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Brassens au Jour des morts
b
2 novembre 2006 23:50
Chronique
Brassens au Jour des morts, par Francis Marmande
LE MONDE | 01.11.06 | 14h19 • Mis à jour le 01.11.06 | 14h19




Très peu de chansons, chez Georges Brassens, qui ne chantent pas la mort. Sa mort à lui, c'est la Faucheuse, la Camarde d'antan, les corbillards pomponnés, trois croque-morts qui tanguent, une fréquentation souriante du grand passage, l'idée présente. Comme Brassens a eu le bon goût de mourir à trois ou quatre jours du Jour des morts, on y pense chaque année à point nommé. En pleine époque de fureur anniversaire qui peut tourner à l'aigre, on y pense deux fois.



Brassens vient de loin. Il vient d'avant les temps imbéciles où la mort fait froid aux yeux. Où les survivants ne savent plus quoi faire des cendres. Où des cérémonies idiotes se bricolent à coups de musique nulle. Où les morts tournent aux "décédés", tandis que la télévision dit sans rire qu'on a "euthanasié" des poulets dans la Sarthe.

Brassens vient du temps de la mort à la campagne. La mort ouvrière, la mort telle qu'on la parle au comptoir en fumant. Brassens a l'accent de Bonhomme qui va mourir au vent d'hiver. Il n'a pas la mort moderne, expédiée. Il en est encore aux pensées des morts, aux Hécatombes, à la légende de cette nonne au péché de qui répond la foudre. Le Testament, La Supplique pour être enterré à la plage de Sète, un petit codicille qu'on se jette pour la route... Grand-père casse sa pipe, Le Fossoyeur ne fait pas un métier très marrant, L'Enterrement de Verlaine, Trompe-la-mort, La Messe au pendu, les titres parlent d'eux-mêmes. Il n'est pas jusqu'au douteux Mourir pour des idées (l'anarchisme a bon dos) qui n'aille, récompensant toute lâcheté, jusqu'au bout.

Brassens n'est pas poète. Trente ans après le surréalisme, contemporain de Michaux, de Ponge, de Char, de Saint-John Perse, d'Aimé Césaire, il n'y songe même pas. Il se vit plus humblement comme un artisan des consonnes, un luthier de la phrase exacte, de la drôlerie perfectionnée. Pas poète, sans doute, mais rythmicien du quotidien, ça oui. En revanche, les musiciens auront bien gardé le secret, Brassens est musicien jusqu'au bout des ongles. La mélodie, l'étendue, le battement, l'engagement à fond dans l'esprit de la chanson, personne dans l'art populaire ne les a portés aussi haut laissant entendre que ça ne compte pas.

Vous trouvez dans Brassens de ces scansions, de ces déhanchements, de ces écarts, de ces balancements sensuels, de ces ruptures de rythme qui récompensent d'une vie grise. N'importe quel amateur sait que jouer Brassens à la gratte (Brassens, la première voix grave des chanteurs populaires en France), le jouer vraiment là où il a vraiment pensé exactement, à force d'un travail de titan, la chanson ; là où il l'a située - pas tout en mi-la-ré comme on fait tous pour ne pas se biler -, non, jouer ce qui est écrit pour une voix grave, timbrée, particulièrement juste et qui monte assez haut, c'est intenable. Baroqueux, chansonniers, avant-gardistes hautains, ténébreux déjetés, les musiciens, tous les musiciens le savent.

