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Chronique" Atlantic Radio" du 22/09/08
a
23 septembre 2008 00:01
citati0n:

La Royal Air Maroc a produit ces dernières semaines des messages assez surprenants au sujet de ses pilotes. Dernier exemple, suite à une réunion avec eux, le 9 septembre, la direction générale a longuement rapporté que les représentants des pilotes ont diffusé, je cite, un appel manifeste à l’indiscipline dont elle estime, je cite encore, qu’il revêt caractère inadmissible. Elle leur reproche d’avoir adressé à Mr Driss Benhima, son PDG, une lettre ouverte qu’elle juge « incendiaire ». Les pilotes auraient qualifié des sanctions prises à leur égard de « campagne d’intimidation, de harcèlements, d’avertissements, de mises à pieds et de blâmes ». La RAM rapporte aussi que ses pilotes envisagent même de recourir à une action judicaire au motif qu’ils ont fait l’objet d’avertissements, 7 blâmes, 12 mises à pied et de ponction de 1200 dh/jour sur leurs salaires. Le moins qu’on puisse dire est qu’il y a du tempérament dans ce langage. On pouvait pourtant croire que royal air maroc était fière de ses pilotes. Des fleurons, qu’elle a formés, et dont l’excellence technique est applaudie par les passagers. Pourquoi alors la RAM diffuse-t-elle à leur sujet ces longs communiqués, qui ressemblent à des tracts, avec des gros mots, de type soviétique, du genre qui blesse, et qui ne s’oublie pas ?

Dans tous les cas, une entreprise se trompe lorsqu’elle veut prendre à témoin l’opinion publique contre ses propres collaborateurs. Ça insulte l’avenir, ça jette de l’huile sur le feu, ça dégrade l’image de marque de l’entreprise et ça met en doute la robustesse de son modèle de gouvernance.

Pour le cas de RAM, imaginez l’effet sur les passagers ! Ils pensaient voyager en confiance, avec des équipages rassurants et chaleureux. C’est direction de la compagnie qui leur signale que ces pilotes, qu’ils croyaient compétents et responsables, seraient des esprits arrogants, indisciplinés, inconséquents, que sais-je encore ! En communicant de la sorte, l’entreprise agit contre ses propres intérêts. Dans le secteur privé, ce genre de comportement provoquerait immédiatement l’intervention du Conseil d’administration et, s’il ne comprend et ne corrige pas son erreur, le renvoi séance tenante du numéro un de l’entreprise. Mais dans le secteur public, les choses sont différentes. Le PDG a le statut d’un top-leader, tout puissant, tellement incontrôlé qu’il en perd le contrôle de lui-même. En proclamant urbi et orbi sa fureur contre ses collaborateurs, la direction de la RAM assume crânement sa répugnance pour le dialogue mais elle révèle aussi l’impunité de son incapacité à faire face à un conflit très ordinaire.

Cette situation est vilaine. La RAM a besoin de l’adhésion, de la confiance de son capital humain et de son enthousiasme pour que ses avions fonctionnent bien et que son business puisse prospérer face à la concurrence. Or, la désolante situation à laquelle on assiste aujourd’hui n’est que la même pièce que celle qui s’était nouée en juin 2004 entre les pilotes et le PDG de l’époque. Les pilotes, même sans ancrage syndical, ont le pouvoir de monter au ciel et c’est ce qui fait leur force. Ils piègent la direction, en la faisant monter sur ses grands chevaux avec la même subjectivité que si elle était un individu vexé, considérant comme une offense à son auguste personne ce qui n’est, avant et après tout, que l’expression ordinaire d’aspirations professionnelles.

En situation de conflit, le tempérament méditerranéen est connu, dit-on, pour monter rapidement aux extrêmes. Mais la conduite d’une entreprise devrait obéir à autre chose qu’au tempérament des hommes. Un leadership se détruit lui-même lorsqu’il prétend diriger par la trique. Le bon sens voudrait que la RAM se dote, comme toutes les entreprises de son envergure, de procédures précises pour professionnaliser la prévention et la résolution pacifique des conflits. Les relations professionnelles présentent en effet des risques et des coûts qu’il est possible de prévenir et maîtriser par la concertation et avec des protocoles aussi formalisés, détaillés et contrôlés que les manuels de procédure dédiés aux risques techniques ou commerciaux. Le sujet, on y revient, c’est la gouvernance. Les Conseils d’administration des entreprises publiques n’ont pas les moyens de leurs attributions. Les braves gens qui y siègent ne peuvent ni orienter ni contrôler ni sanctionner.

Leurs protagonistes sont des présidents, des directeurs généraux qu’ils imaginent omnipotents, omniscients, et auxquels ils évitent autant que possible de demander des comptes. C’est sans doute pourquoi leurs dégâts importent peu à ces grands diablotins qui, revêtus du burnous de technocrates, peuvent faire ce qu'ils veulent des entreprises publiques.
a
23 septembre 2008 16:18
La RAM est dirigée par un ancien gouverneur.
LA Royal Air Maroc est semble t-il gérée comme une préfecture.Voilà le problème.
 
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