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Charm el-Cheikh et après
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15 février 2005 20:06
La rencontre Abbas-Sharon n’offre aucune garantie pour la suite.

On peine à résister à l’écume médiatique, mais la plus grande prudence est de mise. Car le sommet qui se déroulait mardi à Charm el-Cheikh, en Égypte, et scellait les retrouvailles entre Mahmoud Abbas, nouveau président de l’Autorité palestinienne, et le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, était tout entier placé sur le terrain de la politique sécuritaire israélienne. L’« arrêt mutuel et total » des opérations armées, qui devait être annoncé au terme de la rencontre, est évidemment plus difficile à obtenir pour le Palestinien que pour l’Israélien. Pour le premier, il s’agit de témoigner dans les pires conditions d’une totale maîtrise de toutes les factions armées, voire d’anticiper la moindre initiative isolée. Pour le second, le respect de la trêve ne dépend que de son bon vouloir et de celui de son armée. Mahmoud Abbas se doit cependant de lever l’hypothèque de la violence pour placer ensuite Israël devant ses responsabilités. Dans un deuxième temps, il s’agira pour lui d’amener Ariel Sharon à donner plus de visibilité à ses projets. Assurément, le Premier ministre israélien peut retirer ses chars des principales villes palestiniennes qu’il maintient à portée de canon. Il peut lever quelques barrages pour prendre à témoin la communauté internationale. Il peut même libérer quelques dizaines de prisonniers palestiniens en fin de peine. Mais que fera-t-il quand la question de la décolonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et son corollaire, le problème du mur, seront sur la table de négociation ?

Or, ces sujets qui sont à l’origine historique du conflit, et dont le règlement seul peut fonder une paix véritable, ne sont pas à l’horizon. Tout le fardeau est pour l’instant sur les épaules du leader palestinien. Pour les vraies questions, son peuple est appelé, encore et toujours, à patienter. Habilement, Ariel Sharon montre au monde l’immense difficulté qu’il y a pour lui à décoloniser la bande de Gaza. Cette seule annonce, qui n’a pas connu pour le moment l’amorce d’une mise en oeuvre, a eu surtout pour effet de redonner une capacité de mobilisation au mouvement colon, qui vient de faire une démonstration de force voici une semaine. Le message est clair : la tâche est si lourde et si incertaine à Gaza, que l’on ne peut guère envisager une véritable décolonisation de la Cisjordanie ! Il faudra beaucoup de sommets comme celui de mardi avant que les vraies questions ne soient posées. Il faudra surtout qu’Américains et Européens acceptent enfin de placer Israël devant ses obligations. Or, rien dans les récents discours de Bush et de Condoleeza Rice ne permet d’imaginer un vrai tournant dans ce domaine. Il ne s’est pas rien passé à Charm el-Cheikh. Mais au fond, il s’est passé assez peu de choses.
La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
 
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