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Chili : remise en cause du système libéral
M
28 juin 2006 02:02
Chili : remise en cause du système libéral

La "révolte des pingouins" de ces dernières semaines [1] contre le système éducatif [2] a le mérite de révéler l’existence d’une société profondément inégalitaire. Un autre exemple de cet état de fait est le système de retraite basé sur les fonds de pension, qui est proche de la faillite [3].

Le Chili (après l’Argentine, avant que celle-ci ne "tombe en faillite"winking smiley est le meilleur élève de la Banque Mondiale, du FMI et des économistes libéraux. Bien que faisant parti du Mercosur, il a signé un accord de libre échange avec les Etats-Unis. Dans le "nouveau visage" de l’Amérique Latine et ce "virage à gauche" comme l’appellent certains (avec Chavez et Morales), il se place à droite, rejoint par Lula, Kirchner et bientôt Garcia au Pérou. Car si ses indicateurs économiques sont au vert, au niveau social la situation est catastrophique, à côté d’une classe moyenne qui profite des réformes libérales, la majorité de la population vit dans des conditions peu réjouissantes. Le Chili a vécu dans les années 60, avec Salvador Allende, un processus politique de révolution socialiste démocratique, processus interrompu par le coup d’Etat militaire de Pinochet (et des Etats-Unis). Dès lors, comme en Argentine, parrallèlement aux assassinats, au niveau économique, les militaires ont appliqué une politique libérale de dérèglementations et de privatisations. "La ’révolution néo-libérale’ a divisé le pays en deux : d’un côté, les dirigeants politiques, l’armée et la bourgeoisie d’entreprise ; de l’autre, les exclus de la prospérité. En 1988, plus de la moitié des habitants du grand Santiago étaient (considérés) comme ’pauvres’, par ailleurs l’ultra-libéralisme a créé ses nouveaux déclassés : petits commercants, enseignants, employés" [4].

Seize ans après le "départ" de Pinochet, les successifs gouvernements de la Concertacion (démocratie chrétienne et parti socialiste) n’ont opéré aucun changement au modèle économique, se contentant de faire du "pinochétisme économique sans Pinochet" ! (Vayssière) Au niveau politique, le poids de la droite et de l’Eglise (donc des militaires) est toujours importants. En raison de son passé dictatorial, la société chilienne se caractérise par une recherche de consensus politique et une intolérance face au conflit. Les seuls à mener une résistance, liée à une question de survie, sont les mapuches (avec leur lot de prisonniers politiques).

Néanmoins, cette irruption des "pingouins" dans les rues et sur la scène politique s’inscrit dans un contexte de renouveau de conflits, avec en particulier comme le notait le quotidien La Nation, "la résurrection des groupes anarchistes et libertaires" [5].

Les pingouins, première génération post-dictature, et largement soutenus par la population, sont peut être en train d’ouvrir un autre chemin dans l’histoire du Chili. "Les chiliens avaient d’abord plébiscité les droits de l’homme (dans le retour à la "démocratie), en laissant pour plus tard la justice sociale...", écrivait Vayssière en 1991. Ce "plus tard" est peut être arrivé.

[1] Voir les articles sur [www.hns-info.net] ?id_rubrique=6

[2] Voir : [hns-info.net] ?id_article=8629

[3] Voir : [hns-info.net] ?id_article=8661

[4] Pierre Vayssière, "Les révolutions en Amérique latine" (Seuil, 1991)

[5] Voir : [toulouse.indymedia.org] ?id_article=5706

[www.hns-info.net]

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Chili : exemple de pays où le libéralisme accentue les inégalités

Crise dans le système de retraite chilien qui a été montré comme exemple de gestion.

Pinochet a imposé le système des Fonds de Pension (AFP), mais il en a excepté les Forces Armées. La moitié des Chiliens se sont retrouvés sans retraite.

Le premier pays d’Amérique latine qui a incorporé le régime de capitalisation individuelle a été le Chili. En 1981, sous la dictature d’Augusto Pinochet, a été créé le système des Fonds de Pension (AFP) qui sera ensuite imité en Argentine. De fait, Domingo Cavallo (ex ministre de l’Economie de Carlos Menem) et les économistes orthodoxes qui le soutenaient ont utilisé cette expérience comme étant un preuve principale de la nécessité de privatiser la sécurité sociale. Mais l’exemple s’est transformé en cauchemar. Et non seulement ici, là-bas aussi. Le régime prévisionnel chilien subit une grave crise et est en processus de réforme. L’une des promesses principales de campagne de Michelle Bachelet a été de changer le système imposé il y a 25 ans. Son gouvernement a créé une commission de notables pour élaborer un projet. Ont défilé plus de 50 organisations sociales, patronales et syndicales pour apporter des idées au débat.

