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Algérie : La mafia du pétrole!
24 septembre 2010 16:33
Algérie : La mafia du pétrole

RÉQUISITOIRE. Comment les généraux algériens ont fait main basse sur la manne pétrolière. Des contrats douteux, des sociétés fictives et un chef d’État complice.

M. Sehimi

Le pétrole, Dieu merci, le Maroc n’en a pas”, avait déclaré un jour Hassan II dans une fulgurance qui lui était propre. Il semble bien que posséder des ressources en hydrocarbures ne soit pas un gage de développement. A preuve tous les échecs des uns et des autres devenus pratiquement otages d’une monoproduction. Le tableau que vient de dresser Hocine Malti, l’un des anciens dirigeants de la compagnie algérienne des hydrocarbures, Sonatrach, est accablant. Qu’ont-ils donc fait de cette manne?
Un demi-siècle après l’indépendance, ce qui était présenté naguère, dans les ferveurs des années soixante et soixante dix comme un modèle pour le Tiers-Monde n’est plus que l’illustration de son ratage idéologique et de son sinistre social et économique. Une véritable mafia, aux contours variables suivant les conjonctures et les rapports de force, s’est appropriée la rente pétrolière et gazière. Les clés des spasmes qui secouent le régime algérien durant les décennies écoulées avec leurs cortèges mortifères de règlements de comptes et de liquidations sont dominantes pour expliquer ce qui se passe dans ce pays.

Situation d’incompétence
Hocine Malti, ancien vice-président de la Sonatrach, présente dans son livre Histoire secrète du pétrole algérien (éditions La Découverte, Paris, septembre 2010) l’anatomie et la physiologie d’un système qui perdure.
Le florilège des dossiers de corruption est interminable, étalé sur des décennies. On peut commencer par citer celui lié au gazoduc sous-marin Algérie–Italie. Il met en cause une filiale de l’ENI, société italienne des hydrocarbures (la SNAM Progetti) pour sa construction qui a débuté en 1978 jusqu’en 1983 puis, pour une seconde phase, entre 1991 et 1994. Fixé à 2 milliards de dollars à l’origine, ce projet va dépasser les 5,5 milliards de dollars à son achèvement. Lors d’un procès tenu en 1991, le président de l’ENI a reconnu avoir versé une commission de 32 millions de dollars à un Libyen intermédiaire de Larbi Belkheir, bras droit du président Chadli Bendjedid.

Activités mafieuses
Il faut y ajouter le contrat de vente de gaz Sonatrach–Gaz de France de 1982 indexé sur celui du pétrole –une mauvaise affaire pour Alger et un cadeau fait à Paris par le lobby de la Françafrique mené par le même Belkheir.
Limitée à quelques cercles, la corruption se généralise. Elle se propage pour des raisons connues. La première est sans aucun doute l’inaptitude du président Chadli Bendjedid à diriger et à gérer les affaires de l’Etat, les leviers de commande lui échappant. Cette situation d’incompétence ne pouvait que profiter au sérail et à la nomenklatura militaire dont les membres percevaient des commissions sur les marchés publics. Larbi Belkheir était le parrain de cette forme de gouvernance qui permettait à une vingtaine de généraux d’infiltrer de nombreuses sociétés nationales et des organes publics ou semi-publics. C’est que la levée des monopoles d’Etat et la libéralisation du commerce extérieur et de l’économie ne pouvaient que pousser les généraux à se lancer dans l’importation par des prête-noms interposés dans des sociétés d’import-export. C’est de cette époque-là que les généraux se voient affubler, dans le secteur économique qu’ils ont respectivement accaparé, du qualificatif de “Monsieur céréales”, de “Monsieur sucre”, de “Messieurs médicaments” sans oublier celui de “Messieurs pétrole”. La famille du président et son épouse Halima ne sont évidemment pas en reste. Chacun, pour pouvoir exercer ces activités mafieuses, avait veillé à s’appuyer sur une chaîne d’hommes politiques, de fonctionnaires, de banquiers et de dirigeants d’entreprises nationales –un système intégré d’optimisation des profits et des détournements.

Réseaux de corruption
Ce premier cercle de complices recourait à son tour à un autre cercle d’hommes de paille de moindre acabit lesquels se retournaient vers d’autres. Comme le note Hocine Malti, «au final, des réseaux comparables à des métastases cancéreuses se sont installés dans tout le pays». Ces oligarques dominaient ainsi les sphères politique et économique: ils étaient devenus le pouvoir. Et les présidents successifs ne pouvaient que les gérer au mieux parce que ces intérêts mafieux étaient l’ossature du régime.

La décennie 90 va être marquée par la guerre civile. L’assassinat de Mohamed Boudiaf, le 29 juin 1992 à Annaba, six mois à peine après son retour d’exil du Maroc, témoigne bien de la violence au sommet de l’Etat. Selon la version officielle, cet acte a été perpétré par un illuminé, membre de la garde rapprochée du président, le sous-lieutenant Lembarek Boumâarafi. Il est toujours en prison, à la suite d’un procès bâclé au terme duquel il a été condamné à mort. Il est établi aujourd’hui que l’arrêt de mort de Boudiaf a été signé lorsqu’il a lancé, en dehors de tout circuit officiel, des enquêtes sur les réseaux de corruption des généraux et sur leurs fortunes. Selon les témoignages d’officiers déserteurs, cet assassinat a bel et bien été commandité par les généraux dits “janviéristes” –allusion à l’interruption du processus électoral et à la démission forcée de Chadli Bendjedid en janvier 1992– que sont Larbi Belkheir et Khaled Nezzar, l’opération ayant été préparée par le général Smaïl Lamari, numéro deux du Département de Renseignement et de Sécurité (DRS), sous l’autorité de son supérieur hiérarchique le général Mohamed Tewfik Médiène, toujours en fonctions aujourd’hui. Il s’agissait d’éliminer ce président qui voulait les empêcher de se partager la rente pétrolière.

La bataille pour le contrôle des hydrocarbures rebondit de plus belle en 1989 avec la nomination à la tête de la Sonatrach d’un homme de confiance de Larbi Belkheir, Abdelhak Bouhafs, qui restera en poste jusqu’en 1995. Durant cette période, le duo Belkheir/Médiène imposait toutes les grandes décisions à cette société.
Même un Abdesselam Bélaïd, autrefois tout-puissant ministre de l’Énergie et Premier ministre de juillet 1992 à août 1993 n’arriva pas à faire prévaloir son autorité.

Âpre lutte
Evincé en mars 1995 par Liamine Zeroual, élu chef d’Etat en janvier 1994 après l’intermède de Ali Kafi, Abdelhak Bouhafs revient à la tête de la Sonatrach en décembre 1999, à la faveur de la présidence de Abdelaziz Bouteflika et restera en fonctions jusqu’en février 2001. C’était là un nouvel épisode de l’âpre lutte qui marquait le contrôle du secteur pétrolier.
Le nouveau président fait nommer l’un de ses amis, Chakib Khelil, au ministère de l’Energie et des Mines en janvier 2000. Cet homme a fait sa carrière aux Etats-Unis comme ingénieur pétrolier puis durant vingt ans à la Banque mondiale, où il était chef du département énergétique pour l’Amérique latine. Il n’a séjourné en Algérie qu’entre 1973 et 1980, d’abord à la Sonatrach puis comme conseiller à la présidence.

De nationalité américaine –même s’il s’en défend– il est considéré par l’opinion publique algérienne mais aussi par de nombreux responsables «comme un agent d’une cinquième colonne américaine, nichée au cœur du pouvoir».
Il sera en tout cas le maître d’œuvre de l’ouverture à l’investissement étranger dans le secteur pétrolier –en Algérie et ailleurs– qui correspondait pleinement à la stratégie de l’administration Bush et des multinationales pétrolières d’aboutir à terme à la privatisation des industries pétrolières et au retour pratiquement des concessions des années cinquante… En Algérie, ce sera l’incroyable feuilleton de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui va s’étaler de 2001 à 2005.