La chanson qui résume le mieux cet esprit grave, enjoué, de la mort regardée en face (la mort ou même le mort), la chanson qui danse le mieux, qui reste dans un tel registre qu'elle fait du roller au bord des précipices (le macabre, le polisson, la bêtise, le niais, le sous-entendu, la poésie), c'est La Fessée : une réussite absolue. Réussite dans la scène, dans le ton, dans cette veillée funèbre qui démarre comme un glas et qui swingue aussitôt. Elle se change sans crier gare en soirée champagne, en pipe qui dépasse sous le veston, petite collation ("Ça le ferait-il revenir ?"winking smiley, gaieté au deuxième magnum, baiser sous la moustache, et, de fil en aiguille, caresses animées finement administrées. Voilà pourquoi votre fille est muette et Brassens (traduit en cinquante langues) jamais mieux chanté que par Brassens. Ce qui rend sa mort parfaitement réelle et en un sens regrettable. Mais enfin, chacun son tour : comme il dit, il n'aura jamais plus mal aux dents.

FRANCIS MARMANDE
Article paru dans l'édition du 02.11.06.


[www.lemonde.fr]
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
S
4 novembre 2006 01:37
Georges brassens etait pour moi et avant tout un grand "Monsieur" et bien évidement un monstre de la chanson francaise. J'ai l'intégrale de ces chansons et je dois bien avouer que j'aime bien me mettre un disque de temps en temps. Evidemment, musicalement ont ne peux pas dire qu'il "ses frisés les cheveux" (une guitare séche et trois accords et certains média le critique ainsi) mais les textes, les paroles sont des poémes pour qui veux bien l'entendre.....

Dans dans ton texte ci dessus, je retiendrais cette phrase <<Il se vit plus humblement comme un artisan des consonnes, un luthier de la phrase exacte, de la drôlerie perfectionnée>>.

Les chansons de Georges n'ont pas d'âge et c'est formidable !!!


Merci pour ce sujet
b
4 novembre 2006 10:33
je ne me lasse pas non plus de la poésie de ce grand homme. ses chansons n'ont pas d'âge comme tu dis. brassens est pour moi un artiste intemporel par son talent grandiose, ses textes beaux et/ou audacieux, sa vision si pertinente des choses et sa "simplicité" (une guitare et trois accords disais-tu à juste titre... j'ajouterais sa voix grave (pourtant) si expressive).

merci pour ta participation Un Air de Famille smiling smiley.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
D
4 novembre 2006 10:41
smiling smiley
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
s
5 novembre 2006 01:22
merci bulle pour ce beau sujet.
Il disait "à plus de 4 on est une bande de cons". Je vous laisse imaginer ce qu'il penserait du Net où on est des millions !

Quelques œuvres,


[eric.m.free.fr]
s
5 novembre 2006 01:28
Il était profondément généreux et avait un sens aigu de l’amitié. Ses amis disaient que lorsqu’il achetait un livre ou un disque il en achetait aussi pour ses amis.
Il brillait surtout par sa profonde et authentique simplicité.
b
5 novembre 2006 01:37
merci pour ta participation souheil smiling smiley. merci également pour le lien smiling smiley.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
L
5 novembre 2006 19:29
Quelle poésie !

Il suffit de trois petits bonds
C'est tout de suit' la tarantelle
Laisse-moi tenir ton jupon
J'saurai ménager tes dentelles
J'ai graissé la patte au berger
Pour lui fair' jouer une aubade
Lors, ma mie, sans croire au danger
Faisons mille et une gambades
Ton pied frappe et frappe la mousse
Si l'chardon s'y pique dedans
Ne pleure pas, ma mie qui souffre
Je te l'enlève avec les dents


On n'a plus rien à se cacher
On peut s'aimer comm' bon nous semble
Et tant mieux si c'est un péché
Nous irons en enfer ensemble
Il suffit de passer le pont
Laisse-moi tenir ton jupon


Quelle leçon !

C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout cœur les petits malchanceux
Les petits maladroits qui n'eurent pas la présence
La présence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part


quelle tendresse !

Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'disant des "Je t'aime" pathétiques
Ont des p'tit's gueul' bien sympatiques


La mauvaise réputation !


Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n'écoutant pas le clairon qui sonne.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi.
L
6 novembre 2006 16:04
la mort n'est exprimée que pour s'extasier sur la vie


Citation
Un Air de Famille a écrit:
Evidemment, musicalement ont ne peux pas dire qu'il "ses frisés les cheveux" (une guitare séche et trois accords et certains média le critique ainsi) mais les textes, les paroles sont des poémes pour qui veux bien l'entendre.....


le manque d'habillage muisical (sauf pour le foisonnement d'accord intermédiaires) peut laisser croire à de la simplicité, un manque de créativité, mais ... écoute bien, et tu changeras peut etre d'avis
S
7 novembre 2006 14:26
Citation
La Boetie a écrit:
la mort n'est exprimée que pour s'extasier sur la vie


Citation
Un Air de Famille a écrit:
Evidemment, musicalement ont ne peux pas dire qu'il "ses frisés les cheveux" (une guitare séche et trois accords et certains média le critique ainsi) mais les textes, les paroles sont des poémes pour qui veux bien l'entendre.....


le manque d'habillage muisical (sauf pour le foisonnement d'accord intermédiaires) peut laisser croire à de la simplicité, un manque de créativité, mais ... écoute bien, et tu changeras peut etre d'avis

J'ai jamais eu de critique à faire sur Brassens, que ce soit pour ces textes ou sa musique. Dans mon intervention plus haut je dis que se sont les médias qui le critique sur la pauvreté musicale de son répertoire.

Brassens avez pour moi développer l'art de mettre en accord parfait la musique et les mots.
L
10 novembre 2006 13:13
pris note et heureux que tu soulignes cela winking smiley
S
10 novembre 2006 14:12
Citation
La Boetie a écrit:
pris note et heureux que tu soulignes cela winking smiley


Je te conseil vivement le disque "reprise de Brassens" qui se nomme "p.utain de toi" et surtout les morceaux repris par les Têtes Raides " Pauvre Martin", le titre "Le Roi" repris par Noir Désir, Le morceau repris par le groupe "Tarmac" (avec le chanteur de louise attaque) "La Ballade Des Gens Qui Sont Nés Quelque Part"...


Ce disque est important par ce qu'il donne la possibilité de découvrir les textes de Brassens d'une autre façon.....
s
10 novembre 2006 14:27
Ayant le sens de l’amitié, des copains et des rires qu’on a partagé.


Je vous dédie ces paroles comme hymne.


Georges Brassens



Les copains d'abord



Non, ce n'était pas le radeau
De la Méduse, ce bateau
Qu'on se le dise au fond des ports
Dise au fond des ports
Il naviguait en pèr' peinard
Sur la grand-mare des canards
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord

Ses fluctuat nec mergitur
C'était pas d'la litterature
N'en déplaise aux jeteurs de sort
Aux jeteurs de sort
Son capitaine et ses mat'lots
N'étaient pas des enfants d'salauds
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord

C'étaient pas des amis de luxe
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodome et Gomorrhe
Sodome et Gomorrhe
C'étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boetie
Sur le ventre ils se tapaient fort
Les copains d'abord

C'étaient pas des anges non plus
L'Évangile, ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors
Tout's voil's dehors
Jean, Pierre, Paul et compagnie
C'était leur seule litanie
Leur Credo, leur Confiteor
Aux copains d'abord

Au moindre coup de Trafalgar
C'est l'amitié qui prenait l'quart
C'est elle qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils étaient en détresse
Qu'leurs bras lancaient des S.O.S.
On aurait dit les sémaphores
Les copains d'abord

Au rendez-vous des bons copains
Y avait pas souvent de lapins
Quand l'un d'entre eux manquait a bord
C'est qu'il était mort

Oui, mais jamais, au grand jamais
Son trou dans l'eau n'se refermait
Cent ans après, coquin de sort
Il manquait encore

Des bateaux j'en ai pris beaucoup
Mais le seul qu'ait tenu le coup
Qui n'ai jamais viré de bord
Mais viré de bord
Naviguait en père peinard
Sur la grand-mare des canards
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord



Modifié 1 fois. Dernière modification le 10/11/06 14:29 par souheil.
L
11 novembre 2006 19:44
j'ai noté et verrais cela à l'occasion (de téléchargement)
k
12 novembre 2006 17:39
Une chanson que j'ai découvert y'a un peu plus de 2 ans , completement par hasard :
"Supplique pour être enterré sur une plage de Sète"

tres belle mélodie ....Pour l'écouter , cliquez ici et sélectionnez la : [www.brassens.info]


La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,
Me poursuit d'un zèle imbécile.
Alors cerné de près par les enterrements,
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille.

Trempe dans l'encre bleue du Golfe du Lion,
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion,
Et de ta plus belle écriture,
Note ce qu'il faudra qu'il advint de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord,
Que sur un seul point : la rupture.

Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon,
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson,
Celles des titis, des grisettes.
Que vers le sol natal mon corps soit ramené,
Dans un sleeping du Paris-Méditerranée,
Terminus en gare de Sète.

Mon caveau de famille, hélas ! n'est pas tout neuf,
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf,
Et d'ici que quelqu'un n'en sorte,
Il risque de se faire tard et je ne peux,
Dire à ces braves gens : poussez-vous donc un peu,
Place aux jeunes en quelque sorte.

Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus,
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux,
Une bonne petite niche.
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins,
Le long de cette grève où le sable est si fin,
Sur la plage de la corniche.

C'est une plage où même à ses moments furieux,
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux,
Où quand un bateau fait naufrage,
Le capitaine crie : "Je suis le maître à bord !
Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord,
Chacun sa bonbonne et courage".

Et c'est là que jadis à quinze ans révolus,
A l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus,
Je connu la prime amourette.
Auprès d'une sirène, une femme-poisson,
Je reçu de l'amour la première leçon,
Avalai la première arête.

Déférence gardée envers Paul Valéry,
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris,
Le bon maître me le pardonne.
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens,
Mon cimetière soit plus marin que le sien,
Et n'en déplaise aux autochtones.

Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau,
Ne donnera pas une ombre triste au tableau,
Mais un charme indéfinissable.
Les baigneuses s'en serviront de paravent,
Pour changer de tenue et les petits enfants,
Diront : chouette, un château de sable !

Est-ce trop demander : sur mon petit lopin,
Planter, je vous en prie une espèce de pin,
Pin parasol de préférence.
Qui saura prémunir contre l'insolation,
Les bons amis venus faire sur ma concession,
D'affectueuses révérences.

Tantôt venant d'Espagne et tantôt d'Italie,
Tous chargés de parfums, de musiques jolies,
Le Mistral et la Tramontane,
Sur mon dernier sommeil verseront les échos,
De villanelle, un jour, un jour de fandango,
De tarentelle, de sardane.

Et quand prenant ma butte en guise d'oreiller,
Une ondine viendra gentiment sommeiller,
Avec rien que moins de costume,
J'en demande pardon par avance à Jésus,
Si l'ombre de sa croix s'y couche un peu dessus,
Pour un petit bonheur posthume.

Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon,
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon,
Pauvres cendres de conséquence,
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances.

Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la plage en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances,



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/11/06 17:44 par khnouna.
moi, je ne suis jamais allé à l'école, je suis juste passé devant...
L
12 novembre 2006 19:57
la supplique est vraiment un morceau formidable, je l'ai sur vinyl, cd et en mp3, mais tu vois je me la suis repassée sur ton lien

Comme la ville de Brive la Gaillarde dédia le nom d'une place à ce poête, j'aurais aimé que la ville de sete mette sa tombe sur la plage en y plantant un palmier (en clein d'oeuil)

sur le meme site je me suis écouté " Histoire de faussaire " qui me ravit aussi

moi qui arrive à lire Villion dans le texte, et ayant une conaissance du vieux français, je me demanderais toujours comment sans cela , n'etre pas rebuté parfois par ses tournures "moyen-ageuses"
b
12 novembre 2006 22:15
l'anti-patriotisme comme je l'aime smiling smiley


Les patriotes

Paroles: Georges Brassens


--------------------------------------------------------------------------------

Les invalid's chez nous, l'revers de leur médaille
C'est pas d'être hors d'état de suivr' les fill's, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir retourner au champ de bataille.
Le rameau d'olivier n'est pas notre symbole, non!

