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Bush, la standing ovation et une réélection improbable
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15 juin 2004 23:39
Un article étonnant

À Washington, se tenait hier la dernière journée du cinquantième congrès de AIPAC, la grande organisation juive américaine de lobbying pro Israël. En guest star, costume gris anthracite, chemise immaculée et cravate bleu foncé, George W.Bush qui est venu plancher devant cinq mille délégués, pas moins, qui l'ont accueilli par une formidable standing ovation, à faire trembler les murs du Convention Center. C'était d'ailleurs la première d'une série de plusieurs dizaines, si gênantes que Bush lui-même tentait vainement de les endiguer pour pouvoir avancer dans son long et creux discours.

Il est fort intéressant en effet d'entendre dans sa totalité un speach du président des États-Unis. Irak, conflit israélo-palestinien : Bush expose une vision du monde si binaire, si simpliste qu'elle en devient un peu terrifiante. Paix, démocratie, combat contre la terreur globale sont autant de mots qui sont appliqués à une politique d'où toute subtilité est à l'évidence absente. Bien sûr, les juifs américains qui le recevaient étaient aux anges. Et comment ne le seraient-ils pas lorsqu'ils entendent leur président expliquer que « les États-Unis sont plus forts grâce à Israël », que « l'intérêt de la nation est d'avoir à ses côtés un Israël libre » ? Pourquoi bouderaient-ils leur joie, quand, évoquant l'échange de lettres qu'il a eu avec Ariel Sharon concernant son plan de désengagement de Gaza, Bush réaffirme publiquement : « Les Etats-Unis sont fortement déterminés, je suis personnellement fortement déterminé à ce que Israël reste un état juif » ?

Nul doute qu'au-delà de l'art consommé du discours électoral, il y a chez Bush une audace que l'on aimerait bien trouver chez les dirigeants européens. Par exemple, lorsqu'il n'hésite pas à nommer l'antisémitisme des médias et des gouvernements arabes, la démonisation incontrôlée et incontrôlable d'Israël. Pourtant, à l'écouter et à l'observer, on le sentait crispé, mal à l'aise. C'est que la probabilité de la réélection du président américain s'atténue au fil des jours. Sur la tribune, toute son attitude en témoigne : Bush sent à l'évidence lui échapper les cartes qu'il avait en mains. Et avec lui, le mouvement des néo-conservateurs qui tenait le haut du pavé se retrouve dans le collimateur de l'opinion publique. Les sondages qui tombent les uns après les autres parlent d'un échec. À la fin de son discours qu'il a placé sous la garde divine, GeorgeW. Bush, solennel, a conclu : « Dieu bénisse l'Amérique, Dieu bénisse Israël ». S'il existe, c'est surtout le président américain sortant que Dieu devra protéger.

Par Élisabeth Schemla [email protected]
 
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