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Beppe Grillo : « Sarkozy est plus dangereux que Berlusconi »
h
11 février 2010 19:24
Imaginez un humoriste français que le Premier ministre évoquerait pendant cinq minutes à la télévision. Un artiste engagé dont le blog se classerait juste derrière les sites du Figaro et du Monde en terme de fréquentation, et parmi les vingt premiers blogs de la planète.

Un homme qui aurait rassemblé suffisamment de petits actionnaires de France Télécom pour s'inviter au conseil d'administration et demander aux dirigeants de rendre leurs bonus et leurs stock-options. Un type capable de faire descendre des centaines de milliers de personnes dans la rue autour d'un mot d'ordre adressé au Parlement : « Va te faire foutre ! »

Le tout, sans avoir fait la moindre apparition à la télévision depuis près de vingt ans. Cet homme existe, mais en Italie. Il s'appelle Beppe Grillo, né Giuseppe il y a 61 ans près de Gênes. En 1993, sa dernière apparition à la télé italienne (une retransmission de spectacle) a rassemblé 16 millions de téléspectateurs. Record inégalé depuis.

Une seule rencontre avec Berlusconi… qui voulait l'engager sur ses télés

Beppe Grillo est interdit de télévision dans son pays pour avoir, en 1987, fortement sous-entendu que le président du Conseil d'alors, Bettino Craxi, était corrompu. Depuis, Craxi a été condamné à 27 ans de prison, puis est mort. L'un de ses successeurs, Romano Prodi, a répondu à Beppe Grillo qui le surnommait « Valium » :

« On ne dirige pas un pays comme si c'était un spectacle comique. »

Beppe Grillo et l'actuel président du Conseil Silvio Berlusconi se sont rencontrés une seule fois, au début des années 80. Grillo, son diplôme de comptable en poche, commençait à sérieusement percer comme humoriste à la télévision. Choqué par la somme faramineuse que le « tycoon » lui proposait pour rejoindre sa chaîne privée, le comique a décliné.

Ce week-end, Beppe Grillo était à Paris pour donner son dernier spectacle, pris d'assaut par la diaspora italienne en France. Rencontre volubile et désordonnée dans le salon d'un palace près de l'Etoile.

« Avec Berlusconi, les Italiens sont anesthésiés »
Comment fonctionne votre blog ? C'est le premier blog d'Italie ?


Oui, mais ce n'est pas vraiment un blog. J'ai commencé à écrire, j'ai créé un forum de discussion, puis le site est devenu un point de référence pour la contre-information. Aujourd'hui, c'est le troisième site d'information en Italie derrière ceux du Corriere della Serra et de la Repubblica.

Il y a quatre personnes qui travaillent à plein temps dessus, alors que les sites de ces journaux emploient au moins 70 personnes chacun. Nous publions chaque jour deux articles et trois commentaires écrits par des spécialistes d'un sujet. Nous avons publié des contributions de prix Nobel comme Joseph Stiglitz, Dario Fo, Muhammad Yunus, ou d'intellectuels comme Jeremy Rifkin ou Lester Brown.

C'est le cinquième anniversaire du site, et nous avons 300 millions de pages vues depuis le début ; nos vidéos sur YouTube ont été visionnées 60 millions de fois. Nous faisons une version imprimable qui est téléchargée environ 450 000 fois. Il y a des versions anglaise et japonaise, mais pas française parce que ça demanderait un budget trop important. Je ne gagne pas d'argent avec ce site.


(.....)
assalam o alykoum
h
11 février 2010 19:26
(...)



« Berlusconi n'existe pas, c'est un hologramme »
Vous aussi, alors ?

Oui oui. Moi je sais qu'en fait, Berlusconi n'existe pas. C'est un hologramme. C'est un spot publicitaire, une belle vitrine de magasin. Quand ils passent devant cette belle vitrine, les gens disent « Oh la la, qu'est-ce que c'est beau ! » Puis il entrent, et constatent qu'à l'intérieur, il n'y a rien.

D'ici deux ou trois ans, Berlusconi ne sera plus là. Il aura disparu, comme un hologramme. Et on verra que son bilan, c'est que l'économie, la politique, la justice sont par terre. En moins de dix ans, il aura tout mis par terre.
Mais en 1994, il était déjà président du Conseil et ses opposants disaient aussi qu'il allait disparaître. Alors pourquoi disparaîtrait-il aujourd'hui ?

Il n'y avait pas Internet. Avec des réseaux comme Meetup, les choses peuvent changer. Obama s'en est servi, et en Italie, 100 000 personnes utilisent Meetup, et il y en a qui mettent en pratique localement les idées qu'on voit sur mon site.
Que pensez-vous de la licence pour les sites de vidéos sur Internet, annoncée par son gouvernement ?

Ils essayent de contrôler le moyen de communication le plus moderne avec des méthodes vieilles de cinquante ans.
En 2007 et 2009, vous avez organisé le « V-Day », qu'est-ce que c'est ?

Oh, c'est fantastique… Ça veut dire « Va a fa'n culo ! » Je proposais aux gens de signer une pétition pour nettoyer le Parlement [environ 300 000 personnes l'ont signée, ndlr]. Aujourd'hui, il y a une centaine d'élus qui siègent alors qu'ils ont été condamnés.
Vous dites qu'un parlementaire italien sur dix a un casier judiciaire, alors que parmi les habitants du Bronx, seul un sur quinze est dans ce cas. D'où tenez-vous ce chiffre ?

En Italie, il y a vingt députés ou sénateurs condamnés en troisième instance, la plus haute. Il y en a 80 autres qui ont été impliqués dans des affaires aujourd'hui prescrites, ou condamnés à des degrés moindres. Au total, dans les deux chambres, il y a mille élus. Ça fait donc un sur dix.
Pourquoi dites-vous qu'en Italie, le problème n'est pas la mafia, mais le Parlement ?

Parce que les deux se mélangent, se rejoignent. La mafia a été corrompue par le Parlement, par la politique. Quand on parle de la mafia, on pense à des gens comme Totò Riina. Mais maintenant, c'est la deuxième génération de la mafia, celle qui a un master à Harvard.

En terme de chiffre d'affaires, la mafia est la première entreprise d'Italie. Ils viennent aussi ici, en France, alors on dit « attention, attention »…

« Depuis que Sarkozy fréquente Berlusconi, il n'est plus pareil »


[Sans que je lui pose la moindre question, Beppe Grillo enchaîne brusquement sur Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi] Depuis que Sarkozy fréquente Berlusconi, il n'est plus pareil, il se rapproche de Berlusconi, c'est la compétition. Sinon, comment expliquer que Sarkozy ait voulu donner la présidence d'une administration publique à son fils ? Ça, c'est une chose qu'il a forcément apprise de Berlusconi.
Que pensez-vous de Nicolas Sarkozy ?

Je pense qu'il a beaucoup d'accointances avec Silvio Berlusconi, mais qu'il est plus moderne que lui, et plus dangereux. Parce qu'il tourne son économie surtout sur le nucléaire et le militaire, et influence le reste de l'Europe dans cette direction.

Sarkozy est beaucoup plus intelligent et fourbe que Berlusconi. Il sait s'entourer de grand penseurs ou d'économistes comme Amartya Sen ou Joseph Stiglitz, il les intègre dans son idéologie.


(...)

[www.rue89.com]
assalam o alykoum
 
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