C’était un certain 27 Avril 1958 à Tanger un ensemble des maghrébocrates ont décidé de mettre toutes leurs énergies pour construire, pour bâtir, le grand Maghreb. La réunion était, pour ces personnes, l’espoir de la cohabitation dans une région qui dispose des spécificités communes rassemblant et non diviseur, une homogénéité qui facilite la création d'un ensemble régional subsidiaire, dynamique et surtout prospère.
La réunion était importante, elle a pu créer une solidarité marquante et capitale entre les peuples de la région grâce à des décideurs visionnaires et responsables malgrès un état algérien privé de toute représentation diplomatique à l’échelle internationale. La fameuse recommandation de la création du GPRA (1) décidée lors de cette réunion, restait un point culminant d'une telle rencontre, elle était une vrais reconnaissance du Maroc et de la Tunisie de l’état algérien souverain, le gouvernement provisoire algérien est devenu ensuite l’instrument diplomatique de la lutte pour l’indépendance et permettant ainsi une reconnaissance diplomatique à l’échelle internationale. L'ONU l'avait déclaré d'ailleurs le représentant du peuple algérien pour toutes négociations futures.
On peut bien faire une parallèle avec ce qui se faisait à l'époque en Europe et qui a fait naitre la communauté économique européenne (CEE) par le bais du traité de Rome (25 mars 1957). Malheureusement cette parallèle ne tient plus debout dès qu'il faut regarder la suite des évenements. en effet, la réunion de Tanger n'était qu'un mirage pour les peuples de la région. Plus précisemment, en Europe les pays signataires du traité de Rome ont arrivé à restaurer les premiers piliers d’une grande intégration mondiale le 30 Juillet 1962 (Création de la PAC (2)) qui contribuera après à la création de la grande alliance économique au sein de l'Europe. On ne peut que constater que l’appel de Jean Monnet :"il vaut mieux se disputer autour d’une table que sur un champ de bataille.", a été bien suivi. L’Europe maintenant, avec élargissements successives, contient en son sein 27 pays solidaires.
De l'autre côté de la méditéranée, les recommandations de la réunion de Tanger, n’ont pas été appliquées. Au lieu de construire et bâtir, nous avons confiné dans des réflexions appartenanant à des idéologies dépassées. Les conflits géo-politiques ont apparu et jusqu'à maintenant le peuple de la région paie le prix d’une confrontation idéologique nourrie par une guerre froide surclassée par ses propres inventeurs.
On va fêter cette cinquantenaire avec un gout amère, avec une grande déception. Au lieu que cette date soit, pour nous les maghrébins, une fierté elle est une amertume. Au lieu qu’elle soit un élargissement et une autre étape meilleurs dans l’intégration nous assistons à une désintégration, à une dislocation dans la région. Au lieu que nos économies soient solidaires, complémentaires chacune avec l’autre, nous assistons à une fermeture de frontière. Au lieu que nos forces et nos armés travaillent pour épargner la région d’un fanatisme et d’un terrorisme , qui rongent nos valeurs, ces forces exacerbent de plus en plus les sentiments. Au lieu que la région soit active dans une mondialisation féroce elle est passive sans aucune perspective économique et subir toutes conséquences d'une conjoncture économique internationale agitée, pire le peuple de la région s’enlise de plus en plus dans une précarité ascendante .
Voici, cinquante ans que les espoirs éveillés par la conférence de Tanger se sont dissipés, comme ces nuages de pluie qui traînaillent au-dessus des récoltes assoiffées et disparaissent au lever du soleil, symbole de désespoir. Cinquante années d’égarement dans des labyrinthes de rivalités qui compliquent notre avenir en niant toute cette géographie, toutes ces valeurs que nous partageons, cinquante d’années qui ont montré un aveuglement très profond dans la vision des décideurs qui ne pensent que de suivre leur machiavélisme au lieu de s’épauler pour construire.
La région du Maghreb peut jouer un rôle très important dans le monde, c’est une région stratégique. La proximité avec l’Europe peut la laisser devenir un leader dans la méditerrané, un leader dans le monde arabe. Ce monde arabe qui ne veut pas connaître la discordance et le sentiment de la vendetta. La région n’a pas besoin de disparité de structure, n’a pas besoin qu’un état entrave la marche de l’autre, n’a pas besoin de création des états artificiels, notre région doit avoir avec essence et bon sens son avenir, les magrébins doivent s’attacher à toute initiative de rapprochement, à toute idée capable d’atténuer les conflits de la région. Le projet de l’autonomie du sahara présenté par le Maroc est une action courageuse que nous devons toutes et tous, nos les maghrébins, encouragée, c’est une solution vers une unité politique et qui ça ne veut dire pas une absorption de nos nations l'une dans l'autre .
L’université de Georgetown, à Washington, offre à ses étudiants un cursus sur l’Union européenne car vue de l’extérieur, l’Union intrigue et étonne avec des échanges inter états centuplé. Dans l’autre coté, les observateurs du monde regardent avec incompréhension, comme nous tous, cette région la plus déchirée. Le monde actuel est celui de l’alliance. Si la génération nationaliste et celle d’après les indépendances ont échoués de rapprocher et de mettre fin à ce contentieux du sahara les marocains et les algériens d’aujourd’hui doivent travailler ensemble pour que leurs progénitures trouvent un espace meilleur que nos prédécesseurs n’ont pas pu créer. Nous avons la même langue officielle, l’arabe, nous avons la même histoire, les mêmes traditions et coutumes, la majorité sont des sunnites Malikites, voila beaucoup de choses qui nous rassemblent et il n y a rien qui nous divise.
La voie majestueuse de l’unité maghrébine passe par une sagesse dans la vision, par une volonté de dépasser ce conflit qui n’a aucun sens. Le Maroc et l’Algérie ont la même histoire, le même destin, leur rapprochement sera bénéfique pour toute la population maghrébine avec une économie solide et solidaire. L'audace politique ce qu'il faut, la raison et la conscience politique ce que nous demandons, nos les maghrébins, afin que nous puissions sortir de ce marasme. La conférence de Tanger c'est une occasion pour bannir l'antagonisme et amorcer le processus de réconciliation de deux sociétés frères et amis, deux sociétés civiles qui se ressemblent et qui se demandent quel destin les a privé d'échanger et de coexister ensemble.
Cherkaoui ROUDANI
(1) le gouvernement provisoire algérien
(2) politique agricole commune.
Modifié 3 fois. Dernière modification le 25/04/08 17:41 par issi.
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