Cette nouvelle pratique s'appelle le «dedipix». Explications...
Après le «sexting», une pratique très prisée chez les ados qui consiste à s’envoyer des SMS à tonalité sexuelle, parfois avec photos ou vidéos à l’appui, voici le nouveau phénomène en vogue au pays des collégiens: le «dedipix» (dédicace + picture).
Alors, kesako le «dedipix»? C’est, en quelque sorte, un échange de services entre deux collégiens. Les ados (souvent des jeunes garçons) promettent de déposer un certain nombre de commentaires sur le blog de qui lui fera une dédicace illustrée en ligne (une fille généralement). Exemple: imaginez une collégienne qui écrive Lulu48 sur sa main, qu’elle se prenne en photo ainsi, pour poster l’image sur son blog. Elle gagne alors, selon la valorisation en vigueur sur les différents blogs, 90 commentaires. Si elle fait sa dédicace sur son ventre, elle peut obtenir 120 commentaires en retour; sur ses seins, 180, et sur ses fesses, 300. «Sachant que les seins valent plus chers que les cuisses, ils ont inventé une monnaie qui leur est propre», reprend Thomas Rohmer.
Les commentaires, une monnaie d’échange
A ceux qui se demandent à quoi ça sert de payer en nature des commentaires, la réponse est simple: plus un blog a de commentaires, plus il a de chances d’être référencé dans les moteurs de recherche et les différents classements. Plus il a de chances, donc, d’être visible. Une façon comme une autre pour les ados d’obtenir une reconnaissance de la part de leur tribu en se faisant une réputation de «super héros».
Le hic, c’est quand l’ado se vante auprès de ses copains d’avoir obtenu une image de fesses de sa voisine de classe taguées à son nom. «Ça circule et ça revient aux oreilles des enseignants, des chefs d’établissements et des parents», note-t-on à Calysto. Et là, c’est la honte pour la fille qui s’est exposée - et la gloire pour celui qui l’a poussée à le faire. Un épisode très dur à vivre pour des collégiennes de 12 à 15 ans, livrées ainsi à l’opprobre publique alors qu’elles se croyaient, à tort, protégées par leur écran. «On explique aux élèves qu’il ne faut pas divulguer en ligne des informations personnelles», rappelle l’association.
Car la plupart du temps, les ados n’en reviennent pas que quelqu’un de l’extérieur soit allé sur leur blog. «Ils ne comprennent pas, ils pensent que leur blog est un endroit connu d’eux seuls, décrypte Thomas Rohmer. Cela vient sans doute de la mauvaise idée que l’on a eue en France de traduire le mot “blog” par journal intime alors que c’est un espace public.»
De son côté, la plate-forme Skyblog, qui héberge beaucoup de blogs d’ados, dit censurer chaque jour 32.000 photos sur le million mis en ligne.