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Comme une envie de vomir...
M
1 mai 2004 14:55
La tête tourne. Je ne suis pas de taille
à supporter ce genre de calvaire

Par Silvia Cattori




Gaza, mercredi 23 octobre 2002

Tout est ahurissant. On va de découverte en découverte. J'ai traversé Israël pour passer d'un morceau de Palestine à un autre. C'est un système qui est destiné à vous broyer. À vous faire exploser de rage. J'ai quitté ce matin la Cisjordanie pour aller dans la bande de Gaza, deux Palestines qui font bel et bien partie d'un tout, sur quoi Israël, après l'avoir démembré, s'est assis.

Quant j'ai traversé le check-point d'Eretz, qui sépare Israël de la bande de Gaza, tout paraissait calme dans cette aire fortement militarisée, un calme inquiétant. Les soldats étaient quasiment invisibles en comparaison avec les autres check infiniment bordéliques que j'ai traversés à l'intérieur de la Cisjordanie. C'est donc une douane qui ressemble à un check tiré en longueur et en largeur, avec des couloirs vides de passants que j'ai foulé, hormis un blond en complet veston sombre, d'une élégance qui faisait tache. Un check d'une propreté insolite, avec de l'asphalte et des blocs de bétons pour contenir les gens qui sortent ou rentrent à Gaza. Le gros des soldats doit se planquer sur votre droite, si j'en juge par les murs et les grillages et les drapeaux qui flottent: ils se déploient bien au-delà de la frontière, en zone palestinienne, ils font ostensiblement étalage de leur hyperpuissance. Alors que je suis en passe d'arriver côté palestinien, je croise trois jeunes Palestiniens chargés comme des mules, accompagnés par deux soldats israéliens. Ils les ont mis, eux, dans des cages spéciales, pour interrogatoire, fouille, etc.

Me voilà à Gaza, dont j'ai tant entendu parler. Y être, voir, ce que j'ai même de loin pas pu m'imaginer, devient palpable, concret. Subitement le ciel se renverse. On bascule d'un trait dans un univers qui vous fait presque peur pour commencer. Peur, non pas des Palestiniens, mais à l'idée que des gens comme vous et moi, pareils, vivent dans ce sinistre cloaque. Les immondices s'entassent, les maisons en brique grise d'un gris qui vous tire en bas, ne sont pas finies qu'elles sont déjà habitées. Pas un fil d'herbe ne vient égayer la pesante grisaille. Je regarde depuis ma banquette, d'un air presque épouvanté. Il y a des maisons éventrées par les récents bombardements. Mais on ne voit aucune trace de vie là-dedans. Comme si ces maisons couchées sur un flanc n'avaient jamais été habitées. Le chauffeur me dit que c'est un hélicoptère Apache de l'armée israélienne qui a tout dévasté, tué les gens qui étaient dedans, en pleine nuit. C'est toujours la nuit qu'ils font leurs saloperies. Car les gens sont chez eux, on a alors plus de chance de faire une vraie boucherie, et de faire peur aux gens qui sont entre deux sommeils. Le chauffeur me renseigne. Il doit y avoir de la pauvreté là-dedans, et des puanteurs irrespirables. Il me montre un camp de réfugiés par-ci, un camp de réfugiés par-là, il en compte huit, comme si c'était un circuit touristique, l'attraction principale des visiteurs.

Ce sont des camps de concentration, voilà ce que c'est. Et lui, en vrai patriote, il se fait une fierté, presque, d'être le premier à vous les faire connaître et d'en désigner ensuite les coupables israéliens à tout bout de champ. Nul n'a envie de s'aventurer là-dedans. Je n'ai pas vu un seul policier palestinien. C'est bien le seul endroit ou «on» ne les pas encore tous tués, que je me dis. Où sont-ils? Puis tout à coup, c'est la mer. Le grand large. C'est la Méditerranée avec, en face, Gibraltar, que j'imagine. Une mer ventée et agréable à voir, avec sur la gauche un petit port de bateaux de pêcheurs bien alignés et touchants à voir, et sur la droite quelques hôtels cossus. C'est le soir. Le soleil se couche gentiment sur la mer, sur Gaza la damnée. Les hôtels sont vides, la plage est déserte, les bateaux restent à quai. Ils ne sont pas autorisés à s'éloigner de la rive plus de 2 kilomètres. Israël les bombarde à peine ils s'approchent des eaux qu'ils contrôlent. Tout cela est là, qui m'enchante et m'attriste tout à la fois, car tout cela qui est là, ce n'est que pour moi. Eux, dans leur ville et camps surpeuplés, ils ne la voient pas, la mer.

