Déclaration liminaire du président George W. Bush à sa conférence de presse
Le président : Merci. Dites-moi : pourquoi ces longs visages ?
Hier, les Américains se sont rendus aux urnes et se sont prononcés pour une nouvelle direction à la Chambre des représentants. Si tous les bulletins de vote ne sont pas encore comptés, il ne fait aucun doute que la soirée d'hier a été bonne pour le parti démocrate et je félicite les démocrates pour leurs victoires.
Ce matin, je me suis entretenu avec les chefs de file républicains et démocrates à la Chambre et au Sénat. J'ai parlé avec le sénateur Frist, le chef de file républicain, avec le sénateur McConnell, avec M. Hastert, le président de la Chambre, ainsi qu'avec MM. John Boehner et Roy Blunt. Je les ai remerciés pour la course difficile à laquelle ils ont participé, pour les efforts qu'ils ont menés pour nos candidats.
Je suis bien sûr déçu de l'issue de l'élection et, en ma qualité de chef du parti républicain, j'en porte une grande part de responsabilité. J'ai dit aux chefs de file de mon parti que notre devoir était maintenant d'oublier l'élection et de travailler de concert avec les démocrates et les indépendants sur les grandes questions auxquelles notre pays doit faire face.
Ce matin, je me suis également entretenu avec les démocrates. J'ai parlé avec les sénateurs Reid et Durbin. Je les ai félicités d'avoir mené une campagne vigoureuse au Sénat et je leur ai dit que quels que soient les résultats définitifs, il est possible de travailler ensemble dans les deux années qui viennent. J'ai aussi félicité les députés Pelosi et Hoyer.
Ils ont mené une campagne disciplinée. Leurs candidats étaient bien organisés et ont fait un travail superbe en vue d'encourager leurs électeurs à voter. J'ai dit à Mme Pelosi que je me réjouissais à l'avance de travailler avec elle et avec ses collègues afin de trouver un terrain d'entente ces deux prochaines années.
En tant que membres du parti de la majorité à la Chambre des représentants, ils reconnaissent que leur nouveau rôle s'assortit de plus grandes responsabilités.
Personnellement, mon premier acte de collaboration depuis l'élection a été de partager avec Mme Pelosi les noms de décorateurs républicains qui pourront l'aider à choisir les nouveaux rideaux pour son nouveau bureau.
Je pense que les chefs de file des deux partis politiques doivent s'efforcer de surmonter leurs divergences, et je pense que nous serons en mesure de le faire. J'ai rassuré les chefs de file de la Chambre et du Sénat : j'ai bien l'intention de travailler avec le nouveau Congrès dans un esprit bipartite pour aborder les questions en jeu. Je les ai invités à venir à la Maison-Blanche dans les jours qui viennent pour parler de la tâche importante qui reste à accomplir cette année et engager le dialogue à propos de l'ordre du jour pour l'année prochaine.
Le message d'hier était clair. Le peuple américain veut que ses dirigeants à Washington mettent de côté leurs désaccords partisans, qu'ils se conduisent de manière irréprochable et qu'ils travaillent ensemble en vue de relever les défis de la nation.
Nous vivons des moments historiques. Les défis et les possibilités sont clairs pour tous. Notre pays continuera-t-il à renforcer son économie aujourd'hui et à long terme ? Assurerons-nous un enseignement de première classe à nos enfants ? Serons-nous en mesure de faire face aux défis du XXIe siècle ? Serons-nous en mesure de faire fond sur les progrès réalisés récemment lorsqu'il s'agit de trouver des solutions à notre dépendance énergétique en recherchant agressivement de nouvelles technologies pour ne plus dépendre de sources étrangères d'énergie ?
Et plus important encore, cette génération de chefs de file respectera-t-elle l'obligation que nous avons de protéger le peuple américain ?
Je sais que les conjectures sont nombreuses à propos de ce que l'élection signifie pour la bataille que nous livrons en Irak. Je reconnais que de nombreux Américains ont voté hier pour manifester leur mécontentement face au manque de progrès qui y sont faits. Cependant, je pense aussi que la plupart des Américains et des chefs de file des deux partis politiques, ici à Washington, comprennent que nous ne pouvons accepter la défaite.
Dans les jours et semaines à venir, les membres de mon équipe de sécurité nationale et moi-même allons nous réunir avec les membres des deux partis afin de leur faire un compte-rendu des derniers développements et de prendre connaissance de leurs vues pour l'avenir. Nous nous entretiendrons aussi avec les nouveaux membres du Congrès, pour qu'ils soient pleinement informés alors qu'ils se préparent à assumer leurs nouvelles responsabilités.
