C’est devenu une habitude. Quand Alain Juppé s’adresse aux dirigeants algériens, il le fait sur le ton du professeur s’adressant à ses élèves. Mais le ministre français des Affaires étrangères a franchi, ce jeudi 1er septembre, une nouvelle étape. Interrogé sur le soutien présumé de l’Algérie au régime de Kadhafi, il a déclaré sur la radio RTL : « Je suis allé moi‑même en parler au président Bouteflika qui m’avait assuré que l’Algérie ne donnait à la Libye qu’une aide humanitaire ». Avant de préciser : « J’espère que cela se vérifiera ».
Cette déclaration a une seule interprétation : le ministre français ne fait pas confiance à la parole du président algérien et il le fait savoir. Il préfère attendre que les faits la confirment. Dans les usages diplomatiques, de telles déclarations sont rares. Elles sont souvent réservées à des dirigeants de pays considérés comme « voyous », connus pour leurs volte‑face sur des dossiers importants, comme par exemple l’Iran sur le nucléaire ou la Syrie sur la répression actuelle des manifestations.
Mais Alain Juppé n’en est pas à sa première déclaration du genre. Le 19 avril dernier, en plein conflit libyen, le ministre français avait dévoilé – sans l’accord d’Alger – le contenu d’une conversation téléphonique avec son homologue Mourad Medelci. « J'ai eu un entretien très cordial avec mon homologue. Je lui ai dit "voilà, il y a des informations qui circulent selon lesquelles Kadhafi aurait reçu plusieurs centaines de véhicules armés et transportant des munitions en provenance d'Algérie" », avait déclaré le ministre français lors d'une rencontre avec l'Association de la presse diplomatique française. « Je lui ai posé la question et il m'a assuré que (...) ce n'était pas vrai », a ajouté Alain Juppé. Alger n’avait pas apprécié. Mais il n’a pas osé réagir. Cette fois, Alger va‑t‑il réagir à la déclaration de Juppé sur la parole de Bouteflika ?
Modifié 2 fois. Dernière modification le 01/09/11 11:56 par axis7.
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