux sont limités par le manque de moyens physiques de déplacement, il faut donc faire des queues de plusieurs jours voire plusieurs semaines pour obtenir un billet, ce qui relativise les retards de plusieurs heures régulièrement dus aux défaillances techniques.
- les murs ont la parole : cette formule de Mai 68 pourrait s'appliquer à Cuba mais pour traduire une réalité différente. Les murs servent de support à des slogans choisis par les dirigeants pour édifier la population. Les plus anciens de ces slogans sont des louanges aux martyrs de la révolution ou cherchent à entretenir la motivation et l'élan révolutionnaire mais le plus souvent ils rappellent des idées humanistes de José Marti, philosophe qui a inspiré le mouvement d'indépendance puis la révolution. Dans la diversité des héros évoqués seuls le CHE et José MARTI reviennent plus souvent sans donner l'impression d'une volonté d'instaurer un culte de la personnalité et la présence de Fidel CASTRO est des plus discrètes. Les slogans les plus récents orientent résolument la population vers le développement durable ou commentent les évènements de géopolitique marquants pour Cuba.
2 -DURABILITE ECONOMIQUE :
VIABILITE : nous avons vu que les fonctions vitales, alimentation, santé, logement, éducation sont assurées à un niveau décent pour l'ensemble des 11 millions de cubains. Ceci posé, la rémunération du travail est très faible et ne permet pas un enrichissement personnel progressif comme nous en avons l'habitude pour les classes pas trop défavorisées de nos sociétés libérales. C'est une des raisons pour lesquelles certains jeunes bien formés et donc avec un potentiel, peuvent avoir envie de s'expatrier. Le tourisme les met devant la vitrine d'un magasin bien achalandé dans lequel ils voudraient bien rentrer. Cette raison est sans doute plus réelle qu'une hypothétique oppression dictatoriale.
EFFICIENCE : l'efficience c'est lorsque l'on est efficace avec un minimum de moyens. Le contexte particulier de Cuba sous embargo depuis 40 ans et sans aide extérieure significative depuis 1992 (effondrement du bloc soviétique) fait qu'il n'y a que très peu d'intrants dans les activités économiques cubaines qui ont du se fonder sur l'économie de moyens et l'autonomie. De ce point de vue on peut dire que l'économie cubaine a gagné en durabilité, ce qui est vrai en agriculture par exemple où les intrants industriels et énergétiques peuvent être remplacés par des ressources naturelles. Mais ce n'est pas aussi facile dans tous les secteurs comme dans le transport par exemple où l'économie de moyens et l'autonomie ne résultent pas de l'innovation mais plutôt du rafistolage et du recyclage de l' existant, au-delà du durable.les résultats en sont un service très insuffisant par rapport au besoins, une pollution évidente et une sécurité relative. Pourtant l'innovation existe aussi dans les transports avec le co-voiturage obligatoire pour ceux qui bénéficient des véhicules d'Etat, les camions-bus de grande contenance, les transports en communs à traction animale.mais le transport reste un problème à La Havane et sur les longues distances.
DIVERSIFICATION / AUTONOMIE
Pendant longtemps l'économie cubaine a reposé principalement sur les exportations de sucre et un peu de tabac. L'essentiel des produits alimentaires étaient importés. L'embargo avait laissé le bloc soviétique comme unique débouché, ce qui n'a plus fonctionné à partir de 92. Obligé de mettre fin à cette dépendance fragilisante, l'Etat a réduit considérablement la production de sucre pour développer une agriculture vivrière. Pourmaintenir un minimum de rentrée de devises, l'île s'est ouverte au tourisme.
3- DURABILITE ENVIRONNEMENTALE
Jusque dans les années 90, Cuba s'était engagé dans un développement « à la soviétique » sans souci des retombées sur l'environnement. Ce qu'il en subsiste aujourd'hui continue à « cracher » allègrement comme la torchère de la raffinerie à La Havane ou les moteurs des camions et des voitures américaines des années 50 aujourd'hui équipées de moteurs de tracteurs ou voitures russes.
