Anniversaire de la révolution: manifestation "d'allégeance" à Kadhafi à Tripoli LIBYE - 31 août 2005 - AFP
Plusieurs centaines de milliers de Libyens ont "renouvelé leur attachement" au colonel Mouammar Kadhafi mercredi soir au cours d'une manifestation qui a tourné au procès de l'opposition libyenne en exil.
Le défilé, organisée à l'occasion du 36e anniversaire de son arrivée au pouvoir le 1er septembre 1969, a rassemblé "plus d'un million de volontaires" Place des Martyrs, au centre de Tripoli, selon ses organisateurs.
Il se voulait une réponse à l'opposition libyenne en exil, qui, lors d'un congrès à Londres le 27 juin, avait annoncé avoir engagé "une campagne pacifique pour renverser le colonel Kadhafi".
Les opposants ont été notamment traités de "mercenaires" par un commentateur de la télévision publique libyenne, qui transmettait la manifestation en direct.
"Cette manifestation massive est l'expression de l'allégeance de tout un peuple pour son guide", a affirmé un autre, en s'écriant à l'adresse des opposants au régime libyen, "de quelle démocratie parleront-ils encore devant ce spectacle grandiose" de manifestants défilant devant une tribune officielle surmontée d'un portait géant du colonel Kadhafi, qui était était absent. Il n'y avait pas d'invités étrangers non plus à cette tribune.
"Pas d'autre guide que Mouammar Kadhafi", a ajouté un troisième commentateur, en soulignant que "la force de Kadhafi réside dans ces masses que nous voyons défiler". La manifestation n'avait pas été annoncée à l'avance.
Le colonel Kadhafi, 63 ans, doyen des chefs d'Etat africains et arabes, doit prononcer un discours pour marquer l'anniversaire de sa prise de pouvoir et de la chute de la monarchie des Senoussi, mais on ignorait mercredi soir l'heure à laquelle il s'exprimerait.
Des milliers de tentes avaient été dressées sur les plages de la capitale libyenne pour recevoir les dizaines de milliers de visiteurs qui ont afflué de tous les coins de Libye, selon les commentateurs de la télévision.
Des "gardes révolutionnaires" -- femmes et hommes -- en treillis militaires et chapeau de brousse ont défilé dans un ordre approximatif au pas de commandos en répétant des slogans à la gloire du "guide de la révolution". Ils portaient des écharpes vertes, "couleur de la révolution" et du drapeau libyen.
Ils suivaient des cavaliers en costume traditionnel montés sur des chevaux soigneusement harnachés, des colonnes de femmes la tête recouverte d'un foulard islamique, des représentants de travailleurs et des groupes de jeunes en tenue de ville, portant des casquettes vertes.
Ils brandissaient des portraits du "guide de la révolution" et des pancartes proclamant leur "soutien" au régime.
Des banderoles ont été déployées dans les rues proclamant: "Nous vivrons avec lui et nous mourrons pour lui" et "avec toi nous construirons l'avenir", dans une claire allusion au colonel Kadhafi, qui dirige son pays sans discontinuité depuis 1969.
D'autres banderoles proclament: "l'Afrique aux Africains" et "Kadhafi réalise les rêves de l'Afrique" (dans l'unité et la prospérité).
La capitale libyenne a été par ailleurs tapissée de portraits géants du "guide de la révolution" en costume traditionnel libyen ou en tenues africaines de diverses coupes.
Pour la première fois depuis plus de 25 ans, des entreprises pétrolières étrangères, revenues depuis peu en Libye, ont déployé des banderoles dans les rues de Tripoli pour féliciter le colonel Kadhafi et le peuple libyen à l'occasion de cet anniversaire.
Une banderole d'Occidental "félicite Kadhafi et le peuple libyen à l'occasion des fêtes de la révolution" et une de Shell "félicite les Libyens et Mouammar Kadhafi à l'occasion de la fête de la révolution".
Tripoli, encombrée par une circulation automobile inhabituelle, vivait depuis quelques nuits au rythme de la musique et des danses des dizaines de milliers d'invités surprise accourus pour participer à la fête.
L'actuel régime libyen, fondé par le colonel Kadhafi, s'appuie sur les "comités populaires" chargés d'exécuter la politique intérieure et extérieure du pays "définies par les congrès populaires", selon les dispositions de la loi.
Les "comités populaires" sont en butte depuis quelques mois à des critiques de plus en plus sévères au sein de l'administration et parmi les membres du gouvernement libéral de Choukri Ghanem, qui souhaite accélérer la sortie de la Libye de l'économie administrée et forcer sa marche vers une économie de marché.
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