Un nouveau rapport qui met en évidence les liens étroits entre la pauvreté et la corruption renforce les éléments étayant le point de vue selon lequel la corruption entrave les mesures prises pour faire reculer la pauvreté et pour donner aux pauvres de nouvelles possibilités dans le domaine économique, a déclaré le directeur des initiatives en faveur de la lutte contre la corruption et de la bonne gouvernance au département d'État, M. David Luna, le 6 novembre à la suite de la parution du rapport de 2006 de l'association Transparency International.
« Il est clair, a-t-il dit, que la corruption résulte de la mauvaise affectation des ressources et tend à être plus courante là où les rouages du gouvernement et la volonté politique de lutter contre la corruption sont faibles. »
La corruption contribue à encourager la pauvreté, en particulier lorsque de hauts responsables volent les deniers publics ou les gèrent en dépit du bon sens. Dans de nombreux pays, les « kleptocrates » se garnissent les poches au lieu de financer l'infrastructure nécessaire au développement, telle que les routes, les écoles et les hôpitaux.
En général, la corruption de haut niveau est susceptible d'entraîner la stagnation sur le plan économique et d'accroître les disparités économiques et sociales lorsque le coût élevé de la fourniture des services publics s'accompagne de l'incapacité plus ou moins grande à prélever des impôts, a fait remarquer M. Luna.
Organisation non gouvernementale internationale, qui a pour mission de lutter contre la corruption dans le monde entier, Transparency International a découvert une forte corrélation entre la corruption et la pauvreté dans les pays qui ont le revenu par habitant le plus faible.
Son nouveau rapport annuel met en évidence ce que maintes personnes soulignent depuis des années, à savoir que les possibilités d'investissement et la croissance économique sont difficiles dans des pays où la corruption est endémique et que les investisseurs exigent de plus en plus des assurances quant à l'honnêteté du secteur privé pour atténuer les risques éventuels dus à une mauvaise gouvernance.
Ce rapport rappelle utilement que la corruption continue d'être un fléau dans de nombreux pays du monde et que les partenaires internationaux doivent, s'ils veulent que l'on fasse des progrès, ouvrer de concert pour appliquer des stratégies efficaces de lutte contre la corruption et pour sanctionner les personnes qui y ont recours.
Selon la présidente de Transparency International, Mme Huguette Labelle, il reste beaucoup à faire pour réduire fortement la pauvreté dans le monde malgré les progrès que de nombreux pays ont faits en ce qui concerne l'adoption de lois et d'une réglementation contre la corruption. « La corruption enferme des millions de personnes dans la pauvreté », dit-elle dans le communiqué de presse que son association a diffusé le 6 novembre.
Le rapport se fonde sur des données fournies par des spécialistes et par des entreprises pour classer les pays en fonction du degré de corruption perçue chez les agents publics et chez les hommes politiques.
Ce degré de corruption est « grave » dans presque les trois quarts des 163 pays qui ont fait l'objet d'une étude et dans tous les pays à faible revenu. Dans presque la moitié des pays, la corruption est jugée endémique.
C'est Haïti qui se place au bas de l'échelle. Ce pays est suivi de la Guinée, de l'Irak et de la Birmanie. En revanche, la Finlande, l'Islande et la Nouvelle-Zélande se placent en haut de l'échelle en tant que pays où la corruption est la plus faible.
Les auteurs du rapport font aussi remarquer que, malgré l'accroissement, ces dernières années, des mesures internationales de lutte contre la corruption, des intermédiaires tels que des banquiers, des comptables, des juristes de pays industriels et de centres financiers extraterritoriaux continuent d'aider des hommes politiques corrompus à blanchir leurs capitaux illicites et à les garder en sécurité et que la présence de ces intermédiaires encourage la corruption.
Ils incitent les entreprises et les associations professionnelles de juristes, de comptables et de banquiers à rendre leurs salariés et leurs membres plus responsables de leurs activités liées à la corruption, à adopter des codes de conduite en la matière et à prendre d'autres mesures.
Selon M. Luna, il est possible de s'attaquer efficacement à la corruption lorsque les pouvoirs publics ont la volonté de la combattre, par exemple en appliquant des lois qui criminalisent les pots-de-vin et autres malversations et en traduisant en justice tous les personnes corrompues à tous les niveaux de la société.
Ces dernières années, a-t-il dit, les États-Unis et les autres États membres du groupe des Huit ont élaboré de nouvelles méthodes pour priver les agents publics de l'accès aux biens qu'ils avaient accumulés au moyen de la corruption. En outre, la Convention des Nations unies contre la corruption fournira des mécanismes efficaces de coopération internationale pour découvrir et récupérer le produit de la corruption de haut niveau et pour en poursuivre les coupables, dès qu'on aura établi la stratégie de mise en ouvre de la convention.