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Années noires. Banco royal ?
H
20 janvier 2006 15:30
Années noires. Banco royal ?

En officialisant le rapport de l’Instance équité et réconciliation, et en délivrant un discours public (et télévisé) devant une foule d’opposants et de familles des victimes, Mohammed VI entend clore le dossier des années de plomb. Et passer à autre chose. Mais les intéressés ne semblent pas convaincus de la démarche…

Le 6 janvier, Mohammed VI a délivré un discours très attendu, à l'occasion de la fin des travaux de l'IER. Chaque virgule en a, évidemment, été soigneusement soupesée. Extraits et commentaires.

Nous faisons (…) nos adieux au demi-siècle qui s'est écoulé depuis l'indépendance avec tous les succès, les revers et les espérances ayant accompagné le processus de mise en place d'un état moderne. C'est le moment aussi où nous nous apprêtons (…) à livrer la bataille du parachèvement de
l'édification du Maroc (…) de la démocratie et du développement.
L'habile télescopage opéré entre le rapport final de l'IER et le “bilan du cinquantenaire”, réalisé par une équipe d'experts coiffée par le conseiller royal Abdelaziz Meziane Belfqih, permet au roi de tresser un fil continu entre passé, présent et avenir. Les années de plomb avec leur cortège de bagnes, tortures, détentions secrètes, etc. sont donc classées parmi les “revers”… entre les “succès” et les “espérances”. Autrement dit : il faut prendre de la hauteur en replaçant le tout dans un contexte global, puis se tourner vers l'avenir. Pourquoi pas ? Le problème, c'est qu'il y a un chaînon manquant entre le passé et l'avenir : les recommandations - présentes - de l'IER. A aucun moment, le roi n'a dit clairement et sans détours : “elles seront appliquées”. Or si elles ne le sont pas, l'avenir risque fort de connaître, lui aussi, son lot de “revers”.

En évoquant le cinquantenaire que nous venons de quitter, nous n'entendons pas nous ériger en juge de l'Histoire (…). Seuls les historiens sont habilités à évaluer la marche de l'Histoire avec l'impartialité et l'objectivité requises, et à l'abri de toute considération politique conjoncturelle.
Laisser les historiens juger l'Histoire est un principe tout à fait sage et raisonnable. Les historiens ont en effet besoin de recul, et cela ne fait que 6 ans, après tout, que le règne de Hassan II est révolu. Reste que cette hauteur de vue royale n'est pas aussi innocente qu'elle en a l'air. Quand Mohammed VI parle de mettre l'évaluation de l'Histoire “à l'abri de toute considération politique conjoncturelle”, il demande à toutes les forces politiques et para-politiques (de l'AMDH à Archane et ses pareils, en passant par les islamistes et l'Istiqlal) de mettre un terme à leurs différentes lectures historiques. Message : la monarchie (via l'IER) a établi les faits, aux historiens d'en présenter des interprétations. D'ici là, que plus personne ne dise “il faut solder les années de plomb avant de nous attaquer aux chantiers de l'avenir”. En plus clair : “moi, le roi, je considère que le dossier est clos, et j'invite toutes les forces politiques à considérer de même”. Il est peu probable qu'un discours y suffise…

Il appartient à chacun de nous d'en tirer les enseignements qui s'imposent (…) pour éviter que certains écarts du passé ne se reproduisent et pour combler certaines lacunes antérieures.
Soit, le Maroc sous Hassan II n'est ni la Chine sous Mao, ni l'URSS sous Staline. Mais tout de même… “Certains écarts du passé” et “certaines lacunes antérieures”, c'est plus que léger pour qualifier les milliers de drames humains vécus pendant près de trente ans dans ce pays. Certaines victimes disent même que ces expressions sont outrageantes au regard de ce qu'elles ont vécu. Sans parler de la portée du formidable travail de l'IER, qui s'en retrouve très minimisée. Mais enfin, passons. C'est surtout le “chacun de nous” qui mérite réflexion. Qui ça, “nous” ? Est-ce le raisonnement Herzenni (“après tout, Hassan II était en état de légitime défense face à une gauche qui en voulait à son trône et à sa vie, donc les responsabilités sont partagées”) qui refait surface ? Décapiter l'armée suite aux putschs manqués et faire sonner la charge contre les maquisards armés de Moulay Bouazza peut être vu comme de la légitime défense. Mais rafler, torturer, faire disparaître et/ou tuer des civils désarmés dont le seul crime était de penser différemment… cela relève du crime d’Etat. Le déséquilibre dans le rapport des forces était plus que flagrant. Il ne s'agissait ni d'“écarts”, ni de “lacunes”, mais bel et bien d'une politique délibérée de détruire toute opposition à la royauté, de quelque degré qu'elle soit, par tous les moyens disponible y compris - voire surtout - par des moyens illégaux. Ce n'est donc pas à “chacun de nous” qu'il appartient de tirer les enseignements du passé. C'est à l’Etat, et à nul autre, de procéder à un tel examen de conscience.