Le gouvernement argentin a pris note de ce qui se passe au Chili. Ce pays recommence à servir d’exemple, bien que dans un sens contraire. Les problèmes qui apparaissent dans différentes communications sont en essence les même qui existent ici : 50 % des Chiliens ne pourra pas accéder à la retraite parce qu’il ne réunit pas les années d’apports nécessaires, la moitié du restant capitalisent si peu qu’ils ne toucheront une retraite inférieure à la minimum, les commissions des AFP sont très élevées et les entreprises jouissent de rentabilités extraordinaires, il y a une grande évasion d’apports prévisionnels et les femmes sont condamnées à des pensions entre 30 et 40 pour cent inférieurs à celles des hommes.

De même qu’en Argentine, l’apparition des AFP a eu lieu en simultané avec une politique de flexibilisation du travail extrême. Selon des données de l’OIT, "seul un emploi sur trois au Chili est décent c’est-à-dire avec contrat, couverture sociale et rémunération digne". "48 % des travailleurs salariés reçoivent un revenu inférieur à deux salaires minimums", avertit cet organisme. Les chiffres interpellent, tenant en compte que le FMI et les pays centraux désignent toujours le Chili comme le modèle à suivre. Après plus de deux décennies de croissance économique, seule un tiers de sa population a un travail décent. Cela signifie que toute la richesse engendrée se concentre en haut de la pyramide.

"L’actuel système des AFP est une affaire privée où seul 6 entreprises contrôlent et intervertissent près de 80 milliards de dollars, l’équivalent de 70 pour cent du PIB national", souligne le document que la Centrale Unitaire des Travailleurs du Chili a partagé avec la commission qui prépare la réforme. "Les profits de ces entreprises dépassent le normal : 24,8 % en moyenne sur le patrimoine, et dans le cas de Cuprum, 47,5 %".

L’Association d’Avocats du travail a souligné que "tandis que la distribution et la capitalisation collective permettent la solidarité, la capitalisation individuelle est un instrument par définition non solidaire et, par le même, étrangère à la sécurité sociale". Et elle ajoute un concept clef : "La capitalisation ou épargne individuelle reproduit les inégalités : ceux qui ont eu tout au long de leur vie active la possibilité d’épargner arriveront à bénéficier d’une retraite, ceux qui gagnent des salaires insuffisants et et subissent le fouet des licenciements, de l’emploi saisonnier, informel ou précaire ne parviendront pas à capitaliser suffisamment".

Dans le rapport du gouvernement de Bachelet cela est clairement présent : il signale que le niveau de couverture actuelle détermine que "la moitié des affiliés aux AFP dépendra du financement de l’État". "Sur 7,3 millions d’affiliés, seulement 3,1 millions a des cotisations à jour, c’est-à-dire, seulement 42 % apporte normalement ", signale à son tour le Conseil Chilien des Travailleurs Métallurgiques. Une autre donnée dans la même ligne indique que "en 2025, 55 % des pensions seront inférieures au minimum et ne seront pas complétées par l’Etat". "La conclusion est évidente -soutient la CUT- c’est un système pervers qui ne garantit absolument aucun futur pour le troisième âge."

Malgré le fait que Pinochet a imposé les AFP aux Chiliens, il en a exclu les Forces Armées. "Si le régime antérieur était mauvais, déficitaire, injuste et une charge pour l’État : comment concilier cela avec les pensions que l’on paie aux membres des Forces Armées, qui sont meilleures, qui s’obtiennent avec moins d’années de cotisation que celle du reste des travaileurs du pays ?", s’interroge le Conseil des Travailleurs Métallurgiques.

[www.hns-info.net]
c
28 juin 2006 02:12
Il s'en passe des choses en Amérique du Sud depuis que les USA sont embourbés en Irak ! C'est la démonstration qu'ils étouffaient effectivement toute velléité de progrès social dans ce qu'ils considéraient leur chasse gardée.
I
28 juin 2006 12:11
Citation
chelhman a écrit:
Il s'en passe des choses en Amérique du Sud depuis que les USA sont embourbés en Irak ! C'est la démonstration qu'ils étouffaient effectivement toute velléité de progrès social dans ce qu'ils considéraient leur chasse gardée.

Et ceci depuis un certain Monroe.
 
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