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"Je connais un violeur" : la parole aux victimes anonymes
21 septembre 2013 17:30
Lancé le 30 août, ce blog propose aux victimes de viols de décrire leur violeur pour casser les clichés.

Trois semaines à peine. Et déjà plus de 600 témoignages. Moins d’un mois après son lancement, le Tumblr «Je connais un violeur» publie chaque jour, des récits - tous anonymes, tous glaçants- de femmes en majorité mais aussi de quelques hommes, victimes de viols.

«Dès les premiers jours, j’ai reçu près de 200 témoignages», raconte Pauline, 27 ans, militante féministe à l’initiative du projet. «J’en reçois encore beaucoup : près d’une centaine n’ont pas encore été publiés…»

Des démarches pour encourager à libérer la parole des victimes de viol, il y en a déjà eu. De la part d’associations ou par le biais de campagnes nationales. Mais là où ce Tumblr détonne, et incite sans doute les victimes à témoigner, c’est qu’il met l’accent sur les agresseurs. Et invite les victimes, plutôt que de raconter leur viol, à décrire «leur» violeur. «On ne s’intéresse jamais aux coupables», explique Pauline qui a lancé ce projet en solo. «On imagine trop souvent le violeur comme un type louche ou un psychopathe sans visage qui attaque dans un parking sombre ou une ruelle… Je voulais casser ces fausses représentations: dans 80% des viols, la victime connaît son agresseur et dans 67% des cas, l’agression a lieu au domicile de la victime ou de l’agresseur.»

Véritable loi du silence

«Ils étaient nos amis, nos partenaires, des membres de notre famille ou de notre entourage. Nous connaissons des violeurs : laissez-nous vous les présenter», invite en introduction son site. Au fil des pages, on fait ainsi d’effroyables connaissances. Avec «mon collègue et ami», «le grand-père collectionneur d’insectes». «le copain timide et talentueux», «F. mon ex-petit ami étudiant en psychologie», «K. qui devait réviser la bio», «Y, le marin», ou «Alain, mon oncle».

Pauline corrige les fautes d’orthographes, gomme les détails trop crus «pour ne pas faire le jeu des voyeurs», et les éléments pouvant permettre d’identifier les personnes. Impossible toutefois, de vérifier la véracité des témoignages. «Quel intérêt auraient les victimes à raconter anonymement un faux témoignage?», balaie la jeune femme.

Du côté des associations qui luttent contre les violences faites aux femmes, ce nouvel angle d’attaque est salué. «C’est vraiment bien pour casser les stéréotypes», dit Emmanuelle Piet, présidente du Collectif Féministe contre le Viol, association qui gère le numéro d’appel d’urgence Sos Viols Femmes Informations (0800 05 95 95) «On visualise les agresseurs et comment elles se sont retrouvées piégées. Un viol, ce n’est pas un petit truc au hasard, cela résulte d’une vraie stratégie et ce Tumblr le montre bien.»«Pour le grand public, cela permet de voir la diversité des situations», ajoute Julie Muret de Osons le Féminisme, qui avait lancé en 2010 une campagne «Viol: la honte doit changer de camp.»«Ce mode de communication et l’anonymat, permettent aux victimes de se sentir autorisées à en parler car c’est une véritable loi du silence qui règne trop souvent.»

Remettre leur monde à l'endroit

Chaque année, 75000 femmes adultes seraient victimes de viol en France. Mais moins de 10% des viols mènent à une plainte et on estime que seulement 2% des violeurs sont condamnés. «On enseigne aux petites filles que sortir la nuit c’est dangereux. Elles ne réalisent pas que l’entourage proche peut être une zone dangereuse. Comme elles n’osent pas porter plainte, les victimes sont laissées seules dans ces zones de non-droit où les agresseurs jouissent d’une impunité», peste Muriel Salmona présidente de l’association Mémoire traumatique et Victimologie et auteur du «Livre noir des violences sexuelles» (Ed. Dunod)

Dans beaucoup de témoignages, «je n’en avais jamais parlé avant» ou les «C’est la première fois que je me confie» reviennent. Certaines racontent la solitude face à leur douleur. La détresse. Des vies brisées. Mais surtout la culpabilité. «Des années que je me sens fautive, sûre d’être coupable d’avoir trop bu, trop avenante…». «Je sais que je me suis faite violer mais je ne peux m’empêcher de me sentir partiellement fautive. Et comment en parler, comment demander aux autres de croire quand nous ne croyons pas totalement nous-même?» Pour le docteur Muriel Salmona, s’intéresser aux violeurs permet aux victimes de «remettre du sens». «Les victimes se disent toujours «je n’aurais pas dû faire ou dire ça. Elles se remettent en cause. En parler, échanger leur expérience et analyser la démarche de leur agresseur permet de remettre leur monde à l’endroit, de réaliser, enfin, que ce sont elles les victimes. C’est le premier pas vers la réparation.»

Anne-Claire GENTHIALON

Source : Libération
Ma Sha Allah !!! "[i]Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ![/i]" (Lavoisier) [Bienvenue au Yabi Poésie Club]([url=http://www.yabiladi.com/forum/yabi-poesie-club-7-3375889-5377811.html#msg-5377811])
22 septembre 2013 14:33
Pour une fois qu'il y a un article intéressant sur cette section du forum, ça change.

J'ai parcouru quelque récits, ça correspond à l'idée que je me faisais du violeur. C'est généralement un proche.
Par contre plusieurs récits sont étranges, comme les viols sur des enfants de 5 ans...
22 septembre 2013 16:39
Quelle horreur c flippant ...g bugé sur le chiffre 75000 ! Ca prend en compte les adultes donc pas de mineurs et évidemment c sans compter toutes celles qui ne parlent pas alors le chiffre réel doit être incroyable !
 
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