- LES RESERVES ENVIRONNEMENTALES : dans le cadre du programme Man & Biosphère de l'UNESCO, Cuba a créé six réserves depuis 1985 qui ont pour objectif de conserver et d'étudier la biodiversité tout en conciliant l'usage des ressources par les communautés qui y vivent.
Nous avons visité celle de la sierra de Rosario (Las Terrazas) qui est la plus ancienne et la plus petite mais reste un modèle international pour son organisation et l'implication des populations locales.
Dans la réserve de Guanahacabibes, à l'extrême pointe ouest de l'île, nous avons rencontré et accompagné dans leurs travaux pendant quelques jours, les étudiants qui suivent chaque année la reproduction des tortues marines. Nous avons eu la chance de croiser la route d'un boa (dite « Santa Maria ») de plus de deux mètres dans l'après midi et d'assister à la naissance d'une couvée de cent vingt cinq tortues au petit matin. Sur cette même plage de sable blanc, ourlée de récifs coralliens où pullule une multitude des plus colorée (poissons, éponges, algues, crabes.), nous avons aussi remplir plusieurs dizaines de grands sacs avec les morceaux de plastiques de toutes origines apportés par la mer.
Chaque Réserve établit son plan de gestion avec le directeur, les techniciens et tous les acteurs de la zone concernée qui est subdivisée en trois parties : le noyau central, sanctuaire où seules les recherches scientifiques sont autorisées, la zone périphérique où les activités humaines par les autochtones sont admises mais contrôlées et la zone de transition où peuvent se développer certaines activités économiques. L'UNESCO participe à une évaluation décennale mais n'apporte pas de financement pour le fonctionnement, seulement pour des colloques scientifiques, des formations et des échanges dans le réseau mondial.
Globalement, les problèmes sont le manque de personnel pour assurer toutes les fonctions, le manque de moyens de communication et de diffusion. Les projets s'orientent vers la valorisation des produits issus des réserves et donc la mise en place de cahier des charges, de démarche qualité et de labels.
- LE CAS DE L'AGRICULTURE :
A Cuba, les rapports entre l'Homme et la nature étaient plutôt difficiles car celui qui travaillait la terre, c'était l'esclave. Les salariés ont remplacé les esclaves chez les planteurs de canne à sucre pour une monoculture d'exportation qui occupait les meilleures terres. Cette histoire conditionne encore les mentalités, le travail de la terre est mal considéré ce qui ne favorise pas amour et relations avec la terre.
La révolution, avec le soutien soviétique, avait choisi l'intensification de la canne à sucre pour l'exportation, à grand renfort de machines, engrais et pesticides.
En 1990, la fermeture des débouchés et la pénurie d'intrants résultant de l'embargo ont conduit à un changement radical de stratégie avec pour objectifs :
-diversifier les productions pour atteindre l'autosuffisance alimentaire,
-réduire l'utilisation des intrants,
-mieux utiliser l'ensemble du territoire qui est vaste mais avec peu de terres jugées fertiles.
Ce qui ce traduit par :
- diminution des surfaces en canne à sucre
- augmentation des surfaces en pommes de terre (auto suffisance atteinte aujourd'hui) et riz (60 % des besoins couverts)
- multiplication des sites et des surfaces consacrés au maraîchage notamment en agriculture urbaine : les « organico-ponicos ».
- développement de la lutte intégrée (zéro pesticides sur tabac, maraîchage.)
- recours à la phytothérapie, l'homéopathie et la radiesthésie pour les plantes et les animaux.
- généralisation de l'utilisation de la matière organique : compostage et engrais verts, notamment les légumineuses.
- seules la culture d'exportation de canne à sucre et les cultures vivrières de base (riz et pomme de terre) reçoivent les engrais disponibles en complément de la matière organique.
- développement de la traction animale (avec des boeufs) et des outils adaptés sur tabac, maïs, légumes, arboriculture.
- encouragement à la mise en place de petites unités polyculture élevage, sur les territoires jugés difficiles et délaissés (montagne).