Alors que nous nous préparons à coopérer avec les nouveaux dirigeants du Congrès, nous avons hâte de connaître les conclusions du Groupe d'étude sur l'Irak coprésidé par M. James Baker et le député Lee Hamilton. Ce groupe composé de démocrates et de républicains est en train d'évaluer la situation en Irak et devrait fournir des recommandations sur la voie à suivre. Je crois que je dois m'entretenir avec les membres du groupe la semaine prochaine.
Si les élections ont changé bien des choses à Washington, elles n'ont pas modifié ma responsabilité fondamentale qui est de protéger le peuple américain contre toute attaque. En qualité de commandant en chef des armées, je prends cette responsabilité au sérieux. Il en va de même de l'homme qui a servi ce pays avec honneur pendant presque six ans en tant que ministre de la défense, M. Donald Rumsfeld.
Après une série de discussions approfondies, le ministre Rumsfeld et moi-même avons maintenant conclu que le moment d'une nouvelle direction au Pentagone était venu. Au cours des cinq dernières années écoulées, notre armée a vécu de multiples changements et réformes tout en menant la guerre contre le terrorisme, l'une des guerres les plus conséquentes de l'histoire de notre pays. Donald Rumsfeld a été un dirigeant hors pair durant cette période de changements. Cependant, il est également conscient de la valeur d'une nouvelle perspective en cette période critique de la guerre. Donald Rumsfeld est un patriote qui a servi notre pays avec honneur et distinction. C'est un conseiller fiable et un ami, et je lui suis profondément reconnaissant des services qu'il a rendus à notre pays.
J'ai demandé à Bob Gates de le remplacer. Bob est un ancien directeur de la CIA et l'actuel président de l'université A&M au Texas. Si sa nomination est confirmée par le Sénat, Bob apportera 25 années d'expérience en matière de sécurité nationale et une réputation de brillant dirigeant doté d'un jugement solide. Il a servi six présidents des deux partis politiques. Entré en tant que petit salarié à la CIA, il a grimpé les échelons jusqu'à en devenir le directeur. Durant son service à la CIA et au Conseil national de sécurité, Bob Gates a acquis des connaissances précieuses qui l'aideront à surmonter les difficultés et à saisir les occasions qui se présenteront à notre pays au cours des deux prochaines années.
Il est également membre de la commission Baker-Hamilton. C'est un dirigeant stable et solide capable d'effectuer les ajustements nécessaires à notre politique.
J'en dirai plus au sujet du ministre Rumsfeld et de Bob Gates un peu plus tard, ici à la Maison-Blanche.
En ces temps de changement, j'ai un message à transmettre à ceux qui sont sur les lignes de front.
À nos ennemis : ne vous réjouissez pas. Ne confondez pas les mécanismes de nos démocraties avec un manque de volonté. Notre nation est résolue à vous traduire en justice. La liberté et la démocratie sont la source de la puissance des États-Unis, et la liberté et la démocratie alimenteront l'espoir et les désirs de ceux que vous essayez de détruire.
Au peuple irakien : n'ayez pas peur. Chaque fois que vous prendrez des mesures difficiles vers la démocratie et la paix, l'Amérique se tiendra à vos côtés. Nous savons que vous souhaitez une vie meilleure, et le moment est opportun pour saisir cette chance.
À nos courageux soldats, homme et femmes : ne doutez pas. L'Amérique vous soutiendra toujours. Notre nation est bénie d'avoir des hommes et des femmes qui veulent la servir et qui sont prêts à risquer leur propre vie pour la sécurité de leurs concitoyens.
Lorsque je suis venu à Washington il y a six ans, j'avais l'espoir de pouvoir contribuer à changer l'atmosphère qui règne dans la capitale. En tant que gouverneur du Texas, j'avais coopéré avec succès avec les démocrates et les républicains afin de trouver des solutions rationnelles aux problèmes auxquels se heurtait notre État.
Si nous avons fait quelque progrès au niveau du changement d'atmosphère, je suis déçu que nous n'en ayons pas fait plus.
Je suis convaincu que nous pouvons travailler ensemble. Je suis convaincu que nous pouvons surmonter la tentation de diviser le pays entre les rouges et les bleus. Les dossiers que nous devons traiter sont plus importants que cela, et nous sommes plus grands que cela. En mettant ces élections et les luttes partisanes derrière nous, nous pouvons inaugurer une nouvelle ère de coopération et faire de ces deux années à venir une période productive pour le peuple américain.