Ce que, par-dessus tout, nos aveugles déplorent,
C'est pas d'être hors d'état d'se rincer l'œil, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir lorgner le drapeau tricolore.
La ligne bleue des Vosges sera toujours notre horizon.

Et les sourds de chez nous, s'ils sont mélancoliques,
C'est pas d'être hors d'état d'ouïr les sirènes, cré de nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir entendre au défilé d'la clique,
Les échos du tambour, de la trompette et du clairon.

Et les muets d'chez nous, c'qui les met mal à l'aise
C'est pas d'être hors d'état d'conter fleurette, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir reprendre en chœur la Marseillaise.
Les chansons martiales sont les seules que nous entonnons.

Ce qui de nos manchots aigrit le caractère,
C'est pas d'être hors d'état d'pincer les fess's, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir faire le salut militaire.
jamais un bras d'honneur ne sera notre geste, non!

Les estropiés d'chez nous, ce qui les rend patraques,
C'est pas d'être hors d'état d'courir la gueus', cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir participer à une attaque.
On rêve de Rosalie, la baïonnette, pas de Ninon.

C'qui manque aux amputés de leurs bijoux d'famille,
C'est pas d'être hors d'état d'aimer leur femm', cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir sabrer les belles ennemies.
La colomb' de la paix, on l'apprête aux petits oignons.

Quant à nos trépassés, s'ils ont tous l'âme en peine,
C'est pas d'être hors d'état d'mourir d'amour, cré nom de nom,
Mais de ne plus pouvoir se faire occire à la prochaine.
Au monument aux morts, chacun rêve d'avoir son nom.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
b
12 novembre 2006 23:27
Citation
Un Air de Famille a écrit:
Citation
La Boetie a écrit:
pris note et heureux que tu soulignes cela winking smiley


Je te conseil vivement le disque "reprise de Brassens" qui se nomme "p.utain de toi" et surtout les morceaux repris par les Têtes Raides " Pauvre Martin", le titre "Le Roi" repris par Noir Désir, Le morceau repris par le groupe "Tarmac" (avec le chanteur de louise attaque) "La Ballade Des Gens Qui Sont Nés Quelque Part"...


Ce disque est important par ce qu'il donne la possibilité de découvrir les textes de Brassens d'une autre façon.....


Je confirme, il est excellent cet album thumbs up
k
14 novembre 2006 17:12
Citation
La Boetie a écrit:
la supplique est vraiment un morceau formidable, je l'ai sur vinyl, cd et en mp3, mais tu vois je me la suis repassée sur ton lien



une petite anecdote : en allant au maroc y'a deux ans , j'avais mis le cd de brassens dont le morceau "la supplique.." ainsi que d'autres morceaux comme "La mauvaise réputation" , ou encore " Chanson pour l'Auvergnat" ...
Le cd est resté bloqué dans l'autoradio et brassens m'a acompagné dans la traversée de l'espagne et une grande partie de la france ...Mon neveu de 4 ans les connait presque par coeur lool



Modifié 1 fois. Dernière modification le 14/11/06 17:14 par khnouna.
moi, je ne suis jamais allé à l'école, je suis juste passé devant...
h
21 novembre 2006 22:52
Ah Brassens.....


La supplique

[www.youtube.com]


La non demande en mariage

[www.youtube.com]


La mauvaise reputation

[www.youtube.com]


Mourir pour ses idées

[www.youtube.com]


..............
 
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