Nous avons entrepris (…) de parachever le règlement équitable de la question des violations passées des droits de l'Homme, dans le cadre d'un processus dont la dynamique avant-gardiste fut enclenchée au début des années 90 par notre vénéré père (…).
“Dynamique avant-gardiste”, les concessions faites par Hassan II au début des années 90 ?!? Que voilà une lecture charitable ! Rappelons-nous de cette époque… C'était celle de Notre ami le roi de Gilles Perrault, de l'évasion des enfants Oufkir, de la révélation de l'existence de Tazmamart, de la publication des premiers rapports d'Amnesty International fustigeant le Maroc… et de la grosse médiatisation étrangère de tout cela ! S'il y a eu ouverture (relative) de Hassan II aux préceptes des Droits de l'Homme à cette époque, c'est principalement à cause des pressions de la communauté internationale. Et ce n'était certainement pas une “dynamique” librement consentie !

C'est avec émotion et déférence que nous nous rappelons encore comment (…au Parlement), en octobre 1998, le regretté souverain insistait sur la nécessité d'une clôture définitive de tous les dossiers en suspens. Lorsque (…) Dieu le rappela à Lui, il nous est échu le devoir de poursuivre cette mission (…). Les dossiers épineux ont pu être apurés dans le cadre du principe du changement dans la continuité (…).
En 1998, Hassan II avait aussi fait une autre déclaration mémorable : “le dossier des violations des droits de l'Homme est clos”, avait-il dit suite au (très timide) mémorandum que le (très officiel) CCDH venait de lui transmettre. Parmi les défenseurs des droits de l'Homme, le tollé avait été général. C'est justement en réaction à cette déclaration de Hassan II que le Forum vérité et justice (FVJ) avait été créé, et qu'il avait drainé des milliers de victimes, venues de tous les coins du royaume, pour clamer avec force : “non, le dossier n'est absolument pas clos !”. C'est là que Driss Benzekri est apparu, en tant que leader du FVJ. Et c'est à partir de là que la dynamique IER a été lancée. Conclusion : ce qu'a fait l'IER sous l'impulsion de Mohammed VI ne s'inscrit absolument pas dans la “continuité” du règne hassanien mais, indiscutablement, dans la rupture. Hassan II disait vouloir régler le passif mais sans le penser, ni vouloir le faire. Mohammed VI l'a dit, mais lui le pensait, et il l'a fait. Mille bravos. Mais c'est justement ce qui est incompréhensible dans ce discours du 6 janvier : pourquoi le roi n'a-t-il pas franchement revendiqué la rupture ? Personne ne lui demande de reconnaître publiquement que son père était un autocrate. Mais pourquoi tenir absolument à ce mythe de la “continuité” auquel personne (et peut-être même le principal intéressé) ne croit ? Réflexe dynastique ? Blocage intellectuel de type makhzénien ? Gage à ceux de “l'ancienne garde” qui demeurent en poste ? Aucune de ces raisons ne suffit à expliquer pourquoi Mohammed VI a raté l'occasion de s'attribuer le mérite - réel - de cette avancée historique. Regrettable…

(J'espère voir parvenir) cette heureuse et réconfortante nouvelle (…) par l'entremise des anges du Miséricordieux, à l'âme immaculée de mon vénéré père et au coeur de toutes les victimes, les personnes ayant subi des préjudices et les familles endeuillées (…)
La télé ne l'a évidemment pas montré, mais la plupart des militants des droits de l'Homme présents au discours ont grimacé à ce passage. Mettre “l'âme immaculée” de Hassan II sur un pied d'égalité avec “le cœur de toutes les victimes”, n'est-ce pas aller trop loin ? Car enfin, de qui ces gens-là sont-ils les victimes ? Des bourreaux qui les ont directement torturés et/ou endeuillés ? Sans doute. Mais nul (et notamment pas le roi) n'ignore qu'un crime n'est considéré réparé que quand on remonte toute la chaîne des responsabilités. Affirmer, aujourd'hui encore, que Hassan II n'était au courant de rien est peut-être une nécessité dictée par une sorte de “realpolitik” qu'on a du mal à saisir. Mais qu'on ne nous demande surtout pas d'y croire…