Conditions scabreuses
Tous ces liens très denses tissés durant la période 2001 à 2005 entre Alger et Washington –tant dans le renseignement et la lutte antiterroriste que dans les hydrocarbures– se sont cristallisés à travers la société mixte algéro-américaine Brown & Root–Condor (BRC). Elle ne sera dissoute qu’en janvier 2007 par Bouteflika dans des conditions d’ailleurs scabreuses.
Cette société avait trois actionnaires: une filiale d’ingénierie du géant américain Halliburton –cette firme pétrolière dont Dick Cheney avait été le PDG avant son accession à la vice-présidence des Etats-Unis– à hauteur de 49%, la Sonatrach (40%) et le Centre algérien de recherches nucléaires de Draria pour les 11% restants. En peu de temps, cette société a vu son chiffre d’affaires multiplié par vingt…

De fait, cette société n’était pas autre chose qu’une courroie de transmission vers la société mère Kellog-Brown & Root, de réputation plutôt sulfureuse– en janvier 2010, la justice américaine l’a ainsi condamnée à payer 579 millions de dollars d’amende pour des actes de corruption au Nigéria pour des passations de marchés et des contrats de construction et d’ingénierie. Les deux sociétés, KBR et Halliburton, se sont également distinguées en Irak dans de nombreuse affaires traitées avec un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards de dollars. En Algérie, KBR a été le bras armé de Halliburton.

Précieux filon
La société mixte algéro-américaine BRC s’est vu confier par la Sonatrach, ses filiales et même par le ministère de la Défense, de très nombreuses affaires d’un montant supérieur à 13,5 milliards de dollars. Elle a aussi constitué un précieux filon de collecte de renseignements pour le compte de la CIA du fait de sa présence aux premières loges des secteurs des hydrocarbures et de la défense. Elle fait enfin l’affaire de ce que l’on appelle la “mafia politico-financière” où l’on retrouve pêle-mêle des généraux, des politiques, des hommes d’affaires véreux et des personnages de l’entourage immédiat de Bouteflika dont des membres de sa propre famille.

Durant la période 2001-2006, pas moins de quarante et un contrats d’un montant global de 6 milliards de dollars lui ont été attribués de gré à gré, en violation de la réglementation en vigueur. A noter que, parmi ces contrats, certains ne relevaient même pas des domaines d’activité normaux de cette entreprise, tels ceux de la construction de cinq hôpitaux pour le compte de l’armée ou d’un centre de recherches criminelles pour la gendarmerie.
On peut également citer les dossiers mettant plus directement en cause les amis de Bouteflika. Tel celui de l’affaire Orascom, du nom de cette société de téléphonie mobile égyptienne de la famille Sawiris qui s’est implantée en Algérie en 1999 avec l’élection de Bouteflika à la présidence.

Le directeur de sa filiale algérienne ne fut autre que Mohamed Shorafa, Palestinien d’origine, qui avait été chef du cabinet de Cheikh Zayed Ibn Sultan Al-Nahyane, émir d’Abou Dhabi –mort en 2004- et président de la Fédération des Emirats arabes unis, alors que Bouteflika en était le conseiller. Bouteflika était donc fortement redevable à cet homme pour ses largesses passées alors qu’il était en “exil”… La filiale Orascom Telecom Algérie (OTA) a réussi deux grandes opérations: 2 milliards de bénéfices dans la revente de deux cimenteries publiques à Lafarge et la sous-traitance d’un complexe d’ammoniac et d’urée à Arzew.

Une autre affaire intéresse la société SAIPEM, filiale de l’ENI italienne, qui, pratiquement absente d’Algérie jusqu’en 2005, a remporté près de 20 milliards de contrats entre 2006 et 2009 (unités d’extraction de condensat, trains de liquéfaction, pose d’oléoducs et de gazoducs, pose du gazoduc sous-marin entre l’Algérie et la Sardaigne…).

Règlements de comptes
Une accumulation de contrats qui ne pouvait que faire réagir le clan adverse au début de 2010 avec le “scandale de la Sonatrach”. L’enquête a été menée par les services du DRS de Tewfik Médiène sur des malversations et des pots-de-vin. Elle a abouti à l’incarcération de vice-présidents et de directeurs de l’entreprise, des enfants du PDG et à la mise sous contrôle judiciaire du PDG lui-même.