Depuis ma chambre je l'embrasse toute, la mer. Le texte d'une chanson russe, d'un chanteur poète russe qui a chanté la souffrance de son peuple, m'est revenu comme un déchirement: «Bon Dieu, donne à tout le monde un tout petit peu...». Comment puis-je me pénétrer de la beauté en toute tranquillité, tant que je sais que sur d'autres rivages, à Rafah ou à Khan Younis, il y a un enfant qui pleure parce qu'on a détruit sa maison, parce qu'il est à moitié brûlé, cela est arrivé avant-hier. Ils ont à nouveau lâché des bombes à l'aveuglette sur des maisons attachées les unes aux autres, bondées de monde, ces sauvages. Il y a eu des morts, des blessés, des civils évidemment, et non pas des terroristes comme ils le disent toujours, pour donner une justification à leurs crimes. La vérité, c'est que Rafah est une portion de terre très peuplée qu'ils veulent grignoter, parce qu'ils la considèrent stratégique. Tout est stratégique à leurs yeux. S'il faut tuer des centaines de Palestiniens pour récupérer Rafah, ils tueront des centaines de Palestiniens. Jusqu'à ce que, de plus en plus terrorisés, les habitants malheureux de Rafah, qui ont dans un premier temps juré de ne pas faire comme les autres, finiront par partir eux aussi. Nul ne sait où. Il n'y a plus un centimètre carré habitable. Ils sont déjà serrés comme des sardines là-dedans. Très vite je comprends aussitôt, dans la rue, que Gaza - qui est pour les Palestiniens non pas un pays en soi, un chez soi, mais une véritable prison où s'entassent plus d'un million d'âmes qui attendent l'avènement d'une juste paix -, n'est pas heureuse de son sort. Il y a une agressivité dans l'air. Un enfant me lance une bouteille dans le dos.

Quand on vient en Palestine et que l'on observe avec quelle arrogance les Israéliens se conduisent avec ces gens qu'ils veulent rabaisser, on ne peut s'étonner de rien, ni s'empêcher de penser qu'après tout, les Israéliens ne sont pas chez eux; ils se sont imposés aux Palestiniens par la force, ils les ont chassés par la terreur, et aujourd'hui, au lieu de leur accorder une paix honorable, ils leur font la pire des guerres coloniales. Et comme ils n'ont, semble-t-il, pas de limite dans l'abjection, question de faire place nette, selon le principe, pousse-toi de là que je me pousse, ils n'ont jamais cessé de poursuivre leur politique de la terre brûlée, pour les déloger et créer un État sioniste ethnique pur.

Ils ont pu aller plus vite que prévu dans le pousse-toi là, les Israéliens, ceci grâce à la complaisance de l'Occident. L'objectif de Sharon et de Peres, nommé prix Nobel de la paix s.v.p., étant de les faire fuir à terme, les Palestiniens, comme en 1948, pour laisser les colons s'étendre sur leurs terres et aussi pour s'annexer des zones qu'ils considèrent comme stratégiques. Les Palestiniens sont amers. Ils espéraient que l'Europe les protège en dénonçant aussi fermement qu'il le fallait, leur terrorisme d'État, à ces bourreaux. Ils n'ont de cesse de se demander pourquoi, devant un tel désastre humanitaire, l'Ouest, comme ils disent, ne se soit pas porté à leur secours. L'Europe, il faut le dénoncer sans répit, est restée inerte: elle n'a rien fait de concret pour stopper le massacre. Son silence a laissé le feu vert aux Israéliens, pour les taper avec des gros moyens, pour les cogner chaque jour un peu plus fort. Ils y sont allés habilement, crescendo, en éloignant, pour commencer, les photographes et les cameramen, pour qu'il n'y ait pas d'images trop compromettantes; ils y sont allés de manière moins fracassante qu'à Sabra et Chatila, où le massacre de milliers de personnes s'est fait non pas au goutte à goutte, mais d'un seul coup. Ici, nul n'a oublié les survivants palestiniens de Sabra et Chatila, qui pourrissent dans ce camp qui a une odeur de mort au Liban.

