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Comment peut-on être, enfin français?
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26 novembre 2005 09:28
Comment peut-on être français ? Question que se sont posés de nombreux nouveaux français tendant à concilier identité d’origine et identité d’adoption.

Certains ont travaillé dur pour vivre à la française afin d’adopter le confort matériel et le mode de vie de leur pays d’adoption, d’autres se sont durement entraîné pour aller dans les compétitions internationales pour gagner des médailles pour la France; beaucoup se sont pleinement impliqués dans la vie de leur quartier, de leur commune ou même à l’échelle nationale pour contribuer au progrès social en France.

Mais sont ils pour autant devenus français ? La question mérite d’être posée tant au niveau national qu’au niveau local.

Au niveau national les déclarations sur les expressions du malaise social lors des récentes émeutes des banlieues qui ont été très vite « islamisées » par la classe politico-médiatique, trop heureuse de trouver une explication « facile » à l’échec consommé de quarante années de politiques publiques, montre qu’aujourd’hui les neurones cérébrales de certains élus ne fonctionnent que par raccourcie, évitant ainsi tout effort de réflexion et toute action pour lesquels ils ont pourtant obtenus mandat

Localement l’exemple de la jeune association franco-iranienne d’Alsace qui mène depuis deux ans des actions sociales et citoyennes sans aucune subvention publique et en toute indépendance nous interpelle si vraiment un jour on peut devenir français ? Que s’est-t-il passé ?

Depuis le mois de septembre 2004 cette association travaille sur le projet d’exposition des œuvres de Kazem Rezvanian , artiste peintre bien connu à Strasbourg, Français d’adoption et d’origine iranienne, résidant en Alsace depuis déjà vingt ans. Cette exposition « Regard complice, 20 ans déjà » devait illustrer 20 ans de complicité entre Rezvanian et l’Alsace qu’il aime tant et qu’il a reproduit au travers plus de 2000 toiles. Cette exposition devait se dérouler dans les locaux de l’hôtel du département et marquer dans l’esprit des organisateurs, la reconnaissance de vingt ans d’intégration « à la française » réussite.

Quelle n’a pas été la surprise générale lorsque brutalement l’association a été avertis, par les plus hautes autorités du département, que cette exposition ne pourrait avoir lieu au motif que le président de « votre pays » aurait tenu des propos intolérables et que vous devions faire de la résistance !

De quoi et de qui s’agit-il ? Du Président Jacques Chirac et de sa récente interview télévisée ? Pas du tout ! Il s’agit des propos, effectivement intolérables qu’a tenus le président iranien appelant à la destruction de l’Etat d’Israël !

La réaction des autorités départementales est à la fois révélatrice et extrêmement grave.

Elle est révélatrice du stigmate qui marque toujours les « immigrés », quels que soient les choix qu’ils aient faits de rester étranger ou de devenir Français. Quoi qu’il fasse il est renvoyé à sa nationalité et à sa religion d’origine, qu’il soit pratiquant ou pas, et non pas à son choix individuel assumé, celui de devenir Français.

La réaction par raccourcie de Monsieur le vice-président du Sénat et Président du Conseil Général du Bas-Rhin est extrêmement grave car elle montre qu’en dépit de ses discours, la classe politique refuse de considérer comme pleinement Français et citoyens les « Français d’origine étrangère ». Il ne s’agit plus de mots, il s’agit désormais de faits. En quoi une association franco-iranienne est-elle comptable de la politique menée par le gouvernement iranien ? Cette conception d’une responsabilité collective est elle compatible avec le respect des idéaux démocratiques que l’on invoque contre « ces français d’origine étrangère » ? Sont-ils les seuls Français à devoir être jugés sur autres choses que leurs actes individuels ?

Mais le pire aujourd’hui est que cette stratégie politicienne de Philippe Richert président du groupe d’amitié France Israël au Sénat, plus pyromane que visionnaire, risque d’importer un conflit lointain sur le territoire alsacien et créer des tensions entre la communauté israélite et les franco-iraniens. Alors une fois le feu dans la demeure, pourquoi pas une politique plus sécuritaire !
Cette association qui a plus de cent membres, représentant douze nationalités et des croyances diverses, se compose en grande majorité de membres qui sont Européens et alsaciens ! Qui punit-on par de tels amalgames ? Les alsaciens, membres et sympathisants, qui croient qu’ensemble nous pouvons « construire un avenir aux couleurs de nos espérances* » ?

Nous appelons solennellement les élus républicains à se ressaisir et à ne pas entrer dans une logique d’exclusion contraire à nos valeurs, si souvent invoquées en ces temps difficiles, et porteuse de dangers pour l’avenir. Nous tenons à demeurer une association ouverte au dialogue et souhaitons entretenir des relations « normales » avec les élus qui, en principe du moins, nous représentent. Il est temps de réagir contre la contamination des esprits par une idéologie pernicieuse du raccourcie qui se répand dans l’esprit public.

Aujourd’hui c’est en aidant à des manifestations comme celle que l’Association franco-iranienne d’Alsace organise que nous pourrons arriver si nous le voulons à « construire ensemble aujourd’hui pour les générations futures* » !

Pacha MOBASHER
[email protected]


*: devise de l’Association franco-iranienne d’Alsace
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26 novembre 2005 11:38
 
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