L'Agriculture urbaine : mise en ouvre de façon concertée entre l'Etat, les ONG et les communautés urbaines. Les Australiens ont apporté l'idée de la permaculture, système de vie globale et autosuffisant.
Objectifs :
- production supplémentaire d'aliments (fruits et légumes et aussi Ignames, Manioc.)
- recyclage des déchets organiques urbains.
L'Etat attribue des terrains libres en zone urbaine à condition de ne pas couper des arbres et d'utiliser ces espaces attribués pour produire.
Les premiers espaces occupés étaient petits et l'Etat a apporté un soutien pour ces potagers familiaux. Vers 1995, de plus grandes surfaces sont investies et on passe de l'autoconsommation à la commercialisation. Le ministère de l'agriculture crée la Direction de l'Agriculture Urbaine. En 1997, la vente qui se faisait sur les marchés ou dans les petits magasins se fait maintenant sur le site de production : ORGANOPONICO.
Résultats :
- à La Havane, on estime à 20 000 le nombre de producteurs urbains (hors banlieues) sur environ 2 000 hectares.
- plus grande disponibilité de fruits, légumes, manioc (environ 300 gr /jour /personne, en plus).
- création d'emplois : producteurs, techniciens d'encadrement.
- épargne supplémentaire.
Aujourd'hui :
- l'agriculture urbaine est prise en compte dans les plans de développement des villes.
- elle permet de resserrer les liens sociaux
- elle sensibilise les jeunes citadins à l'importance de la terre et de l'environnement.
Problèmes :
- disponibilité en eau
- ramassage des résidus organiques.
Avenir :
- relier les ORGANOPONICO aux loisirs (jardinage du dimanche) et à l'écotourisme.
- développer le recyclage des déchets urbains
VALORISATION DU PATRIMOINE
Cuba est un musée vivant. Même s'il existe des musées fermés dans des bâtiments, l'essentiel du patrimoine est en liberté et participe à la vie des cubains.
Avec l'ouverture au tourisme, les cubains entretiennent et valorisent les trois principaux pôles de leur patrimoine : l'architecture espagnole, la révolution et la musique.
Toutes les villes ont au moins un quartier où l'on peut s'imaginer à l'époque des grandes familles espagnoles.
Où que l'on soit à Cuba, on peut revivre l'épopée de la révolution chaque jour dans un musée, au pied d'un monument, sur les murs ou par le témoignage ému d'un ancien.
La musique est à tous les coins de rue, à toutes heures, pour les touristes bien sûr mais aussi pour les cubains qui sont soit musiciens soit danseurs : les racines africaines rythment les sons et les mouvements.
Les cigares et les voitures américaines de 1950 font partie du quotidien banal pour un cubain.
Impressions :
- il y a des démocraties dites libérales qui permettent la dictature de l'argent qui fait les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres et où la liberté d'expression repose sur « cause toujours, c'est moi qui détient les médias, la langue de bois et les menaces extérieures pour garder le peuple dans mon giron».
- il y a un régime socialiste dit dictatorial qui assure l'équité pour tous, le premier des droits de l'Homme qui est le droit au travail pour vivre dignement et où la liberté d'expression si elle est limitée n'est pas confisquée dans le but de privilégier un homme, une famille ou une caste. L' autoritarisme de l'Etat est en partie contrôlable par la population et il peut s'expliquer par le fait que Cuba se considère en guerre contre les USA : il est nécessaire de maintenir la cohésion de la patrie autour des valeurs de la révolution (qui sont très humanistes au demeurant) et de ne pas donner de prétexte à une probable intervention étasunienne.
- c'est une succession de portes fermées qui ont amené un pays à ouvrir la dernière qui donne sur le développement durable. Si on extrapole à la planète, tant que toutes les portes ne se seront pas refermées, on n'avancera pas véritablement vers la durabilité. Et parce que les cubains ont de l'humour, on peut dire qu'ils ont la chance d'être soumis à un embargo, eux.
- Cuba, avec ses 11 millions d'habitants condamnés à l'autonomie, est un laboratoire grandeur nature pour le développement durable et les cubains sont prêts à échanger avec nous sur ce sujet, on y va ?