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Coupée du monde, la population de Gaza survit sous perfusion humanitaire
29 juin 2007 22:34
Depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Mouvement de la résistance islamique (Hamas), le 15 juin, les principaux points de passage vers Israël et l'Egypte sont restés fermés, que ce soit celui de Karni pour les marchandises ou celui de Rafah pour les personnes. En revanche, les points de passage secondaires, ceux de Soufa et de Kerem Shalom, au sud, ont laissé filtrer la nourriture et les biens de première nécessité qui permettent à une population de près de 1,5 million de personnes de ne pas mourir de faim.

Dans son rapport hebdomadaire, le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU note, jeudi 28 juin, que seuls 21 % de la consommation quotidienne des Gazaouis ont été fournis au cours de la semaine. Selon cet organisme, il reste de la farine pour neuf jours, du sucre pour trois et du riz pour deux semaines. En revanche, 81 médicaments de première nécessité sont en rupture de stock ; 162 malades nécessitant des soins urgents sont en attente de transfert en Israël, mais 98 000 vaccins ont été introduits par l'Unicef à travers le terminal d'Erez. Enfin, 5 000 personnes attendent à Al-Arish, sur la côte du Sinaï, de pouvoir revenir dans la bande de Gaza.

Tous les jours, le porte-parole de l'armée publie la liste détaillée de ce qui a pu être introduit dans la bande de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom. La liste est précise. Pour le 27 juin, il y a eu 581 tonnes de nourriture pour animaux, 319 tonnes de paille, 327 tonnes de sucre, 164 tonnes de farine, 143 000 litres d'huile, 134 tonnes de riz, 32 tonnes de sel... etc. Le communiqué précise que 24 camions d'aide ont pu franchir le point de passage de Kerem Shalom, que 50 000 vaccins sont passés par Erez et que 22 Palestiniens ont été admis dans les hôpitaux israéliens.

Toute la question est désormais de savoir si ce système de perfusion va perdurer ainsi ou si les principaux points de passage entre la bande de Gaza et Israël vont être rouverts, et si le terminal de Rafah vers l'Egypte, qui a été placé sous le monitoring de fonctionnaires de l'Union européenne, va pouvoir permettre aux Gazaouis de rentrer ou de sortir du territoire. Le problème, pour les Israéliens, est qu'ils font face, désormais, non plus aux représentants de l'Autorité palestinienne, mais aux services de sécurité du Hamas. Or, il n'est pas question pour Jérusalem de traiter d'une manière ou d'une autre avec les islamistes. Pourtant, "Karni est vital, car toute notre aide passe par là. Il faut donc que ça reste ouvert", a déclaré Christopher Gunnes, porte-parole de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens.

Pour la première fois, jeudi 28 juin, 5 000 tonnes de blé ont pu être introduites dans la bande de Gaza en utilisant le tapis roulant qui sert à transférer les gravillons en passant par-dessus le mur de 8 mètres de haut, percé de portes, qui ferme le centre de transbordement. "Il s'agissait d'un essai. Nous espérons pouvoir continuer ainsi afin d'éviter que la population palestinienne ne soit confrontée à une crise humanitaire", a indiqué Shlomo Dror, porte-parole du coordinateur des activités israéliennes dans la bande de Gaza.

Des formules alternatives tentent de se mettre en place. Il s'agit de parer au plus pressé puisque Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, a décidé qu'il fallait poursuivre l'approvisionnement en eau, en électricité, en carburant, en nourriture afin de "ne pas punir une population gouvernée par une organisation terroriste".

Pour le moment, John Ging, directeur de l'Unrwa à Gaza, n'est pas inquiet. Il espère que la communauté internationale tiendra parole et que la nourriture continuera à arriver mais, dit-il "la réouverture des frontières est vitale si l'on ne veut pas que la population sombre davantage dans la pauvreté". 79,9 % des habitants de Gaza vivent en effet en dessous du seuil de pauvreté et 1,1 million de personnes sont dépendantes de l'aide humanitaire pour survivre. La population de Gaza est constituée pour environ 75 % de réfugiés. "Il y a une véritable inquiétude concernant l'avenir. Le potentiel de violence, ici, est énorme (...) les gens sont très vulnérables. La situation peut se détériorer très rapidement", souligne John Ging.

Michel Bôle-Richard

Source : [www.lemonde.fr]
 
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