Aujourd'hui, j'y ai pensé, aux réfugiés palestiniens qui croupissent dans les camps à l'extérieur depuis 50 ans. Aujourd'hui, je suis allée au cœur des cœurs de l'horreur absolue. Aujourd'hui, je suis allée au cœur des cœurs de l'insoutenable, de l'inacceptable. Aujourd'hui, j'ai touché du doigt ce qui, avec la meilleure des volontés, (sans doute à cause de l'information que l'on nous a fourguée en Occident, qui ne fait état que du point de vue israélien), nul ne peut imaginer du dehors. Je savais que c'était un contexte difficile, mais je ne pouvais pas m'imaginer ce que cela représentait en vérité. Maintenant je sais. C'est inimaginable. C'est inimaginable de penser, pour commencer, que les Israéliens, les survivants de la Shoah qui demandent pour eux que justice soit faite, puissent cautionner, dans leur grande majorité, il faut dire ce qui est, que leur frères en Israël se conduisent comme des criminels avec les Palestiniens, un peuple, il faut le rappeler, qui n'a pas d'armée pour se défendre. C'est inimaginable de penser que, eux, hier victimes du nazisme, puissent se conduire comme des nazis, écraser un peuple tout entier, puissent chercher à le rabaisser. Cela est d'autant plus grave qu'aujourd'hui les centaines d'Israéliens qui sont allés depuis 1967 mater les Palestiniens, et depuis 2000, faire la guerre illégale que vous savez, ne peuvent pas se targuer de ne pas savoir ce qu'ils font comme violence sur plus faibles qu'eux. Les Israéliens n'ont pas à se venger sur les Palestiniens, qui n'y sont pour rien, de ce que les nazis ont fait subir aux juifs.

Nos élus doivent venir voir ce qui se passe ici sur ces restes de Palestine, que les Israéliens ont rendu infâmes. Ne pas se contenter de rapports de l'ONU ou d'ambassadeurs plus ou moins zélés. Il faut voir de ses propres yeux, car la propagande israélienne est d'une efficacité qui vous renverse. Je suis allée dans les camps de Khan Younis et de Rafah. Personne n'y va par les temps qui courent. Car l'armée y a ces derniers mois bombardé par les airs et avec les Merkava, des tanks énormes que seuls les Israéliens possèdent. J'ai vu les dégâts. J'ai vu les survivants qui, deux jours après, sont assis comme hébétés au milieu des gravats. Des enfants attachés à la jupe de leur pauvre mère hagarde, qui a vu l'un de ses enfants déchiqueté, des hommes âgés qui n'avaient plus l'air d'hommes mais de fantômes. Ils voulaient me montrer l'intérieur. Cela me faisait peur. Ils voulaient me garder. Ils s'attachaient à moi avec une force qui me bouleversait. Je ne pouvais rien pour eux qui ont cru que j'étais le Messie. Personne n'est venu. Ils n'ont pas d'eau, pas d'électricité, pas de toits, et les Merkava sont là, j'en tremble, je sais qu'ils vont continuer leur avancée, et eux, cela semble les laisser extérieurs à ce qui peut bien leur arriver. Où aller? À côté, c'est pareil. Ils ne partiront pas. Ils sont déjà partis une fois, poussés par la peur, pensant revenir un jour sur leur terre. Ils sont allés de camps en camps. Ils ont vu ce que c'était, de partir. On ne les laissera plus revenir. Voilà ce qui trotte dans leur tête, comme une folie. J'avais peur. Peur que les tanks se mettent en mouvement. Eux, ils disent que c'est la nuit qu'ils bombardent. Ils ont encore quelques heures de répit. Ce n'est ni un bidonville ni une poubelle, même si ça lui ressemble. C'est quelque chose qui vous fait voir tout en gris, qui donne au temps une autre dimension. On se sent comme en sursis, comme si l'air devient irrespirable, on attend que les bombes tombent, et on vit comme une torture cette attente. Il vaut mieux que tout saute, que tout s'arrête. La tête tourne. Je ne suis pas de taille à supporter ce genre de calvaire. Je n'aurais pas pu passer la nuit à leur côté. Ils taraudent mon esprit. C'est la nuit. Que font-ils. Que pensent-ils?

Je ne pourrai plus trouver de repos tant que ceux qui en ont les moyens, nos gouvernements, ne réagissent pas. Moi, avec mes quatre bonbons dans le sac, je me sens minuscule. Je vous parle de ces images qui passent inaperçues, que vous avez peut-être vues passer à toute vitesse, avec légèreté, à l'heure des nouvelles. Mais qui, mises bout à bout, avec son lot de maisons détruites, de blessés qui s'ajoutent aux blessés et aux grands brûlés, aux morts qui eux se reposent enfin, font un quartier, une ville, beaucoup d'enfants, de femmes, d'hommes, des gens magnifiques de dignité, je vous dis, qui ne vous demandent rien, des gens dont l'on a fauché la vie si injustement.