Veut-on rechercher la vérité? Pas le moins du monde: il ne s’agit que de règlements de comptes au sein du régime visant à conforter un rapport de force et à déstabiliser Bouteflika, dont l’entourage est compromis. Le ministre Chakib Khelil a été démis le 29 mai 2010 et remplacé par Youcef Yousfi, marquant bien par là la reprise en main par les chefs du DRS du contrôle direct du secteur des hydrocarbures.

L’Algérie souffre durement de la “maladie hollandaise”, une malédiction qui tombe sur un pays par suite de la dépendance par rapport aux recettes d’hydrocarbures qui tue la viabilité du secteur productif et des autres secteurs.
Hocine Malti appelle de ses vœux l’option démocratique et le droit à la parole au peuple. Avec courage et sagacité, il démonte les mécanismes d’un système qui, de toute façon, est en fin de cycle historique et qui a été le contre-modèle du développement et de la démocratie.

Source : Algérie : La mafia du pétrole
D
24 septembre 2010 16:47
Salam Boutrioult,

Je suis déjà tombée sur cet article, il résume ce que tout le monde sait. Quand il n'y aura plus de pétrole, il faudra bien se retrousser les manches, en attendant il n'y a malheureusement pas grand chose à faire que de les regarder s'entre-tuer...
Allah yarham Mohamed Boudiaf, on le regrettera toujours.
s
24 septembre 2010 22:21
bonjour,
c'est bien de faire un copier coller ,mais au moins citer la source; c'est plus élégant
c'est en premiére page d'un hebdo marocain ,mais ce n'est pas a moi de le citer,
on entre,on crie,et c'est lavie. on bâille,on dort,et c'est la mort. A. DE CHANCEL
25 septembre 2010 13:34
Citation
sibilis a écrit:
bonjour,
c'est bien de faire un copier coller ,mais au moins citer la source; c'est plus élégant
c'est en premiére page d'un hebdo marocain ,mais ce n'est pas a moi de le citer,

Bonjour,

J'ai cité la source, je viens de vérifier, en fait, tous les articles ont la même URL sur le site de MarocHebdo international...du coup, on tombe sur la page d'accueil automatiquement...

Si tu veux tomber exactement sur cet article, il faut cliquer sur "archives", puis le numéro 898 du 10 au 16 septembre.
25 septembre 2010 13:45
Citation
Djemila75 a écrit:
Salam Boutrioult,

Je suis déjà tombée sur cet article, il résume ce que tout le monde sait. Quand il n'y aura plus de pétrole, il faudra bien se retrousser les manches, en attendant il n'y a malheureusement pas grand chose à faire que de les regarder s'entre-tuer...
Allah yarham Mohamed Boudiaf, on le regrettera toujours.

Quel gâchis...je suis triste pour ce pays et ce qui lui arrive...

Rien à dire, à part qu'on est encore sous développés avec une élite minable au pouvoir, qui est capable de tous pour garder le robinet des richesses chez elle...

Une petite bande qui se partage les secteurs stratégique du pays au détriment du reste...voilà la réalité de nos pays aujourd'hui...

Ce qui encore plus triste, c'est notre façon de fermer les yeux sur ce qui se passe chez nous et se contenter de critiquer l'occident tout en le considérant source à tous nos maux...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/09/10 13:49 par boutrioult1.
s
25 septembre 2010 20:44
Citation
boutrioult1 a écrit:
Citation
sibilis a écrit:
bonjour,
c'est bien de faire un copier coller ,mais au moins citer la source; c'est plus élégant
c'est en premiére page d'un hebdo marocain ,mais ce n'est pas a moi de le citer,

Bonjour,

J'ai cité la source, je viens de vérifier, en fait, tous les articles ont la même URL sur le site de MarocHebdo international...du coup, on tombe sur la page d'accueil automatiquement...

Si tu veux tomber exactement sur cet article, il faut cliquer sur "archives", puis le numéro 898 du 10 au 16 septembre.
salam
merci pour la précision
on entre,on crie,et c'est lavie. on bâille,on dort,et c'est la mort. A. DE CHANCEL
 
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