Source : Telquel-online.com
H
20 janvier 2006 15:35
Avant de débattre à savoir si l'expérience IER et ce discours royal sont suffisants pour clore 40 ans de répressions sauvages je tiens à relever un point qui me semble important. Au risque de faire plaisir au Makhzaniens du forum je trouve cela un progrès non négligeable qu'un media marocain puisse relire un discours royal en le critiquant même d'une manière très Soft. Il y a quelques années ça aurait été impensable..... Un discours royal avait valeur de texte sacré...
b
20 janvier 2006 16:03
j'aimerais bien intervenir sur le sujet,surtout apres avoir lu l'article que je viens d'imprimer.
peux-tu me dire qui sont les makhzeniens du forum? j'aimerais bien les connaitre. merci.
H
20 janvier 2006 16:08
Il y en a plusieurs à commencer par toi smiling smiley
b
20 janvier 2006 16:12
tu veux debattre, je croyais de maniere constructive, mais tu commences deja par vouloir diffamer le monde.
H
20 janvier 2006 16:17
offusqué ?
Mais non il ne faut pas c'etait pour rigoler.
De tout façon il n'y a pas de mal a se reclamer Makhzanien. Il ne faut pas avoir honte de defendre le Makhzen ou plutot l'état, la monarchie etc. Je ne vois pas ou est le mal...
b
20 janvier 2006 16:35
quand on veut donner des lecons il faut au moins savoir faire, et surtout commencer par soi.

si makhzenien c'est etre a cote de ces marocains jaloux de leurs pays sur ce forum, et si c'est ne pas etre defaitiste, raleur pour etre raleur, si makhzenien c'est savoir voir le monde avec l'oeil critique de son temps et non de celui d'une opposition prise de court et depassee par les faits, qui ne peut concevoir le monde sans taper la tete contre le mur en autiste en repetant non, et bien dans ce cas je prefere encore etre makhzenien que cela.

tu vois que maintenant un magazine au Maroc peut effectivement reprendre le discours du roi et le decouper pour le critiquer. quand je disais il y a un ou deux ans deja que la liberte de l'experession etait reelle au Maroc malgre toutes les limites de part et d'autre, tes semblables me traitaient de makhzenien. au moins toi tu as le merite de l'avouer en douceur et de ne pas passer.

pour revenir au sujet je dirais mon opinion certainnement quand j'aurai lu le texte. jusque la une petite remarque, telquel, le magazine que je defends avec acharnement, semble commettre par une petite phrase une erreur pas petite du tout. ainsi lit-on que

"les intéressés ne semblent pas convaincus de la démarche"

qui le fait dire cela? qui sont les interesses? et comment telquel a pu savoir leur opinion?

pourquoi on n'est pas intelligent en ecrivant peut-etre "certains" interesses? ou "plusieurs" interesses? ou "des" interesses?

commecner par dire que les interesses ne sont pas d'accords est une information fausse en soi. ce serait enocre un peu innocent s'il ne s'agissait pas d'un jugement offensif sur un theme aussi actuel et grand.

ca rappele les pratiques d'un hebdomadaire dilletant jusqu'a la criminalite comme assahifa.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 20/01/06 16:37 par bikhir.
H
20 janvier 2006 17:07
Je te laisse lire l'article avant d'en debattre....

Avec la definition que tu donnes de Makhzanien on est tous makhzanien mais malheureusement ce n'est pas ça le Makhzen et ce ne sont pas ça les makhzaniens... Je vais au Maroc assez souvent pour voir ce que c'est le vrai Makhzen et ce ce que les marocains qui ne savent même c'est quoi un forum ou ce qu'est internet en pensent... Mais bon c'est un autre sujet et un autre debat et on aura certainement le plaisir d'en reparler....

Bien a toi cher Makhzanien winking smiley
 
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