Les Israéliens font ce qu'ils font non pas comme ça, dans le désordre. Ils ont tout programmé, tout calculé depuis longtemps. Ils ont un plan précis. Ils n'ont plus qu'à presser le bouton de leur Merkava de malheur pour chasser, chaque jour un peu plus loin, de pauvres gens qui ont la malchance de se trouver dans ces eaux-là, que ces sanguinaires sans foi ni loi considèrent des lieux stratégiques. Il s'agit d'une zone proche de la frontière égyptienne, qu'ils veulent occuper. En partant, Khaled, un Palestinien plein de vie et de choses à raconter, m'avait lancé que j'allais passer une journée formidable. Sans doute, il ironisait. En revenant sur Gaza ville, ce que je voyais innommable hier me paraissait fleuri, couvert de bougainvillées, respirait. Je ne vous ai de loin pas tout dit...

Silvia Cattori,
Palestine occupée




26 avril 2003 © Solidarité-Palestine - E-mail: [email protected]
m
1 mai 2004 15:02
j'espére de tout mon coeur que cette race infecte qui pourrit ce monde depuis la nuit des temps payera un lourd tribu qd leur heure viendra
Y
1 mai 2004 15:03

Ce jour là sera un grand jour mustaf et on l'attend avec impatience.

Qui donne ne doit jamais s'en souvenir. Qui reçoit ne doit jamais oublier.
M
1 mai 2004 15:05
Ce n'était pa tro le but de mon copier coller, il ne faut pa parler de race, les races n existent pas et c demontrer scientifiquement, de meme tous les juifs ne sont pas d accord avec ce ki se passe, moi ce ki me degoute c ce ke commet le gvt israelien et l inaction de nos dirigeants européens.
m
1 mai 2004 15:08
le gouvernement israelien est tombé du ciel? c les israliens qui l'ont mis la avec une majorité écrasante, chaque fois que sharon envoie ses missiles sur des civils la majorité des israeliens jubilent ce qui n'existent nul part ds cet univer
m
1 mai 2004 15:21
Cette bande de terroristes va certainement payer et payer grave. Vous imaginez le monde sans eux?! quel est beau!


17.1. Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur [Muhammad], de la Mosquée Al-Haram à la Mosquée Al-Aqsa dont Nous avons béni l'alentours, afin de lui faire voir certaines de Nos merveilles. C'est Lui, vraiment, qui est l'Audient, le Clairvoyant .

17.2. Et Nous avions donné à Moïse le Livre dont Nous avions fait un guide pour les Enfants d'Israël : “Ne prenez pas de protecteur en dehors de Moi”.

17.3. [ô vous], les descendants de ceux que Nous avons transportés dans l'arche avec Noé. Celui-ci était vraiment un serviteur fort reconnaissant.

17.4. Nous avions décrété pour les Enfants d'Israël, (et annoncé) dans le Livre : “Par deux fois vous sèmerez la corruption sur terre et vous allez transgresser d'une façon excessive”.

17.5. Lorsque vint l'accomplissement de la première de ces deux [prédictions,] Nous envoyâmes contre vous certains de Nos serviteurs doués d'une force terrible, qui pénétrèrent à l'intérieur des demeures. Et la prédiction fut accomplie.

17.6. Ensuite, Nous vous donnâmes la revanche sur eux; et Nous vous renforçâmes en biens et en enfants. Et Nous vous fîmes [un peuple] plus nombreux :

17.7. “Si vous faites le bien, vous le faites à vous-mêmes; et si vous faites le mal, vous le faites à vous [aussi]”. Puis, quand vint la dernière [prédiction,] ce fut pour qu'ils affligent vos visages et entrent dans la Mosquée comme ils y étaient entrés la première fois, et pour qu'ils détruisent complètement ce dont ils se sont emparés.

17.8. Il se peut que votre Seigneur vous fasse miséricorde. Mais si vous récidivez, Nous récidiverons. Et Nous avons assigné l'Enfer comme camp de détention aux infidèles.

17.9. Certes, ce Coran guide vers ce qu'il y a de plus droit, et il annonce aux croyants qui font de bonnes oeuvres qu'ils auront une grande récompense,

17.10. et à ceux qui ne croient pas en l'au-delà, que Nous leur avons préparé un châtiment douloureux.
A
2 mai 2004 11:50
De grâce, ne parlons pas de "race", encore moins "infecte". Il s'agit plus d'une situation, dramatique, tragique, relevant de l'histoire, de la politique, de la géopolitique et qui trouve ses racines aussi bien dans les temps antiques que dans la montée des nationnalismes européens pendant le 19ème siècle que dans les processus de décolonisation du 20ème siècle; dans leurs échecs, dans leurs perversions.

Ni nous-mêmes, ni notre forum ne gagneraient à traiter ce drame par les imprécations et les excès. Tout espoir ne devrait pas être perdu: les années 90 nous l'ont montré et parfois même les décennies précédentes. L'accord de Genève a le mérite de montrer que sans les haines, l'enfermement dans les "identités meurtrières", les erreurs criminelles et tragiques une solution est et sera possible.

Amicalement.
 
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