BAGDAD (Reuters) - De mars 2003, date du début de l'intervention américaine en Irak, à mars 2005, près d'un civil irakien sur 1.000 a péri victime des combats ou des violences, selon une organisation non-gouvernementale anglo-américaine, Iraq Body Count.
Sur cette période, l'ONG a recensé 24.865 civils tués, dont près de la moitié à Bagdad, où vit un cinquième des 25 millions d'Irakiens. L'ancien bastion rebelle de Falloudja vient en deuxième position, avec un civil tué sur 137.
Les chiffres incluent les civils, les recrues de l'armée et de la police et les policiers. Ils excluent les militaires irakiens ou les combattants, pour lesquels on ne dispose d'aucun chiffre fiable, qu'il soit ou non officiel, explique le dossier de 28 pages.
Les chiffres, basés sur la consultation de plus de 10.000 articles de presse publiés depuis le début de la guerre, montrent aussi que 42.000 civils irakiens ont été blessés au cours de ces deux années.
Plus de 80% des victimes étaient des hommes adultes et près de 10% étaient des enfants.
Ces chiffres correspondent à ceux auxquels était parvenue l'an dernier une étude financée par les Nations unies, selon laquelle environ 24.000 morts liées au conflit avaient été recensées depuis le début de la guerre.
Ils sont en revanche très inférieurs à ceux publiés en octobre dernier par la revue médicale britannique Lancet, qui relevait qu'au cours des 18 premiers mois suivant l'invasion, le nombre de morts en Irak avait dépassé de près de 100.000 celui enregistré au cours d'une période précédente équivalente.
LES ATTAQUES D'INSURGES EN AUGMENTATION CONSTANTE
Comme il est impossible aux médias travaillant en Irak de recenser tous les civils tués, que ce soit par les forces sous commandement américain, les rebelles ou les criminels, et qu'ils se concentrent souvent sur Bagdad pour des raisons de sécurité, il est probable que le bilan d'Irak Body Count soit inférieur à la réalité.
L'ONG relève que près du tiers de ces décès sont intervenus pendant la phase d'invasion, entre le 20 mars et le 1er mai 2003. Au cours de l'année qui a suivi, quelque 6.000 civils ont été tués, et ce chiffre a presque doublé l'année suivante, traduisant une intensification des violences.
Selon Iraq Body Count, le nombre de morts causées par des insurgés et des criminels a constamment augmenté.
Les forces sous commandement américain sont désignées comme les premières responsables des morts, avec 37%, suivies de près par les bandes criminelles avec 36%, tandis que les insurgés ne comptent que pour 9,5%.
Ce dernier chiffre ne semble pas correspondre à la situation sur le terrain où les violences imputées à l'insurrection sont nombreuses. Cette divergence pourrait tenir au fait que les médias ne peuvent souvent identifier les auteurs d'attaques. L'ONG impute ainsi 11% des morts à des "agents inconnus".
MISE AU POINT IRAKIENNE
L'étude ne semble pas non plus prendre toute la mesure des attentats à la voiture piégée. Au cours des 18 derniers mois, des centaines d'attentats de ce type ont été enregistrés dans tout le pays, dont une quarantaine rien que pour ce mois-ci.
Ces attentats ont tué quelque 1.500 civils irakiens depuis fin avril, une période qui n'est pas couverte par l'étude.
L'armée américaine et le gouvernement irakien ont contesté les conclusions de l'étude.
"Dans toutes nos opérations, nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter qu'il y ait des victimes civiles", a déclaré le lieutenant-colonel Steve Boylan, porte-parole de l'armée américaine à Bagdad.
"Nous saluons l'attention portée dans ce rapport aux victimes irakiennes de la violence, mais nous considérons que c'est une erreur d'affirmer que la plaie du terrorisme a tué moins d'Irakiens que les forces multinationales", a dit de son côté le gouvernement irakien.
"Les forces internationales s'efforcent d'éviter qu'il y ait des victimes civiles, alors que les terroristes prennent des civils pour cibles et tentent d'en tuer autant qu'ils le peuvent", ajoute-t-il dans un communiqué comportant des bilans gouvernementaux.
Selon des chiffres du ministère de la Santé, 6.629 Irakiens ont été tués entre avril 2004 et avril 2005. Un bilan du ministère de l'Intérieur, incluant les militaires tués, indique que 8.175 Irakiens ont trouvé la mort entre juillet 2004 et mai 2005.
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