Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Le bord du gouffre et le dérapage avant la chute
j
30 décembre 2006 13:14
Déjà quelques glissades dangereuses avaient donné des sueurs froides aux plus prudents et aux plus perspicaces, hantés par le crash de 1929. Une crainte de plus en plus perceptible commençait de troubler les institutions monétaires du Rest of the World de ce qu'à force de creuser le trou des déficits et des dettes, une gigantesque implosion finisse par ébranler la planète.

La panique devant un 11 septembre 2001 financier - ô combien plus catastrophique pour l'économie mondiale que l'écroulement, plus ou moins accompagné officiellement des deux tours jumelles du WTC et de la voisine qui leur faisait face et qui n'ayant pas même été effleurée, s'est visiblement effondrée par compassion - préoccupait de plus en plus d'esprits pendant que la fête battait son plein sur les ponts du Titanic et que l'euphorie régnait chez les boursiers.

Cet épisode est d'autant plus troublant que les sous-sols des deux tours principales du WTC contenaient une gigantesque réserve d'or et que seule une faible quantité de lingots soigneusement empilés dans un semi remorque abandonné dans un conduit souterrain reliant les tours jumelles à la troisième, a été récupérée . Les trois tours appartenaient à M. Silverstein. Il se peut que ce fait, qui semble avoir été jugé anecdotique , prenne un jour une importance insoupçonnée.

Deux événements majeurs sont venus troubler le jeu de cartes des magiciens du dollar flottant : la naissance d'une monnaie commune européenne, l'euro,et la fin de la publication régulière de l'agrégat M3 qui révélait au monde entier l'importance de la gloutonnerie dépensière de l'empire.
Car il existait une dernière petite butée rassurante pour les utilisateurs du dollar avant la chute dans l'abîme : toutes les données monétaires disponibles étaient publiques, aussi bien les liquidités - pièces, billets, comptes courants, livrets, comptes épargne, sicav - que l'ensemble des moyens de paiement. Les monétaristes les désignent sous le nom d'" agrégats " et les ont classés en quatre types : M0, M1, M2 et M3. Le plus important de ces agrégats est le M3 parce qu'il contient les précédents. C'est celui qui nous intéresse car c'est celui qui pilote la politique monétaire globale. Il est l'indicateur le plus fiable de la quantité totale de dollars en circulation à l'intérieur des USA et dans le monde. Il permet donc de calculer le rapport entre la richesse réelle de l'Etat et son train de vie.

L'entrée en scène de l'euro en 1999 offrait au monde l'alternative d'une nouvelle monnaie internationale. L'empire, sentant le danger, avait vainement jeté toutes ses forces dans la bataille pour essayer d'en empêcher le débarquement.

Accueillie d'abord prudemment, cette météorite creusa néanmoins un gros cratère dans les sables bitumineux du pétro-dollar et remit en cause la superbe construction monétaire qui avait imposé au monde l'utilisation d'un dollar même flottant et dévalué comme seule monnaie de réserve au bénéfice de l'économie des USA.

Mais le coup de grâce vint de l'intérieur même du système . Le 23 mars 2006 un événement capital se produisit dans l'histoire économico-monétaire de la planète, dont la presse quotidienne, le nez sur le guidon du quotidien et complètement myope, n'a pas tout de suite mesuré l'importance : la décision de la Réserve fédérale de l'empire américain (FED), émettrice privée des dollars, d'arrêter la publication de l'agrégat monétaire M3 ainsi que la parution de divers autres indicateurs secondaires qui, par des moyens détournés permettaient aux autres Etats de la planète de se faire une idée globale de la masse monétaire en circulation.

Continuant de collationner les données, le cartel de banques privées composant la FED rompait le contrat de confiance qui le liait aux utilisateurs de sa monnaie, et gardait pour son usage exclusif les données recueillies, considérant avec le mépris et l'indifférence propres à l'empire, que les banques centrales et les citoyens du Reste du Monde n'avaient qu'à se débrouiller dans le brouillard ou à faire aveuglément confiance aux maîtres du monde , c'est-à-dire aux financiers de la FED.

En réalité, il s'agissait d'une opération de camouflage honteux d'une dette exponentielle, officiellement évaluée à 8.000 milliards de dollars , mais qui serait en fait de 42 000 milliards - et même de 55 000 milliards selon d'autres calculs - si l'on y intégrait les dépenses de santé et les retraites, ce qui représente dix-huit à plus de vingt fois le budget annuel de ce pays.

Si un particulier doit deux mille euros à une banque, c'est un problème pour lui, mais s'il doit deux millions d'euros à cette même banque, c'est un problème pour la banque. La situation est transposable à la dette américaine, dont le montant colossal des dettes privées et publiques continuant d'augmenter dans le plus grand secret, ne sera évidemment jamais remboursé et constituera à l'avenir un problème majeur pour tous les Etats de la planète .
Quid du comportement à venir des pays qui détiennent de pleins coffres de créances en dollars ? Quid de l'avenir de l'économie de l'empire ? Mais surtout, quid de l' économie des autres pays des autres pays de la planète? Quel sera l'avenir de l'euro ?

On peut, au sujet de la situation monétaire actuelle, appliquer à l'empire la métaphore qui disait que la roche tarpéienne est proche du Capitole. Il n'est pas nécessaire d'être un grand prophète pour affirmer avec une quasi certitude que le Capitole américain penche dangereusement, qu'il est sur le point de s'effondrer et de s'écraser dans le gouffre de la dette et de la gloutonnerie impériales comme la traîtresse Tarpeia s'était écrasé dans le gouffre qui s'étendait au pied de la roche à laquelle le Capitole des Romains était adossé et du haut de laquelle elle avait été précipitée, donnant son nom au célèbre rocher.

Seule la date précise reste à déterminer , même si les financiers de Wall Street susurrent que la chute sera assez lente et qu'ils maîtrisent la situation. Il est d'autant plus important d'éviter une panique dévastatrice qu'ils espèrent avoir le temps de mettre leurs billes à l'abri et de trouver un stratagème afin d'obliger le Reste du Monde à assumer les conséquences du fardeau de leur dette. Traduit en langage de l'empire cela donne : "La FED espère un atterrissage en douceur de l'économie américaine..." .



Aline de Diéguez
15 décembre 2006,
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook